Dominique Riehl

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Dominique Riehl
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Nationalité
Activité

Dominique Riehl, née le à Wangen (Bas-Rhin) et morte le [1] dans la même ville, est une psychologue française et directrice d'établissement d'éducation surveillée[2],[3]. Elle est considérée comme une réformatrice des institutions pour jeunes filles[4],[5].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formations[modifier | modifier le code]

Durant son enfance, Dominique Riehl fait du scoutisme comme éclaireuse unioniste puis est cheftaine éclaireuse au sein de la Fédération française des éclaireuses à Strasbourg avec notamment Marie Mauroux-Fonlupt[2],[6],[7].

Elle commence des études à Molsheim[3] et travaille comme institutrice à l’établissement Oberlin, maison de rééducation pour jeunes garçons, à La Broque. Elle quitte l’Alsace en 1940 et poursuit des études complémentaires en psychologie et en pédagogie à l'université de Strasbourg alors repliée à Clermont-Ferrand durant la guerre[8].

Elle milite parallèlement dans la résistance en participant, entre autres, au sauvetage d’enfants juifs[3].

Par la suite, elle devient directrice pédagogique de Oberlin jusqu'en 1944.

Elle assiste par ailleurs le professeur Daniel Lagache, notamment lors de formations de moniteurs-éducateurs[9],[10].

Réformatrice de l'Éducation surveillée pour jeunes filles[modifier | modifier le code]

À partir de 1936, des réformes sont lancées par le Front populaire pour les établissements judiciaires pour garçons, ces réformes n'atteignent pas les établissements pour filles[11]. En 1944, les établissements pour jeunes filles restent des institutions de correction et sont critiquées pour leurs conditions sanitaires et sociales[12]. L'éducation surveillée est créée par l'ordonnance du 1er septembre 1945 qui fait suite à l'Ordonnance du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante qui pose le principe d'irresponsabilité des mineurs et qui vise à encourager l’éducation plutôt que la répression[13]. L'éducation surveillée deviendra en 1990 la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).

À la demande du professeur Lagache, Dominique Riehl part inspecter l’établissement pour jeunes filles de Cadillac en 1943[9]. L'inspecteur Paul Lutz, magistrat au service de l’Éducation surveillée et ancien scout, lui demande d'en prendre la direction. Elle accepte en 1944, sous réserve de pouvoir avoir la liberté de recruter le personnel elle-même et d'y apporter ses réformes librement[12],[14],[15].

L'influence du scoutisme dans les méthodes pédagogiques[modifier | modifier le code]

Elle fait alors le choix de recruter de femmes issues du scoutisme pour les postes de monitrices-éducatrices afin de remplacer le personnel pénitentiaire. Elle engage notamment Géneviève Boutault, ancienne cheftaine qui deviendra son adjointe[6]. Elle tente d'insérer les méthodes du scoutisme dans cet établissement, en mettant en place des équipes de vie constitués de 8 résidentes et d'une monitrice. Elles organisent par ailleurs des camps de vacances[12].

Brécourt[modifier | modifier le code]

En 1947, face à l'échec de ses réformes à Cadillac, elle décide d'ouvrir un autre établissement, Brécourt, où elle accueille les meilleurs éléments de Cadillac[16]. Cadillac devient l'établissement réservé aux filles ayant reçu des peines judiciaires[17]. Cadillac ferme ses portes en 1951, à la suite du suicide de deux des résidentes[12],[18].

L'institution de Brécourt propose un enseignement scolaire et professionnel rompant avec le fonctionnement carcéral des établissements pour jeunes filles[5].

En 1954, elle ouvre le foyer des lilas à Asnières sur le site de Brécourt. C'est un foyer ouvert, les pensionnaires y vivent mais suivent leurs formations à l'extérieur.

Malgré des critiques sur le choix des jeunes filles, Brécourt est alors considéré comme une réussite dans l'éducation surveillée et de nombreux visiteurs viennent y examiner les méthodes (magistrats, pédagogues)[2],[3].

