Guerre entre le Tibet et le Ladakh

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Guerre entre le Tibet et le Ladakh

Informations générales
Date -Voir et modifier les données sur Wikidata
Belligérants
Drapeau du Tibet Tibet
Khanats mongols
Ladakh
Empire moghol

La guerre entre le Tibet et le Ladakh de 1679-1684 a eu lieu entre le gouvernement tibétain du Ganden Phodrang, avec l'aide de khanats mongols, et la dynastie Namgyal du Ladakh avec l'aide de l'empire moghol du Cachemire.

Contexte[modifier | modifier le code]

À la fin du XVIIe siècle, le Ladakh s'est rangé du côté du Bhoutan dans son conflit avec le Tibet. Les Tibétains ont décidé d'envoyer une expédition au Ladakh contre son ingérence dans leurs relations avec le Bhoutan et contre l'oppression des monastères Gelugpa au Ladakh[1].

Guerre[modifier | modifier le code]

En 1679, Lobsang Gyatso, le 5e dalaï-lama nomma un lama du monastère de Tashilhunpo, le Koshut Galdan Chhewang (Wylie : Dga' ldan Tshe dbang[2]), comme commandant de l'expédition tibéto-mongole au Ladakh[1]. Il l'aurait fait contre l'avis de Lobsang Jinpa , son régent, de différer l'expédition[3]. Galdan Chhewang a d'abord sécurisé ses flancs lorsqu'il a conclu un traité avec le raja Kehri Singh de Bashahr, lui accordant des droits commerciaux avec le Tibet[1]. La première campagne de Galdan Chhewang aboutit à la défaite de l'armée ladakhie dirigée par Shakya Gyatso ( Wylie : Sakya rGya-mTsho), à Khan-dMar[4]. L'année suivante, il battit à nouveau les Ladakhis à Chang La (Byan-la) et occupa le pays à l'exception des forteresses de Basgo et de Tinggmosgang, qui résistèrent aux attaques tibétaines pendant les trois années suivantes[4].

L'impasse a été brisée avec l'intervention de l'Empire moghol dans la guerre. Le Cachemire était à cette époque une province moghole et incluait le Ladakh dans sa sphère d'influence[1]. En 1683, une armée dirigée par Fidai Khan, fils du gouverneur Ibrahim Khan du Cachemire, vainquit l'armée tibéto-mongole et leva le siège de Basgo, poursuivant sa poursuite jusqu'au lac Pangong. Les Cachemiriens ont contribué à restaurer la domination ladakhie à condition qu'une mosquée soit construite à Leh et que le roi ladakhi se convertisse à l'islam. Les Moghols se retirèrent après avoir signé un traité avec les Ladakhis. Les historiens du Cachemire affirment qu’après cela, le roi ladakhi s’est converti à l’islam en retour. Cependant, les chroniques ladakhies ne mentionnent pas une telle chose et le peuple ladakhi la réfute. Le roi accepta de rendre hommage aux Moghols en échange de leur aide[5],[6].

Traité de Tingmosgang[modifier | modifier le code]

Selon les Chroniques du Ladakh, le traité fixait la frontière Tibet-Ladakh au ruisseau Lhari près de Demchok et réglementait les missions commerciales et tributaires entre le Ladakh et le Tibet[7],[8].

En 1683, en tant que représentant du dalaï-lama, Mipam Wangpo signe un traité avec le roi du Ladakh bDe-legs rNam-rgyal, le traité de Tingmosgang. En conséquence, le monopole des marchands de laine du Cachemire est confirmé ; Le Ladakh céde Rudok, Guge et Purang à Lhassa, à l'exception d'un domaine à Minsar, près du mont Kailash. Le Ladakh s'engage à envoyer une mission triennale à Lhassa avec des offrandes pour les autorités tibétaines. Le traités de 1683 forme les bases des relations du Ladakh avec le Cachemire et le Tibet pour l’existence indépendante du royaume du Ladakh[9].

