Esplumoir Merlin

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L′esplumoir Merlin est un lieu évoqué dans la légende arthurienne (notamment le Perceval en prose), en relation avec Merlin l'Enchanteur. Son sens réel reste très obscur, vraisemblablement en relation avec une métamorphose en oiseau. Il est vu comme cabane, une tour ou une roche élevée et est parfois assimilé à l'Hotié de Viviane[1]. Il est mentionné également dans le récit en vers Méraugis de Portlesguez de Raoul de Houdenc (premier quart du XIIIe siècle).

Étymologie[modifier | modifier le code]

Étymologiquement, un esplumoir serait « une cage où un oiseau chanteur est enfermé au moment de la mue : un endroit obscur et chaud où l’oiseau chante dans ses propres plumes »[2]. Toutefois, la signification de l'esplumoir reste inconnue. Il pourrait s'agir d'un mot d'ancien français dont le sens s'est perdu chez les copistes[3].

Description[modifier | modifier le code]

« Et tot cil qui men abitacle verront, si le clameront l'esplumoir Merlin. »

— Perceval en prose[3]

L'esplumoir est pensé comme étant le lieu où Merlin, qui affectionne les transformations en oiseau, reprendrait sa forme humaine[3]. Selon le texte du Perceval, c'est une cabane ou une maisonnette que Merlin a bâtie lui-même près de la demeure de Perceval, gardien du Graal, pour prophétiser[4]. Il est aussi imaginé comme une haute tour ou un rocher, dans d'autres textes. Dans Méraugis de Portlesguez, il est décrit comme une haute forteresse ronde d'allure redoutable, bâtie sur une roche, aux murs recouverts de lierre, et ne présentant ni portes, ni fenêtres, ni escaliers ; douze demoiselles qui conversaient à son sommet éconduisent Méraugis.

Ce lieu est évoqué par Jacques Roubaud comme étant obscur et chaud, situé au sommet de la roche grifaigne. Merlin y chante le futur sous forme d'oiseau[2]. Jacques Roubaud explique aussi l'ombre que Perceval voit passer plusieurs fois au-dessus de lui, accompagnée de la voix de Merlin, par une métamorphose du magicien en oiseau[2].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Markale, Guide spirituel de la forêt de Brocéliande, Éditions du Rocher, , p. 137.
  2. a b et c Bouloumié 2004, p. 37
  3. a b et c Richard Trachsler, Clôtures du cycle arthurien: étude et textes, Volume 215 de Publications romanes et françaises, Librairie Droz, 1996, (ISBN 2600001549 et 9782600001540), p. 64
  4. Yves Vadé, Pour un tombeau de Merlin : Du barde celte à la poésie moderne, Paris, José Corti Editions, coll. « Les Essais », , 304 p. (ISBN 978-2-7143-0966-2 et 2-7143-0966-6), p. 64-68

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arlette Bouloumié, « Le mythe de Merlin dans la littérature française du XXe siècle (Jean Cocteau, René Barjavel, Jacques Roubaud, Théophile Briant, Michel Rio) », Cahier de recherches médiévales et humanistes, no 11,‎ , p. 181-193 (DOI 10.4000/crm.1833, lire en ligne, consulté le )
  • (en) William Albert Nitze, « The esplumoir Merlin », Speculum, no 18,‎ , p. 69-79
  • (en) A. C. L. Brown, « The esplumoir Merlin and Viviane », Speculum, no 20,‎
  • (en) H. Adolf, « The Esplumoir Merlin. A Study in its cabalistic sources », Speculum, no 20,‎ , p. 426-432