Auguste Laforêt

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Auguste Laforêt
Fonction
Président de l'Académie de Marseille
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 78 ans)
MarseilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
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Constantin Oddo (petit-fils)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Distinction
signature d'Auguste Laforêt
Signature

Auguste Laforêt (1801-1880), juge au tribunal civil de Draguignan puis de Marseille, érudit polygraphe, historien, membre de l'Académie de Marseille. Il est notamment auteur d'une Étude sur la marine des galères (1861).

Biographie[modifier | modifier le code]

Repères[modifier | modifier le code]

Marseille, Allée des Capucines, vers 1900.

Pierre Auguste Noël Laforêt est né le à Marseille[1],[2]. Son père, Jacques Laforest (1738-1803), est commerçant, propriétaire ; et sa mère, Sabine Crudère (1760-1803), est la fille de Jean-François Crudère, premier échevin de Marseille en 1774[3].

Il fait ses études de droit à Aix en Provence et devient magistrat[2].

Il épouse Sidonie Meynier (née le ), le à Marseille[1].

Cinq enfants sont nés de cette union : Marie Charles Auguste Noël (1830)[4] ; Marie Louise Clémentine Alix (1834-1879) ; Octavie (1836-1896) ; Marie Sabine Cécile (1839-1840) ; Marie Louise Ernestine (1841-1867).

Marseille, début du cours Pierre-Puget.

Auguste Laforêt meurt le [5], à l'âge de 78 ans, à son domicile, au n° 66 du cours Pierre-Puget, à Marseille[6],[7]. Il est chevalier de la Légion d'honneur.

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Auguste Laforêt est juge au tribunal de première instance à Draguignan en 1822[8].

Marseille, ancien palais de justice.

Il devient juge à Marseille à partir de 1831[9].

Érudit et académicien[modifier | modifier le code]

La Revue de Marseille[modifier | modifier le code]

Revue de Marseille, décembre 1876.

Auguste Laforêt fonde la Revue de Marseille et de Provence en 1855 avec trois associés : le journaliste Joseph Mathieu ; Rondelet, professeur à la faculté ; et Gaston de Flotte[10], homme de lettres[11]. Il la dirige jusqu'à sa mort en 1880.

Les bénéfices de cette revue étaient destinés «au soulagement des déshérités»[2].

Un journaliste et écrivain, défenseur des littératures « provinciales », Adolphe Kuntz de Rouvaire, témoigne du contexte marseillais des revues dans lesquelles il a pu écrire (le Phocéen, la Tribune artistique et littéraire du Midi, le Mistral) dans les années 1850[12].

Auguste Laforêt a publié, sous forme d'articles dans la revue, des textes qui deviennent des ouvrages après coup : Étude sur la marine des galères, Le Bâton, Vals.... Il écrit sous pseudonyme mais également des articles signés de son nom.

L'essentiel de son travail consiste, cependant, à solliciter et à accueillir des études de tout genre provenant de très nombreux collaborateurs.

À la mort d'Auguste Laforêt, en 1880, François Marin de Carranrais[13] (1850-1928) est nommé membre du conseil d'administration de la Revue de Marseille et de Provence[14]. La revue disparaît en 1893[15]. En 1919, le docteur Émilien Castueil et l'écrivain Pierre Coutras[16] font reparaître la publication[17].

L'Académie de Marseille[modifier | modifier le code]

Auguste Laforêt est élu le à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, au fauteuil n° 30 (sciences), puis au fauteuil n° 25 (belles-lettres)[18] en 1873[19]. En 1863, il est élu à la fonction de président de l'Académie[20]. On le trouve en exercice l'année 1864.

Dans son discours d'ouverture de la séance publique, prononcé le , Auguste Laforêt retrace l'histoire de l'Académie, ses conflits avec l'Académie française, ses démêlés avec l'administration municipale marseillaise[21]. Il évoque les différends durables avec les représentants de la ville[22].

Curiste et homme d'affaires dans le thermalisme[modifier | modifier le code]

Vals-les-Bains, source Pauline et Constantine, Grand Hôtel des Bains.

Auguste Laforêt est venu se faire soigner à Vals en Ardèche, où commence l'exploration des sources (connues cependant depuis le XVIIe siècle) et leur exploitation commerciale. Le thermalisme connaît une grande ferveur au XIXe siècle. Laforêt saisit cette conjoncture en homme d'affaires avisé.

