Réglementation environnementale 2020

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La réglementation environnementale 2020 (« RE 2020 ») se substitue progressivement en France aux réglementations thermiques précédentes[1]. Elle continue à viser à améliorer la performance énergétique, diminuer les consommations des bâtiments neufs et regarder le confort mais elle s'empare aussi du sujet de l'impact carbone. Pour cela, elle introduit des obligations de calcul d'une analyse de cycle de vie (ACV) et de performance environnementale et de nouveaux indicateurs : Icconstruction (qui traduite l'impact sur le changement climatique des composants du bâtiment [matériaux et équipements] et du chantier) et icénergie (ou Icénergie, ou Impact Carbone énergie, exprimé en kgCO2e/m² et traduisant l'impact carbone lié aux consommations énergétiques réglementaires), indicateurs d'impacts environnementaux (impact carbone notamment du bâtiment, sur l'ensemble de son cycle de vie).

Cette loi entre progressivement en vigueur (selon les catégories de bâtiments) depuis le , et avec un renforcement de ses exigences entre 2022 et 2031.

Nouveaux indicateurs[modifier | modifier le code]

En plus de l'ancien Bbio et CEP, les nouveaux indicateurs ayant un seuil réglementaire sont :

L'Icconstruction, qui traduit l'impact sur le changement climatique des composants du bâtiment (matériaux et équipements) et du chantier, ainsi que l'Icénergie (ou Impact Carbone énergie), qui — exprimé en kilogramme de dioxyde de carbone équivalent par mètre carré — traduit l'impact carbone lié aux consommations énergétiques), indicateurs d'impacts environnementaux (impact carbone notamment du bâtiment, sur l'ensemble de son cycle de vie.

Un nouvel indicateur de confort (degrés heure ou DH) permet de limiter l'inconfort estival.

Le CEPnr pour la part non renouvelable des consommations énergétiques primaires réglementaires (CEP).

Cadre réglementaire[modifier | modifier le code]

La « RE 2020 » est l'une des applications des lois suivantes :

Histoire[modifier | modifier le code]

La crise énergétique induite par le premier choc pétrolier (de 1973) a poussé le premier ministre de l'époque Pierre Messmer à créer une première règlementation thermique (en 1974). Cette règlementation a ensuite périodiquement été mise à jour, toujours dans le sens d'une meilleure isolation thermique et des économies d'énergie.

À la suite du Grenelle de l'environnement, des lois Grenelle puis de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 (article 14)[2], l'arrêté du [3] mis à jour via un arrêté du [4].

Ce dernier renforce les obligations d'isolation thermique ou de rénovation énergétique (amélioration de l'isolation thermique existante lors de travaux de rénovation et le niveau d'isolation demandé est augmenté.
Il indique aussi les nouveaux niveaux qui entreront en vigueur pour l'isolation au , avec toutefois quelques exemptions à cette obligation, sous réserves de conditions précises[5],[4].

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 (art. 17 LTECV) vise à réduire la consommation des logements sur la durée : « Cette obligation de rénovation est prolongée par périodes de dix ans à partir de 2020 jusqu'en 2050 avec un niveau de performance à atteindre renforcé chaque décennie, de telle sorte que le parc global concerné vise à réduire ses consommations d'énergie finale d'au moins 60 % en 2050 par rapport à 2010, mesurées en valeur absolue de consommation pour l'ensemble du secteur. »

À la différence de la RT 2012, la RE 2020 ne contrôle plus seulement la consommation énergétique des bâtiments neufs, mais aussi leur bilan carbone, en incluant l'analyse du cycle de vie des matériaux et équipements employés, évolution qui a suscité des débats (ex. : quand la RT 2012 favorisait le gaz intéressant en termes de coût et d'écobilan par rapport à l'électricité, la RE 2020 favorise au contraire l'électricité présentée comme plus intéressantes en matière de réduction des émissions de CO2[6].

Alors que le Royaume-Uni interdit le gaz dans les bâtiments neufs à partir de 2025[7] et que la Suède et les Pays-Bas et le Royaume-Uni tendent à interdire ou fortement limiter (via des solutions hybrides par exemple) le gaz naturel d'origine fossile, la France a décidé que, au moins dans la construction neuve, et progressivement à partir des années 2020, les constructeurs devront respecter des seuils de consommation énergétique et d'émission de gaz à effet de serre ; le seuil d'émission maximum autorisé est fixé dès 2021 à 4 kg de CO2 par an et par mètre carré pour les maisons, ce qui exclut de facto le gaz naturel. Pour les appartements, ce seuil est de 14 kg/m2, ce qui laisse encore la possibilité d'installer du chauffage au gaz, à condition que l'isolation des logements soit très performante, mais il passera à 6 kg/m2 en 2024, excluant de fait le chauffage exclusivement au gaz, mais permettant des solutions hybrides. Ce délai permettra de développer les alternatives : réseaux de chaleur, chaufferie biomasse, pompe à chaleur collective, solaire thermique.
Pour limiter les risques de voir se multiplier les convecteurs électriques, la règlementation introduit un seuil maximal de consommation d'énergie primaire non renouvelable[8].

