Aller au contenu

Elias Schad

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Elias Schadeus)
Elias Schad
Portrait d'Elias Schad en 1593 par Johannes Bussemacher
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Strasbourgeois (1571-1593)
Activité
Conjoint
Agnete Luckhart
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Mouvement

Élie ou Elias Schad (parfois orthographié Schade, Schadeus ou Schadæus en latin), né vers à Bad Liebenwerda en Saxe, et mort en à Strasbourg en Basse-Alsace, est un pasteur luthérien, imprimeur et universitaire hébraïsant.

Originaire de l’Électorat de Saxe et docteur en théologie[note 1], Elias Schad s'établit à Strasbourg en puis devient diacre à l’église Sainte-Aurélie dans laquelle, la même année, il épouse Agnete, fille de Leonhart Luckhart (ou Luckert) de Calw. Schad est fait citoyen de la ville de Strasbourg après en avoir acheté le droit de bourgeoisie en [1].

Il semble s’intéresser au courant anabaptiste, proscrit sur le territoire strasbourgeois, en infiltrant un rassemblement nocturne dans la forêt d’Eckbolsheim en [2] auquel participent deux cent fidèles venus d’Alsace, de Suisse voire de Moravie[3]. Alors qu’il assiste aux discussions entre les organisateurs de la réunion clandestine, Schad engage un débat sur la question du baptême : malgré sa présence dans cette « église de la forêt », il demeure luthérien[4].

En , il devient pasteur de l'église Saint-Pierre-le-Vieux à la suite du décès d’Isaac Kessler et exerce cette fonction jusqu’à sa nomination comme professeur d’hébreu au Gymnase (actuelle Université de Strasbourg) en , année durant laquelle son fils Oseas voit le jour. À partir de , Elias Schad enseigne également la théologie puis fonde un atelier d’imprimerie qui utilise des caractères hébraïques pour son propre usage[5] et qu'il aurait pu concevoir lui-même[1].

Ayant converti deux Juifs au protestantisme en (Josheyl bar Mardochei, baptisé alors Michael Christenn, et une femme appelée Susanna)[6], il souhaite susciter d’autres conversions. Il aspire alors à traduire en yiddish ou en allemand translittéré en caractères hébraïques une partie du Nouveau Testament ainsi que des extraits choisis de l'Ancien. Dans cette optique, Schad fait imprimer à ses frais et avec ses propres caractères hébraïques deux ouvrages chez Jost Martin en  : Grammatica linguæ sanctæ, puis Oratio de linguæ sanctæ origine[7]. Assurant la prédication à la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg depuis , il prononce en particulier trois sermons sur la conversion des Juifs qu’il fait imprimer chez Simon Meyer en sous le titre Mysterium[8]. La même année, il publie Fünf Bücher des Neuen Testaments, traduction en yiddish, ou plus précisément translittération en caractères hébraïques[note 2], de quelques extraits de l’Ancien Testament et de cinq livres du Nouveau Testament d'après la version allemande que Luther avait réalisée[9].

Il s'inscrit alors dans la lignée des savants chrétiens hébraïsants de la Renaissance comme Paul Fagius qui, dans les années , a traduit en latin des sources juives et a imprimé des ouvrages en hébreu. Elias Schad décède à Strasbourg le 19 novembre[1] ou le [2].

Œuvres principales

[modifier | modifier le code]
  • Form und Proceß, so gehalten bei der Tauff einer jüdischen Jungfrau den 25. Juli, so dann auch eines jüdischen Jünglings, den 28. Septemb. Anno 81 zum Alten S. Peter in Straßburg, Strasbourg, imprimé chez Bernhard Jobin,  ;
  • De obitu Ioannis Henichii Zorbicensis, pietate, eruditione & virtute præstantis viri, Strasbourg, imprimé chez Nicolaus Vayriot,  ;
  • Christliche Frag und Antwort für die jugend und andere gemeyne Christen, die zum H. Abendmal gehen wöllen, Strasbourg, imprimé chez Thiebolt Berger,  ;
  • Synopsis Joelis prophetæ præcipuorum locorum et rerum exipsius Scholiis Theologicis excerpta, et ad disputandum proposita [écrit avec Leonhard Hutter], Strasbourg, imprimé chez Antoine Bertram,  ;
  • Grammatica linguæ sanctæ, ex optimis quibusque authoribus hebræis et latinis collecta et concinnata (dans Münchener DigitalisierungsZentrum), Strasbourg, imprimé chez Jost Martin,  ;
  • Oratio de linguæ sanctæ origine, progressu, et varia fortuna, ad nostrum usque sæculum, Strasbourg, imprimé chez Jost Martin,  ;
  • Alphabetum Hebraicum, cum succincta et perspicua ratione cognoscendi, pingendi et discernendi literas iungendi Syllabas et legendi exercitio (dans Gallica), Strasbourg, imprimé chez Elias Schad,  ;
  • Theses de nominum impositione, et dulcissimo nomine Iesu. Conscriptae & ad disputandum (dans Münchener DigitalisierungsZentrum), Strasbourg, imprimé chez Antoine Bertram,  ;
  • Epitaphium Hebræolatinum, Reverendo & clariss: viro. D. Erasmo Marbachio, S. Theologiæ D. & Professori in Academia Argentinensi, condiscipulo, Collegæ, Com: & Amico suo p.m. ergo Scriptum, Strasbourg, imprimé chez Elias Schad,  ;
  • Fünf Bücher des Neuen Testaments (dans Buch-Viewer der Österreichischen Nationalbibliothek), Strasbourg, imprimé chez Elias Schad,  ;
  • Mysterium, das ist Geheimnis S. Pauli Röm, am II von Bekehrung der Juden, außgelegt und geprediget zu Straßburg im Münster, Strasbourg, imprimé chez Simon Meyer,  ;
  • Judicium de Theophrasti Paracelsi scriptis Theologicis (dans Münchener DigitalisierungsZentrum), Strasbourg, imprimé chez Conrad Scher, 1616.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Peu d'éléments de la vie d'Elias Schade en Saxe sont connus : il a peut-être été de confession juive avant de se convertir au luthérianisme comme l'ont affirmé Timotheus Wilhelm Roehrich (1802-1860) et Salomon Wittmayer Baron (1895-1989), mais son prosélytisme et sa ferveur évangélisatrice peuvent aussi invalider fortement cette hypothèse comme l'explique l'historienne Debra Kaplan dans Beyond Expulsion: Jews, Christians, and Reformation Strasbourg (p. 211).
  2. Dans sa préface au Mysterium, Elias Schad explique lui-même qu'il s'agit d'une translittération de l'allemand en caractères hébraïques, à laquelle il applique certaines adaptations, et non d'une traduction en yiddish ou judéo-allemand.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Fuchs 1999, p. 3387.
  2. a et b Sitzmann 1909, p. 657
  3. (en)« True Account of an Anabaptist Meeting at Night in a Forest and a Debate Held There with Them » in The Mennonite Quarterly Review, Volume 58, July 1984, p. 292-94 (ISSN 0025-9373)
  4. Baecher 2011, p. 79
  5. Ritter 1955, p. 354
  6. Kaplan 2011, p. 211
  7. Ritter 1955, p. 576
  8. Ritter 1955, p. 577
  9. Fuchs 1999, p. 3388

