eCall

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L'eCall est une initiative de la Commission européenne visant à introduire, à terme dans tous les véhicules vendus dans l'Union européenne, un système paneuropéen d'appel d'urgence automatique basé sur un service public, permettant à une voiture accidentée d'appeler instantanément les services d'urgence tout en envoyant sa position précise, que ses occupants soient conscients ou non, et quel que soit le pays de l'UE dans lequel elle se trouve. Ce système, basé sur le "E112" (Enhanced 112), c'est-à-dire le numéro unique d'urgence européen 112 amélioré de la géolocalisation, permettrait une intervention des services d'urgence plus rapide, adaptée à la sévérité de l'accident et au type de véhicule impliqué, réduisant ainsi la mortalité et la gravité des blessures résultant des accidents de la route[1]. La mise en application de l'e-call reste cependant sujette à polémique : le dispositif de géolocalisation, d'identification et de GPS qu'il comporte sont susceptibles de consituer des moyens de contrôle routier.

Principe de fonctionnement

Lorsque les capteurs du véhicule détectent un accident (par exemple quand un coussin gonflable de sécurité (« airbag ») est déclenché), le système eCall d'un véhicule active sa carte SIM et lance un appel à destination du centre d'appel d'urgence par l'intermédiaire du 112. En cas de non-déclenchement du système, ou si les occupants d'un véhicule assistent à un accident sans pour autant y être impliqués, l'eCall peut être activé manuellement. Une communication vocale s'établit alors automatiquement entre l'opérateur du centre d'appel d'urgence et le véhicule, afin que les passagers puissent donner des détails sur la situation s'ils ont la capacité de le faire. Dans le même temps, l'opérateur du centre d'appel d'urgence reçoit un ensemble minimal de données (le MSD – Minimum Set of Data), qui inclut la localisation de l'accident (provenant directement du système de positionnement par satellites du véhicule), le type du véhicule (par l'intermédiaire du code VIN) et de manière optionnelle les données du système de bord. Il sait également si l'eCall a été déclenché automatiquement ou manuellement. En fonction de toutes les informations récoltées, l'opérateur du centre d'appel d'urgence déploie les moyens adaptés pour faire face à la situation.

Le système étant prévu pour fonctionner dans tous les pays de l'Union européenne, il a été soumis aux discussions de nombreux groupes de travail de normalisation (CEN, ETSI et 3GPP) pour aboutir à l'adoption de protocoles de communications standards[2]. Il est également prévu que les opérateurs des centres d'appel d'urgence soient capables de travailler dans plusieurs langues étrangères.

Différentes solutions privées sont aujourd'hui proposées en option par des constructeurs automobiles. Certains services intègrent une fonction internationale qui n'est par contre pas accessible dans tous les pays de l'Union européenne.

Des projets de recherche se penchent sur l'adaptation de l'eCall aux deux-roues motorisés[3]. Si le système de déclenchement n'est pas encore fixé, les perspectives d'impact sur cette catégorie d'utilisateurs vulnérables sont très positives[4].

Impact sur l'amélioration des secours routiers

L'impact envisagé d'une introduction de l'eCall se situe sur plusieurs niveaux, et dépend en partie de la situation de l'accident. L'impact prévu est très positif dans le cas d'un véhicule seul accidenté sur une route peu empruntée, lorsque le ou les occupants du véhicule sont inconscients ou ne peuvent communiquer précisément leur position. Il l'est dans une moindre mesure dans le cas d'un accident entre plusieurs véhicules sur une route surveillée et passante (autoroutes, milieu urbain), où la signalisation d'un accident et sa localisation sont plus aisées.

Temps d'arrivée des secours

La réduction du temps d'arrivée des secours sur le lieu d'un accident permet de diminuer de manière significative la gravité des blessures des accidents de la route. D'après le concept d'heure d'or, un blessé grave a en effet un taux de survie maximum s'il est opéré dans l'heure qui suit l'accident. La possibilité d'informer immédiatement de l'accident les autres usagers de la route, ainsi que la réduction du temps d'arrivée des autres services de sécurité pour baliser la zone d'accident et régler ou, éventuellement, dévier le trafic, permet d'éviter les suraccidents, assure la sécurité des personnels des services d'urgence médicale et génère une meilleure fluidité du trafic.

Durée de l'intervention

La désincarcération des occupants de véhicules accidentés est une opération délicate et souvent longue. Les équipes de secours ont développé des procédures efficaces pour faire face aux différentes situations, mais la diversité et la solidité des véhicules modernes compliquent souvent la tâche. D'après une étude de l'ADAC (automobile club allemand), 40 % des interventions sur des véhicules construits entre 1990 et 1992 durent moins de 50 minutes, contre seulement 20 % pour des véhicules construits entre 2005 et 2007[5]. De plus, la présence de dispositifs de sécurité à déclenchement mécanique ou pyrotechnique (coussin gonflable de sécurité, prétensionneur de ceinture) constitue une difficulté supplémentaire dans le processus de désincarcération.

