Henri Kowalski

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Henri Kowalski
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Henri Kowalski vers 1880

Naissance
Paris, Drapeau de la France France
Décès (à 75 ans)
Bordeaux, Drapeau de la France France
Activité principale Pianiste virtuose et compositeur
Années d'activité 1860-1916

Henri Kowalski, né à Paris le et mort à Bordeaux le , est un pianiste et compositeur français[1].

Biographie

Henri Kowalski est le fils d’un officier polonais, émigré à Dinan en Bretagne après l’échec de l'Insurrection polonaise de 1830, et de Zenaïde de Wogan. Cette dernière descend par son père d’une lignée irlandaise, installée à Dinan depuis le XVIIe siècle, et par sa mère d'une vieille famille bretonne, les Querhoënt. Montrant des dons précoces pour le piano, il est présenté, à l'âge de six ans, à Chopin qui le confia à deux de ses élèves, la princesse Marcelina Czartoryska et Thomas Tellefsen. Henri Kowalski n'est donc pas un élève de Chopin, comme il est trop souvent écrit, mais l'élève d'élèves de Chopin. On comprend mieux qu'il ait développé, dès sa jeunesse, un véritable culte pour Chopin. Il était aussi fasciné par la virtuosité de Liszt.

En 1860 à la sortie du conservatoire de Paris où il a été l'élève de Laurent et Marmontel, il se lance dans un carrière de concertiste d'abord en France puis en Europe. En 1869, il franchit, avec le violoniste Pablo Sarasate, pour la première fois l'Atlantique pour une tournée aux États-Unis et au Canada où il est acclamé. Il y reviendra à quatre reprises : en 1876, comme soliste de la saison d'été dirigée à New York par Offenbach, en 1880 alors qu'il fait route vers l'Australie, en 1903 et en 1907-1909. De son premier voyage (1869-1870) en Amérique, il a laissé un livre de souvenirs mais aussi de remarques critiques, À travers l’Amérique, impressions d’un musicien, qui fourmille d’indications sur la vie culturelle, les paysages, les mœurs locales et ses propres concerts. En 1880, il gagne l'Australie où il siége en tant que représentant de la France au jury de la commission Beaux-Arts de l'Exposition internationale de Melbourne. Pendant ce séjour à Melbourne (1880-1881), il donne de nombreux récitals qui soulèvent l'enthousiasme et lui valent d'emblée une réputation de virtuose mais aussi de musicien généreux qui lui attire la sympathie de nombreux artistes. Il se lie même d'amitié avec le grand écrivain Marcus Clarke avec qui il entreprend d'écrire un opéra-comique, Queen Venus, connu finalement sous le titre de Moustique. En mars 1881, il gagne Sydney pour une série de récitals et réussit à faire représenter (version partielle) l'opéra qu'il vient d'achever, Vercingétorix, sans réussir à convaincre. La véritable création de cet ouvrage, en version de concert, aura lieu le 24 septembre 1881 à Melbourne, après une préparation soignée, à la satisfaction générale. Son second séjour en Australie, cette fois à Sydney, sera beaucoup plus long (1885-1896) et lui permettra aussi de faire des tournées en Nouvelle-Zélande et en Tasmanie. Henri Kowalski a joué un rôle important dans le développement de la vie musicale à Sydney : concerts symphoniques (il prend la direction de la Société Philharmonique dès 1885), séances de musique de chambre, enseignement du piano, diffusion de la musique française, conférences. Il noue avec les peintres des relations privilégiées, notamment avec l'impressionniste Tom Roberts[2].

Entre ses voyages, il revient à Paris et donne de nombreux concerts de bienfaisance et leçons de piano, mais son véritable ancrage reste, sur les bords de la Rance, le château de Vaux-Carheil (connu sous le nom de château du Chêne-vert), à Plouër-sur-Rance, près de Dinan. Cette propriété appartenait à son épouse, Maria Louise Eloy dite La Ferraris (1844-1922), une comédienne qui fit les beaux soirs des théâtres parisiens (Variétés, Palais-Royal, Odéon) dans les années 1860 et était dotée d'une jolie voix. Elle avait reçu ce château, en cadeau, du prince diplomate russe Alexandre Basilewsky dont elle avait été la maîtresse, en 1866, soit trois ans avant son mariage avec Henri Kowalski[1].