Pour des bâtiments construits selon la règlementation thermique RT 2012, l'essentiel de l'empreinte carbone est lié aux phases de construction et de démolition, qui représentent entre 60 et 90 % de l'impact carbone total calculé sur une durée de cinquante ans. La RE 2020 introduit le calcul de l'analyse en cycle de vie, qui additionne les impacts carbone de tous les matériaux et équipements utilisés dans un bâtiment durant son existence. Elle fixe un indicateur de carbone mesuré en kilogramme de CO2 par mètre carré de surface. Le plafond en kgCO2/m2 sera abaissé par paliers en 2024 (−15 %), 2027 (−25 %) et enfin 2030 (−30 %). Calculer l'empreinte carbone de chaque matériau devrait rendre, à l'horizon 2030, l'usage du bois et des matériaux biosourcés quasi-systématique, y compris pour le gros œuvre dans les maisons individuelles et le petit habitat collectif. Le ministère estime que la maison à ossature bois, qui représente aujourd'hui moins de 10 % des maisons individuelles neuves, deviendra vraisemblablement la norme en 2030[9].

Cas particulier des extensions de maisons[modifier | modifier le code]

En 2023, le Conseil national de l'Ordre des architectes (CNOA) rappelle que la RE 2020 s'applique depuis le « à toutes les extensions de maisons individuelles, dès lors que l'extension est soumise à permis de construire ou déclaration préalable, quelles que soient sa surface et la surface du bâti existant », mais avec des modalités variant selon leur taille (certaines dispenses ou modalités alternatives sont définies par un arrêté[10],[N 1] si la surface d'extension est inférieure à 50 m2 ou comprise entre 50 et 80 m2. Cet arrêté précise aussi comment calculer la performance énergétique et environnementale de l'extension[11].

Calendrier d'application[modifier | modifier le code]

  1. Dans un premier temps, seuls les logements dont le permis de construire a été déposé après le étaient concernés ;
  2. ensuite (au ), tous les bureaux et bâtiments d'enseignement primaire et secondaire (écoles, collèges, lycées) l'ont été ;
  3. puis tous les autres bâtiments tertiaires (gymnases, restaurants, commerces…).

Cette loi entre progressivement en vigueur (selon les catégories de bâtiments), avec un renforcement de ses exigence de 2020 aux années 2030 ; en 2031, l'empreinte carbone du bâtiment devra être de 35 % inférieure à la référence 2020, avec un premier palier 2022-2024 où il sera encore facile de construire avec les méthodes de 2020 (phase d’appropriation) suivi d'un palier 2025-2027, puis 2028-2031.

Outils[modifier | modifier le code]

Une base de données nationale INIES[modifier | modifier le code]

Librement consultable, cette base répertorie les données environnementales et sanitaires requises par la loi, concernant les produits et équipements les plus utilisés dans la construction.

Elle est mise en place par un conseil de surveillance, chargés de surveiller l'éthique et la déontologie de son fonctionnement.

Ses données proviennent pour certaines des fabricants (ou syndicats professionnels). Elles sont fournies au format de la norme européenne NF EN 15804, et de son complément français pour les produits de construction, et de la norme NF XP C08-100-1 et du PCR ed.3 pour les équipements.
La base 'INIES' fournit deux types de documents, respectivement spécifiques à des produits et à des équipements :

  1. des « Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire » (FDES) de produits de construction ;
  2. des « Profils Environnementaux Produits » (PEP) ou ecopassport, qui concernent les équipements du bâtiment. Chaque « profil PEP ecopassport® » est une déclaration environnementale d'un équipement électrique, électronique ou de génie climatique. Il est basé sur les résultats de son analyse de cycle de vie et doit respecter la norme NF XP C08-100-1 et le PCR ed.3 (Product Category Rules). Il est déclaré sous la responsabilité du fabricant (ou syndicat professionnel).

INIES contient ausi : 1) des Données Environnementales par Défaut (DED, données de substitution proposées par le ministère chargé de la construction quand les données spécifiques manquent), de manière à quand même permettre le calcul d’ACV[12] ; et 2) des Données conventionnelles de services (DES, également apportées par le ministère chargé de la construction. Ce sont des données sur les impacts des énergies ou sur les impacts des services (transport, eau potable, eaux usées, déchets, fluides frigorigènes)[12].

