Rue des Charpentiers

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Rue des Charpentiers
Image illustrative de l’article Rue des Charpentiers
Situation
Coordonnées 48° 35′ 03″ nord, 7° 45′ 06″ est
Pays France
Ville Strasbourg
Début rue Brûlée
Fin rue des Juifs

Carte

La rue des Charpentiers (en alsacien : Zimmerlitgass) est une voie de Strasbourg rattachée administrativement au quartier Centre. Elle va du no 8 de la rue Brûlée au no 19 de la rue des Juifs.

Histoire et toponymie[modifier | modifier le code]

Plaque bilingue, en français et en alsacien.

Rue étroite et sinueuse, elle doit une partie de sa topographie à une survivance du quadrillage romain, alors que l'autre a une origine médiévale[1]. Avec la rue des Juifs qui lui est perpendiculaire, elle formait un périmètre où était très tôt installée la communauté juive de Strasbourg, qui a été anéantie par un massacre lors de la peste noire de 1349[2].

Au fil des siècles, la voie porte successivement différentes dénominations, en allemand ou en français : Bippernanzgasse (1247), Bippermannsgasse (1437), Bimpernanzgasse, ou Pimpernusgasse (1580), Zimmerleutgasse (1637), rue des Charpentiers (1792), rue de l' Amitié (1794), rue des Charpentiers (1817, 1918), Zimmerleut-Gasse (1817), Zimmerleutgasse (1872, 1940), puis à nouveau, rue des Charpentiers en 1945[3].

Armoiries de la corporation des Charpentiers, par F.-K. Heitz, 1856.

Adolphe Seyboth, s'appuyant notamment sur les recherches de Paul Ristelhuber[4], estime que la rue tient son nom d'origine du no 16 (Zum Bippernatz), une auberge qui pourrait avoir appartenu à un certain Ignace Bipper (familièrement nommé « Bipper Natz »). Ce nom aurait ensuite été corrompu, à partir d'une « vague consonance », pour donner notamment Bippernanzgasse, Bimpermann, voire Pimpernuss « (pistache[5] »). De son côté, Jean-Daniel Schoepflin note en 1852 que la tribu des Charpentiers avait pour enseigne Zum Pimpernuss (« À la Pistache »), dans la Zimmerleutgasse[6].

Cette corporation des Charpentiers, qui donne ensuite son nom à la rue, y a installé son « poêle » (siège) en 1446[1]. Selon Friedrich Karl Heitz, qui, en 1856, consacre une étude approfondie aux corporations de Strasbourg, elle y est restée jusqu'en 1666, avant d'être transférée au no 18 de la rue de la Nuée-Bleue[7].

Des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, sont mises en place par la municipalité à partir de 1995[8]. C'est le cas de la Zimmerlitgass.

Bâtiments remarquables[modifier | modifier le code]

