« Controverse sur le syndrome du bébé secoué » : différence entre les versions

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Le [[Syndrome du bébé secoué|syndrome du bébé secoué (SBS)]] est un [[Diagnostic (médecine)|diagnostic médical]] établissant, à partir d'un ensemble de [[Signe clinique|signes cliniques]], qu'un [[nourrisson]] a été victime d'un [[traumatisme crânien]] intentionnel, comme par exemple un secouement violent. L'existence de la [[maltraitance infantile]], l'existence des bébés victimes de secouements violents, l'existence des [[Infanticide|infanticides]], et l'existence des traumatismes crâniens intentionnels du nourrisson ne font pas débat au sein des communauté médicales et juridiques. Cependant, le degré de certitude qui peut être associé à la survenue d'un traumatisme crânien intentionnel à partir de la seule découverte d'un petit nombre de signes cliniques spécifiques (en particulier un [[hématome sous-dural]] et des hémorragies rétiniennes), ainsi que la démarche diagnostique permettant d'aboutir à cette conclusion, font l'objet d'une [[controverse]] scientifique, médico-légale, et judiciaire dans le monde depuis la fin des années 1990<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|prénom1=Josephina|nom1=Maier|titre=Le syndrome du bébé secoué|périodique=cerveauetpsycho.fr|date=2017|issn=|lire en ligne=http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-le-syndrome-du-bebe-secoue-38013.php|consulté le=2018-06-24|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Tuerkheimer,|nom1=Deborah,|titre=Flawed convictions : "shaken baby syndrome" and the inertia of injustice|isbn=9780199913633|isbn2=0199913633|isbn3=9780190233617|oclc=858081012|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/858081012}}</ref>{{,}}<ref name=":3" />. Des diagnostics incorrects pourraient avoir des conséquences judiciaires significatives.
{{orphelin|date=juin 2018}}
Le [[Syndrome du bébé secoué|syndrome du bébé secoué (SBS)]] est un [[Diagnostic (médecine)|diagnostic médical]] établissant, à partir d'un ensemble de [[Signe clinique|signes cliniques]], qu'un [[nourrisson]] a été victime d'un [[traumatisme crânien]] intentionnel, comme par exemple un secouement violent. L'existence de la [[maltraitance infantile]], l'existence des bébés victimes de secouements violents, l'existence des [[Infanticide|infanticides]], et l'existence des traumatismes crâniens intentionnels du nourrisson ne font pas débat au sein des communauté médicales et juridiques. Cependant, le degré de certitude qui peut être associé à la survenue d'un traumatisme crânien intentionnel à partir de la seule découverte d'un petit nombre de signes cliniques spécifiques (en particulier un [[hématome sous-dural]] et des hémorragies rétiniennes), ainsi que la démarche diagnostique permettant d'aboutir à cette conclusion, font l'objet d'une [[controverse]] scientifique, médico-légale, et judiciaire dans le monde depuis la fin des années 1990<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|prénom1=Josephina|nom1=Maier|titre=Le syndrome du bébé secoué|périodique=cerveauetpsycho.fr|date=2017|issn=|lire en ligne=http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-le-syndrome-du-bebe-secoue-38013.php|consulté le=2018-06-24|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Tuerkheimer,|nom1=Deborah,|titre=Flawed convictions : "shaken baby syndrome" and the inertia of injustice|isbn=9780199913633|isbn2=0199913633|isbn3=9780190233617|oclc=858081012|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/858081012}}</ref>.


== Consensus ==
== Consensus ==
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* La prévention contre le secouement et contre tous les gestes et comportements violents, brusques, et inadaptés à l'égard d'un enfant est indispensable et doit être développée.
* La prévention contre le secouement et contre tous les gestes et comportements violents, brusques, et inadaptés à l'égard d'un enfant est indispensable et doit être développée.
* De nombreux enfants recevant le diagnostic du syndrome du bébé secoué ou du traumatisme crânien intentionnel ont bel et bien fait l'objet de violences volontaires graves conduisant à des lésions ou à la mort.
* De nombreux enfants recevant le diagnostic du syndrome du bébé secoué ou du traumatisme crânien intentionnel ont bel et bien fait l'objet de violences volontaires graves conduisant à des lésions ou à la mort.

