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| légende = Buste de Charles Brown ({{lang|en|London Metropolitan Archives}})
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| activités = Homme d'affaire, poète, dramaturge, ami de [[John Keats]]
| date de naissance = {{date de naissance|14|avril|1787|en littérature}}
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==Biographie==
|||||==Biographie==
La jeune maturité de Brown est définitivement marquée par sa rencontre avec le poète [[Romantisme|romantique]] [[John Keats]]. C'est ainsi que la vie du personnage peut se diviser en deux parties distinctes, l'une brève correspondant à l'avant et l'autre plus longue, correspondant à l'après{{sfn|McCormick|1989|p=2}}.
Né à [[Lambeth (ville)|Lambeth]], Charles Armitage Brown est pratiquement un autodidacte{{sfn|McCormick|1989|p=2}}.

=== Adolescence et jeune maturité ===
Né à [[Lambeth (ville)|Lambeth]], Charles Armitage Brown est pratiquement un autodidacte{{sfn|McCormick|1989|p=2}}
ll commence sa carrière à quatorze ans, employé chez un négociant pour {{unité|40|£}} annuelles. À dix-huit, il rejoint son frère, établi à [[Saint-Pétersbourg]] dans le commerce des fourrures. Les affaires marchent bien et les deux frères accumulent une vraie fortune de {{unité|20000|£}} qu'ils dilapident en spéculant sur la soie. Revenu sans le sou en Angleterre{{sfn|Stillinger|1966|p=2}}, Charles a l'idée de capitaliser sur son expérience de la [[Russie]] et écrit un [[opéra]], ''Narensky, ou la route de Jaroslav''. L'œuvre, produite par le [[théâtre de Drury Lane]], tient l'affiche pendant tout le mois de janvier 1814 et, outre une entrée à vie, lui rapporte {{unité|300|£}}{{sfn|McCormick|1989|p=7}}.
ll commence sa carrière à quatorze ans, employé chez un négociant pour {{unité|40|£}} annuelles. À dix-huit, il rejoint son frère, établi à [[Saint-Pétersbourg]] dans le commerce des fourrures. Les affaires marchent bien et les deux frères accumulent une vraie fortune de {{unité|20000|£}} qu'ils dilapident en spéculant sur la soie. Revenu sans le sou en Angleterre{{sfn|Stillinger|1966|p=2}}, Charles a l'idée de capitaliser sur son expérience de la [[Russie]] et écrit un [[opéra]], ''Narensky, ou la route de Jaroslav''. L'œuvre, produite par le [[théâtre de Drury Lane]], tient l'affiche pendant tout le mois de janvier 1814 et, outre une entrée à vie, lui rapporte {{unité|300|£}}{{sfn|McCormick|1989|p=7}}.


