Kirill Stremooussov

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Kirill Stremooussov
(ru) Кирилл Стремоусов
(uk) Кирило Стремоусов
Illustration.
Kirill Stremooussov en 2020.
Fonctions
Chef adjoint de l'administration de l'oblast occupé de Kherson

(1 mois et 5 jours)
Chef Vladimir Saldo (intérim)
Vice-président de l'administration civilo-militaire de Kherson

(1 mois et 5 jours)
Chef Vladimir Saldo
Prédécesseur Poste crée
Successeur Poste supprimé
Président du comité de salut pour la paix et l'ordre (en)

(7 mois et 23 jours)
Vice-président Vladimir Saldo
Prédécesseur Poste crée
Biographie
Nom de naissance Kirill Sergueïevitch Stremooussov
Date de naissance
Lieu de naissance Holmivskyi (en) (Union soviétique)
Date de décès (à 45 ans)
Lieu de décès Raïon de Henitchesk
Nature du décès Accident de la route
Sépulture Cimetière Abdal de Simferopol (ru)
Nationalité soviétique (1976-1991)
ukrainienne (1991-2022)
russe (2022)
Parti politique SPU (2017-2019)
Ind. (2019-2021)
Derjava (en) (2021-2022)
Diplômé de Université nationale d'Ukraine occidentale
Distinctions Ordre du Courage (posthume)
Religion Christianisme orthodoxe

Kirill Sergueïevitch Stremooussov (en russe : Кирилл Сергеевич Стремоусов ; en ukrainien : Кирило Сергійович Стремоусов, Kyrylo Serhiïovytch Stremooussov), né le et mort le , est un homme politique et blogueur russo-ukrainien.

Il est le chef adjoint de l'administration militaro-civile collaborationniste de l'oblast de Kherson en Ukraine occupée par la Russie du à sa mort, quelques heures avant l'annonce du retrait des troupes russes de la ville de Kherson. Il était recherché par le Service de sécurité d'Ukraine pour trahison.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et débuts[modifier | modifier le code]

Kirill Stremooussov naît à Holmivskyï (en), dans l'oblast de Donetsk en Ukraine soviétique[1]. Il est diplômé de l'Académie nationale d'économie de Ternopil. Entrepreneur dans le secteur des aliments pour poissons pendant cinq ans, il prend par la suite la tête des services d'inspection piscicole de Henitchesk. En 2007, il est nommé à un poste de direction au sein du Comité des pêches de Kiev. Peu de temps après, il démissionne et s'installe à Kherson[2].

Après son arrivée à Kherson, Kirill Stremooussov fonde l'agence de presse Tavria News[1] et part en voyage aux Amériques. Après son retour, il dirige des séminaires axés sur une approche mystique d'un mode de vie sain et devient adepte de la Conception de la sécurité publique (en russe : Концепция общественной безопасности), une secte conspirationniste post-soviétique d'inspiration néo-païenne et néo-staliniste. En 2013, Stremooussov est l'un des organisateurs des « courses russes », qui doivent montrer à Kherson la « force de l'esprit russe »[2] ; en décembre de la même année, il fonde l'organisation « Pour le président », apportant un soutien explicite au président pro-russe Viktor Ianoukovitch[1].

Activités politiques et activisme[modifier | modifier le code]

En , Kirill Stremooussov cofonde le Centre ukrainien d'autodéfense environnementale[3]. Dans les années suivantes, il se fait remarquer par plusieurs actions violentes : en , il agresse un policier[4],[5], puis, le , il participe à l'attaque d'un convoi de la Sécurité nationale d'Ukraine[5],[6]. Le de la même année, il tire sur un homme avec un pistolet non létal dans le raïon de Henitchesk[5],[7].

Outre ce militantisme violent, Kirill Stremooussov crée également la polémique en 2017 après s'être filmé en train de faire tourner sa fille de quatre mois autour de sa tête par ses jambes. Ce faisant, il indique qu'il peut entendre « craquer ses os ». Le journal indien The Financial Express qualifie Stremooussov de « sans cœur », soulignant son ignorance totale des cris du bébé[8].

