Les Bleus de la marine (bande dessinée)

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Les Bleus de la marine
7e histoire de la série Les Tuniques bleues
Scénario Raoul Cauvin
Dessin Lambil
Couleurs Vittorio Leonardo
Genre(s) Franco-Belge
Historique

Personnages principaux Sergent Chesterfield
Caporal Blutch
Capitaine Stark
Lieu de l’action Drapeau des États-Unis États-Unis

Éditeur Dupuis
Première publication 1974
ISBN 2-8001-0459-7
Nombre de pages 44

Prépublication Spirou
Albums de la série

Les Bleus de la marine est la septième histoire de la série Les Tuniques bleues de Lambil et Raoul Cauvin. Elle est publiée pour la première fois du no 1904 au no 1917 du journal Spirou, puis en album en 1975.

Résumé[modifier | modifier le code]

Une bataille entre les Nordistes et les Sudistes tourne mal pour les Yankees. Devant la possibilité d'un échec, le général ordonne d'envoyer la cavalerie. Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch s'élancent ainsi sous les ordres d'un officier qu'ils connaissent bien, le capitaine Stark[1], visiblement remis de ses blessures, et qui est réaffecté au commandement du 22e de cavalerie. N'ayant pas changé, il se lance dans une charge suicidaire, et finit par révoquer de la cavalerie Chesterfield et Blutch, le premier pour insubordination, le second pour lâcheté. Nos héros vont alors voyager dans tous les corps d'armes, provoquant l'exaspération de tous leurs officiers : fantassins, artilleurs, et même brancardiers. Finalement, ils seront réaffectés au dernier poste qui puisse exister, celui de la marine.

C'est ainsi que Blutch et Chesterfield deviennent des marins. Malheureusement, la marine nordiste n'est pas vraiment au point contre les navires de guerre sudistes, et les naufrages en série se succèdent, jusqu'à ce que nos deux comparses se retrouvent à la bataille de Hampton Roads, opposant les navires nordistes aux redoutables cuirassés sudistes, notamment le redoutable CSS Virginia, surnommé Merrimac, des Confédérés. Blutch et Chesterfield se retrouvent entre-temps à bord du cuirassé nordiste, le USS Monitor, le seul navire capable de rivaliser face au redoutable Merrimac. La bataille se terminera par un "match nul". Nos deux héros seront ensuite réaffectés à la cavalerie, leur vieil ami Bryan revenant les voir pour les avertir que Stark a décimé toute la cavalerie, et qu'il recherche désespérément des cavaliers valides.

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Sergent Chesterfield : une nouvelle facette du personnage se dessine dans les premières pages de cet album. On avait en effet coutume de voir Chesterfield obéir scrupuleusement à des ordres directs, et ce même quand ces ordres apparaissent comme étant abusifs[2]. Il s'oppose en effet violemment à Stark quand il croit que Blutch est mort, et manque même l'insulter. Par la suite, Chesterfield sera à nouveau ridiculisé, multipliant les erreurs, étant par exemple le dernier canonnier à continuer à larguer des salves même après la fin de la bataille. Très fier d'être un cavalier, il s'emportera à chaque fois qu'un soldat d'un autre corps militaire critiquera la cavalerie.
  • Caporal Blutch : de manière aussi comique, c'est dans cet album le moins honorable du duo qu'il finira par être récompensé, recevant une médaille. Blutch continuera à accompagner fidèlement Chesterfield, en étant souvent un peu forcé, et fera comme toujours preuve de sa fameuse lâcheté, sautant couramment dans l'eau à chaque fois qu'un combat s'annonce, pensant que cela se terminera toujours en naufrage critique. C'est également le premier album où Blutch fait semblant d'être mort lors des charges. En effet, dans les albums précédents, il chargeait, certes en rechignant, mais en réussissant parfois à se retrouver en première ligne[3]. Dans cet album, Blutch commence à mettre au point la technique qu'il perfectionnera avec Arabesque, consistant à se faire passer pour mort dès le début de la charge.
  • Capitaine Stark : grand retour de Stark, qui reste fidèle à l'image qu'on avait de lui dans l'album Du Nord au Sud. Il charge sans hésitation, sans se soucier de ses propres pertes. Il est même mécontent quand il ramène trop d'hommes valides. Comme lors de sa première apparition, Stark fait preuve d'une chance incroyable, parvenant toujours à revenir indemne des combats.

