Reconnaissance internationale de l'émirat islamique d'Afghanistan

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Après la première prise de Kaboul par les taliban en 1996, le régime politique qu'ils instaurent, connu à partir de 1997 sous le nom d'émirat islamique d'Afghanistan[1], bénéfice d'une reconnaissance internationale limitée puisque se cantonnant à celles de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Pakistan et de la république tchétchène d'Itchkérie[2],[3]. Cette reconnaissance prend abruptement fin en 2001, à la suite des attentats du 11 septembre et de l'invasion subséquente de l'Afghanistan par une coalition militaire dirigée par les États-Unis[4],[5].

Après la seconde prise de Kaboul par les taliban en 2021, ces derniers restaurent l'émirat islamique d'Afghanistan. Si celui-ci ne parvient pas à obtenir de reconnaissance internationale formelle, il est néanmoins de facto considéré par la communauté internationale comme le gouvernement officiel de l'Afghanistan, notamment en l'absence de réelle tentative du régime précédent de constituer un gouvernement en exil[6].

De 1996 à 2001[modifier | modifier le code]

Le , les taliban s'emparent des villes de Mazâr-e Charîf et Chéberghân tandis qu'Abdul Rachid Dostom, l'homme fort de l'État islamique d'Afghanistan (alors unique régime reconnu internationalement) dans le nord du pays, s'enfuit en Ouzbékistan avec 135 de ses hommes[7],[8]. Ces évènements poussent le Pakistan à accorder, dès le lendemain, une reconnaissance diplomatique formelle au régime des taliban. Enthousiaste, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Gohar Ayub se rend en vitesse à Mazâr, où il appelle l'ensemble de la communauté internationale à en faire de même, estimant que la prise de la ville par les taliban marque la fin de la guerre[9]. Cependant, la décision pakistanaise n'est suivi dans l'immédiat que par l'Arabie saoudite (le 26 mai) et les Émirats arabes unis (le 27 mai)[10].

Depuis 2021[modifier | modifier le code]

Après le retour au pouvoir des Talibans en 2021, aucun pays ne reconnaît formellement leur régime mais un certain nombre d'entre eux continuent de faire fonctionner une ambassade à Kaboul.

En avril 2022, le gouvernement chinois accorde l'accréditation à des diplomates représentant le régime des talibans auprès de l'ambassade d'Afghanistan à Pékin[11]. En 2023, Bilal Karimi est nommé ambassadeur d'Afghanistan à Pékin et remet ses lettres de créances au gouvernement chinois le [12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Alex Strick van Linschoten et Felix Kuehn, An Enemy We Created : The Myth of the Taliban-Al Qaeda Merger in Afghanistan, New York, Oxford University Press, , 560 p. (ISBN 978-0-19-997723-9 et 0-19-997723-2, OCLC 1277061444, lire en ligne), p. 372
  2. (en) Gerhard von Glahn et James Larry Taulbee, Law Among Nations : An Introduction to Public International Law, Londres, Routledge, , 10e éd. (1re éd. 1965), 720 p. (ISBN 978-1-317-34691-3, 1-317-34691-2 et 978-1-317-34690-6, OCLC 913829104, lire en ligne), chap. 7 (« Subjects of International Law: Recognition »), p. 146
  3. (en) Robert Catley et David Mosler, The American Challenge : The World Resists US Liberalism, Aldershot, Ashgate Publishing (en), , 262 p. (ISBN 978-0-7546-9162-4 et 0-7546-9162-4, OCLC 318539502), chap. 5 (« Prelude to War »), p. 102
  4. (en) Charlie Samuels, Timeline of the War on Terror, New York, Gareth Stevens Pub (en), , 48 p. (ISBN 978-1-4339-5923-3 et 1-4339-5923-2, OCLC 856171422, lire en ligne), p. 11
  5. (en) Karen J. Greenberg (en) (dir.) et Joshua L. Dratel (dir.), The Torture Papers : The Road to Abu Ghraib, New York, Cambridge University Press, , 1249 p. (ISBN 978-0-521-85324-8, 0-521-85324-9 et 0-521-85322-2, OCLC 57393682, lire en ligne), p. 58
  6. (en) Yaroslav Trofimov (en), « As Taliban Seek International Acceptance, Countries Seek to Engage—but Stop Short of Recognition », The Wall Street Journal, (consulté le )
  7. (en) Kamal Matinuddin (en), The Taliban Phenomenon : Afghanistan, 1994-1997, Karachi, Oxford University Press, , 288 p. (ISBN 0-19-577903-7, 978-0-19-577903-5 et 0-19-579274-2, OCLC 40962985, lire en ligne), p. 263
  8. Ahmed Rashid (trad. de l'anglais par Geneviève Brzustowski et Geneviève Brzustowski, postface Olivier Roy), L'ombre des talibans [« Taliban: Islam, Oil and the New Great Game in Central Asia »], Paris, Autrement, coll. « Frontières », , 285 p. (ISBN 2-7467-0173-1 et 978-2-7467-0173-1, OCLC 300919814), chap. 4 (« Mazar e-Charif, 1997 : massacres dans le Nord »), p. 84
  9. (en) Barnett R. Rubin (en), Afghanistan from the Cold War through the War on Terror, New York, Oxford University Press, , 504 p. (ISBN 978-0-19-997025-4, 0-19-997025-4 et 1-283-98659-0, OCLC 825767459, lire en ligne), chap. 1 (« Afghanistan in the International System »), p. 33
  10. (en) Peter Tomsen (en), The Wars of Afghanistan : Messianic Terrorism, Tribal Conflicts, and the Failures of Great Powers, New York, PublicAffairs (en), , 849 p. (ISBN 978-1-58648-763-8, 1-58648-763-9 et 978-1-58648-781-2, OCLC 663445525, lire en ligne), chap. 20, p. 540
  11. (en) « China accepts Afghan diplomats appointed by IEA », sur Ariana News,
  12. (en) « The Taliban’s new ambassador arrives in China as Afghanistan’s rulers court foreign investment », sur Associated Press,