Pour des médecins et juristes faisant partie d'un courant de pensée minoritaire :<ref name=":0" /><blockquote>Malgré l'intensité des débats autour de la validité du syndrome du bébé secoué/traumatisme crânien intentionnel, il y a en réalité un consensus croissant, bien que fréquemment implicite, sur la nature du problème et les erreurs dans les hypothèses. Aujourd'hui, il y a un consensus général sur le fait que la maltraitance infantile a historiquement été ignorée et que les violences volontaires peuvent produire des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et des lésions cérébrales — la « triade » de signes médicaux qui a traditionnellement été utilisée pour confirmer le secouement ou d'autres formes de maltraitance. Il y a aussi un consensus général sur le fait que secouer violemment un bébé est inacceptable et peut causer des blessures sérieuses ou même la mort.</blockquote>


== Démarche diagnostique ==
== Démarche diagnostique ==
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Selon un rapport de la [[Haute Autorité de Santé]] datant de 2017, le diagnostic du syndrome du bébé secoué est « certain » lorsqu'un nourrisson présente des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes d'origine inexpliquée<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|titre=Haute Autorité de Santé - Syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement|url=https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2794425/fr/syndrome-du-bebe-secoue-ou-traumatisme-cranien-non-accidentel-par-secouement|site=www.has-sante.fr|consulté le=2018-06-24}}</ref>.
Selon un rapport de la [[Haute Autorité de Santé]] datant de 2017, le diagnostic du syndrome du bébé secoué est « certain » lorsqu'un nourrisson présente des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes d'origine inexpliquée<ref name=":1">{{Lien web|langue=fr|titre=Haute Autorité de Santé - Syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement|url=https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2794425/fr/syndrome-du-bebe-secoue-ou-traumatisme-cranien-non-accidentel-par-secouement|site=www.has-sante.fr|consulté le=2018-06-24}}</ref>.


Cette démarche diagnostique a également été appliquée dans le monde entre les années 1970 et les années 2000<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Mary E.|nom1=Case|prénom2=Michael A.|nom2=Graham|prénom3=Tracey Corey|nom3=Handy|prénom4=Jeffrey M.|nom4=Jentzen|titre=Position Paper on Fatal Abusive Head Injuries in Infants and Young Children|périodique=The American Journal of Forensic Medicine and Pathology|volume=22|numéro=2|date=2001-6|issn=0195-7910|lire en ligne=http://journals.lww.com/amjforensicmedicine/Fulltext/2001/06000/Position_Paper_on_Fatal_Abusive_Head_Injuries_in.2.aspx|consulté le=2018-06-24|pages=112}}</ref>. Le terme de « triade » est souvent utilisé à ce propos, car les hématomes sous-duraux et les hémorragies rétiniennes du nourrisson sont régulièrement associés à des lésions cérébrales<ref>{{Article|langue=en|prénom1=D. L.|nom1=Chadwick|prénom2=R. H.|nom2=Kirschner|prénom3=R. M.|nom3=Reece|prénom4=L. R.|nom4=Ricci|titre=Shaken Baby Syndrome---A Forensic Pediatric Response|périodique=PEDIATRICS|volume=101|numéro=2|date=1998-02-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|doi=10.1542/peds.101.2.321|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/cgi/doi/10.1542/peds.101.2.321|consulté le=2018-06-25|pages=321–321}}</ref>.
Cette démarche diagnostique a également été appliquée dans le monde entre les années 1970 et les années 2000<ref name=":4">{{Article|langue=en-US|prénom1=Mary E.|nom1=Case|prénom2=Michael A.|nom2=Graham|prénom3=Tracey Corey|nom3=Handy|prénom4=Jeffrey M.|nom4=Jentzen|titre=Position Paper on Fatal Abusive Head Injuries in Infants and Young Children|périodique=The American Journal of Forensic Medicine and Pathology|volume=22|numéro=2|date=2001-6|issn=0195-7910|lire en ligne=http://journals.lww.com/amjforensicmedicine/Fulltext/2001/06000/Position_Paper_on_Fatal_Abusive_Head_Injuries_in.2.aspx|consulté le=2018-06-24|pages=112}}</ref>. Le terme de « triade » est souvent utilisé à ce propos, car les hématomes sous-duraux et les hémorragies rétiniennes du nourrisson sont régulièrement associés à des lésions cérébrales<ref>{{Article|langue=en|prénom1=D. L.|nom1=Chadwick|prénom2=R. H.|nom2=Kirschner|prénom3=R. M.|nom3=Reece|prénom4=L. R.|nom4=Ricci|titre=Shaken Baby Syndrome---A Forensic Pediatric Response|périodique=PEDIATRICS|volume=101|numéro=2|date=1998-02-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|doi=10.1542/peds.101.2.321|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/cgi/doi/10.1542/peds.101.2.321|consulté le=2018-06-25|pages=321–321}}</ref>.