Analyse[modifier | modifier le code]

Le combat de Hampton Roads, fidèlement restitué dans cet album

C'est un album qui marque un cap dans la série des Tuniques bleues, et ce pour plusieurs raisons. La plus évidente est que c'est le premier album relatant une bataille qui a réellement eu lieu lors de la Guerre de Sécession. En effet, jusqu'alors, les autres albums décrivaient certes des batailles, mais sans préciser le lieu exact, ni le moment. Cette décision de relater à travers les yeux des héros une bataille qui a réellement eu lieu renforce le réalisme de la série et son sérieux. Ce sérieux se manifeste ici de façon humoristique. Nos deux héros voyagent en effet dans tous les corps de l'armée qui puissent exister. Un très large panneau se dégage ainsi de cette expérience, l'album montrant de manière comique les travers de l'armée : une rivalité enfantine et fondée sur des préjugés entre les différents corps militaires, l'incompétence des officiers, souvent plus lâches que les simples fantassins... Cette satire générale de la guerre est une constante dans Les Tuniques bleues, et elle semble véritablement commencer à partir de cet album.

Références historiques[modifier | modifier le code]

La marine[modifier | modifier le code]

Dans la BD, la marine est décrite comme étant d’une petite taille avec une faible valeur militaire. Elle comprenait seulement 40 navires à vapeur dont aucun n’était cuirassé et dont la plupart étaient indisponibles. Dans la réalité, ce n’était pas comme décrit ci-dessus, la marine ou l’Union Navy a subi une profonde transformation tant technique qu’institutionnelle, les bateaux à voiles ont été complètement remplacés par des bateaux à vapeur. Fin 1862, elle se développe considérément en comptant 386 navires portant 3 027 canons. Sa force militaire lui avait donc permis de remplir ses missions de blocus dont la principale était de paralyser des ports sudistes.

Le Davidley[modifier | modifier le code]

Le Davidley a bien existé comme indiqué dans la bande dessinée par l’astérisque “Authentique”. Cependant, on peut voir quelques différences minimes. De son vrai nom CSS David, celui-ci est bien un sous-marin qui n’était pas entièrement submersible. Il avait la capacité d’éperonner les navires à l’aide d’une torpille fixée au bout d’une perche. Le sous-marin a appartenu aux confédérés et il fut conçu en 1863 par David C. Ebough, or l’histoire de nos héros se passe en 1862 lors du combat d’Hampton Roads, il y a donc un conflit temporel. De plus, le David était obligé d’attaquer la nuit à cause de son faible blindage, mais on aperçoit sur l’image où apparaît le sous-marin que le ciel est dégagé et bleu : ceci nous laisse donc penser que dans l’œuvre, il a attaqué en pleine journée[4].

Le Merrimac[modifier | modifier le code]

Il n’y a pas tellement de différences entre le Merrimac et son homologue réel, le CSS Virginia. Le navire cuirassé est assez ressemblant par rapport à son sosie dessiné, dans le sens où il est clair que le scénariste s’est inspiré des photos existantes du CSS Virginia de l’époque pour le dessiner : tous deux sont alourdis par des tonnes de blindages recouvrant la coque, le navire a été récupéré et ensuite rafistolé à partir d’une ancienne frégate, le Merrimack ; ils ont aussi un éperon à la proue du bateau et ils ont le même nombre de canons, dix canons au total. Cependant, on peut constater que les pièces d'artillerie sont de calibres 178 et 163 millimètres alors que dans la bande dessinée celles-ci sont de 185 millimètres[5].

