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Caisse de dépôt et de gestion (Maroc)

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Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG)
logo de Caisse de dépôt et de gestion (Maroc)
illustration de Caisse de dépôt et de gestion (Maroc)

Création
Fondateurs Mamoun Tahiri
Personnages clés Mustapha Bakkoury
Forme juridique Établissement public
Slogan Pour le Maroc Avenir
Siège social Rabat
Drapeau du Maroc Maroc
Direction Abdellatif Zaghnoun (DG)
Activité Fonds de pensionVoir et modifier les données sur Wikidata
Effectif Plus de 5000 collaborateurs
Site web www.cdg.ma

Résultat net 672 millions de MAD (2016)

La Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc ou CDG créée en 1959, est une institution financière publique qui gère l'épargne à long terme au Maroc.

La CDG gère la Caisse nationale de retraites et d’assurances (CNRA) qui, à son tour, gère le régime collectif d'allocation de retraite (RCAR)

L’épargne collectée par la CDG correspond notamment aux fonds des réserves de la CNSS, des fonds de consignations et des fonds provenant des professions juridiques.

Elle est un important investisseur dans le pays, et possède de nombreuses filiales opérant dans divers secteurs de l'économie[1],[2]. Son directeur actuel est Abdellatif Zeghoun.

Historique

Création

Elle est créée en 1959 au lendemain de l’Indépendance du Maroc sous le gouvernement de Abdellah Ibrahim.

Le projet de création de la CDG s’inscrit dans un ensemble de mesures visant à la fois à recouvrer l’indépendance économique du pays et à le doter des instruments nécessaires à son développement.

La même année, en 1959, est également crée la Banque nationale pour le développement économique et la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE).

D’après son Dahir fondateur, trois missions lui sont assignées (art. 2) : « assurer la gestion des deniers et la conservation des valeurs appartenant aux fonds ou organismes qui y sont tenus ou qui le demandent », « recevoir les consignations administratives et judiciaires, ainsi que les cautionnements » et « gérer les caisses ou services spéciaux qui peuvent lui être confiés ».

Des filiales importantes sont créées, comme la Compagnie générale immobilière, ou CGI, et la Société centrale de réassurance, la SCR.

Les années 1960

Au début des années 1960, Hassan II prend le pouvoir et la gauche nationaliste est chassée du gouvernement.

Au fil des années, la CDG s’est érigée en un véritable catalyseur d’investissements de long terme tout en développant un savoir-faire unique dans la réalisation de grands projets structurants. Son statut public et la nature des fonds à caractère privé qui lui sont confiés exigent une grande rigueur dans les règles de gestion et la sélection de ses investissements. La CDG a su conjuguer cette double mission en sécurisant l’épargne collectée tout en accompagnant le développement économique du Royaume. Cette mission duale constitue l’élément fondamental de l’identité de la CDG.

La vocation de la CDG est résumée dans sa devise: «œuvrer ensemble, pour le Maroc Avenir». Elle marque l’engagement du Groupe en faveur de la dynamique de progrès du pays, à travers la mobilisation de l’ensemble de ses leviers en matière de collecte et de protection de l’épargne, d’extension de la prévoyance sociale, de financement de l’économie, de conduite des grands projets d’infrastructures et d’appui aux politiques sectorielles.

Années 2000

En 2001, la nomination d’un nouveau directeur marque un tournant dans l’histoire de la CDG. Avec une formation d’ingénieur diplômé des grandes écoles françaises et une carrière essentiellement passée dans la filiale marocaine d’une banque française, son profil contraste avec celui de ses prédécesseurs, souvent issus de la haute fonction publique et notamment du ministère des Finances.

En 2016, dans le cadre de la COP 22 qui se tient alors à Marrakech, la CDG rejoint le think tank I4CE[3].

La CDG a adopté en une nouvelle stratégie prévoyant de nouveaux positionnements en ligne avec les enjeux économiques du Maroc. Elle intervient désormais en tant qu’expert pour compte de l’État et d’acteurs tiers, en tant que financeur des collectivités territoriales et des PME et en tant qu’investisseur stratégique tourné vers le développement du tissu productif dans des secteurs clés de l’économie marocaine.

