François de Negroni

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François de Negroni
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François de Negroni, né le , essayiste et polémiste, est originaire de Rogliano, dans le Cap Corse (France). Il y descend en ligne directe d'une famille de feudataires dont la présence remonte au XIIe siècle et qui est étroitement mêlée à l'histoire de l'île[1],[2]. Dans les quinze livres et quelque cinquante articles qu'il a publiés depuis les années 1970, il interroge fréquemment le rôle de ces déterminants sur son approche épistémologique du monde social[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

François de Negroni a enseigné les sciences humaines et l’anthropologie dans plusieurs universités africaines, ainsi qu’en France et en Belgique. Il travaille aujourd'hui comme consultant dans les pays du Sahel où il est connu comme "le grand nègre[4]", surnom donné par le sociologue mauritanien Cheikh Saad Bouh Kamara. Parallèlement, il s'est toujours investi dans l'édition. Codirecteur avec Jean-Edern Hallier des éditions du même nom en 1976, il a créé par la suite la collection « Les Pourfendeurs » au Castor Astral, avant de fonder les éditions Materia Scritta[5] en 2004[6], à Bastia.

Son bref passage par les hautes sphères médiatiques et provocatrices de l'intelligentsia lui ont valu quelques mésaventures : incarcération et expulsion de Yougoslavie, en 1977, expulsion encore, de Centrafrique[7], à la demande des services de Giscard d'Estaing, au moment de l'« affaire des diamants », mise sur écoutes téléphoniques par l’Élysée[8], sous Mitterrand, etc. Dans son pamphlet sur les intellectuels français, il formalisera les stratégies culturo-mondaines à l’œuvre en ce milieu.

Recherches[modifier | modifier le code]

Disciple de Henri Lefebvre qui fut son directeur de thèse (Paris X, 1977), proche ami de Michel Clouscard, il prolonge, dans ses travaux, les principes d'une critique marxiste des superstructures et de la vie quotidienne, s'attachant à approfondir les notions de « fausse conscience », de « violence symbolique », d'« imaginaire collectif ». Ses différents travaux procèdent d'une même approche incisive des micro-sociétés, groupes statutaires et autres fractions de classe. L'occasion de dévoiler les articulations entre les discours, leurs impensés, leur complémentarité dialectique et les stratégies de domination.

À travers ses livres, comme Les Colonies de vacances ou Le Savoir-vivre intellectuel, il tente d'allier la clairvoyance du concept à la virtuosité polémique, par-delà les cloisonnements universitaires académiques traditionnels. La mise en perspective sociologique, dont il critique d'ailleurs le néo-positivisme, voire la dimension contre-révolutionnaire[9], n'est pour lui qu'un moyen au service de ce projet. [réf. nécessaire][10].

Publications[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • L’étude de la vie sociale, Université de Madagascar, 1970 ; réédition ICM, 2007
  • La France noble, préface de Henri Lefebvre, Le Seuil, 1974[11],[12],[13]
  • Les colonies de vacances, Portrait du coopérant français dans le tiers-monde, Hallier-Albin Michel, 1977 ; réédition : l’Harmattan, préface de Michel Siméon, 2007[14]
  • Le Savoir-vivre intellectuel, Olivier Orban, 1985 ; réédition : Delga, préface d’Aymeric Monville, postface de Dominique Pagani, 2006[15]
  • Le Comte de Mirobert se porte comme un charme, avec J–F Desrousseaux de Vandières, Olivier Orban, 1987[16]
  • Afriques fantasmes[17], Plon 1992 ; réédition : l’Harmattan, préface de Corinne Moncel, 2008[18].
  • Le Suicidologe, Dictionnaire des suicidés célèbres, avec Corinne Moncel, préface de Roger Caratini, Le Castor Astral, 1997[19],[20],[21],[22]
  • Petite anthologie du racisme pro-Corse, DCL, 2004.
  • Frédéric de Neuhoff, Lettre à Pascal Paoli, traduction et édition critique, Materia Scritta, 2005
  • Old is Beautiful, préface d’Abdel Wahab Ben Chekroun, Matteria Scritta, 2010
  • Avec Clouscard, Delga – Materia Scritta, préface de René Caumer, 2013[23],[24]
  • CorsErotica (Un porc dans chaque femme), Materia Scritta, 2014
  • Une nuit à Majunga, SEditions, 2016
  • Incoercible, préface d'Isabelle Chazot, Materia Scritta, 2017
  • Incoercible II, Materia Scritta, 2018
  • Un immense caveau, Materia Scritta, 2020
  • On a tous hébergé Christian Clavier, préface de Gilles Zerlini, Materia Scritta, 2023

Collaborations[modifier | modifier le code]