C'est pendant l'été de 1817 que Brown et [[John Keats]] se rencontrent. Neuf années séparent les deux jeunes gens, mais l'amitié qui les lie naît aussitôt, indélébile{{sfn|Stillinger|1966|p=1}}. Presque aussitôt, ils envisagent de faire un tour de l'Angleterre du nord, de l'[[Écosse]] et de l'[[Irlande (pays)|Irlande]]. Partis de [[Lancastre]], ils se rendent jusqu'au nord d'[[Inverness (Écosse)|Inverness]], soit {{unité|600|miles}} en quarante-six jours de marche. Le compte-rendu en est consigné dans leur correspondance et aussi dans un livre de voyage intitulé ''Balades nordiques'' (''{{lang|en|Walks in the North}}''). Dans son livre ''{{lang|en|Walking North with Keats}}'', Carol Kyros Walker suit les pas de Keats, où elle situe les lieux en fonction du contexte politique de l'époque, s'efforce d'évoquer les sensations ressenties par le jeune poète et ajoute nombre de photographies personnelles tentant de capter les paysages tels qu'il les a découverts. S'ajoutent au récit des les lettres et les poèmes écrits par Keats et ensuite rassemblés par Brown, mais que Carol Kyros Walker annote personnellement{{sfn|Walker|1992}} <!--{{ouvrage|lang=en|auteur=C. K. Walker|titre=Walking North with Keats|lieu=Yale|éditeur=Yale University Press|année=1992|pages totales=|isbn=9780300048247|format livre=}}--> Ce tour, essentiellement de l'Écosse, revêt une importance capitale pour Keats, de par son étrangeté, l'effort physique demandé, les duretés d'un mauvais temps, l'absorption quasi obsessionnelle aussi dans la personnalité de [[Robert Burns]], muet si jeune et sacrifiant sa vie pour sn art et mort trop jeune, qui accuse encore. la puissance sensorielle de l'être de Keats et de sa poésie{{sfn|Jeffrey C. Robinson|1992|p=Abstract}}.
====Rencontre avec John Keats====
C'est pendant l'été de 1817 que Brown et [[John Keats]] se rencontrent. Neuf années séparent les deux jeunes gens, mais l'amitié qui les lie naît aussitôt{{sfn|Stillinger|1966|p=1}}. Presque aussitôt, ils envisagent de faire un tour de l'Angleterre du nord, de l'[[Écosse]] et de l'[[Irlande (pays)|Irlande]]. Partis de [[Lancashire|Lancastre]], ils se rendent jusqu'au nord d'[[Inverness (Écosse)|Inverness]], soit {{unité|600|miles}} en quarante-six jours de marche. Le compte-rendu en est consigné dans leur correspondance et aussi dans un livre de voyage intitulé ''Balades nordiques'' (''{{lang|en|Walks in the North}}''). Dans son livre ''{{lang|en|Walking North with Keats}}'', Carol Kyros Walker suit les pas de Keats, où elle situe les lieux en fonction du contexte politique de l'époque, s'efforce d'évoquer les sensations ressenties par le jeune poète et ajoute nombre de photographies personnelles tentant de capter les paysages tels qu'il les a découverts. S'ajoutent au récit des les lettres et les poèmes écrits par Keats et ensuite rassemblés par Brown, mais que Carol Kyros Walker annote personnellement{{sfn|Walker|1992}} <!--{{ouvrage|lang=en|auteur=C. K. Walker|titre=Walking North with Keats|lieu=Yale|éditeur=Yale University Press|année=1992|pages totales=|isbn=9780300048247|format livre=}}-->