Dans le cadre de son plan stratégique 2022, la direction de la Caisse de dépôt et de gestion annonce, le , la création de CDG Invest, une nouvelle branche dédiée à l’investissement[4].

En , La Caisse des dépôts et de gestion lance « 212 Founders ». Un programme qui vise à aider les start-up locales en fournissant une aide financière allant de trois à dix millions de dirhams[5].

Affaires et polémique

Affaire Madinat Al Badis

En 2014, la CDG fait l'objet d'une enquête pour irrégularités techniques et financières.

À l'origine de l'affaire : le projet Madinat Al Badis, un pôle urbain situé à la périphérie nord de la ville d’Al Hoceima et développé par le holding d’aménagement Al Omrane.

Le , en vertu d’un accord signé entre Al Omrane et la CGI, la filiale immobilière de la CDG a acquis un terrain de 54 hectares pour bâtir un complexe résidentiel de 2 100 logements. Selon le protocole d’accord, le montant de la transaction est de 350 millions de dirhams.

En 2012, la CGI obtient les permis d’habiter auprès des autorités locales, et lance la phase de commercialisation. Cependant, au moment de prendre possession de leurs logements, plusieurs MRE de Belgique et des Pays-Bas constatent des différences notables entre les réalisations promises et prévues par le cahier des charges du projet, et celles finales, rendues aux bénéficiaires. Ils décident d’adresser leur requête directement au roi Mohammed VI.

Le souverain ordonne, le , aux ministères des Finances et de l’Intérieur de trouver “des solutions immédiates aux problèmes des bénéficiaires d’un lotissement à Al Hoceima”.

Une mission d’inspection est alors mise en place et confirme des “défaillances techniques dans la réalisation du projet, objet des doléances des bénéficiaires”. Le dossier passe ensuite entre les mains de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), de l’administration territoriale (IGAT), et de l’Inspection générale des finances (IGF), afin d’éclaircir ces défaillances.

Le , Anass Houir Alami, directeur général de la CDG, et Ali Ghanam, directeur général de la CGI, sont déférés devant la cour d’appel de Fès pour escroquerie, dilapidation de deniers publics et constitution de bande organisée[6]. En , Anass Alami et Ali Ghanam sont condamnés à un an de prison ferme et 5 000 dirhams d’amende chacun.

Pour le journaliste Marouane Kabbaj de Maroc Hebdo : "l’affaire Alami et Ghannam a creusé davantage la méfiance du milieu des affaires vis-à-vis de l’administration publique et de l’État en général. D’abord, parce ce que, dans le milieu des affaires, tout se sait. Alami et Ghannam étaient grandement appréciés par leurs pairs chefs d’entreprises. Leur probité et leurs capacités de gestion leur valaient du respect et de l’admiration"

Selon leur défense, il n'y a eu aucun enrichissement personnel mais on les a inculpé injustement pour des erreurs de management.

Les deux ont interjeté appel du verdict.

Sauvetage de M'dina Bus

En 2009, la CDG conclu avec le transporteur Mdina Bus une convention de prise de participation de 34 % (soit 170 millions de dirhams) dans son capital à la condition que les comptes de Mdina Bus soient assainis.

Ces 34 % étaient les 20 % parts détenues par Finance Com et 14 % des parts de la holding Transinvest.

Lorsque la CDG prend sa participation, Mdina Bus doit près de 50 millions de dirhamst à la CNSS et la CIMR. Huit ans plus tard, M’Dina Bus cumule des pertes abyssales et fait accablant, les bilans de la société ne sont pas disponibles au greffe du tribunal de Casablanca comme l’exige pourtant la loi.

Des résultats dissimulés illégalement aux tiers permettent à l’entreprise d’éviter sa mise en liquidation judiciaire. La presse revele que Mdina Bus, qui ne déclare pas ses salariés, doit alors près de 140 millions de dirhams à la CNSS.

« Comment la CDG peut admettre qu'une société dont elle détient une participation ne respecte pas les dispositions légales les plus basiques ? », s’interroge un élu[7].

