Les Deux Amis (fable)

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Les Deux Amis
Image illustrative de l’article Les Deux Amis (fable)
Gravure de Noël Le Mire d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Les Deux Amis est la onzième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.

La Fontaine s'est inspiré du texte De deux amis de Pilpay.

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

Dessin de Grandville (1838-1840)
Les deux amis - Azulejos - Monastère de Saint-Vincent de Fora (Lisbonne).
Illustration de Benjamin Rabier (1906)

Deux vrais Amis vivaient au Monomotapa [N 1]:
L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre.
Les amis de ce pays-là
Valent bien, dit-on, ceux du nôtre.
Une nuit que chacun s’occupait au sommeil,
Et mettait à profit l’absence du soleil,
Un de nos deux Amis sort du lit en alarme.
Il court chez son intime, éveille les valets :
Morphée [N 2] avait touché le seuil de ce palais.
L’Ami couché s’étonne ; il prend sa bourse, il s’arme,
Vient trouver l’autre, et dit : " Il vous arrive peu
De courir quand on dort ; vous me paraissez homme
À mieux user du temps destiné pour le somme :
N’auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?
En voici. S’il vous est venu quelque querelle,
J’ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point
De coucher toujours seul ? une esclave assez belle
Était à mes côtés : voulez-vous qu’on l’appelle ?
Non, dit l’ami, ce n’est ni l’un ni l’autre point :
Je vous rends grâce de ce zèle.
Vous m’êtes, en dormant, un peu triste apparu ;
J’ai craint qu’il [N 3] ne fût vrai ; je suis vite accouru.
Ce maudit songe en est la cause. "
Qui d’eux aimait le mieux ? Que t’en semble, lecteur ?
Cette difficulté vaut bien qu’on la propose.
Qu’un ami véritable est une douce chose !
Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;
Il vous épargne la pudeur
De les lui découvrir vous-même :
Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand il s’agit de ce qu’il aime.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Les Deux Amis, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 309

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le Monomotapa est un empire de l'Afrique australe, mystérieux et fabuleux car mal connu, entre le Zambèze et le Mozambique "découvert" et partiellement conquis par les Portugais au XVIe siècle
  2. Morphée, dieu des songes, fils du Sommeil et de la Nuit, endormait tout ce qu'il touchait avec un pavot
  3. cela

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