[[Fichier:Isle of Mull.png|thumb|upright=0.8|Île de Mull.|alt=Carte de couleur jaune, indiquant l'île en rouge]]
==== Brown héberge Keats chez lui ====
De ce tour naît dns la foulée ''[[Hyperion]]'', ''La veille de la Sainte-Agnès'', ''[[La Belle Dame sans merci (poème)|La Belle Dame sans merci]]'' et les grandes odes de 1819. Au départ, Keats recherchait de nouvelles images sur des paysages et des situations inédites, mais le voyage se plaça de lui-même sous la catégorie de la mort, le déclin de Tom jusqu'à sa fin le {{1er}} décembre1818, et la persistante [[angine]] qui afflige le poète, prétendument due à la marche dans le marais de l'[[Mull (Écosse)|île de Mull]]{{sfn|Jeffrey C. Robinson|1992|p=Abstract}}. Paradoxalement, si ce tour de l'Écosse est resté vierge de toute production poétique de valeur, ses effets se font sentir à retardement, une œuvre brillante, profonde, mûre et passionnément habitée par l'amour et la beauté{{sfn|Jeffrey C. Robinson|1992|p=Abstract}}.
[[Fichier:Keats.1819.jpg|thumb|Silhouette de [[John Keats]], par Charles Armitage Brown (1819).|alt=feuille blanche, silhouettte noire aux contours nets, tête vue de profil droit, cheveux apparemment frisés, lèvres assez charnues]]
<!--{{ouvrage|lang=en|auteur=Jeffrey J.Robinson|titre=The Walking Tour of Scotland, 1818: The Play of Poetic Forms|traduction titre=Le tour de l'Écosse de 1818 et jeu des formes poétiques|lieu=New Haven, Conn.|éditeur=Yale University Press||année=1992|pages totales=|doi=10.1057/9780230379299_14|format livre=|lire en ligne=http://www.bookmetrix.com/detail/chapter/1fe914fd-22ff-46c6-9a34-bc7010f4c32e#downloads|consltté le=24 septembre 2018}}-->
[[Fichier:Keats.1819.jpg|thumb|upright=0.8|gauche|Silhouette de [[John Keats]], par Charles Armitage Brown (1819).|alt=feuille blanche, silhouette noire aux contours nets, tête vue de profil droit, cheveux apparemment frisés, lèvres assez charnues]]
En 1818, Tom, cadet de Keats, meurt de ce que la médecine appelait alors [[tuberculose|consomption]]. Brown offre alors au poète désemparé {{incise|et atteint du même mal}} de partager sa demeure, ''{{lang|en|Wentworth Place}}'' dans la banlieue, encore chic, du nord de Londres à [[Hampstead (Angleterre)|Hampstead]]. C'est là, en effet, dans le salon donnant sur les jardins, que Keats s'installe et vit pendant les dix-sept mois suivants. Leur voisinage permanent incite les deux amis à élaborer des projets communs : ainsi, une pièce de théâtre en vers, ''Otho le grand''{{sfn|Keats|2015}}, naît mais ne voit le jour que dans les années 1950{{sfn|Lee|1986}}<!--{{ouvrage|lang=en|auteur=John Keats|titre=Otho the Great|lieu=|éditeur=Amazon Digital Services|année=2015|pages totales=103|isbn=1515137627|format livre=édition Kindle}}-->
En 1818, Tom, cadet de Keats, meurt de ce que la médecine appelait alors [[tuberculose|consomption]]. Brown offre alors au poète désemparé {{incise|et atteint du même mal}} de partager sa demeure, ''{{lang|en|Wentworth Place}}'' dans la banlieue, encore chic, du nord de Londres à [[Hampstead (Angleterre)|Hampstead]]. C'est là, en effet, dans le salon donnant sur les jardins, que Keats s'installe et vit pendant les dix-sept mois suivants. Leur voisinage permanent incite les deux amis à élaborer des projets communs : ainsi, une pièce de théâtre en vers, ''Otho le grand''{{sfn|Keats|2015}}, naît mais ne voit le jour que dans les années 1950{{sfn|Lee|1986}}<!--{{ouvrage|lang=en|auteur=John Keats|titre=Otho the Great|lieu=|éditeur=Amazon Digital Services|année=2015|pages totales=103|isbn=1515137627|format livre=édition Kindle}}-->


Keats est victime d'une sévère [[hémorragie]] en février 1820 ; Brown le prend en charge, s'occupe de ses papiers, paie ses factures, écrit ses lettres sous sa dictée, lui prête de l'argent ou se porte garant de prêt que contracte son protégé. Le jeune homme semble reprendre des forces, mais bien que ses médecins l'assurent que ses poumons sont indemnes, il fait de nombreuses rechutes et il est manifeste que sa santé se détériore. Aussi son médecin prend une décision qui se veut sans appel : Keats ne survivra pas aux rigueur d'un nouvel hiver anglais et il lui est instamment recommandé de gagner un climat plus clément. Le jeune homme s'exécute et, malgré l'absence de Brown en vacances écossaises, quitte Londres le 17 septembre 1820 pour [[Rome]], en compagnie de Joseph Severn qui n'a eu que trois jours pour donner son accord{{sfn|Brown|2009|p=62}}. [[Ironie|Ironiquement]] {{incise|et sans qu'aucun d'eux n'en soit informé}}, les bateaux transportant Keats et Brown sont amarrés au même quai de [[Gravesend]] dans le [[Kent]], le premier en partance pour le sud et le second en route pour Londres. Une fois l'appareillage effectué, il est plus que vraisemblable qu'ils se sont croisés dans la nuit{{sfn|Brown|2009|p=63}}.
==== Keats part pour l'Italie====
Keats est victime d'une sévère [[hémorragie]] en février 1820 ; Brown le prend en charge, s'occupe de ses papiers, paie ses factures, écrit ses lettres sous sa dictée, lui prête de l'argent ou se porte garant de prêt que contracte son protégé. Le jeune homme semble reprendre des forces, mais bien que ses médecins l'assurent que ses poumons sont indemnes, il fait de nombreuses rechutes et il est manifeste que sa santé se détériore. Aussi son médecin prend une décision qui se veut sans appel : Keats ne survivra pas aux rigueur d'un nouvel hiver anglais et il lui est instamment recommandé de gagner un climat plus clément. Le jeune homme s'exécute et, malgré l'absence de Brown en vacances écossaises, quitte Londres le 17 septembre 1820 pour [[Rome]], en compagnie de Joseph Severn qui n'a eu que trois jours pour donner son accord{{sfn|Brown|2009|p=62}}. [[Ironie|Ironiquement]] {{incise|et sans qu'aucun d'eux n'en soit informé}}, les bateaux transportant Keats et Brown sont amarrés au même quai de [[Gravesend (Kent)|Gravesend]] dans le [[Kent]], le premier en partance pour le sud et le second en route pour Londres. Une fois l'appareillage effectué, il est plus que vraisemblable qu'ils se sont croisés dans la nuit{{sfn|Brown|2009|p=63}}.