  • Communications, Parure, pudeur, étiquette, n° 46, 1987[25]
  • Corse-colonies, Albiana, 2002
  • Musée de la Corse, Le Corse dans la littérature coloniale, Alain Piazzola, 2004
  • Rédacteur dans le Dictionnaire Historique de la Corse, sous la direction de Antoine-Laurent Serpentini, Albiana, 2006
  • Le Grand Continent (ENS), septembre 2017[26]
  • Préface de Marxisme et intersectionnalité, de Loïc Chaigneau, Delga, 2021

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Camille Piccioni, Histoire du Cap Corse, Lavauzelle,
  2. Michel Vergé-Franceschi, Le Cap Corse, Généalogie et destins, Alain Piazzola, 2006
  3. Voir le dernier chapitre de Old is Beautiful
  4. Gri-Gri International, « Cheikh Saad Bouh Kamara, l'autre Grand Nègre, est mort par François de Negroni - Le Gri-Gri International Satirique africain francophone », sur Le Gri-Gri International Satirique africain francophone (consulté le )
  5. Site des éditions Matteria Scritta.
  6. Corse Net Infos, 25 décembre 2014.
  7. TopAfrica, mars 1978.
  8. Les Oreilles du Président, suivi de la liste des 2000 écoutés, Jean-Marie Pouteau et Jérôme Dupuis, Fayard, 1996.
  9. "Comme l'écrit si bien François de Negroni, note Alexandra Tricottet, " Le professeur ordinaire de sociologie, mal payé et enseignant un savoir approximatif à de futurs chômeurs, n'a aucune importance collective. Ce qui ne l'empêche pas d'être le chantre prétentieux d'une discipline conçue comme un contrepoison à la contamination des esprits par la pensée hégéliano-marxiste", Gros Vide, Auberbabel, 2023, p. 127
  10. Aymeric Monville, dans sa préface à la réédition du Savoir-vivre intellectuel (2005), souligne cette surdétermination du concept par la polémique : "Michel Clouscard analyse le nouveau mode de production dans son ensemble, le néocapitalisme et son idéologie du désir. François de Negroni, l'un des représentants les plus doués de cette école de pensée marxiste, en fait la critique ethnographique, analytique, la dissèque au scalpel [...]. Hors de ses gonds, il voit une seule issue possible : en finir avec l'intellectuel dit de gauche pour que renaisse la pensée critique." Les mêmes types de commentaires avaient été produits par Bertrand Poirot-Delpeh (Le Monde), Jean-Paul Enthoven (Le Nouvel Observateur), ou Angelo Rinaldi (L'express), lors de la première sortie de l'ouvrage. Jean Edern Hallier, enfin, dans sa présentation des Colonies de vacances, l'avait qualifié de "sociologue intempestif", au sens nietzschéen du terme.
  11. La France noble - extraits.
  12. Livre pour lequel François de Negroni a notamment participé à l'émission Apostrophes en 1975.
  13. Émission : Que reste-t-il de la noblesse ?, Apostrophes, 1975.
  14. Jean-Michel Filippi, D'une appropriation à l'autre : genèse de l'humanitaire..
  15. David L'Epée, L'encanaillement des clercs.
  16. Émission : Les grandes familles, Apostrophes, 1987.
  17. « les livres sur l'Afrique de Mabanckou - Liste de 40 livres », sur Babelio (consulté le )
  18. Le Gri-Gri International, 24 septembre 2010, Non content de rire avec Dieudonné, Noah traite mal sa nounou : au Goulag !.
  19. En finir ! (1) Le blog de Bernard Gensame.
  20. En Finir ! (2) - Arthur Adamov..
  21. En finir ! (11).
  22. En finir ! (55).
  23. Claire Cecchini : Aux croisements de la pensée.
  24. Jacques Fusina, Musanostra - Clouscard Negroni.
  25. François de Negroni, « Le BCBG et les usages de masse de la distinction », Communications, vol. 46, no 1,‎ , p. 315–319 (DOI 10.3406/comm.1987.1701, lire en ligne, consulté le )
  26. François de Negroni, « Le Grand continent »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Edern Hallier, Chaque matin qui se lève est une leçon de courage, éditions Libres Hallier, 1978.
  • Jean de la Guérivière, Les Fous d'Afrique, Seuil, 2001.
  • Sarah Vajda, Jean-Edern Hallier, Flammarion, 2003.
  • Hughes Lethierry, Penser avec Henri Lefebvre, Savoir Penser, 2009.
  • Philippe Hugon, Mémoires solidaires et solitaires, Karthala, 2013.
  • Louis Schiavo, U Mercha, Canioni, 2016.
  • Alain Mabanckou, Lettres noires : des ténèbres à la lumière, Fayard, 2016.
  • Jean-Claude Lamy, Jean-Edern Hallier, l'idiot insaissisable, Albin Michel, 2017.

Liens externes[modifier | modifier le code]