  • « Il rachète les biens de Ferdinand Gaucherand : sources, maison, terrains, bains. Avec son fils Charles, son gendre Maximin Oddo et quelques amis, il fonde la Société Laforêt et Cie. De nouveaux forages font surgir les sources Pauline, Constantine, Souveraine, Convalescents et Alexandre. Le débit très élevé de cette dernière (29 m3 par 24h) permet l'agrandissement de l'établissement thermal et la construction du Grand Hôtel des Bains »[23].
Vals-les-Bains, Grand Hôtel des Bains.
  • Henry Vaschalde[24], administrateur d'établissement thermal à Vals, dresse un historique de l'essor du thermalisme dans la ville qui mentionne l'action décisive de la famille Laforêt[25].
Source à Vals-les-Bains.
  • En 1870 : « la Société Charles Laforêt et Cie s'associe à Louis Mathon et plusieurs autres partenaires pour fonder la Société Centrale. Ce groupe possède deux établissement thermaux, le Grand Hôtel des Bains et les parcs alentour »[23].

L'historien français Marc Boyer a également évoqué l'activité des Laforêt à Vals :

  • « ...les capitalistes marseillais, les Laforêt père et fils et le gendre Oddo jouent, eux, la carte de la station de villégiature. Leur société, La Société générale d'eaux minérales et des bains de mer, présente à Vichy, tente avec peu de succès de lancer Euzet, dans le Gard, et part à l'assaut de Vals, achetant les thermes, le Grand Hôtel, continuant d'exploiter leurs sources et d'expédier les eaux »[26].

En 1866, Auguste Laforêt a publié une brochure : Les eaux de Vals ; suivie d'une seconde, en 1868 : Les Eaux de Vals : Vals autrefois, Vals aujourd'hui. Ces textes constituent de longs exposés fouillés sur l'histoire du lieu, de la région, des légendes et des personnages qui y furent liés. Bien qu'il évoque les conditions pratiques et commerciales du thermalisme à Vals, Auguste Laforêt n'y dévoile pas ses projets.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Galère réale pavoisée, in Auguste Laforêt, Étude sur la marine des galères.
Auguste Laforêt, Étude sur la marine des galères.

La marine des galères[modifier | modifier le code]

Les Études sur la marine des galères furent d'abord publiées sous forme d'articles dans la Revue de Marseille et de Provence[27] à partir de , avant d'être réunies et éditées en 1861 (avec un titre au singulier : Étude...).

  • L'auteur définit son objectif : « présenter l'origine des galères, les points de similitude entre celles des temps anciens et celles des temps modernes, faire connaître leur construction, leur armement, leur équipage, décrire leur manière de naviguer et de combattre, révéler les moyens auxquels on avait recours pour suffire à l'entretien de leur chiourme, reconstruire notre arsenal, conduire le lecteurs dans les allées de ses jardins, dans les salles de son hôpital, sous les voûtes de ses magasins, repeupler les Tollards [28] de notre bagne comme les bancs de nos galères, voilà le plan que nous avons adopté »[29].

Le livre connait un certain succès selon un académicien de Marseille, en 1920 : « Non seulement cette étude n'a pas vieilli, mais elle demeurée unique en son genre, à tel point qu'Ernest Lavisse, considéré comme notre historien national, a dû s'y référer fréquemment au cours de ses travaux sur le règne de Louis XIV »[2].