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (de) Timotheus Wilhelm Roehrich, Geschichte der Reformation im Elsass und besonders in Strasburg, vol. 2. Strasburg, Friedrich Carl Heitz, 1832
  • (de) Wilhelm Horning, Magister Elias Schadäus, Pfarrer an der Alt-St.-Peterkirche, Professor der Theologie und Münsterprediger zu Straßburg: Beitrag zur Geschichte der lutherischen Judenmission in Straßburg (16. Jahrhundert). Leipzig : Akademische Buchhandlung, 1892, 25 p. ;
  • (de) « Schad, Elias, Indexeintrag », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le 25 mai 2020) ;
  • (en) Salomon Wittmayer Baron, A Social and religious history of the Jews. Late Middle Ages and Era of European expansion, 1200-1650, vol. 13, Inquisition, Renaissance, and Reformation. 2nd ed. New York : Columbia Univ. Press, 1969, p. 40 ;
  • (en) « True Account of an Anabaptist Meeting at Night in a Forest and a Debate Held There with Them » in The Mennonite Quarterly Review, Volume 58, July 1984, p. 292-94 (ISSN 0025-9373) ;
  • (en) Debra Kaplan, « Elia Schadeus' Mysterium: About the Conversion of the Jews (1592) », in Early Modern Workshop: Resources in Jewish History. Middletown (CT) : Wesleyan University, 2004 (lire en ligne) ;
  • (en) Aya Elyada, « Protestant Scholars and Yiddish Studies in Early Modern Europe », in Past & Present, Volume 203, Issue 1, May 2009, p. 69-98 (lire en ligne) ;
  • (en) Debra Kaplan, Beyond Expulsion: Jews, Christians, and Reformation Strasbourg, Stanford : Stanford University Press, 2011, 254 p. (ISBN 978-0-8047-7442-0) ;
  • (en) Jonathan Karp et Adam Sutcliffe, The Cambridge History of Judaism, vol. 7, The Early Modern World, 1500-1815. Cambridge : Cambridge University Press, 2017, p. 65-66 (ISBN 978-0-521-88904-9) ;
  • (en) Irene Aue-Ben-David, Aya Elyada, Moshe Sluhovsky, et al. (dir.), Jews and Protestants : From the Reformation to the Present. Berlin ; Boston : De Gruyter, 2020, VIII-280 p. (ISBN 978-3-11-066108-8) ;
  • « Schad, Elie », in Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, tome 2, K-Z. Rixheim, F. Sutter & Cie, 1909, p. 657 (lire en ligne) ;
  • François Ritter, Histoire de l'imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe siècles, Paris : F.-X. Le Roux, 1955, XVI-631 p. ;
  • Gérard Emmanuel Weil, Élie Lévita, humaniste et massorète 1469-1549. Leiden, E. J. Brill, 1963, XXIII-428 p. ;
  • Edmond Jacob, « Fagius (Büchlein), Paul », in Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 10, Er-Fa. Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, 1987, p. 883 (ISBN 978-2-8575-9008-8) ;
  • François Joseph Fuchs, « Schad, Elias », dans Jean-Pierre Kintz, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 33, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, (ISBN 2-85759-032-6), p. 3387-3388.
  • Robert Baecher, « Une réunion anabaptiste dans "l’église de la forêt" en 1576 », in Souvenance anabaptiste, Colmar, Association française d’histoire anabaptiste mennonite, n°30, 2011, p. 79-94 (ISSN 0769-1734).

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]