Cependant, de nouvelles données scientifiques ont été obtenues au cours des années 2000<ref>{{Ouvrage|prénom1=Papetti,|nom1=Randy,|titre=The forensic unreliability of the shaken baby syndrome|isbn=9780998904306|isbn2=0998904309|oclc=1029293026|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1029293026}}</ref>. Depuis le début des années 2010, les autorités médicales des pays anglo-saxons et de certains pays européens (à l'exclusion de la France) déclarent donc non seulement que ce critère ne permet pas d'aboutir à un diagnostic certain de maltraitance, mais aussi qu'il n'est jamais utilisé en pratique<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Geoffrey David|nom1=Debelle|prénom2=Sabine|nom2=Maguire|prénom3=Patrick|nom3=Watts|prénom4=Rosa Nieto|nom4=Hernandez|titre=Abusive head trauma and the triad: a critique on behalf of RCPCH of ‘Traumatic shaking: the role of the triad in medical investigations of suspected traumatic shaking’|périodique=Archives of Disease in Childhood|volume=103|numéro=6|date=2018-06-01|issn=0003-9888|issn2=1468-2044|pmid=29510999|doi=10.1136/archdischild-2017-313855|lire en ligne=https://adc.bmj.com/content/103/6/606|consulté le=2018-06-24|pages=606–610}}</ref>.
Cependant, de nouvelles données scientifiques ont été obtenues au cours des années 2000<ref name=":3">{{Ouvrage|prénom1=Papetti,|nom1=Randy,|titre=The forensic unreliability of the shaken baby syndrome|isbn=9780998904306|isbn2=0998904309|oclc=1029293026|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1029293026}}</ref>. Depuis le début des années 2010, les autorités médicales des pays anglo-saxons et de certains pays européens (à l'exclusion de la France) déclarent donc non seulement que ce critère ne permet pas d'aboutir à un diagnostic certain de maltraitance, mais aussi qu'il n'est jamais utilisé en pratique<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Geoffrey David|nom1=Debelle|prénom2=Sabine|nom2=Maguire|prénom3=Patrick|nom3=Watts|prénom4=Rosa Nieto|nom4=Hernandez|titre=Abusive head trauma and the triad: a critique on behalf of RCPCH of ‘Traumatic shaking: the role of the triad in medical investigations of suspected traumatic shaking’|périodique=Archives of Disease in Childhood|volume=103|numéro=6|date=2018-06-01|issn=0003-9888|issn2=1468-2044|pmid=29510999|doi=10.1136/archdischild-2017-313855|lire en ligne=https://adc.bmj.com/content/103/6/606|consulté le=2018-06-24|pages=606–610}}</ref>.