Le Monitor[modifier | modifier le code]

Tout comme le Merrimac, l'USS Monitor, navire cuirassé appartenant aux Yankees, est ressemblant à la réalité. La superstructure du navire comprend un strict minimum : une cheminée, quelques manches à air, une petite casemate exiguë et surélevée faisant office de passerelle et une large tourelle pivotante posée au milieu du pont et la coque du bateau ne dépasse que de quelques centimètres de l’eau comme indiqué sur les dessins[5].

Le combat d'Hampton Roads[modifier | modifier le code]

Les Nordistes disposaient de puissants navires de guerre tels que l’USS Congress, l’USS St. Lawrence, l’USS Cumberland et l’USS Roanoke. Avec ses frégates, la supériorité des Yankees était manifeste mais la BD nous laisse croire de par cet extrait que les Nordistes n’ont pas la mainmise : “Tous les autres bâtiments de la marine étaient des voiliers en bois bien démodés à une époque de fer et de vapeur”.

Dans les faits, le combat commence le à Newport News, le CSS Virginia est accompagné de ses navires tandis que face à eux ne se trouvent que le Congress et le Cumberland. Tandis que dans l’œuvre dessinée, il y a juste une petite différence car au loin, se trouve un navire où sont nos deux héros, Blutch et le sergent Chesterfield. Le navire cuirassé s’en prend d’abord au Cumberland avec son canon de proue et le coule, il s’attaque après au Congress qu’il incendie aussi avec des boulets rouges ; celui-ci brûlera jusqu’à tard dans la nuit et il finit par faire échouer le navire où se trouvent les personnages principaux. Dans la réalité, on peut noter quelques différences : le Congress n’a été incendié qu’après s’être rendu. Or, dans la bande dessinée on n’a jamais mentionné ce fait et c’est à cause des courants marins que le navire de nos héros se serait échoué, cette frégate pouvant soit être le St. Lawrence ou Le Roanoke car dans la version historique ce sont les deux seuls navires à s’être naufragés. De plus, cette déroute est survenue avant que les deux autres bateaux sombrent[6].

Le lendemain, le Monitor fait son entrée avec à la barre, le capitaine Worden (en), vêtu d’un chapeau entouré par un ruban et portant une longue barbe. Il arrive à 8 heures sur le champ de bataille et il rentre en contact avec son rival cuirassé. Après de nombreux échanges de tirs, un des obus du Virginia atteint l’étroite passerelle du Monitor. L’explosion projette à l'intérieur des fragments qui touchent Worden au visage et l’aveuglent. Celui-ci fait venir le lieutenant Greene pour le remplacer. Cet accident oblige le Monitor à s’éloigner quelques instants mais estimant avoir mis son adversaire en fuite, le CSS Virginia se retire vers Norfolk. les deux camps sont persuadés d’avoir gagné et donc la bataille se conclut par un "match nul". Tous les évènements ci-dessus se passent à l’identique dans la bande dessinée. Le deuxième jour de la bataille ne comporte que deux différences. D’abord, lorsqu’une explosion atteint le visage de Worden et l’aveugle, celui-ci fait venir Blutch à la place du lieutenant Greene et enfin, lorsque les Confédérés se retirent, ce n’est pas en voyant les Nordistes s’éloigner mais parce qu’ils n’ont plus de munitions[7].

Historique[modifier | modifier le code]

Publication[modifier | modifier le code]

Revues[modifier | modifier le code]

Album[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (fr) 2e album, Du Nord au Sud
  2. (fr) 5e album, Les Déserteurs
  3. (fr) 6e album, La Prison de Robertsonville
  4. « Le CSS DAVID - les uniformes de la guerre de Sécession », sur les uniformes de la guerre de Sécession (consulté le )
  5. a et b « Guerre de Sécession : Hampton Roads ou le duel des cuirassés, 8-9 mars 1862 (1/3) », sur www.histoire-pour-tous.fr (consulté le )
  6. « Guerre de Sécession : Hampton Roads ou le duel des cuirassés, 8-9 mars 1862 (2/3) », sur www.histoire-pour-tous.fr (consulté le )
  7. « Guerre de Sécession : Hampton Roads ou le duel des cuirassés, 8-9 mars 1862 (3/3) », sur www.histoire-pour-tous.fr (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]