Pendant la phase finale de la maladie de son ami, Brown reste à Hampstead, tout en échangeant une copieuse correspondance avec les deux exilés. Certains passages sont montrés à [[Fanny Brawne]], la petite fiancée de Keats, mais tout détail susceptible de trop la troubler lui est épargné. À Rome, Severn s'occupe du malade jusqu'à sa mort le {{date|23|février|1821}}{{sfn|Brown|2009|p=à compléter}}.
Pendant la phase finale de la maladie de son ami, Brown reste à Hampstead, tout en échangeant une copieuse correspondance avec les deux exilés. Certains passages sont montrés à [[Fanny Brawne]], la petite fiancée de Keats, mais tout détail susceptible de trop la troubler lui est épargné. À Rome, Severn s'occupe du malade jusqu'à sa mort le {{date|23|février|1821}}{{sfn|Brown|2009|p=à compléter}}.


== Brown en Italie ==
== Brown en Italie ==
Aux alentours de 1890, Charles (Carlino) Brown, fils de Walter Armitage, déclare que son père, après le départ de Keats pour [[Winchester (Royaume-Uni) |Winchester]], s'est marié en 1819 avec Abigail O'Donohue selon le [[Catholicisme|rite catholique]] en [[Irlande (île)|Irlande]]. Bien des biographes sont d'avis que la cérémonie n'a jamais eu lieu et que Carlino a ainsi tenté de cacher son illégitimité à ses concitoyens de [[New Plymouth]] dont il était devenu un éminent membre de la communauté. De plus, McCornick relève le fait, preuve à l'appui, que pendant tout le séjour de Keats à Winchester, Brown résidait à [[Chichester (Royaume-Uni) |Chichester]]{{sfn|McCormick|1989|p=227}}.
Aux alentours de 1890, Charles (Carlino) Brown, fils de Walter Armitage, déclare que son père, après le départ de Keats pour [[Winchester (Royaume-Uni) |Winchester]], s'est marié en 1819 avec Abigail O'Donohue selon le [[Catholicisme|rite catholique]] en [[Irlande]]. Bien des biographes sont d'avis que la cérémonie n'a jamais eu lieu et que Carlino a ainsi tenté de cacher son illégitimité à ses concitoyens de [[New Plymouth]] dont il était devenu un éminent membre de la communauté. De plus, McCornick relève le fait, preuve à l'appui, que pendant tout le séjour de Keats à Winchester, Brown résidait à [[Chichester (Royaume-Uni) |Chichester]]{{sfn|McCormick|1989|p=227}}.