Selon la démarche diagnostique actuellement reconnue en dehors de la France, la maltraitance doit être ''évoquée'' mais non ''certifiée'' en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes. De nombreux examens complémentaires sont nécessaires pour rechercher la présence d'autres signes traumatiques et pour éliminer des [[Diagnostic différentiel|diagnostics différentiels]]. Pour des radiologues de plusieurs pays :<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Dawn|nom1=Saunders|prénom2=Maria|nom2=Raissaki|prénom3=Sabah|nom3=Servaes|prénom4=Catherine|nom4=Adamsbaum|titre=Throwing the baby out with the bath water — response to the Swedish Agency for Health Technology Assessment and Assessment of Social Services (SBU) report on traumatic shaking|périodique=Pediatric Radiology|volume=47|numéro=11|date=2017-08-07|issn=0301-0449|issn2=1432-1998|pmid=28785782|pmcid=PMC5608779|doi=10.1007/s00247-017-3932-8|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s00247-017-3932-8|consulté le=2018-06-15|pages=1386–1389}}</ref><blockquote>La caractérisation de la « triade » [hématomes sous-duraux, hémorragies rétiniennes, et parfois lésions cérébrales] comme seule preuve suffisante d'un diagnostic de traumatisme crânien intentionnel est trompeuse. (...) Nous ne concluons pas à la maltraitance suite à la seule présence de la triade. (....) Les autres possibilités sont toujours exclues avant ou après le recours à une équipe multidisciplinaire de protection infantile. Nous suivons une approche diagnostique rigoureuse, et nous n'isolons pas les lésions intracrâniennes des autres lésions (par exemple, fractures [[Métaphyse|métaphysaires]] et fractures des côtes). Le diagnostic de maltraitance se base sur un examen minutieux de toutes les données disponibles, ce qui inclut souvent les informations identifiées et évaluées par une équipe multidisciplinaire spécifique, une constellation de signes objectivés à l'[[Imagerie médicale|imagerie]] au niveau de l'[[encéphale]], des [[os]], du [[cou]], de la [[Moelle épinière|mœlle]] et de l'abdomen, des lésions ophtalmiques, les [[Interrogatoire|interrogatoires]] des parents et nounous, les données [[Autopsie|d'autopsies]], la présence de blessures supplémentaires ou anciennes sur l'enfant ou ses frères et sœurs, la présence d'autres blessures suspectes (par exemple, [[Brûlure|brûlures]], traces de [[Morsure|morsures]]), et l'exclusion de [[Diagnostic différentiel|maladies sous-jacentes]] et de lésions accidentelles.</blockquote>Le critère diagnostique utilisé en France ne correspond donc pas à celui qui est soutenu par les autorités médicales des autres pays. Le critère français étant plus large, il pourrait englober à la fois des bébés maltraités et des bébés non maltraités, mais atteints de pathologies diverses, ou victimes de traumatismes crâniens accidentels causant les mêmes lésions.
Selon la démarche diagnostique actuellement reconnue en dehors de la France, la maltraitance doit être ''évoquée'' mais non ''certifiée'' en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes. De nombreux examens complémentaires sont nécessaires pour rechercher la présence d'autres signes traumatiques et pour éliminer des [[Diagnostic différentiel|diagnostics différentiels]]. Pour des radiologues de plusieurs pays :<ref name=":5">{{Article|langue=en|prénom1=Dawn|nom1=Saunders|prénom2=Maria|nom2=Raissaki|prénom3=Sabah|nom3=Servaes|prénom4=Catherine|nom4=Adamsbaum|titre=Throwing the baby out with the bath water — response to the Swedish Agency for Health Technology Assessment and Assessment of Social Services (SBU) report on traumatic shaking|périodique=Pediatric Radiology|volume=47|numéro=11|date=2017-08-07|issn=0301-0449|issn2=1432-1998|pmid=28785782|pmcid=PMC5608779|doi=10.1007/s00247-017-3932-8|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s00247-017-3932-8|consulté le=2018-06-15|pages=1386–1389}}</ref><blockquote>La caractérisation de la « triade » [hématomes sous-duraux, hémorragies rétiniennes, et parfois lésions cérébrales] comme seule preuve suffisante d'un diagnostic de traumatisme crânien intentionnel est trompeuse. (...) Nous ne concluons pas à la maltraitance suite à la seule présence de la triade. (....) Les autres possibilités sont toujours exclues avant ou après le recours à une équipe multidisciplinaire de protection infantile. Nous suivons une approche diagnostique rigoureuse, et nous n'isolons pas les lésions intracrâniennes des autres lésions (par exemple, fractures [[Métaphyse|métaphysaires]] et fractures des côtes). Le diagnostic de maltraitance se base sur un examen minutieux de toutes les données disponibles, ce qui inclut souvent les informations identifiées et évaluées par une équipe multidisciplinaire spécifique, une constellation de signes objectivés à l'[[Imagerie médicale|imagerie]] au niveau de l'[[encéphale]], des [[os]], du [[cou]], de la [[Moelle épinière|mœlle]] et de l'abdomen, des lésions ophtalmiques, les [[Interrogatoire|interrogatoires]] des parents et nounous, les données [[Autopsie|d'autopsies]], la présence de blessures supplémentaires ou anciennes sur l'enfant ou ses frères et sœurs, la présence d'autres blessures suspectes (par exemple, [[Brûlure|brûlures]], traces de [[Morsure|morsures]]), et l'exclusion de [[Diagnostic différentiel|maladies sous-jacentes]] et de lésions accidentelles.</blockquote>Le critère diagnostique utilisé en France ne correspond donc pas à celui qui est soutenu par les autorités médicales des autres pays. Le critère français étant plus large, il pourrait englober à la fois des bébés maltraités et des bébés non maltraités, mais atteints de pathologies diverses, ou victimes de traumatismes crâniens accidentels causant les mêmes lésions.

