Littérature kabarde

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Bekmurza Patchev

L'expression « littérature kabarde » se réfère à la littérature du peuple kabarde (Caucase Nord-Est)[1]. Elle est parfois dénommée littérature kabardo-tcherkesse, par allusion à la langue kabardo-tcherkesse, ce qui sous-entend alors que cette littérature est représentée par les traditions littéraires autonomes de deux peuples : les Kabardes et les Tcherkesses[2]. La population totale des Circassiens est estimée en 2020 à 4 000 000 individus, et celle des kabardophones à 650 000.

Ethnie et langue[modifier | modifier le code]

Les Kabardes sont un peuple de la Ciscaucasie (appelée aussi Caucase du Nord, ou Caucase septentrional). Ils appartiennent, avec les Tcherkesses et les Adyguéens, à la même communauté ethnique. Ces ethnies se désignent elles-mêmes par l'endonyme d'« Adyghé ».

Leurs langues composent la branche adygo-abkhaze de la famille caucasienne. L'Adyguéen (langue), langue des Adyguéens, possède quatre dialectes (le bjedoukh, le chapsoug, le temirgoï[3] et l'abadzekh[4]), qui sont parlés par les peuples du même nom[5],[6]. Le dernier représentant de l'Oubykh, la langue sœur, est décédé en 1987[7].

Sources culturelles[modifier | modifier le code]

Le développement de la littérature nationale[8] trouve ses sources dans le folklore oral (chansons, contes de fées, proverbes et légendes sur les Nartes), médium fondamental de la préservation de l'histoire populaire des Kabardes.

Alphabétisation[modifier | modifier le code]

Malgré des tentatives des adyghés Chora Noghma (ru)[9], Umar Berséï (ru) (1853), Bekmurza Patchev (ru), Tsago Nuri, Tausultan Cheretloko (1814), Muhammed Ptchegatluko (1918) entre autres[10], qui ont créé des versions de l'alphabet circassien[11] en utilisant les graphies arabes, les peuples adyghés ont ignoré l'expression écrite jusqu'au milieu des années 1920. À partir des années 1930-1940, les auteurs kabardes ont commencé à publier des ouvrages en langue russe. Le pouvoir soviétique, en introduisant l'alphabétisation en 1923, a ainsi permis la naissance de la littérature en langue kabarde.

Années 1920-1930[modifier | modifier le code]

Ali Chogentsukov (1900-1941) est reconnu comme le fondateur de la littérature kabarde, et il a largement contribué à son essor. Chogentsukov composait des vers au style publiciste, sur les thèmes de la nature et de la révolution. Il est l'inventeur de l'art lyrique du paysage en poésie kabarde. Ses travaux poétiques, parmi lesquels figurent le roman en vers Kambot et Lyatsa, les poèmes Madina, Kyzburun, Le jeune héros et La nuit d'hiver, sont entrés dans le domaine public.

Dès les années vingt, un grand nombre d'œuvres de littérature kabarde en prose sont parues, mais la plupart dans des genres mineurs comme la nouvelle ou l'essai documentaire. Pendant la deuxième moitié des années vingt, la poésie kabarde est adoptée par de nouveaux auteurs, dont Alim Kechokov (ru), Adam Choghentsukov (ru), Amirkhan Chomakhov, et Betal Kuachev (ru).

La Grande Guerre[modifier | modifier le code]

Vers le début des années 1940, le processus de formation initiale de la littérature kabardienne s'achève. Pendant la Grande Guerre, un grand nombre d'écrivains partent au front : Alim Kechokov, Betal Kuachev, Adam Choghentsukov, et Amirkhan Chomakhov[12]. Les œuvres littéraires de cette période expriment des sentiments patriotiques, expression de la volonté de vaincre. Les exemples les plus notables en sont les poésies La parole de la patrie, Le Serment (Kechokov), les chansons La Grande Guerre nationale, Kubati Kardanov, Mamicha Nauruzov (Amirkhan Khavpatchev (ru)), la pièce Trois tankistes (Askerbi Chortanov (ru)), etc[13].