'''(à suivre)'''
'''(à suivre)'''


[[Catégorie:Naissance en 1787]]
[[Catégorie:Naissance en 1787]]
[[Catégorie:Décès en 1842]]

Version du 24 septembre 2018 à 08:11

Charles Armitage Brown
Naissance
Lambeth, près de Londres, Angleterre
Décès , à l'âge de 55 ans
New Plymouth, Nouvelle-Zélande
Activité principale
Homme d'affaire, poète, dramaturge, ami de John Keats
Auteur
Langue d’écriture Anglais

Charles Armitage Bown (14 avril 1787 – 5 juin 1842) est un ami très proche de poète John Keats et un fidèle du peintre Joseph Severn, d'écrivains connus comme Leigh Hunt, Thomas Jefferson Hogg, Walter Savage Landor et Edward John Trelawny. Il a pour fils le pionnier et politicien nouveau-zélandais, né en 1820 et connu sous le nom de Carlino Brown, qui joue un rôle important dans le développement de New Plymouth.

Charles Armitage Brown est surtout associé, du moins dans sa jeune maturité, à la brève existence et à la création poétique de Keats, rencontré à la fin de l'été 1817, alors que Keats a vingt-et-un ans et Brown trente. En 1818, après que le frère du poète meurt de la tuberculose, Brown invite Keats à loger chez lui et le jeune homme s'installe dans le salon donnant sur les jardins et y réside dix-sept mois jusqu'à son départ pour l'Italie où il meurt au bout de quelques mois.

Les deux amis collaborent à quelques projets communs, mais c'est surtout comme gardien et promoteur des grandes odes de Keats datées de 1819 et publiés, à l'exception d'une d'entre elles qui reste posthume, en 1820.

Le reste de sa vie se concentre sur l'Italie et surtout la Nouvelle-Zélande où il fait de nombreux séjours, ne revenant en Angleterre que de façon sporadique.

|||||==Biographie== La jeune maturité de Brown est définitivement marquée par sa rencontre avec le poète romantique John Keats. C'est ainsi que la vie du personnage peut se diviser en deux parties distinctes, l'une brève correspondant à l'avant et l'autre plus longue, correspondant à l'après[1].

Né à Lambeth, Charles Armitage Brown est pratiquement un autodidacte[1] ll commence sa carrière à quatorze ans, employé chez un négociant pour 40 £ annuelles. À dix-huit, il rejoint son frère, établi à Saint-Pétersbourg dans le commerce des fourrures. Les affaires marchent bien et les deux frères accumulent une vraie fortune de 20 000 £ qu'ils dilapident en spéculant sur la soie. Revenu sans le sou en Angleterre[2], Charles a l'idée de capitaliser sur son expérience de la Russie et écrit un opéra, Narensky, ou la route de Jaroslav. L'œuvre, produite par le théâtre de Drury Lane, tient l'affiche pendant tout le mois de janvier 1814 et, outre une entrée à vie, lui rapporte 300 £[3].

C'est pendant l'été de 1817 que Brown et John Keats se rencontrent. Neuf années séparent les deux jeunes gens, mais l'amitié qui les lie naît aussitôt, indélébile[4]. Presque aussitôt, ils envisagent de faire un tour de l'Angleterre du nord, de l'Écosse et de l'Irlande. Partis de Lancastre, ils se rendent jusqu'au nord d'Inverness, soit 600 miles en quarante-six jours de marche. Le compte-rendu en est consigné dans leur correspondance et aussi dans un livre de voyage intitulé Balades nordiques (Walks in the North). Dans son livre Walking North with Keats, Carol Kyros Walker suit les pas de Keats, où elle situe les lieux en fonction du contexte politique de l'époque, s'efforce d'évoquer les sensations ressenties par le jeune poète et ajoute nombre de photographies personnelles tentant de capter les paysages tels qu'il les a découverts. S'ajoutent au récit des les lettres et les poèmes écrits par Keats et ensuite rassemblés par Brown, mais que Carol Kyros Walker annote personnellement[5] Ce tour, essentiellement de l'Écosse, revêt une importance capitale pour Keats, de par son étrangeté, l'effort physique demandé, les duretés d'un mauvais temps, l'absorption quasi obsessionnelle aussi dans la personnalité de Robert Burns, muet si jeune et sacrifiant sa vie pour sn art et mort trop jeune, qui accuse encore. la puissance sensorielle de l'être de Keats et de sa poésie[6].

Carte de couleur jaune, indiquant l'île en rouge
Île de Mull.