Configurateurs (plateformes logicielles ouvertes)[modifier | modifier le code]

Ils répondent au problème que les fiches FDES incluses dans la base INIES décrivent des produits qui sont en réalité mis sur le marché et/ou mis en œuvre dans une grande variété de dimensions, de formulations, etc. Un configurateur permet à un utilisateur d'éditer une FDES correspondant à son cas spécifique de bâtiment ou d'ouvrage. Il le fait en saisissant sur l'écran (dans des masques de saisie) les données paramétrables identifiées. Le configurateur contiennent déjà les données d'ICV (Indicateurs de Cycle de Vie) de la famille de produits concernée. Les premiers configurateurs disponibles sont[13],[14] :

  • BETie (pour le béton prêt à l'emploi)
  • Environnement IB (béton)
  • SAVE (acier)
  • DE-bois (bois)
  • DE-bois de France (bois de France)
  • Bankiz (pour les isolants en laines minérales URSA)

Tendances et prospective[modifier | modifier le code]

En 2021 en France, après concertation avec les professionnels, la ministre déléguée au Logement (Emmanuelle Wargon), annonce en le report d'un an de l'entrée en vigueur de la RE 2020 ( au lieu du ). Elle annonce aussi que les « seuils carbone » fixés pour la construction laisseront une place au béton, au ciment et à la brique, mais si ces secteurs réduisent leurs émissions de 34 % d'ici à 2030 ; l'alimentation en gaz des maisons est encore autorisée pour les permis de construire déposés avant fin 2023 si une desserte en gaz a déjà été prévue ; la construction neuve pourra être chauffée au gaz si 60 % de ce gaz est du biométhane (via les certificats verts possiblement) ; les réseaux de chaleur alimentés par des sources d'énergie fossiles sont en sursis jusqu'en 2028, s'ils présentent un plan d'investissement précis pour réduire leurs émissions de CO2[15].

Les tensions sur le marché du gaz induite par la guerre russo-ukrainienne pourraient accélérer le remplacement du gaz par des énergies alternatives et/ou des techniques de construction passives.

En 2022, la France est le pays européen le plus en retard sur ses engagements en faveur des énergies douces, propres et renouvelables. Elle a voté une loi d'accélération des énergies renouvelables[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Cet arrêté fixe les exigences de moyens (ou par éléments) que doivent respecter les bâtiments ou parties de bâtiments à usage d'habitation, de bureaux, ou d'enseignement primaire ou secondaire et situés en France métropolitaine… pour cinq exigences de résultat (ou globales), à savoir : 1) optimisation de la conception énergétique du bâti indépendamment des systèmes énergétiques mis en œuvre ; 2) limitation de la consommation d'énergie primaire ; 3) limitation de l'impact sur le changement climatique associé à ces consommations ; 4) limitation de l'impact des composants du bâtiment sur le changement climatique ; 5) limitation des situations d'inconfort dans le bâtiment en période estivale.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Réglementation environnementale RE2020 », sur Ministère de la Transition écologique (consulté le ).
  2. LOI no 2015-992 du relative à la transition énergétique pour la croissance verte (1).
  3. Arrêté du relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants.
  4. a et b Arrêté du modifiant l'arrêté du relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants.
  5. « Obligation d'isolation en cas de travaux importants », sur rt-batiment.fr (consulté le ).
  6. Myriam Chauvot, « La future norme environnementale de la construction suscite de vives critiques », Les Échos, (ISSN 0153-4831, consulté le ).
  7. Hortense Goulard, « Logements : la nouvelle guerre de l'électricité » Accès payant, Les Échos, (ISSN 0153-4831, consulté le ).
  8. Myriam Chauvot, Sharon Wajsbrot et Vincent Collen, « Le chauffage au gaz bientôt proscrit des logements neufs » Accès payant, Les Échos, (ISSN 0153-4831, consulté le ).
  9. Myriam Chauvot, « Environnement : la RE 2020, une nouvelle norme pour décarboner le BTP » Accès payant, Les Échos, (ISSN 0153-4831, consulté le ).
  10. Arrêté du relatif aux exigences de performance énergétique et environnementale des constructions de bâtiments en France métropolitaine et portant approbation de la méthode de calcul prévue à l'article R. 172-6 du code de la construction et de l'habitation.
  11. Basile Delacorne, « RE2020 et extensions de maisons : l'Ordre des architectes fait le point », sur batiactu.com, (consulté le ).
  12. a et b « Autres données de la base INIES », sur www.inies.fr (consulté le ).
  13. « Foire aux questions », sur www.inies.fr (consulté le ).
  14. « Les configurateurs », sur www.inies.fr (consulté le ).
  15. Sharon Wajsbrot, Myriam Chauvot et Vincent Collen, « Gaz, béton, réseaux de chaleurs : les derniers réglages du big-bang « RE 2020 » » Accès payant, Les Échos, (ISSN 0153-4831, consulté le ).
  16. LOI no 2023-175 du relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables (1).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Décrets[modifier | modifier le code]

  • Décret no 2021-1004 du relatif aux exigences de performance énergétique et environnementale des constructions de bâtiments en France métropolitaine.
  • Décret no 2022-305 du relatif aux exigences de performance énergétique et environnementale des constructions de bâtiments de bureaux et d'enseignement primaire ou secondaire en France métropolitaine.

Articles connexes[modifier | modifier le code]