== Nom du syndrome ==

Le nom lui-même du « syndrome du bébé secoué » a été questionné par certains auteurs parce qu'il dénommerait deux idées différentes :<ref name=":0" />

* un nourrisson victime de secouements violents de la part d'un adulte,
* un nourrisson présentant des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et éventuellement des lésions cérébrales, ou au moins l'un des éléments de cette « triade » de lésions, en l'absence d'un récit de traumatisme sévère.

Le [[Neurochirurgie|neurochirurgien]] à l'origine du syndrome du bébé secoué, [[Norman Guthkelch]], a proposé le terme « d'hémorragies rétinodurales du nourrisson » qui décrirait des signes spécifiques sans présupposer de leur étiologie<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Norman Guthkelch|titre=Problems of Infant Retino-Dural Hemorrhage with Minimal External Injury|périodique=Hous. J. Health L. & Pol'y|date=2011|issn=1534-7907|lire en ligne=https://heinonline.org/HOL/LandingPage?handle=hein.journals/hhpol12&div=14&id=&page=|pages=}}</ref>.

Un autre terme souvent utilisé, le « traumatisme crânien intentionnel », présenterait les mêmes limites, puisqu'il présupposerait une cause intentionnelle à des lésions données.


== Pathophysiologie ==
== Pathophysiologie ==
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=== Hémorragies rétiniennes ===
=== Hémorragies rétiniennes ===
La plupart des pédiatres pensent que les hémorragies rétiniennes du nourrisson proviennent des forces d'accélération causées par le secouement d'un nourrisson<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Alex V.|nom1=Levin|prénom2=Cindy W.|nom2=Christian|prénom3=Committee on Child Abuse and|nom3=Neglect|prénom4=Section on|nom4=Ophthalmology|titre=The Eye Examination in the Evaluation of Child Abuse|périodique=Pediatrics|volume=126|numéro=2|date=2010-08-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|pmid=20660545|doi=10.1542/peds.2010-1397|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/content/126/2/376|consulté le=2018-06-24|pages=376–380}}</ref>. Cependant, quelques médecins considèrent la possibilité d'autres mécanismes pathophysiologiques à l'origine de ces hémorragies, comme une hypertension intracrânienne<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Niels|nom1=Lynøe|prénom2=Göran|nom2=Elinder|prénom3=Boubou|nom3=Hallberg|prénom4=Måns|nom4=Rosén|titre=The scientific evidence regarding retinal haemorrhages. Response to Hellgren et al. and Levin|périodique=Acta Paediatrica|volume=106|numéro=7|date=2017-05-19|issn=0803-5253|doi=10.1111/apa.13896|lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1111/apa.13896|consulté le=2018-06-24|pages=1041–1042}}</ref>. Selon eux, un traumatisme ne serait donc pas toujours en cause dans les hémorragies rétiniennes du nourrisson<ref>{{Article|langue=En|prénom1=M P|nom1=Clarke|titre=Vitreoretinal traction is a major factor in causing the haemorrhagic retinopathy of abusive head injury? – No|périodique=Eye|volume=23|numéro=9|date=2009-08-07|issn=0950-222X|issn2=1476-5454|doi=10.1038/eye.2009.200|lire en ligne=http://www.nature.com/articles/eye2009200|consulté le=2018-06-25|pages=1761–1763}}</ref>.