Pourtant, les nouveaux véhicules sont conçus pour prévoir un plan de découpage des tôles facilitant la désincarcération, plan qui n'est que rarement disponible sur le lieu de l'accident. Permettre aux services de secours d'avoir accès dès la notification de l'accident au type de véhicule engagé, et donc au plan de désincarcération adéquat, a donc un effet positif sur le temps nécessaire à l'évacuation des blessés.

Nombre d'occupants, transport de matière dangereuse

À terme, l'eCall prévoit de pouvoir intégrer des informations additionnelles comme le nombre d'occupants du véhicule et le type de chargement, principalement dans le cas de transport de matière dangereuse, pour permettre aux centres de secours d'envoyer les moyens appropriés.

Coût du système et impact économique

Le modèle économique du système eCall et son coût font l'objet de diverses études[1]. Certaines mettent en avant des économies potentielles qui pourraient atteindre 26 milliards d'euros par an si tous les véhicules européens étaient équipés de l'eCall[6]. Le coût du système est réparti entre l'équipement des véhicules, l'équipement des centres d'appel d'urgence, la mise à niveau des réseaux de téléphonie mobile et la communication en elle-même, ce qui implique de prendre en compte les accords d'itinérance internationale (roaming).

La mise en place d'un discriminateur eCall (ou eCall flag) est prévue pour permettre aux réseaux de téléphonie mobile et aux centres d'appels d'urgence de traiter les eCalls sans modifier en profondeur leur fonctionnement. Grâce au discriminateur, un eCall est alors identifié comme tel dès son émission et traité en fonction, sans perturber le traitement des appels d'urgence classiques.

L'eCall est perçu comme une opportunité de développement pour le marché très prometteur des télématiques dans l'automobile, en généralisant dans un grand nombre de véhicules une plateforme pouvant accueillir différentes options et services[7].

Protocole d'entente sur l'eCall

À travers la signature du protocole d'entente sur l'eCall (Memorandum of Understanding), de nombreuses parties prenantes ont montré leur soutien au projet et se sont engagées à appuyer son introduction[8]. Parmi les signataires sont présents 15 des 27 pays de l'UE, 3 pays de l'Association européenne de libre-échange et de nombreuses entreprises et associations, telles que l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), l'association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), ou encore des clubs automobiles comme l'ADAC. Le parlement européen a également exprimé à plusieurs reprises son soutien à l'introduction de l'eCall[9].

Le 13 juin 2013, La Commission a proposé deux textes législatifs visant à créer et à déployer le système :

  • un règlement sur les exigences en matière de réception par type pour le déploiement du système eCall (ce texte modifie la directive 2007/46/CE applicable dans ce domaine), pour adapter les véhicules au système;
  • une décision sur le déploiement du service eCall interopérable dans toute l’Union, pour adapter l’infrastructure publique au système.

Une fois ces dispositions acceptées par le Conseil européen et le Parlement européen, la présence du dispositif eCall décrit par les standards européens sera une condition nécessaire pour homologuer un nouveau modèle de véhicule (automobile, petit véhicule utilitaire) et le vendre en Europe. La cible annoncée pour cette obligation est le 1er octobre 2015.

Utilisations dérivées

Selon certains, eCall permettrait aussi de géolocaliser les véhicules, même sans accident.

Cependant, les réglementations sur la vie privée en vigueur en Europe ont rigoureusement verrouillé le système comme en témoignent les textes édités par la Commission :

« Conformément aux recommandations qui ont été formulées par le groupe de travail «Article 29» sur la protection des données et qui figurent dans le «Document de travail sur la protection des données et le respect de la vie privée dans l’initiative "eCall"», adopté le 26 septembre 2009, tout traitement de données à caractère personnel par l’intermédiaire du système eCall embarqué devrait respecter les règles en matière de protection des données à caractère personnel prévues par la directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 24 octobre 1995 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données et par la directive 2002/58/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 juillet 2002 concernant le traitement des données à caractère personnel et la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques (directive vie privée et communications électroniques), notamment pour garantir que les véhicules équipés des systèmes eCall embarqués, en mode de fonctionnement normal relatif au système eCall basé sur le numéro 112, ne sont pas traçables et ne font pas l’objet d’une surveillance constante et que l’ensemble minimal de données envoyées par le système eCall embarqué comprend les informations minimales requises pour un traitement approprié des appels d’urgence. »

Il ne permettra d'écouter les conversations dans l'habitacle à distance sans intervention de l'utilisateur, que dans le cas ou un appel d'urgence a été déclenché automatiquement ou volontairement.

Voir aussi

Notes et références

Liens externes