Initiative populaire « contre la pollution atmosphérique causée par les véhicules à moteur »

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Initiative populaire fédérale
Contre la pollution atmosphérique causée par les véhicules à moteur
(Initiative Albatros)

Déposée le
Déposée par Comité de travail pour une Suisse propre

Contre-projet non
Votée le
Participation 51,36 %
Résultat : rejetée[NB 1]
Par le peuple non (par 61,9 %)
Par les cantons non (par 18 5/2)[NB 2]

L'initiative populaire « Contre la pollution atmosphérique causée par les véhicules à moteur » est une initiative populaire suisse, rejetée par le peuple et les cantons le .

Contenu[modifier | modifier le code]

L'initiative demande de modifier l'article 24septies de la Constitution fédérale pour limiter les ventes des véhicules les plus polluants et pour ordonner une détoxication massive des gaz d'échappement émis par les véhicules à moteur au plus tard pour le , « de manière que la teneur en substances nocives des gaz d'échappement puisse être réduite au minimum ».

Le texte complet de l'initiative peut être consulté sur le site de la Chancellerie fédérale[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Dans ce domaine, les compétences de la Confédération sont fixées d'une part par l'article 37bis, 1er alinéa qui lui donne le droit de légiférer dans le domaine des automobiles et des cycles ainsi que parl'article 24septies, proposé à la modification, et qui lui ordonne de légifèrer « sur la protection de l'homme et de son milieu naturel contre les atteintes nuisibles ou incommodantes qui leur sont portées » dont, en particulier, « la pollution de l'air et le bruit ».

En vertu de cette obligation constitutionnelle, une première législation fédérale est établie le sous la forme d'une ordonnance sur la construction et l'équipement des véhicules routiers (OCE) qui limite en particulier à 4,5 % la teneur volumétrique du monoxyde d'azote émis par les moteurs à essence au ralenti. En 1973, la Suisse ratifie l'accord international sur « l'adoption de conditions uniformes d'homologation et la reconnaissance réciproque de l'homologation des équipements et pièces de véhicules à moteur » qui précise plusieurs limites d'émission d'hydrocarbures.

Le [2], le Conseil fédéral adresse au parlement un rapport sur les gaz d'échappement et le bruit des véhicules à moteur dans lequel il fixe les grandes lignes de son programme contre la pollution de l'air à savoir la limitation à 50 % des valeurs fixées en 1974 par l'accord international pour 1978, puis un abaissement à 20 % de ces valeurs pour 1982.

Pendant cette même année 1974, pas moins de 5 initiatives populaires liées à la protection de l'environnement sont déposées : outre cette initiative, on trouve en effet l'initiative populaire « Démocratie dans la construction des routes nationales » (rejetée en [3]), l'initiative populaire « pour douze dimanches par année sans véhicules à moteur ni avions » (rejetée en [4]), l'initiative populaire « Développement des chemins et sentiers » (dont le contre-projet est accepté en [5]) et enfin l'initiative populaire « contre le bruit des routes » (retirée en 1979[6]). Cette liste marque, selon un rapport de l'IDHEAP « une prise de conscience populaire de la fragilité de la nature »[7].

Récolte des signatures et dépôt de l'initiative[modifier | modifier le code]

La récolte des 50 000 signatures nécessaires a débuté le . Le de l'année suivante, l'initiative a été déposée à la chancellerie fédérale qui l'a déclarée valide le [8].

Discussions et recommandations des autorités[modifier | modifier le code]

Le Conseil fédéral[9] et le parlement[10] recommandent tous deux le rejet de cette initiative. Dans son message adressé à l'assemblée, le Conseil fédéral relève que les limitations demandées par de l'initiative pour 1977 correspondent aux valeurs que son rapport préconise comme objectifs pour 1984. Selon lui, une telle accélération des mesures aurait des conséquences multiples par exemple dans le domaine de l'emploi pour les garagistes et les vendeurs d'automobiles ; enfin, il précise que la plupart des prescriptions envisagées peuvent être réalisées en utilisant la loi existante, sans besoin de modifier la Constitution pour autant.

Votation[modifier | modifier le code]

Soumise à la votation le , l'initiative est refusée par 18 5/2 cantons (tous sauf ceux de Bâle-Ville et Genève) et 61,9 % des suffrages exprimés[11]. Le tableau ci-dessous détaille les résultats par cantons[12] :

Effets[modifier | modifier le code]

Après le refus en votation de cette initiative, le gouvernement fédéral fut tenu de respecter les promesses faites pendant la campagne et en particulier celles de son programme de 1974. Dans cette optique, l'une des mesures prises fut d'abaisser la teneur en plomb à 0,15 g/l en 1978 pour l'essence normale, puis en 1982 pour la super. En 1984, l'essence normale plombée est interdite de vente sur le territoire suisse[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon l'article 139 de la Constitution, une initiative proposée sous la forme d'un projet rédigé doit être acceptée à la fois par la majorité du peuple et par la majorité des cantons. Dans le cas d'une initiative rédigée en termes généraux, seul le vote du peuple est nécessaire.
  2. Le premier chiffre indique le nombre de cantons, le second le nombre de cantons comptant pour moitié. Par exemple, 20 6/2 se lit « 20 cantons et 6 cantons comptant pour moitié ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Texte de l'initiative populaire fédérale », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  2. « Rapport du Conseil fédéral à l'Assemblée fédérale sur les gaz d'échappement et le bruit des véhicules à moteur »  (20 janvier 2975) de la Feuille fédérale référence FF 1975 I 25
  3. « Votation no 279 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  4. « Votation no 287 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  5. « Votation no 294 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  6. « Publications des départements et des offices de la Confédération »  (27 novembre 1979) de la Feuille fédérale référence FF 1979 III 728
  7. Collectif, Analyse comparée de la genèse et des effets des régimes institutionnels de ressources naturelles en Suisse, Swiss Graduate School of Public Administration, (lire en ligne), p. 44
  8. « Initiative populaire fédérale 'contre la pollution atmosphérique causée par les véhicules à moteur' » (consulté le )
  9. « Message du Conseil fédéral »  (11 octobre 1976) de la Feuille fédérale référence FF 1976 III 557
  10. « Arrêté fédéral »  (4 avril 1977) de la Feuille fédérale référence FF 1977 I 1376
  11. « Votation no 271 Tableau récapitulatif », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  12. « Votation no 271 - Résultats dans les cantons », sur Chancellerie fédérale (consulté le )
  13. Raoul Studer, « Interaction politique – industrie », Allons-nous manquer d'air pur?, TCS,‎ , p. 21 (lire en ligne) (ISBN 978-3-905862-04-1)