Autre rôle dans l'éducation surveillée[modifier | modifier le code]

Dominique Riehl occupe pendant plusieurs années une place importante dans les sessions de formation donnée par l'éducation surveillée. Elle y donne de nombreuses conférences[9],[19],[20],[21].

En 1947, elle est membre d'une commission consultative sur l'enfance délinquante et socialement inadaptée, constituée au sein de l'UIPE (Union internationale de protection de l'enfance, crée en 1946 à Genève) avec notamment Jean Chazal[22]. Elle est aussi membre du conseil d'administration de l'ANEJI (L'Association nationale des éducateurs de jeunes inadaptés) à partir de 1948[8].

Entre 1953 et 1954, elle effectue une mission d’intérim à l’internat pour garçons de Spoir (Eure-et-Loir), tout en restant directrice de Brécourt[3].

En 1964, elle cède la direction de Brécourt à Géneviève Boutault[5],[23] et devient inspectrice d'établissement pour l’Éducation surveillée[3],[24].

Textes et conférences[modifier | modifier le code]

  • Dominique Riehl, « Psychologie de l’adolescente à sa sortie de l’Institution publique d’Éducation surveillée », Sauvegarde de l’enfance, n° 3-4, 1950, p. 171.
  • Dominique Riehl, « Les établissements de rééducation de filles de Brécourt à Labbeville par Nesles-la-Vallée », document de présentation, circa 1962.
  • Dominique Riehl, "Étude résumée sur la rééducation en internat spécialisé", Pour l'enfance "Coupable", 56 septembre-décembre 1944
  • Dominique Riehl, « L’éducatrice d’IPES », compte rendu d’une conférence donnée lors de la première session de formation des éducateurs, au centre d’observation de Savigny-sur-Orge, du 4 au 28 novembre 1947, archives du centre d’exposition « Enfants en Justice » de Savigny-sur-Orge, sans cote.
  • Riehl (Dominique), “L’institution publique d’éducation surveillée de Cadillac”, Sauvons l’enfance, n°64, mai-juin 1946, pp. 2-4 et n°65, juillet-août 1946, pp. 6-9.
  • Riehl (Dominique), « La rééducation des filles. L’expérience de Brécourt », conférence, in Revue pénitentiaire et de droit pénal, 1956, n°7/9, pp. 738-754.
  • Riehl (Dominique), « L’institution de Brécourt », Rééducation, n°70-72, oct 1955, pp. 32-35.
  • Riehl (Dominique), « La rééducation des filles en internat », Rééducation, sept 1949, n° 17, pp. 26-30.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Béatrice Koeppel, « Les temps forts de la rééducation des filles (de Cadillac à Brécourt) : 1935-1950 », Cahiers du CRIV 2, octobre 1986, p. 69.
  • Notice biographique du CNAHES : Dominique Riehl