Maisons à encorbellement (nos 8-10-12).
  • no 4 : Cette maison, avec une cour intérieure, appartient à la famille de Fleckenstein jusqu'en 1720[1].
  • no 6 : Appelée « maison au Griffon » (Zum Greiffen), elle est refaite en 1776 dans le style rococo strasbourgeois[1].
  • nos 8 à 12 : Ce sont de petites maisons à encorbellement et pans de bois des XVIe – XVIIe siècles[3],[1].
  • no 16 : Un hôtel particulier avec portail, de style rococo strasbourgeois, est reconstruit après 1750 sur le site de l'ancien siège de la corporation des Charpentiers[1],[3].
  • nos 17-19 : Également connu sous le nom de « hôtel de Dartein », du nom de son propriétaire après la Révolution, cet hôtel est reconstruit vers 1762 par l'architecte municipal Samuel Werner pour le comte Christian Frédéric Waldner de Freundstein, sur l'emplacement d'une propriété de la famille Boecklin de Boecklinsau, qui la possédait depuis trois siècles[1].
    La façade, relativement modeste, marque une transition : à un fond de style Régence s'ajoutent des éléments de style rococo — des agrafes rocaille de part et d'autre de la fenêtre du centre, d'autres sous la corniche du toit —, tout en préfigurant le néo-classicisme, avec la frise de postes affrontées qui sépare le premier du second étage. Logée dans un renfoncement marqué par des chaînages d'angle concaves, elle comprend cinq travées de trois étages[1].
    Cette façade sur rue et l'escalier font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1927[9].
  • no 20 : L'édifice moderne se trouve sur l'emplacement de l'ancien bain rituel juif de Strasbourg (mikvé) des XIIIe – XIVe siècles, découvert au milieu des années 1980, lors des travaux de réhabilitation d'un groupe d'immeubles ayant appartenu pendant trois siècles à l'imprimerie Istra et dont les machines, puis le siège social, ont quitté les lieux[10]. On y découvre notamment un caveau quadrangulaire à corbeaux romanisants et une voûte en berceau à oculus zénithal[3].
    L'escalier d'accès, la salle-déshabilloir et le bain rituel font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le [11]. Une porte d'entrée située dans la rue des Charpentiers a été aménagée pour permettre l'accès au mikvé.
  • no 25 : La maison d'origine, qui fait l'angle avec le no 21 de la rue des Juifs, a été datée de 1302 par dendrochronologie. Elle est dotée d'un mur-pignon avec étages à pans de bois médiéval, recouvert de crépi, et d'un fort encorbellement du côté de la rue des Charpentiers[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Rue des Charpentiers », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 124-125 (ISBN 2-7032-0207-5)
  2. « Le quartier juif de Strasbourg », Les Juifs et le judaïsme dans l'art médiéval en Alsace,2003 [1]
  3. a b c et d Maurice Moszberger (dir.), « Charpentiers (rue des) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 51 (ISBN 9782845741393)
  4. Paul Ristelhuber, Strasbourg et Bologne : recherches biographiques et littéraires sur les étudiants alsaciens immatriculés à l'université de Bologne de 1289 à 1562, Leroux, 1891, p. 82
  5. Adolphe Seyboth, Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 83
  6. Jean-Daniel Schoepflin, L'Alsace illustrée, François Perrin, 1852, p. 124
  7. (de) Friedrich Karl Heitz, « 18. Die Zimmerleut-Zunft, » Das Zunftwesen in Strassburg. Geschichtliche Darstellung, begleitet von Urkunden und Aktenstuecken. Mit einem Vorworte von Ludwig Spach, Heitz, Strasbourg, 1856, p. 72, [lire en ligne]
  8. « L'alsacien a droit de rue à Strasbourg », Libération, 31 mars 1995, [lire en ligne]
  9. « Hôtel de Dartein », notice no PA00085052, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. Robert Weyl, « Le bain rituel juif de Strasbourg », Tribune juive, 1986 [2]
  11. « Bain rituel juif de Strasbourg », notice no PA00085013, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  12. Jean-Marie Pérouse de Montclos et Brigitte Parent, Alsace : Le Dictionnaire du patrimoine, Éditions Place des Victoires, Paris, 2011, p. 253 (ISBN 978-2809901870)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Daltroff, « La redécouverte d'un bain rituel juif : le mikvé de Strasbourg », in Freddy Raphaël (dir.), Le judaïsme alsacien : histoire, patrimoine, traditions, La Nuée bleue, Strasbourg, 1999, p. 24-31 (ISBN 2-7165-0482-2)
  • Maurice Moszberger (dir.), « Charpentiers (rue des) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 51 (ISBN 9782845741393)
  • Jean-Marie Pérouse de Montclos et Brigitte Parent, Alsace : Le Dictionnaire du patrimoine, Éditions Place des Victoires, Paris, 2011, p. 253 (ISBN 978-2809901870)
  • Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Rue des Charpentiers », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 124-125 (ISBN 2-7032-0207-5)
  • (de) Adolphe Seyboth, « Zimmerleutgasse. Rue des Charpentiers », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 18-19, [lire en ligne]
  • Marie-Dominique Waton, « Bain rituel juif : Strasbourg, Istra, 20 rue des Charpentiers », in Martine Onipenko, Marie-Jeanne Geyer et Bernadette Schnitzler, Vivre au Moyen Âge. Trente ans d'archéologie médiévale en Alsace, Musées de la Ville, Strasbourg, 1990 (catalogue d'exposition)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]