Ce travail a cependant été critiqué par l'historien Paul Masson : « L'ouvrage d'Auguste Laforêt qui n'est pas sans intérêt, n'est pas l'œuvre d'un historien. Il est bien insuffisant, et, surtout, il a besoin d'être corrigé sur beaucoup de points »[30].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Fleurs des Pyrénées, poésies, 1853.
  • Coutumes marseillaises : les Crèches de Noël. Souvenirs marseillais : Briquet, impr. de Vve M. Olive, Marseille, 1860.
  • Étude sur la marine des galères, A. Aubry, libraire, Paris ; Vve Marius Olive, éditeur, Marseille, 1861. (en ligne)
  • Souvenirs marseillais. La peste de 1720, impr. de Vve M. Olive, Marseille, 1863. (en ligne sur books.google.fr)
  • Les Eaux de Vals : Vals autrefois, Vals aujourd'hui, Vve Olive, Marseille, 1868.
  • La bâton. Étude historique et littéraire, impr. Marius Olive, Marseille, 1876 et 1879. Tome 1 et tome 2.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Archives départementales des Bouches-du-Rhône, état civil, mariage, 1829/décembre.
  2. a b c et d « Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille », sur Gallica, (consulté le )
  3. Émile Perrier, Les bibliophiles et les collectionneurs provençaux anciens et modernes : arrondissement de Marseille, impr. de Barthelet et Cie, Marseille, 1897, p. 264.
  4. Né le 24 décembre 1830. Cf. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, état civil, naissance, 1830/décembre.
  5. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, état civil, décès, 1880/janvier, registre 2.
  6. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, état civil, décès, 1880/janvier.
  7. Avant le cours Puget, Auguste Laforêt habita rue Saint-Pierre, près de l'octroi, cf. «Liste des membres résidants de l'académie de Marseille par ordre d'élection», Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, années 1853-1857, 1858, p. 408 ; puis le cours Bonaparte au n° 98, cf. «Liste des membres résidants», Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, années 1865-1866-1867, 1868, p. 325.
  8. Lors de sa réception à l'Académie de Marseille, le 24 mai 1857, Auguste Laforêt dit être «membre depuis 33 ans de la famille judiciaire». Cf. Mémoires de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, années 1853-1857, 1858, p. 229.
  9. Émile Perrier, Les bibliophiles et les collectionneurs provençaux anciens et modernes : arrondissement de Marseille, impr. de Barthelet et Cie, Marseille, 1897, p. 264-265.
  10. Gaston de Flotte (1805)1882). Cf. Data.bnf.fr.
  11. Étienne Bellot (1865-1910), Nos écrivains marseillais. Biographies locales, impr. Barthelet et cie, Marseille, 1896, p. 98.
  12. « La littérature en province, dans Le Bibliophile français : revue mensuelle des livres anciens et modernes, Librairie Bachelin-Deflorenne, Paris, 1865, p. 164 Lire en ligne.
  13. F. de Marin de Carranrais (1850-1929), data.bnf.fr.
  14. Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, 1929, p. 339.
  15. Fédération historique de Provence, 2018.
  16. Pierre Coutras (1889-1981). Cf. Data.bnf.fr.
  17. L'Intransigeant, 20 août 1919, p. 2.
  18. Académie des sciences, lettres et arts de Marseille, histoire des fauteuils de l'Académie, Régis Bertrand.
  19. Académie des sciences, lettres et arts de Marseille, histoire des fauteuils de l'Académie, Régis Bertrand.
  20. «Chronologie des académiciens», Régis Bertrand, Académie des sciences, lettres et arts de Marseille.
  21. «Discours d'ouverture prononcé par M. Auguste Laforêt, président, dans la séance publique du 22 mai 1864», Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, 1858, p. 487-515.
  22. «Discours d'ouverture prononcé par M. Auguste Laforêt, président, dans la séance publique du 22 mai 1864», Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, 1858, p. 499-500
  23. a et b Vals-les-Bains, Inventaire du patrimoine thermal, Route des Villes d’Eaux du Massif Central, avril 2009, p. 12.
  24. Henry Vaschalde (1833-19..). Cf. Data.bnf.fr.
  25. ''Vals, station hydro-thermale de l'Ardèche. Son origine, ses progrès, son avenir, Henry Vaschalde, lu le 16 avril 1873 au Congrès des Sociétés savantes réunies à la Sorbonne, impr. Léopold Escudier, Aubenas, 1874, p. 15-18.
  26. Les villégiatures du XVIe au XXIe siècle, Marc Boyer, éd. EMS, Colombelles, 2008.
  27. Auguste Laforêt, Étude sur la marine des galères, 1861, avant-propos non paginé.
  28. «Tollard : lit de camp en planches, sur un plan incliné ; c'est le nom qu'il porte encore dans les bagnes actuels», note de l'auteur.
  29. Auguste Laforêt, Étude sur la marine des galères, 1861, p. 5.
  30. Paul Masson, Les galères de France (1481-1781). Marseille, port de guerre, Hachette, Paris, 1938, p. 7.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]