Affaire Sylvie Reviriego

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Affaire Reviriego
Fait reproché Homicide
Chefs d'accusation Assassinat
Pays Drapeau de la France France
Ville Tours
Type d'arme Empoisonnement
Date
Nombre de victimes 1 : Françoise Gendron
Jugement
Statut Affaire jugée
Tribunal Cour d'assises de Tours
Date du jugement

L'affaire Sylvie Reviriego est une affaire criminelle française concernant Sylvie Reviriego, qui a tué en 1988 sa meilleure amie, Françoise Gendron, et l'a dépecée durant deux jours dans sa cuisine et sur son balcon.

Chronique judiciaire

En Décembre 1988, éclate l'affaire avec la découverte de membres humains dans des sacs poubelle, sur le parking de l'Hôpital Trousseau de Tours et d'un supermarché.

Plusieurs jours passent avant que la victime ne soit identifiée, grâce à un appel téléphonique anonyme qui indique que la victime est Françoise Gendron. Victime confirmée par une enquête de voisinage, qui indique que Françoise n'est plus là depuis plusieurs jours mais que son chat est bien chez elle, sans que personne ne lui donne à manger. Les enquêteurs ouvrent alors son appartement et découvrent en effet qu'il n'y a personne.

Cherchant qui pourrait être coupable, ils commencent à explorer la vie de Françoise et découvrent que celle-ci, avec une amie, Sylvie Reviriego, sont très proches de deux hommes avec qui elles sortent en discothèque et au restaurant fréquemment. Françoise aurait été prête à dénoncer ces deux amis pour de sombres histoires de drogue. C'est en tout cas ce que raconte Sylvie à la voix anonyme qui a contacté la police pour identifier le cadavre.

La police soupçonne alors les deux hommes et Sylvie. La police perquisitionne l'appartement de Sylvie et y trouve des couronnes en or. Également, sous la trappe de la baignoire, la police découvre un étui à bijoux qui comporte notamment des bijoux reconnus comme appartenant à Françoise. En y regardant de plus près, ils aperçoivent des tâches brunâtres sur certains tuyaux et à plusieurs endroits dans la salle de bains.

Sylvie nie dans un premier temps mais une fois conduite dans les bureaux de la police judiciaire de Tours, elle avoue avoir servi d'appât pour que Michel et Luc (les deux amis) puissent tuer Françoise. Les deux hommes, arrêtés plus tôt dans la matinée, sont alors entendus à ce sujet. Les policiers montrent à Michel les photos du corps de Françoise sans lui expliquer au préalable de qui il s'agit : c'est le choc pour Michel qui reconnait son amie Françoise découpée en morceaux. La réaction de ce dernier étant sans appel, les policiers comprennent que Michel et son ami ne sont pas impliqués dans cet homicide.

Aussi, ils décident de mettre la pression à Sylvie qui finit par avouer son forfait. Froide et sans émotion, elle commence alors le récit du meurtre en détail et calmement :

Le lundi 12 décembre, Sylvie se rend chez son amie Françoise dans le but de la tuer. Elle y trouve son amie en train de prendre un bain et décide de jeter le sèche-cheveux dans la baignoire, cela ne provoque aucun effet. Un ami dépose du papier peint chez Françoise à ce moment. Sylvie décide donc de ramener son amie chez elle pour finir "le travail". Elle prétexte que Françoise doit venir chez elle pour essayer un bustier que Sylvie a cousu pour elle. Arrivées sur place, Sylvie propose d'abord à son amie de prendre un thé, dans lequel elle a préalablement dissout un anxiolytique. Françoise se sent rapidement vaseuse, Sylvie l'allonge donc dans son lit le temps que ses deux adolescents prennent leur déjeuner avant de repartir à l'école. Sylvie leur indique que Françoise a un peu trop bu pour justifier qu'elle se repose dans sa chambre. Une fois les adolescents de 14 et 16 ans repartis à l'école, Sylvie fait reprendre un thé avec des médicaments à Françoise et l'amène reprendre un bain en prétextant la soulager. Françoise étant dans le bain, Sylvie en profite pour essayer de la noyer en lui mettant la tête sous l'eau. Groggy, Françoise ne réagit pas mais n'est pas morte. Sylvie s'empare alors d'un scalpel, préalablement volé dans l'hôpital dans lequel elle travaille et posé sur le rebord de la baignoire, et lui taille les veines. Le sang est vidé avec l'eau de la baignoire et Sylvie décide de ranger son scalpel qui lui semble alors insuffisant pour dépecer le corps de son amie. Elle dépose le corps enrobé d'une couverture sur le balcon de sa chambre, à peine ajouré de la vue extérieure.

Elle lave ensuite les affaires et les traces de sang du mieux qu'elle peut avant que ses enfants reviennent de l'école. Elle appelle également l'ami de Françoise pour lui dire que cette dernière est partie en séjour à Fromentines en Vendée pour ne pas qu'il s'inquiète de son absence. Le soir-même, Sylvie doit préparer l'anniversaire de son fils, pour lequel elle a convié une dizaine de personnes. Elle va chercher pour cette occasion sa mère, à laquelle elle emprunte au passage quelques outils : le grand couteau de chasse de son père et un hachoir.

