Janine Leroux-Guillaume

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Janine Leroux-Guillaume
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Janine Leroux-Guillaume dans son atelier de la rue Saint-André à Montréal (Québec, Canada) en 1975.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 90 ans)
MontréalVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Pierre Guillaume (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Arprim, centre d'essai en art imprimé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Janine Leroux-Guillaume (1927-2018) est une artiste multidisciplinaire canadienne, maître graveuse et professeure d'université[1].

Biographie

Née en 1927 à Saint-Hermas au Québec, Janine Leroux-Guillaume fait partie d'un groupe d'artistes visuels qui ont contribué à faire connaitre l'art de l'estampe et de la gravure au Québec.

Décédée en à l’âge de 90 ans à Montréal, Janine Leroux-Guillaume a exposé ses œuvres de façon régulière jusqu’au milieu des années 90 un peu partout au Québec, au Canada ainsi qu’aux États-Unis, en Pologne, en Yougoslavie, en Angleterre, en Écosse et en France.

Style artistique

En 1978 le critique d'art et journaliste Jacques de Roussan dans la revue Vie des Arts écrit « Son cheminement de graveur a d’abord passé par le figuratif où, dans une atmosphère de solitude, elle interprétera des personnages et des nus féminins qui semblent tous dans l’attente d’un geste à poser, d’une pensée à communiquer. Loin d’être une impasse, cette manière de s’exprimer a permis à Janine Leroux-Guillaume de franchir un pas important en s’attachant à définir l’abstraction qui se dégage des pensées et des actions. Sous l’influence d’Albert Dumouchel et de Léon Bellefleur, elle suivit ensuite allègrement une voie abstraite qui lui permit d’amplifier son graphisme et son champ de profondeur pour finalement devenir surréaliste par sa propre démarche, un surréalisme mystique où la psychologie des profondeurs transparaît dès le premier regard »[2].

Janine Leroux-Guillaume est reconnue pour avoir développé une maîtrise très poussée de la « manière noire », une technique complexe qui permet des contrastes toute en subtilité, ainsi qu’une habilité peu commune à mixer les techniques, les matrices et les couleurs pour des résultats surprenants[3]. Toujours selon les écrits de Jacques de Roussan : « Janine Leroux-Guillaume ne s’en tient pas manichéisme du noir et du blanc. Bien au contraire, car elle s’attache beaucoup d’importance aux vibrations de la couleur qui, soit par leur champ de force s’inscrivant sur une surface donnée, soit par proximité ou par superposition, augmentent la complexité dimensionnelle de la vision en gestation. C’est pourquoi nombre de ses gravures en couleur procèdent d’un singulier mélange de douceur et de force »[2].

Une première exposition en 1954 au Gésu et deux expositions à la galerie Art Classica (1957 et 1959) lui valent de bonnes critiques. En 1960, le Musée des beaux-arts du Canada fait l’acquisition d’une aquatinte de l’artiste intitulée « L’arbre de vie » (1957).

Dès 1960, l'artiste est reconnu par la revue Vie des arts qui vante notamment sa dextérité : « Dix années de pratique du burin lui ont donné une main aussi sûre que docile; main au service d’une artiste sensible, certes, mais sachant déjà devant le cuivre vierge ce que sera l’œuvre projetée. Aucun des hasards de l’acide, hasards heureux parfois, ne saurait la faire dévier de son idée première. Le Combat de rennes[4] qu’elle nous offre est un bel exemple de cette fermeté de pensée dominant d’incontestables dons techniques »[5].

Janine Leroux-Guillaume ne s’est pas imposée par la peinture, mais il est certain que plusieurs de ses estampes rivalisent en détails, en prouesses techniques et par la richesse des couleurs, avec la peinture comme le fait remarquer la critique d'art du Journal La Presse en 1984 « Pour Janine Leroux-Guillaume, la gravure par rapport à la peinture, ressemble à de la musique de chambre. C’est un métier exigeant que l’on acquiert à force de « travail en laboratoire ». Qu’elle se serve de zinc, de cuivre ou de bois, elle tient à ce que la matière de départ se ressente dans le résultat. Elle aime expérimenter. Elle cherche, par la gravure, à exprimer son angoisse, à rendre des paysages intérieurs, paysage à la fois réel et surréel, évoquant les sous-bois, l’intérieur de la terre, les fossiles »[6].

Parcours

C’est la fin de son adolescence que Janine Leroux-Guillaume développe une passion pour l’art. Durant cette période, des problèmes de santé très sérieux la maintiennent au lit pendant plusieurs mois, incapable de marcher. Pour lui changer les idées, ses frères l’inscrivent à un cours d’art par correspondance dans lequel elle s’investira avec passion et discipline[7]. En 1949, Janine Leroux entreprend sa formation à l’École des beaux-arts de Montréal.

Dès son arrivée à Montréal en 1949, Janine Leroux-Guillaume s’intègre rapidement aux cercles d’artistes associés à la mouvance automatiste et surréaliste et qui adhèrent aux manifestes Refus Global et de Prisme d’yeux. Janine Leroux-Guillaume n’adhérera officiellement à aucun groupe en particulier et ne signera aucun manifeste. Elle développe cependant des relations solides avec plusieurs de ces artistes engagés, notamment Alfred Pellan qui est son professeur de peinture aux beaux-arts, Charles Daudelin, Jean-Paul Mousseau, Paul-Émile Borduas, Jacques de Tonnancour, Léon Bellefleur, Roland Giguère et Albert Dumouchel qui dirige l’École des arts graphiques et avec qui elle collabore et se perfectionne entre 1955 et 1959[8].