La plupart des pédiatres pensent que les hémorragies rétiniennes du nourrisson proviennent des forces d'accélération causées par le secouement d'un nourrisson<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Alex V.|nom1=Levin|prénom2=Cindy W.|nom2=Christian|prénom3=Committee on Child Abuse and|nom3=Neglect|prénom4=Section on|nom4=Ophthalmology|titre=The Eye Examination in the Evaluation of Child Abuse|périodique=Pediatrics|volume=126|numéro=2|date=2010-08-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|pmid=20660545|doi=10.1542/peds.2010-1397|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/content/126/2/376|consulté le=2018-06-24|pages=376–380}}</ref>. Cependant, quelques médecins considèrent la possibilité d'autres mécanismes pathophysiologiques à l'origine de ces hémorragies, comme une hypertension intracrânienne<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Niels|nom1=Lynøe|prénom2=Göran|nom2=Elinder|prénom3=Boubou|nom3=Hallberg|prénom4=Måns|nom4=Rosén|titre=The scientific evidence regarding retinal haemorrhages. Response to Hellgren et al. and Levin|périodique=Acta Paediatrica|volume=106|numéro=7|date=2017-05-19|issn=0803-5253|doi=10.1111/apa.13896|lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1111/apa.13896|consulté le=2018-06-24|pages=1041–1042}}</ref>. Selon eux, un traumatisme ne serait donc pas toujours en cause dans les hémorragies rétiniennes du nourrisson<ref>{{Article|langue=En|prénom1=M P|nom1=Clarke|titre=Vitreoretinal traction is a major factor in causing the haemorrhagic retinopathy of abusive head injury? – No|périodique=Eye|volume=23|numéro=9|date=2009-08-07|issn=0950-222X|issn2=1476-5454|doi=10.1038/eye.2009.200|lire en ligne=http://www.nature.com/articles/eye2009200|consulté le=2018-06-25|pages=1761–1763}}</ref>.

Avant l'avènement du scanner cérébral, les médecins réalisaient un fond d'œil pour déceler la présence d'un hématome sous-dural. La présence d'hémorragies rétiniennes était en effet considérée comme étant [[pathognomonique]] d'un hématome sous-dural<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Kenneth|nom1=Till|titre=Subdural Haematoma and Effusion in Infancy|périodique=Br Med J|volume=3|numéro=5615|date=1968-08-17|issn=0007-1447|issn2=1468-5833|pmid=5667318|doi=10.1136/bmj.3.5615.400|lire en ligne=https://www.bmj.com/content/3/5615/400|consulté le=2018-06-15|pages=400–402}}</ref>.


=== Lésions cérébrales ===
=== Lésions cérébrales ===
Jusqu'au début des années 2000, les médecins pensaient que les lésions cérébrales retrouvées dans de nombreux diagnostics de bébés secoués étaient de nature traumatique ([[Lésion axonale diffuse|lésions axonales diffuses]])<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Mary E.|nom1=Case|prénom2=Michael A.|nom2=Graham|prénom3=Tracey Corey|nom3=Handy|prénom4=Jeffrey M.|nom4=Jentzen|titre=Position Paper on Fatal Abusive Head Injuries in Infants and Young Children|périodique=The American Journal of Forensic Medicine and Pathology|volume=22|numéro=2|date=2001-6|issn=0195-7910|lire en ligne=http://journals.lww.com/amjforensicmedicine/Fulltext/2001/06000/Position_Paper_on_Fatal_Abusive_Head_Injuries_in.2.aspx|consulté le=2018-06-25|pages=112}}</ref>. Depuis, il est communément admis que ces lésions cérébrales sont beaucoup plus souvent de nature [[Hypoxie|hypoxique]] ([[encéphalopathie]] hypoxique-ischémique) que de nature traumatique<ref name=":2" />.
Jusqu'au début des années 2000, les médecins pensaient que les lésions cérébrales retrouvées dans de nombreux diagnostics de bébés secoués étaient de nature traumatique ([[Lésion axonale diffuse|lésions axonales diffuses]])<ref name=":4" />. Depuis, il est communément admis que ces lésions cérébrales sont beaucoup plus souvent de nature [[Hypoxie|hypoxique]] ([[encéphalopathie]] hypoxique-ischémique) que de nature traumatique<ref name=":2" />.