De ce tour naît dns la foulée Hyperion, La veille de la Sainte-Agnès, La Belle Dame sans merci et les grandes odes de 1819. Au départ, Keats recherchait de nouvelles images sur des paysages et des situations inédites, mais le voyage se plaça de lui-même sous la catégorie de la mort, le déclin de Tom jusqu'à sa fin le 1er décembre1818, et la persistante angine qui afflige le poète, prétendument due à la marche dans le marais de l'île de Mull[6]. Paradoxalement, si ce tour de l'Écosse est resté vierge de toute production poétique de valeur, ses effets se font sentir à retardement, une œuvre brillante, profonde, mûre et passionnément habitée par l'amour et la beauté[6].

feuille blanche, silhouette noire aux contours nets, tête vue de profil droit, cheveux apparemment frisés, lèvres assez charnues
Silhouette de John Keats, par Charles Armitage Brown (1819).

En 1818, Tom, cadet de Keats, meurt de ce que la médecine appelait alors consomption. Brown offre alors au poète désemparé — et atteint du même mal — de partager sa demeure, Wentworth Place dans la banlieue, encore chic, du nord de Londres à Hampstead. C'est là, en effet, dans le salon donnant sur les jardins, que Keats s'installe et vit pendant les dix-sept mois suivants. Leur voisinage permanent incite les deux amis à élaborer des projets communs : ainsi, une pièce de théâtre en vers, Otho le grand[7], naît mais ne voit le jour que dans les années 1950[8]

Keats est victime d'une sévère hémorragie en février 1820 ; Brown le prend en charge, s'occupe de ses papiers, paie ses factures, écrit ses lettres sous sa dictée, lui prête de l'argent ou se porte garant de prêt que contracte son protégé. Le jeune homme semble reprendre des forces, mais bien que ses médecins l'assurent que ses poumons sont indemnes, il fait de nombreuses rechutes et il est manifeste que sa santé se détériore. Aussi son médecin prend une décision qui se veut sans appel : Keats ne survivra pas aux rigueur d'un nouvel hiver anglais et il lui est instamment recommandé de gagner un climat plus clément. Le jeune homme s'exécute et, malgré l'absence de Brown en vacances écossaises, quitte Londres le 17 septembre 1820 pour Rome, en compagnie de Joseph Severn qui n'a eu que trois jours pour donner son accord[9]. Ironiquement — et sans qu'aucun d'eux n'en soit informé —, les bateaux transportant Keats et Brown sont amarrés au même quai de Gravesend dans le Kent, le premier en partance pour le sud et le second en route pour Londres. Une fois l'appareillage effectué, il est plus que vraisemblable qu'ils se sont croisés dans la nuit[10].

Pendant la phase finale de la maladie de son ami, Brown reste à Hampstead, tout en échangeant une copieuse correspondance avec les deux exilés. Certains passages sont montrés à Fanny Brawne, la petite fiancée de Keats, mais tout détail susceptible de trop la troubler lui est épargné. À Rome, Severn s'occupe du malade jusqu'à sa mort le [11].

Brown en Italie

Aux alentours de 1890, Charles (Carlino) Brown, fils de Walter Armitage, déclare que son père, après le départ de Keats pour Winchester, s'est marié en 1819 avec Abigail O'Donohue selon le rite catholique en Irlande. Bien des biographes sont d'avis que la cérémonie n'a jamais eu lieu et que Carlino a ainsi tenté de cacher son illégitimité à ses concitoyens de New Plymouth dont il était devenu un éminent membre de la communauté. De plus, McCornick relève le fait, preuve à l'appui, que pendant tout le séjour de Keats à Winchester, Brown résidait à Chichester[12].

(à suivre)

  1. a et b McCormick 1989, p. 2.
  2. Stillinger 1966, p. 2.
  3. McCormick 1989, p. 7.
  4. Stillinger 1966, p. 1.
  5. Walker 1992.
  6. a b et c Jeffrey C. Robinson 1992, p. Abstract.
  7. Keats 2015.
  8. Lee 1986.
  9. Brown 2009, p. 62.
  10. Brown 2009, p. 63.
  11. Brown 2009, p. à compléter.
  12. McCormick 1989, p. 227.