Tombeau de Merlin

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Tombeau de Merlin
Présentation
Type
Ruines d'une allée couverte
Patrimonialité
Recensé à l'inventaire généralVoir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
France
Commune
Coordonnées
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Géolocalisation sur la carte : Bretagne
(Voir situation sur carte : Bretagne)
Géolocalisation sur la carte : Forêt de Paimpont
(Voir situation sur carte : Forêt de Paimpont)

Le tombeau de Merlin est un mégalithe situé dans la forêt de Paimpont, au lieu-dit « La Marette » près du hameau des Landelles à Paimpont.

Inventée à la fin du XIXe siècle, la tradition veut que Merlin ait un tombeau dans la légendaire forêt de Brocéliande. Félix Bellamy en définit la localisation dans la forêt en 1889, mais le site originel est détruit en grande partie par des pilleurs de tombes, ce tombeau datant certainement du Néolithique. La valorisation du tombeau actuel ne remonte pas au-delà des années 1990. Le tombeau de Merlin est devenu un important site touristique.

En Grande-Bretagne, il existe un grand nombre de monuments de ce genre portant la même appellation[1].

Construction mégalithique[modifier | modifier le code]

Vestiges de l'allée couverte.

Il s'agit des ruines d'une construction mégalithique datée du Néolithique, de type allée couverte. D'après Félix Bellamy, il y avait à l'origine deux allées couvertes mais seule l'une d'entre elles, déjà en ruine, dite du Tombeau de Merlin (la seconde était désignée sous le nom de Tombeau de Viviane), a fait l'objet d'une description détaillée dans les années 1920[2].

Elle s'étirait sur 10,50 m de long et était large d'environ 1,50 m. La chambre était délimitée par quatre orthostates d'un côté, un seul de l'autre et une sixième dalle faisait office de chevet. La hauteur de ces supports variait de 0,90 m à 1,50 m, pour une largeur comprise entre 1,25 m et 1,60 m et une épaisseur oscillant entre 0,25 m et 0,40 m. Les dalles de couverture étaient toutes renversées[2]. Toutes les pierres du monument étaient en schiste pourpré. De l'ensemble, il ne reste plus aujourd'hui que trois éléments au total[2].

Les seuls documents graphiques connus du monument, sont deux gravures datées du XIXe siècle et une carte postale ancienne datée de 1900[2]. L’ensemble est inventorié[3].

Histoire d'une assimilation[modifier | modifier le code]

Depuis le Lancelot-Graal, la légende de Merlin veut qu'il se retire du monde à cause de son amour pour la fée Viviane. Dans une autre version de la légende, il est enfermé par Viviane dans une grotte. Le poète Auguste Creuzé de Lesser écrit en 1811 que Merlin serait enseveli dans la forêt de Brocéliande, forêt légendaire dont la localisation précise n'est pas encore réellement revendiquée[4].

Vœux déposés par les visiteurs du tombeau de Merlin qu'ils souhaitent voir exaucés.

L'histoire moderne du tombeau de Merlin commence en 1820, date à laquelle un juge et érudit de Montfort-sur-Meu, J. C. D. Poignand, publie dans la Brochure des Antiquités Historiques un article dans lequel il affirme que Merlin aurait été enterré en forêt de Paimpont, sur la commune de Saint-Malon-sur-Mel[5] et près de l'abbaye de Talhouet. Depuis vingt ans, les habitants fouillent les lieux en espérant y trouver des trésors[6]. En 1825, Blanchard de la Musse associe une allée couverte du nord de la forêt de Paimpont au tombeau de Merlin. Théodore Hersart de la Villemarqué localise lui aussi le tombeau de Merlin dans ces lieux[7]. En 1846, une gravure Romantique du Magasin pittoresque montre un cercle de pierre, inexistant en forêt de Paimpont, nommé Tombeau de Merlin et situé en forêt de Brocéliande[6].

La topographie actuelle de la forêt de Paimpont est définie par Félix Bellamy en 1889[4]. Il fait des recherches en se basant sur l'article de M. Poignand et les dires des habitants, et se fixe sur une allée couverte pour y localiser le tombeau. En 1892[8], des pilleurs de tombes à la recherche de l'hypothétique trésor de l'enchanteur creusent et détruisent les blocs qu'ils ne peuvent déplacer[5].

La valorisation touristique de Paimpont-Brocéliande commence à la même époque mais les habitants locaux montrent une certaine réticence[4]. La localisation du tombeau du XIXe siècle est revue à la suite de l'enterrement du docteur Guérin[pourquoi ?].

Dans les années 1970, Yann Brekilien s'oppose à la construction des routes d'accès et à la perte du caractère légendaire de Paimpont-Brocéliande. Il faut attendre les années 1990 pour qu'une politique de valorisation se mette en place grâce au maire de Ploërmel et au Centre de l'Imaginaire Arthurien, permettant des visites guidées et la mise en place d'un périmètre de protection autour du tombeau de Merlin[4]. En 2008, le programme européen LEADER favorise la restauration du site qui était dans un état avancé de délabrement et la mise en œuvre d'un itinéraire de parcours dit « boucle de l’enchanteur » (circuit comprenant le tombeau de Merlin et la fontaine de Jouvence)[9].

Folklore contemporain[modifier | modifier le code]

Au milieu du monument pousse un houx sur les branches duquel les visiteurs déposent toutes sortes d'objets[6]. Les visiteurs y laissent des couronnes de fleurs et de petits papiers où ils écrivent les vœux qu'ils souhaitent voir exaucés par Merlin[10]. Il arrive aussi que des cendres de défunts y soient dispersées[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Markale, Guide spirituel de la forêt de Brocéliande, Éditions du Rocher, , p. 137.
  2. a b c et d Briard, Langouët et Onnée 2004.
  3. Notice no IA35019371, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. a b c et d Calvez 2010.
  5. a et b « Le Tombeau de Merlin ».
  6. a b c et d Briard 1997, p. 103.
  7. Théodore Hersart de la Villemarqué, « Visite au tombeau de Merlin » dans Revue de Paris, deuxième série, 1837, XLI, p. 45-62.
  8. Brocéliande de A à Z, Myrdhin et Gwendaëlle Maillet, éd. Les oiseaux de papier, 2008, p. 187.
  9. Ludivine Kirichdjian, Patrimonialisation des lieux légendaires, septembre 2010, p. 72.
  10. Ludovic Dunod et Alice Milot, Si loin si proche : La Forêt de Brocéliande ou l’imaginaire au pouvoir sur RFI, août 2011, rediffusion partielle.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacques Briard, Loïc Langouët et Yvan Onnée, Les mégalithes du département d'Ille-et-Vilaine, Rennes, Institut culturel de Bretagne et Centre régional d'archéologie d'Alet, coll. « Patrimoine archéologique de Bretagne », , 122 p. (ISBN 978-2-86822-092-9), p. 41-42 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Marcel Calvez, « Druides, fées et chevaliers dans la forêt de Brocéliande : de l'invention de la topographie légendaire de la forêt de Paimpont à ses recompositions contemporaines », Festival international de géographie. Programme scientifique, Saint-Dié-des-Vosges,‎ (lire en ligne)
  • Jacques Briard, Les mégalithes, ésotérisme et réalité, vol. 23, Paris, éditions Jean-paul Gisserot, coll. « Mieux connaître », , 125 p. (ISBN 2-87747-260-4 et 9782877472609, lire en ligne)