En 2018, la CDG annonce qu'elle se désengage de Mdina Bus.

En 2020, la CNSS annonce que M'dina Bus lui doit près de 600 millions de dirhams et lance des poursuites judiciaires[8].

Organisation et Gouvernance

La CDG est régie par deux grands textes juridiques

  • Le Dahir de création de 1959.
  • La loi no 34-033 sur les établissements de crédit (2006)

Le Dahir de création de la CDG a institué une Commission de Surveillance, comme organe de gouvernance de la Caisse, chargée du contrôle de ses opérations et d’émettre des avis sur toutes ses orientations.

Elle est composée de deux membres de la Cour suprême désignés par le ministre de la justice, du ministre de l’économie, du ministre des finances et du Gouverneur de Bank Al Maghrib.

Cette Commission de surveillance ne jouit pas de pouvoirs de décision. Son rôle est essentiellement consultatif. Elle n’exerce aucun droit de regard préalable sur les stratégies projetées par la direction générale, ni sur les décisions structurant l’activité du groupe.

Le Dahir de création de CDG confère au directeur général des pouvoirs de gestion très étendus. Il décide de toutes les opérations en matière d’investissement, de recrutement et de nomination et même de création et suppression de structures.  

Rapport de la Cour des Comptes

En 2018, la Cour des Comptes consacre un long rapport à la CDG[9].

Elle souligne notamment :

  • Une hyper-concentration du pouvoir : La Cour souligne que le Directeur Général de la CDG dispose de trop de pouvoir concentré, sans conseil d'administration validant ses décisions. Elle recommande aux pouvoirs publics de procéder à la refonte du cadre juridique régissant CDG, de manière à ce qu’il puisse se conformer aux meilleures pratiques de gouvernance.
  • La création de filiales non autorisées : La Cour relève que la CDG n'a pas respecté l’obligation d’obtenir l’autorisation préalable du Chef du gouvernement tel qu’exigé par l’article 8 de la loi no 39-89 afin de transférer d'entreprises publiques au secteur privé. Elle cite les sociétés CG Parking, Immolog, Med Resort et Arribat Center
  • Un déficit structurel dans le tourisme : De 2008 à 2017, l’activité touristique enregistre des résultats négatifs et une participation structurellement négative au résultat du groupe CDG

Directeurs

Nom Début de mandat Fin de mandat
1 Mamoun Tahiri
2 Ahmed Bennani
3 Ahmed Benkirane
4 Hassan Ababou
5 Abdelkamel Reghaye
6 M’fadel Lahlou
7 Khalid El Kadiri
8 Mustapha Bakkoury
9 Anass Houir Alami
10 Abdellatif Zaghnoun

Filiales

Le périmètre de consolidation du groupe CDG est composé de 139 entités au .

Banques et établissements de crédit Holding, fonds, autres activités financières Promotion immobilière et immobilier locatif Sociétés hôtelières et zones touristiques Aménagement territorial et infrastructures Assurance et réassurance Autres activités
9 24 22 35 21 3 25

Liens externes

Notes et références

  1. « source PDF »
  2. « Groupe CDG Maroc », sur cdg.ma
  3. « « Moi Jacques Roubaud, je ne suis ici que celui qui tient la plume… ». Absence/enquête/quête de la forme-roman dans le cycle d’Hortense Daniela TONONI 117 », dans Absence, enquête et quête dans le roman francophone, Peter Lang (ISBN 9783035260984, lire en ligne)
  4. Agence Ecofin, « Maroc: la Caisse de Dépôt et de Gestion se dote d’une branche d’investissement », sur Agence Ecofin (consulté le )
  5. « Maroc : la CDG au chevet des start-up avec le programme « 212 Founders » », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  6. « Maroc : une gestion pas vraiment béton pour la Caisse de dépôt et de gestion », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  7. Ali Amar, « Autobus : Transinvest part perdante pour Rabat », sur Le Desk,
  8. « Casablanca: La CNSS attaque M’dina Bus en justice », sur Conso News,
  9. « Caisse de Dépôt et de Gestion - Contrôle de la Gestion », sur Cour des Comptes,