L'anniversaire se passe bien même si son fils est un peu déçu car sa mère a oublié d'acheter un cadeau. Sylvie fait quand même une réflexion qui paraît bizarre aux personnes présentes : elle indique s'être mise dans une "drôle de galère".

Le lendemain, cadavre toujours sur le balcon, Sylvie se remet à sa tâche : avec les outils empruntés à sa mère, elle commence par découper la tête et la cache sous un seau "pour ne plus voir sa tête". Munie de sa blouse d'infirmière, elle continue le dépeçage sur le balcon. En deux heures de temps, elle a quasiment terminé, mettant au fur et à mesure les parties de corps dans des sacs poubelle. N'en ayant pas assez, elle part au supermarché en acheter. Elle en profite pour faire ses courses habituelles, ce qui rend les enquêteurs perplexes sur son sang-froid. Elle finit en fin de matinée de remplir ses sacs et en dépose deux sur le parking de l'hôpital Trousseau. Le troisième, sera déposé après le déjeuner avec l'aide de son fils pour le transport jusqu'à son coffre, sur le parking d'un supermarché.

Il reste donc la tête, toujours sous un seau sur le balcon. Détruire la tête demandera trois soirs à Sylvie. À coups de marteau, elle élimine les chairs et le maximum d'éléments qu'elle verse dans ses toilettes comme les dents. Il est cependant très difficile de casser la boîte crânienne. Le deuxième soir, elle décide donc de mettre la tête dans le four à 360°, posée dans un plat en inox pendant que ses enfants dorment.

Elle va se coucher alors que le four fonctionne toujours et elle indique aux policiers avoir passé une très bonne nuit. Le troisième soir, profitant du trajet pour amener son fils chez son père et devant ses yeux, elle s'arrête sur le bord de la Vienne et jette les restes dans l'eau.

Les sapeurs-pompiers vont retrouver quasiment tous les os du crâne à l'endroit indiqué par Sylvie. La chance des enquêteurs réside en effet dans le fait que Sylvie ait jeté les éléments dans l'eau mais à un endroit où le courant est très faible du fait de la présence d'un banc de sable important. Le crâne est reconstitué et les enquêteurs tombent des nues lorsqu'ils comprennent, avec effroi, que le récit de Sylvie est réel : elle a bien fait cuire la tête de sa victime au four.

Elle explique alors qu'elle ne comprend pas pourquoi elle a fait ça, elle avoue que son amie l'exaspérait fortement mais consent qu'il n'est pas normal de faire cela.

Elle renouvelle ses aveux devant le juge d'instruction et réitère calmement son récit. Le seul moment où elle montre de la passion est au moment du récit de la destruction de la tête.

Malgré les actes, elle n'apparaît pas folle, avec une capacité à raisonner.

Le lendemain, elle est vue par deux psychiatres à la maison d'arrêt d'Orléans. Ceux-ci pensent trouver une malade mentale. En réalité, ils rencontrent une personne lucide, cohérente dans son discours, pouvant donner des détails. Elle raconte encore son crime, chronologiquement et toujours dans les détails. Les psychiatres considèrent donc qu'elle est responsable de ses actes.

Le dépeçage leur paraît plutôt avoir une fonction "utile" pour cacher le cadavre, en revanche l'acharnement sur la tête démontrerait un besoin d'acharnement fort.

Cherchant à comprendre d'où peut venir cette haine, les policiers reprennent leur amitié depuis le début.

Sylvie et Françoise se connaissent depuis toujours. Sylvie, petite, est affublée d'un surnom moqueur de ses camarades car elle a la polio. La blessure morale est forte.

Elle arrête ses études tôt pour apprendre la couture mais l'usine dans laquelle elle travaille fait faillite. Elle se forme alors au métier d'aide-soignante et travaille dans un hôpital du côté de Chinon. Elle divorce de son mari qui l'avait trompé. Elle s'installe alors à Tours, ville dans laquelle elle retrouve Françoise. Elles sortent en discothèque, se font inviter au restaurant et s'intègrent au monde de la nuit grâce à Françoise qui côtoie ce milieu depuis toujours. Les deux femmes commencent à devenir rivales car Françoise, qui connaît mieux ce milieu, garde pour elle les meilleurs "éléments". La relation d'amitié qui les lie est quasi-exclusive, elles se voient jours et nuits. Les hommes sont un sujet de discussions et de disputes. Sylvie est jalouse de Françoise, qu'elle estime plus heureuse, plus épanouie. Elle semble l'aimer autant qu'elle la déteste. Sylvie reproche aussi à Françoise de lui emprunter de l'argent sans la rembourser, mais aussi de vendre des affaires cousues par Sylvie et de garder les gains. Sylvie n'ose rien lui réclamer.