Tout ceci ne l'empêche pas, le , d'être nommé à la tête de la branche khersonienne du Parti socialiste d'Ukraine[1]. En 2019, il est néanmoins exclu du parti, probablement en raison de son implication dans une fusillade contre la rédaction du journal Novy Den (Новый день). C'est donc sans étiquette qu'il se présente aux élections législatives ukrainiennes de 2019 dans la 82e circonscription, obtenant 1,74 % des voix[1].

Durant la crise du Covid-19, Kirill Stremooussov se met à promouvoir des théories du complot sur la pandémie[1]. Dans ses vidéos, il accuse les autorités de propager la maladie, évoque des « biolaboratoires américains en Ukraine » et exhorte les habitants à ne pas porter de masques et à ne pas respecter les restrictions sanitaires[3].

Le , il attaque le journaliste Dmytro Bahnenko, ce qui lui vaut une enquête judiciaire pour entrave au travail de la presse. En , la Sécurité nationale ukrainienne perquisitionne ses propriétés dans le cadre d'une procédure pénale visant à contrer les ingérences du FSB russe en Ukraine[1].

Lors des élections locales de 2020, il présente sa candidature, sans étiquette et sans succès, à la mairie de Kherson[9]. L'année suivante, il rejoint le parti pro-russe Derjava (en)[10].

Invasion russe de l'Ukraine en 2022[modifier | modifier le code]

Après l'invasion de l'oblast de Kherson par l'armée russe, Kirill Stremooussov réaffirme ses positions pro-russes. Le , il participe avec d'autres militants pro-russes locaux à une réunion du « Comité de salut pour la paix et l'ordre », l'autorité suprême de collaboration avec l'occupant, dans les locaux de l'administration régionale de Kherson[11]. Le , le gouvernement ukrainien accuse Stremooussov de trahison pour son rôle dans cette réunion et entame des poursuites pénales contre lui[3],[12].

Le , Kirill Stremooussov est nommé vice-président (gouverneur) de l'administration militaro-civile de Kherson[13]. Stremooussov annonce qu'à partir de mai, la région changera sa monnaie pour le rouble russe. De plus, citant des rapports anonymes rapportant une discrimination contre les russophones, Stremooussov déclare que « la réintégration de la région de Kherson dans une Ukraine nazie est hors de question »[14]. Le , il annonce être prêt à demander officiellement au président Vladimir Poutine le rattachement de l'oblast de Kherson à la fédération de Russie, rejetant au passage toute perspective de création d'une « république populaire de Kherson » ou de référendums sur la question[15],[16],[17]. Après cette annonce, des tracts promettant une récompense de 500 000 hryvnias pour l'assassinat de Stremooussov commencent à être diffusés autour de Kherson[12],[18].

Le , Kirill Stremooussov présente un projet d'exportation de céréales de Kherson vers la Russie. Il travaille également à l'exportation de graines de tournesol[19].

Kirill Stremooussov à Eupatoria en .

Le , Stremooussov est sanctionné par l'Union européenne pour avoir soutenu et promu des politiques portant atteinte à l'intégrité territoriale, à la souveraineté et à l'indépendance de l'Ukraine[20],[21]. La Russie, de son côté, lui délivre un passeport le [22].

Durant la contre-offensive ukrainienne dans la région de Kherson, le , Kirill Stremooussov exprime son mécontentement face à des « commandants incompétents » et reproche au ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir permis cette situation, ajoutant que beaucoup suggèrent que le ministre devrait « se tirer une balle »[23],[24].