Années 1950-1960[modifier | modifier le code]

Le poème Le père d'Alim Kechokov et la pièce L'épreuve de Khatchim Téunov (ru), publiés juste après la victoire, marquent l'adoption de la forme épique en littérature kabarde. En 1953, Askerbi Chortanov écrit le premier roman kabardien, Les montagnards. En 1958, Alim Kechokov publie L'instant merveilleux — premier tome de sa trilogie Les sommets ne dorment pas. Le deuxième et troisième roman voient le jour en 1965 (Le croissant vert) et en 1981 (Un sabre pour l'émir)[14].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Wixman, Peoples of the USSR: An Ethnographic Handbook, p.189, Taylor & Francis, .
  • Philippe Rudaz, Le devoir d’oubli et le poids de l’histoire, p.26, La Cité, .
  • Encyclopaedia universalis, volume 18, France, 1974.
  • Catherine Paris, Système phonologique et phénomènes phonétiques dans le parler besney de Zennun Köyü, Tcherkesse oriental, p.15, Peeters Publishers, 1974.
  • François Charles Liskenne, La Russie dans l'Asie Mineure ou Campagnes du maréchal Paskevitsch en 1828 et 1829, et tableau du Caucase... par Charles * * * Liskenne (François-Charles, pseud. Félix Fonton), p.142, Les principaux libraires, 1840.
  • Aliéva S. U., "La littérature kabardo–tcherkesse", in Grande Encyclopédie russe, volume 12, p.318, Moscou, 2008.
  • Dygova O. A., L'originalité artistique et esthétique du récit dans la littérature kabarde des années 1960-90, Maïkop, 2008.
  • Мусукаева, А. Х., Кабардинская литература // Адыгская (черкесская) энциклопедия., Фонд им. Б. Х. Акбашева, p.761 - 764, 2006.
  • Бозиева, Н. Б. Художественно-документальная проза в кабардинской литературе : автореферат дис. кандидата филологических наук : 10.01.02 / Кабард.-Балкар. гос. ун-т им. Х.М. Бербекова. - Нальчик, 2005.
  • Писатели Кабардино-Балкарии (XIX – конец 80-х гг ХХ в.) Библиографический словарь / гл. ред. Р. Х . Хашхожева. Нальчик: Эль-фа, 2003.
  • Кожевников, В. М., Кабардинская литература // Литературный энциклопедический словарь (под общ. ред. В. М. Кожевникова, П. А. Николаева)., Советская энциклопедия, p.143, 1987.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Кабардинская литература, Москва, Советская энциклопедия, coll. « Литературный энциклопедический словарь »,‎ (lire en ligne), p. 143
  2. С.У. Алиева, Кабардино–черкесская литература, coll. « Большая российская энциклопедия »,‎ (lire en ligne), p. 318.
  3. Wixman, Peoples of the USSR : An Ethnographic Handbook, Taylor & Francis, , 189– (ISBN 978-1-315-47540-0, lire en ligne)
  4. Catherine Paris, Système phonologique et phénomènes phonétiques dans le parler besney de Zennun Köyü, Tcherkesse oriental, Peeters Publishers, , 15– (ISBN 978-2-252-01608-4, lire en ligne)
  5. Adygué ou Adyghé : Encyclopaedia universalis France online;
  6. Encyclopaedia universalis France, Volume 18, p. 20.
  7. Philippe Rudaz, Le devoir d’oubli et le poids de l’histoire // La Cité. 25 janvier—8 février., La Cité, (lire en ligne), p. 26.
  8. Кожевников, В. М., Кабардинская литература // Литературный энциклопедический словарь (под общ. ред. В. М. Кожевникова, П. А. Николаева)., Советская энциклопедия,‎ (lire en ligne), p. 143.
  9. François Charles Liskenne, La Russie dans l'Asie Mineure ou Campagnes du maréchal Paskevitsch en 1828 et 1829, et tableau du Caucase... par Charles Liskenne (François-Charles, pseud. Félix Fonton), Les principaux libraires, (lire en ligne), p. 142.
  10. Патеев, Р.Ф. Печатный капитализм в просвещении мусульманских народов Поволжья и Северного Кавказа в XIX – начале XX веков // Межконфессиальное взаимодействие в пространстве исторической памяти. Материалы международной научной конференции, 29—30 мая 2015 г. – Казань, 2016, с. 383.
  11. Алиева, С. У., Кабардино-Черкесская литература // Большая российская энциклопедия., « Большая российская энциклопедия »,‎ (lire en ligne), p. 318.
  12. Мусукаева, А. Х., Кабардинская литература // Адыгская (черкесская) энциклопедия., Фонд им. Б. Х. Акбашева,‎ (lire en ligne), p. 762.
  13. Мусукаева, А. Х., Кабардинская литература // Адыгская (черкесская) энциклопедия., Фонд им. Б. Х. Акбашева,‎ (lire en ligne), p. 761.
  14. Мусукаева, А. Х., Кабардинская литература // Адыгская (черкесская) энциклопедия., Фонд им. Б. Х. Акбашева,‎ (lire en ligne), p. 763.