Un psychologue ayant suivi Sylvie à la suite d'une tentative de suicide après une dispute conjugale, indique que Sylvie semble jalouse de tout le monde, que sa vie ne semble pas lui convenir.

Les psychiatres ordonnent une IRM cérébrale pour vérifier l'état de son cerveau mais l'examen revient normal. Ils découvrent néanmoins des ordonnances avec des cocktails de médicaments visant à perdre du poids. Les toxicologues et pharmacologues qui étudient alors ces ordonnances notent la présence d'amphétamines, d'extraits thyroïdiens, de diurétiques notamment. Ils expliquent que ces associations sont redoutables sur le plan cardiaque. Des célébrités en seraient décédées.

Sur le plan psychique, ces médicaments peuvent provoquer des démences mais uniquement sur des personnes déjà atteintes, ce qui n'est pas le cas de Sylvie. Ils peuvent aussi provoquer des troubles de l'humeur et des troubles de la mémoire sur des événements passés uniquement. Le médecin qui avait prescrit ces médicaments à Sylvie sera néanmoins interdit d'exercer pendant trois mois par l'Ordre des médecins.

La deuxième visite des psychiatres, montre que Sylvie change son discours, conformément à ce qu'elle a dit à son avocate et dit qu'elle ne souvient pas du meurtre et du dépeçage. Elle indique même ne pas se souvenir avoir déjà vu les psychiatres.

Elle se souvient de l'anniversaire de son fils et dit également se souvenir avoir jeté des détritus dans l'eau mais ne se souvient pas que ces derniers soient les restes du crâne de son amie.

Les psychiatres pensent que l'amnésie n'est pas due aux médicaments mais au principe d'amnésie "salvatrice" qui consiste en une protection inconsciente pour ne pas tomber en dépression à la suite d'un événement traumatisant.

Ils ne croient pas non plus que les médicaments soient à l'origine du meurtre.

Elle est responsable pénalement de ses actes puisqu'elle n'a pas de pathologie psychiatrique. Quatre psychiatres font une nouvelle analyse afin de valider les premières expertises et ils concluent la même chose.

La mère de Sylvie explique en revanche que sa fille avait changé depuis le début du traitement, notamment au niveau de son irritabilité.

Sylvie ne nie pas avoir pu commettre ses actes mais ne se reconnaît pas dans ces actes monstrueux.

Procès

Le procès d'Assises débute le 24 juin 1991 à Tours.

L'accusée apparaît calme mais ne lève jamais les yeux. Le fils de la victime porte un autre regard sur elle puisqu'il est orphelin depuis qu'il a perdu sa mère.

Sylvie semble encore ne pas se souvenir de ce qu'elle a pu dire, pourtant à trois reprises, concernant le crime. L'avocate de Sylvie demande à ce que soit lu la condamnation du médecin qui a prescrit les médicaments, ce qui est refusé mais donne le ton de la ligne de défense.

Les psychiatres réitèrent que la psychose médicamenteuse est impossible concernant ce cas. La défense essaie de les discréditer, sans succès véritable, la cour est convaincue que Sylvie n'est pas folle.

Sylvie ne répond aux questions que par des "je ne sais pas", ce qui ne permet pas à la Cour d'en savoir plus sur ses motivations. Son avocate plaide la désinhibition liée à la prise des médicaments.

Sylvie Reviriego, surnommée par la presse la « dépeceuse de Tours », est condamnée au palais de justice de Tours à la réclusion criminelle à perpétuité en [1].

Les motivations de l'assassinat restent mystérieuses, Sylvie Reviriego ayant plusieurs fois « expliqué ne plus pouvoir supporter son amie, ses «jérémiades», ses demandes incessantes d'argent, une attitude jugée libertine et des rires qualifiés de vulgaires en présence de leurs relations masculines communes[1] ». L'avocate de l'accusée, Catherine Lison-Croze, plaide la psychose médicamenteuse. Quelques mois avant l’assassinat, Sylvie Reviriego, récemment divorcée, consommait à haute dose des extraits thyroïdiens frais, des amphétamines, des benzodiazépines et des anorexigènes afin de perdre du poids[2].

Libération

En , Sylvie Reviriego quitte le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes ; elle dispose alors d'une liberté conditionnelle, soumise à des contrôles judiciaires réguliers et à un suivi psychiatrique.[3],[4] Depuis, elle occupe des petits postes de secrétariat et reconstruit sa vie loin de Tours[1].

Documentaire télévisé

Émissions radiophoniques

Article de presse

Notes et références

  1. a b et c Jean-Yves Nau, « Les secrets de « Sylvie la dépeceuse » », sur slate.fr, .
  2. Marie-Christine Tabet, « Quand les calmants poussent au crime », sur lejdd.fr, .
  3. « Un cas bien atypique de dépeçage humain » Article de Jean-Yves Nau publié le 3 mars 2010 page 476 du n° 238 de la Revue médicale suisse.
  4. « Un cas bien atypique de dépeçage humain » Suite de l'article de Jean-Yves Nau le 10 mars 2010 page 532 du n° 239 de la Revue médicale suisse.

Articles connexes