A la suite de ce traité, une caravane du gouvernement du Tibet se rend de Lhassa à Leh tous les 3 ans, en échange d'une caravane en sens inverse du roi du Ladakh prise en charge par des Ladakhi musulmans et apportant des lettres et des présents au dalaï-lama. Appelée « lopchak » (Jo-phyag : « salutation annuelle »), cette caravane qui aidait au maintien de relations diplomatique et commerciales entre le Ladakh et le Tibet, avait un droit de transport libre de marchandises entre les deux pays. De nombreux Ladakhis se joignaient à ce voyage pour se rendre à Lhassa[10].

La dernière caravane a eu lieu en 1946. Membre d'une des deux familles prenant en charge le lopchak, Abdul Wahid Radhu accompagne la caravane de 1942[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Rahul, March of Central Asia (2000), p. 51.
  2. Emmer, the Tibet-Ladakh-Mughal War 2007, p. 81.
  3. (Ahmad, New Light on the Tibet-Ladakh-Mughal War 1968, p. 349): "Firstly, from the passage dated 5 July 1679, it seems that the decision to send the expedition to Ladakh was taken by the 5th Dalai Lama himself who, concurring with the advice given by dGa'-lDan Tshe-dBan dPal bZan (that an expedition be sent), over-ruled the advice given by the sDe-pa Blo-bZan sByin-pa (that the expedition be postponed). It should be remembered that the sDe-pa Blo bZan sByin-pa was, at this time, in the very last days of his tenure of office as sDe-pa. Already on 27 June 1679, a notice had been issued, naming Sans-rGyas rGya-mTsho as sDe-pa."
  4. a et b Ahmad, New Light on the Tibet-Ladakh-Mughal War (1968), p. 349.
  5. M. L. Sali, India-China Border Dispute : A Case Study of the Eastern Sector, APH Publishing, , 344 p. (ISBN 9788170249641, lire en ligne)
  6. H. N. Kaul, Rediscovery of Ladakh, Indus Publishing, , 298 p. (ISBN 9788173870866, lire en ligne)
  7. (Rahul, March of Central Asia 2000, p. 51); (Ahmad, New Light on the Tibet-Ladakh-Mughal War 1968, p. 356); August Hermann Francke, Antiquities of Indian Tibet, Part (Volume) II, F. W. Thomas, , 115–118 p.
  8. (Lamb, Treaties, Maps and the Western Sector 1965): p. 37: "No text of this agreement between Tibet and Ladakh survives, but there are references to it in chronicles." p. 38: "There can be no doubt that the 1684 (or 1683) agreement between Ladakh and the authorities then controlling Tibet did in fact take place. Unfortunately, no original text of it has survived and its terms can only be deduced. In its surviving form there seems to be a reference to a boundary point at "the Lhari stream at Demchok", a stream which would appear to flow into the Indus at Demchok and divide that village into two halves." p. 40: "The treaty that could have given this information, that of 1684, has not survived in ...its full text, and we have no means of determining exactly what line of frontier was contemplated in 1684. The chronicles which refer to this treaty are singularly deficient in precise geographical details."
  9. https://brill.com/display/book/edcoll/9789047408093/B9789047408093_s004.xml
  10. « Chapitre 2 : Un village à travers l’histoire » [livre], sur journals.openedition.org, CNRS Éditions, (consulté le ).
  11. « Caravane tibétaine - Abdul Wahid Radhu » [livre], sur decitre.fr (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Zahiruddin Ahmad, « New Light on the Tibet-Ladakh-Mughal War of 1679–84 », Istituto Italiano per l'Africa e l'Oriente, vol. 18, nos 3/4,‎ september–december 1968, p. 340–361 (JSTOR 29755343)
  • Gerhard Emmer, Proceedings of the Tenth Seminar of the IATS, 2003. Volume 9 : The Mongolia-Tibet Interface : Opening New Research Terrains in Inner Asia, BRILL, , 81–108 p. (ISBN 978-90-474-2171-9, lire en ligne), « Dga' Ldan Tshe Dbang Dpal Bzang Po and the Tibet-Ladakh-Mugha1 War of 1679–84 »
  • Alastair Lamb, « Treaties, Maps and the Western Sector of the Sino-Indian Boundary Dispute », The Australian Year Book of International Law,‎ (lire en ligne)
  • (en) Ram Rahul, March of Central Asia, New Delhi, Indus Publishing, , 208 p. (ISBN 8173871094, lire en ligne)