En 1957, Janine Leroux rencontre l’imprimeur et typographe d'origine française, Pierre Guillaume, qui vient de s'installer à Montréal (que l'artiste épouse en 1958) et le persuade d’acheter le fond d’imprimerie des Éditions Erta de Roland Giguère[9]. C’est avec lui qu’elle développera sa dextérité et sa finesse pour les bois gravés ainsi que son audace pour le mélange des genres et l’expérimentation des couleurs[10].

En 1959, Janine Leroux-Guillaume se rend à Paris en compagnie de Pierre Guillaume. Elle présentera son travail de gravure en taille douce aux artisans de l’Atelier Lacourière-Frélaut qui l’invitent à s’y installer à demeure. Elle y fera des séjours réguliers jusqu’au début des années 2000 pour réaliser des eaux-fortes et des manières noires de grande dimension parmi les plus emblématiques de sa carrière[11].

En 1977, Janine Leroux-Guillaume sera sollicitée par la succession du peintre Marc-Aurèle Fortin, pour procéder à la restauration des matrices de 19 gravures réalisées dans les années '30 et '40 par le peintre québécois[12].

De 1968 et 1979, Janine Leroux-Guillaume dirigera un atelier-école sur la rue Saint-André à Montréal. Plusieurs artistes-graveurs viendront s’y perfectionner, expérimenter ou bénéficier du mentorat de l’artiste. Pour aider à la diffusion des œuvres des graveurs qui fréquentent son atelier, Janine Leroux-Guillaume fonde avec son conjoint les Éditions Sagitta et Les Imagiers. L’aventure de l’atelier-école prendra malheureusement fin en 1979 quand un incendie détruit l’atelier et l’imprimerie attenante que dirige Pierre Guillaume[13].

Enseignement

Janine Leroux-Guillaume fera de l’enseignement de l’art une véritable profession de foi, car elle est persuadée que le développement de la créativité est salvateur et que l’art est une courroie de transmission de valeurs humanistes[8].

De 1955 à 1965, elle occupe un poste de professeur et conseillère pédagogique en enseignement des arts plastiques à la Commission scolaire de Montréal.

De 1954 à 1958, elle fonde une école d’art plastique dans la petite ville de Lachute dans la région qui l’a vu grandir et donne des ateliers l’été au camp de vacances L’Île aux chênes sur le lac Nipissing en Ontario (1954-1958).

De 1965 à 1969, Janine Leroux-Guillaume donne plusieurs ateliers à l’École des Beaux-Arts et enseigne la gravure et les arts plastiques dans plusieurs établissements au Québec entre 1969 et 1985 (UQAM, Université du Québec à Hull, Cégep du Vieux-Montréal)[14].

Musées et collections publiques

Notes et références

  1. a et b « Leroux-Guillaume, Janine - Collections - MNBAQ », Collections - MNBAQ
  2. a et b Jacques de Roussan, « Les ombres et les lumières de Janine Leroux-Guillaume », Vie des Arts, Volume 2, numéro 93,‎ hiver 1978-1979, p. 52
  3. Maryse Dugas, Janine Leroux Guillaume, maître graveur - Documentaire sous format DVD,
  4. Janine Leroux-Guillaume, Combat de rennes (1959), Gravure en taille douce, manière noire sur plaque de cuivre, imprimé sur papier BFK Rives 50.2 X 32.6 cm, Pour le livre d’artiste Sept eaux-fortes, Guy Robert, Éditions Goglin
  5. Eddy MacFarlane, « La jeune gravure canadienne », Vie des Arts, no.19,‎ , p. 10
  6. Jocelyne Lepage, « À la galerie Aubes 3935 Janine Leroux-Guillaume et Pierre Guillaume », La Presse,‎ , Cahier C, page 22
  7. Janine Leroux-Guillaume, Mémoires et archives de Janine Leroux Guillaume, Succession de l’artiste gérée Pierre Guillaume et Natalie Valade
  8. a et b Stella Sasseville, « L’œuvre de Janine Leroux-Guillaume répond à une réalité historique », Revue Art et Métier du livre, no.169,‎ , p. 16-49
  9. Michèle Grandbois, L’art québécois de l’estampe, 1945-1990 : une aventure, une époque, une collection, Catalogue d’exposition, Musée du Québec,
  10. Jacques de Roussan, « Les ombres et les lumières de Janine Leroux-Guillaume », Vie des Arts, Volume 2, Numéro 93,‎ hiver 1978-1979, p. 52
  11. François-Marc Gagnon, « Panorama de la gravure québécoise des années 1958-1965 », Vie des Arts, no. 90,‎ , p. 28
  12. « Gravure », sur Fondation Marc-Aurèle Fortin
  13. Michèle Dagenais, « La renommée d’une femme discrète », Magazine Allure, Vol.1. No.10,‎ , p. 8
  14. Entrevue de Jacques Brault avec Janine Leroux-Guillaume dans le cadre de la série radiophonique « l’Atelier », Radio de Radio-Canada,
  15. « Janine-Leroux Guillaume | Collection Musée des beaux-arts du Canada », sur beaux-arts.ca (consulté le )
  16. « Janine Leroux-Guillaume - Pierre de naissance - Musée d'art de Rouyn-Noranda » (consulté le )

Liens externes