Mort[modifier | modifier le code]

Le , Kirill Stremooussov meurt à l'âge de 45 ans dans un accident de voiture près de Henitchesk, devenue de facto le centre de commandement de la Russie dans la région[25],[26]. Sa mort survient quelques heures avant l'annonce officielle du retrait de la Russie de la ville de Kherson[26]. Le président Vladimir Poutine lui décerne l'ordre du Courage à titre posthume[27].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g (ru) « Связи с криминалом под прикрытием медиа: что известно про гауляйтера Херсонщины Кирилла Стремоусова », sur Телеграф,‎ (consulté le )
  2. a et b (uk) Беца-Білоусенко, « Проросійський трикстер, конспіролог і ватажок антиваксів. Хто такий Кирило Стремоусов », ms.detector.media,‎ (consulté le )
  3. a b et c (uk) « Стремоусов Кирило Сергійович — Державний зрадник України, інформація про зраду Реєстр Держзрадників і ПолітХаб », chesno.org, ПолітХаб (PolitHub),‎ (consulté le ).
  4. (uk) « Нападение Стремоусова на полицейского », sur most.ks.ua, (version du sur Internet Archive)
  5. a b et c (uk) « Рух "Чесно" зібрав список держзрадників Херсонщини, в ньому є генічанин », Генічеськ.City (consulté le )
  6. (uk) « Сутички й суди в Херсоні: як арештовували кримського “єдинороса” Осьмініна », sur most.ks.ua, (version du sur Internet Archive)
  7. (uk) « Херсонский русскомирец Стремоусов расстрелял человека из травматического пистолета », sur most.ks.ua, (version du sur Internet Archive).
  8. « Heartless dad swings his 4-month-old baby ignoring her screams; watch shocking video », The Financial Express,‎ (lire en ligne)
  9. (uk) « Вибори-2020 у Херсоні: попередні результати голосування, явка та порушення », ТСН.ua,‎ (consulté le )
  10. (uk) « Ви запитували, куди дівся Кирило Стремоусов? Він подався до проросійської партії "Держава" », Кавун.Сity (consulté le )
  11. (ru) « "Комитет спасения": Херсонские коллаборанты сыграли еще один спектакль для российских пропагандистов – Depo.ua », www.depo.ua (consulté le )
  12. a et b Wendell Steavenson et Marta Rodionova, « Collaborators, demonstrators, soldiers, spies: life under Russian occupation », The Economist,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (ru) « Ставленник Кремля заявил, что никаких референдумов в Херсонской области не планируется », Украинская правда (consulté le )
  14. (en) Nataliya Vasilyeva, « Occupied Kherson will switch to Russian currency, puppet government says », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  15. (ru) « Оккупационные власти Херсона заявили о плане вступить в состав России », Радио Свобода (consulté le )
  16. (en) « Institute for the Study of War », Institute for the Study of War (consulté le )
  17. « Russia uses collaborators to 'ask Putin' for annexation of entire Kherson oblast », Kharkiv Human Rights Protection Group (consulté le )
  18. « Leaflets promising an award for Stremousov's head appear in Kherson », Institute of Mass Information, (consulté le )
  19. Nataliya Vasilyeva, « Russian-controlled Kherson region in Ukraine starts grain exports to Russia - TASS », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « COUNCIL DECISION (CFSP) 2022/883 », eur-lex.europa.eu (consulté le )
  21. (ru) « Евросоюз ввел санкции против Алины Кабаевой и основателя "Яндекса" », Радио Свобода (consulté le )
  22. (en) « "Head" of occupied Crimea hands Russian passport to collaborator Stremousov », pravda.com.ua (consulté le )
  23. « Ukraine says 2,400 square kilometers of territory recaptured in south », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. « Стремоусов: многие говорят, что Шойгу мог бы, как офицер, застрелиться », Radio Free Europe/Radio Liberty,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. (ru) « Погиб замглавы Херсонской области Кирилл Стремоусов », РБК (consulté le )
  26. a et b (en) Tenisheva, « Deputy Head of Russian-Occupied Kherson Region Dies in Car Crash », The Moscow Times, (consulté le )
  27. (ru) « Путин наградил Стремоусова орденом Мужества посмертно », m24.ru (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]