Grapus

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Grapus est un groupement de graphistes revendiquant un statut d'auteur. Il est créé en 1970 par Pierre Bernard, François Miehe (qui s'en retire en 1980[1]) et Gérard Paris-Clavel. En 1975 Jean-Paul Bachollet et en 1976 Alex Jordan les rejoignent.

Décrit comme « un bureau de graphisme d'extrême gauche »[2], Grapus affirme son intention de « changer la vie » et va s'attacher à développer dans une même dynamique recherche graphique et engagement politique, social et culturel. Le nom Grapus est la contraction d'une insulte soixante-huitarde « crapule stalinienne » (crap stal) et du mot graphisme[3].

Historique[modifier | modifier le code]

Les trois fondateurs se sont rencontrés pendant le mouvement étudiant de mai 1968, dans l'atelier populaire no 3[1] chargé de la production des affiches murales et slogans de Mai 68 à l'École des Arts-déco[4], l'un des deux lieux qui s'en occupaient à Paris, avec l'École des beaux-arts de Paris.

Ils commencent à travailler avec la lutte pour l’arrêt de la guerre du Vietnam, pour l'identité visuelle de la CGT Paris et sur des campagnes d'affichage du Parti communiste français[1],[2].

À partir de 1978, Grapus a l'occasion d'exposer dans d'importantes expositions comme à Paris (Musée de l'affiche), à Amsterdam (Stedelijk Museum), à Aspen (Colorado) et à Montréal (Musée d'art contemporain). Ils réalisent des affiches célèbres et influencent les jeunes générations par leur éthique à la fois novatrice et engagée[5].

Grapus a accueilli de nombreux participants et stagiaires ; en tout plus que 80 personnes ont fait partie du collectif. La conception des images réalisées s'est prêsque toujours faite collectivement[1].

Leur style est marqué par l'utilisation de l’écriture manuscrite et de l’assemblage de techniques diverses (dessin, peinture, photo, texte).

Fin 1990, le collectif Grapus décide de cesser ses activités. En 1991 il reçoit le Grand prix national des arts graphiques à titre posthume.

L'après Grapus[modifier | modifier le code]

Pierre Bernard fonde, avec Dirk Behage et Fokke Draaijer, « l'Atelier de Création Graphique », qui travaille dans les domaines de l'édition, de l'affiche, de la signalétique et dans le domaine de l'identité visuelle, avec toujours la même conviction (Grapus) que « le graphisme a une fonction culturelle d'utilité publique[6] ».

Gérard Paris-Clavel crée avec Vincent Perrottet l'atelier « les Graphistes associés », qu'il quittera rapidement en 1992. Il devient graphiste indépendant pour développer dans son atelier d’Ivry-sur-Seine une activité artistique autonome à côté de son travail de commande d’artisan graphiste. En 1991 il crée avec Marc Pataut, l’association Ne pas plier[7].

Alex Jordan fonde l'atelier « Nous Travaillons Ensemble » (NTE) avec Ronit Meirovitz et Anette Lenz (qui faisaient partie de son groupe de travail à l'intérieur de Grapus) avec l'idée, de continuer naturellement la démarche « Grapus ». « Nous Travaillons ensemble » a travaillé en binôme avec l'association de photographes « le bar Floréal » depuis sa création en 1985 et cosigne également de nombreuses réalisations de l'association multidisciplinaire « la Forge ». Actuellement {2024) NTE est composé de , de Valérie Debure et d'Alex Jordan.

Le Fonds Grapus[modifier | modifier le code]

À la dissolution du groupe en 1990, il est décidé de céder les archives à la ville d'Aubervilliers au sein des Archives communales. Les documents ont fait l'objet d'un tri et d’un classement à partir de 2001[1]. Il s’agit de la collection la plus complète à ce jour (863 affiches) documentant 20 années de création collective au service de thèmes sociaux, culturels et politiques.

La ville d'Aubervilliers a travaillé en collaboration avec la bibliothèque Forney de la Ville de Paris et le soutien de la Mission Recherche et Technologie du ministère de la Culture, pour pouvoir mettre en ligne le Fonds Grapus sur son site Internet[réf. nécessaire].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e « Notice descriptive du fonds Grapus »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur aubervilliers.fr, document PDF, (consulté le ).
  2. a et b Laurent Wolf, Gens: Thomas Hirschhorn empoigne le monde, letemps.ch, 6 octobre 1999
  3. « Pierre Bernard, le graphisme engagé », sur Libération.fr (consulté le )
  4. Laurent Gervereau, Gérard Paris-Clavel, François Miehe, « L'atelier des Arts-décoratifs. Entretien avec François Miehe et Gérard Paris-Clavel », in Matériaux pour l'histoire de notre temps. Mai-68 : Les mouvements étudiants en France et dans le monde, sous la direction de Stéphane Courtois, no 11-13, 1988 p. 192-197 (en ligne sur persee.fr).
  5. « Collection du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou », sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  6. « présentation de l'Atelier de Création Graphique », sur acgparis.com (consulté le ).
  7. « Ne Pas Plier »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Léo Favier, Comment, tu ne connais pas Grapus ?, livre d'entretiens, 248 p., Spector Books, 2014 (ISBN 978-3944669489)
  • Collectif, Études sur le collectif Grapus 1970-1990… : Entretiens et archives, 181 p., B42 éditions, 2016 (ISBN 978-2917855706)
  • Grapus - "Je me souviens d'une exposition à Thiers..." Album de l'exposition à l'Usine du May - Thiers, 2017 - (ISBN 978-2-9568230-0-1)

Liens externes[modifier | modifier le code]