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fichiers des décès | Insee », sur www.insee.fr (consulté le )
  2. a b et c Françoise Tétard et Claire Dumas, Filles de justice: du Bon-Pasteur à l'éducation surveillée, XIXe – XXe siècle, Beauchesne, (ISBN 978-2-7010-1538-5, lire en ligne)
  3. a b c d e et f Notice Biographique : Dominique Riehl/ Les archives de l’éducation spécialisée et de l’action sociale, CNAHES/ Lieu de conservation : Centre d’exposition « Enfants en justice » (lire en ligne )
  4. Sarah Fishman, La France sous Vichy: autour de Robert O. Paxton, Editions Complexe, (ISBN 978-2-8048-0002-4, lire en ligne)
  5. a b et c Coté Filles, Brécourt : Documentaire sur l'histoire de l'institut de Brécourt.
  6. a et b Mayette Viltard, « Des vagabondes à la Jeune-Fille », L’Unebévue,‎ (ISSN 1168-948X, lire en ligne)
  7. Anne-Sophie Faullimmel, « Aux origines du scoutisme féminin en France : la naissance de la Fédération Française des Éclaireuses (1912-1927) », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-2015), vol. 143,‎ , p. 439–501 (ISSN 0037-9050, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b Samuel Boussion, Les éducateurs spécialisés : naissance d'une profession: Le rôle de l'Association Nationale des éducateurs de jeunes inadaptés (1947-1959), Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-6963-8, lire en ligne)
  9. a b et c Jacques Bourquin, « Sur les traces des premiers éducateurs de l’Éducation surveillée, 1937-1962 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », no Hors-série,‎ , p. 17–95 (ISSN 1287-2431 et 1777-540X, DOI 10.4000/rhei.3008, lire en ligne, consulté le )
  10. Bulletin de psychologie, Groupe d'études de Psychologie de l'Université de Paris., (lire en ligne)
  11. Jacques Bourquin, « De la correction à l’éducation. Aniane, une institution pour mineurs », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière ». Le Temps de l'histoire, no Hors-série,‎ , p. 219–258 (ISSN 1287-2431, DOI 10.4000/rhei.3020, lire en ligne, consulté le )
  12. a b c et d Jacques Bourquin, « La patrouille des renards dans les cages à poules », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », no Hors-série,‎ , p. 283–294 (ISSN 1287-2431 et 1777-540X, DOI 10.4000/rhei.3024, lire en ligne, consulté le )
  13. Anne Thomazeau, « Violence et internat : les centres de rééducation pour filles, en France, de la Libération au début des années 1960 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière ». Le Temps de l'histoire, no Numéro 9,‎ , p. 107–125 (ISSN 1287-2431, DOI 10.4000/rhei.2163, lire en ligne, consulté le )
  14. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  15. Sarah Fishman, La bataille de l'enfance: Délinquance juvénile et justice des mineurs en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-0623-7, lire en ligne)
  16. Office central des œuvres de bienfaisance et services sociaux (France) Auteur du texte, « Bulletin de l'Office central des œuvres de bienfaisance », sur Gallica, (consulté le )
  17. Union nationale des caisses d'allocations familiales (France) Auteur du texte et Caisse nationale des allocations familiales (France) Auteur du texte, « Informations sociales : bulletin mensuel à l'usage des services sociaux / Union nationale des caisses d'allocations familiales », sur Gallica, (consulté le )
  18. Marguerite B. : une jeune fille en maison de correction - Béatrice Koeppel - Librairie Mollat Bordeaux (lire en ligne)
  19. Dominique Riehl, Session de Savigny-sur-Orge, 1947, document consulté à la bibliothèque 2RJ, CNFE-PJJ, Vaucresson.
  20. Union nationale des caisses d'allocations familiales (France) Auteur du texte et Caisse nationale des allocations familiales (France) Auteur du texte, « Informations sociales : bulletin mensuel à l'usage des services sociaux / Union nationale des caisses d'allocations familiales », sur Gallica, (consulté le )
  21. France Conseil économique Auteur du texte et France Conseil économique et social Auteur du texte, « Journal officiel de la République française. Avis et rapports du Conseil économique », sur Gallica, (consulté le )
  22. Samuel Boussion, « Les éducateurs spécialisés et leur association professionnelle: l'ANEJI de 1947 à 1967. Naissance et construction d'une profession sociale », Thèse, [s.n.],‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. Anne Thomazeau, « Entre éducation et enfermement : le rôle de l’éducatrice en internat de rééducation pour filles, de la Libération au début des années 1960 », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière ». Le Temps de l'histoire, no Numéro 7,‎ , p. 147–171 (ISSN 1287-2431, DOI 10.4000/rhei.1108, lire en ligne, consulté le )
  24. Sophie Victorien, Jeunesses malheureuses, jeunesses dangereuses: L’éducation spécialisée en Seine-Maritime depuis 1945, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-6783-2, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]