Lorsqu’il rentre en France en 1896 après avoir séjourné douze ans en Australie, il reprend son activité de concertiste tant en France qu'en Europe (Belgique, Suisse, Angleterre). Paris prépare déjà activement l'Exposition Universelle de 1900 et Hugo d'Alesi qui a choisi le voyage en mer comme sujet de son Maréorama, sur le Champ de Mars, commande à Henri Kowalski, le grand voyageur par excellence, une musique spécifique : Illusion d'un voyage en mer, symphonie descriptive en quatre parties (En vue de Sousse, Naples, Venise, En vue de Constantinople). Suggestive voire descriptive, cette musique installe des atmosphères en concordance avec les effets spéciaux prévus par Hugo d'Alesi : l'ensemble remporte un vif succès. Parallèlement, Henri Kowalski multiplie les initiatives pour répondre aux différentes sollicitations dont il est l'objet à Dinan (récitals, parfois avec conférence préalable sur Chopin ou la musique française, directions de concerts) et sur la Côte d'Emeraude (casinos de Saint-Malo, Paramé et Dinard). Il entretient aussi une relation privilégiée avec le collège des Cordeliers de Dinan. Pour autant, Henri Kowalski n'a pas renoncé aux voyages outre-Atlantique : Il est invité à New York en 1903 puis de 1907 à 1909 il fait une tournée aux Etats-Unis et au Canada où il prolonge son séjour. Il est en partance pour New York, début juillet 1916, pour une série de concerts organisée par Ignacy Paderewski en soutien à l'armée polonaise, lorsqu'il faut le débarquer d'urgence à Pauillac et le transporter à Bordeaux où il meurt le . Il est enterré au cimetière Montmartre (25e division).

Henri Kowalski composa environ 300 opus dont un certain nombre d’œuvres inspirés par ses voyages. Il donna aussi des leçons de musique au collège des Cordeliers à Dinan.

Symphonie Vercingetorix (1886)

Œuvres

Ses œuvres sont très diverses, telles La Cubaine (1872), Gilles de Bretagne (1878), Souvenir de Calcutta (1887), Sérénade indienne (1882), Sous les tropiques (1885), The Belles of Melbourne, valse datant de son premier séjour en Australie (1880-1882), Nuit australienne (1886), Vercingétorix (1881) ou encore Près du Nil (1900). C’est avec ses partitions qu’il illustre des concerts-causeries à la fin de sa vie.

Marcel Proust qui le connut par l'éditeur Julien Hamelle et dans les diners de la Comtesse de Loynes, le transforma en sculpteur polonais, Viradobetski, ami de Madame Verdurin dans À la recherche du temps perdu[3].

La Bibliothèque municipale de Dinan conserve le Fonds Henri-Kowalski : un ensemble important de partitions, de manuscrits, de photographies ayant appartenu à l'artiste et ayant été acquis par la Société des amis du musée et de la bibliothèque de Dinan. L'association Le Pays de Dinan a récemment édité un livre et un CD concernant ce pianiste et compositeur.

Voir aussi

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Bibliographie

Discographie

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. a et b Marie-Claire Mussat, Dans le sillage de Chopin : le pianiste Henri Kowalski (1841-1916), Dinan, Le Pays de Dinan, (ISBN 2-905952-19-9, OCLC 914160453, lire en ligne), p. 24-34.
  2. Mussat Marie-Claire, « Jeune femme à l'ombrelle : une rencontre entre le pianiste Henri Kowalski et le peintre australien Tom Roberts », Le Pays de Dinan, vol. XXXXI,‎ , p. 79-87
  3. http://proust-personnages.fr/?page_id=1010