== Qualité de la littérature clinique ==
Des milliers d'études cliniques publiées dans des revues internationales à comité de lecture depuis les années 1970 considèrent que la présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes chez le nourrisson est fortement évocatrice, si ce n'est [[pathognomonique]], d'un secouement violent<ref name=":2" />.

En 2016, l'instance gouvernementale [[Suède|suédoise]] chargée d'évaluer les pratiques médicales (SBU) a publié une [[revue systématique]] de la littérature sur le syndrome du bébé secoué. Ce rapport a conclu au « très faible niveau de preuves scientifiques » que la seule triade de lésions suffise à poser un diagnostic certain de secouement violent<ref name=":6">{{Lien web|langue=en|nom1=Services|prénom1=Statens beredning för medicinsk och social utvärdering (SBU); Swedish Agency for Health Technology Assessment and Assessment of Social|titre=Traumatic shaking – The role of the triad in medical investigations of suspected traumatic shaking|url=http://www.sbu.se/en/publications/sbu-assesses/traumatic-shaking--the-role-of-the-triad-in-medical-investigations-of-suspected-traumatic-shaking/|site=www.sbu.se|consulté le=2017-04-19}}</ref>.

Pour les auteurs de ce rapport, la démarche méthodologique de ces études souffrirait d'un biais de raisonnement appelé [[raisonnement circulaire]]. Selon eux, les études souffrant de ce biais feraient ''l'hypothèse'' que la triade seule permettrait le diagnostic du syndrome du bébé secoué. Dans ces études, ce critère serait alors utilisé comme critère d'inclusion pour la population étudiée. Cela ne permettrait donc pas d'aboutir à la ''conclusion'' que la triade est [[pathognomonique]] d'un secouement violent.

En réponse, la plupart des médecins anglo-saxons estiment qu'il n'y a pas de raisonnement circulaire dans la mesure où la seule présence de la triade chez un nourrisson ne suffirait jamais à aboutir à un diagnostic de secouement<ref name=":5" />. En effet, la démarche diagnostique actuellement soutenue par les institutions médicales anglo-saxonnes ne se limite pas à la seule présence de la triade.
== Chutes de faible hauteur ==

Tous les médecins reconnaissent que les chutes de faible hauteur du nourrisson (chute du canapé ou du lit, chute des bras de l'adulte, chute de la table à langer) sont fréquentes<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Harvey|nom1=Kravitz|prénom2=Gerald|nom2=Driessen|prénom3=Raymond|nom3=Gomberg|prénom4=Alvin|nom4=Korach|titre=Accidental Falls from Elevated Surfaces in Infants from Birth to One Year of Age|périodique=Pediatrics|volume=44|numéro=5|date=1969-11-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|pmid=5375003|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/content/44/5/869|consulté le=2018-06-22|pages=869–876}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=Suzanne B.|nom1=Haney|prénom2=Suzanne P.|nom2=Starling|prénom3=Kurt W.|nom3=Heisler|prénom4=Leonore|nom4=Okwara|titre=Characteristics of Falls and Risk of Injury in Children Younger Than 2 Years|périodique=Pediatric Emergency Care|volume=26|numéro=12|date=2010-12|issn=0749-5161|doi=10.1097/PEC.0b013e3181fe9139|lire en ligne=https://journals.lww.com/pec-online/Abstract/2010/12000/Characteristics_of_Falls_and_Risk_of_Injury_in.8.aspx|consulté le=2018-06-22|pages=914}}</ref>, mais que les lésions intracrâniennes graves ou fatales en découlant sont rares<ref>{{Article|langue=en|prénom1=P.|nom1=Burrows|prénom2=L.|nom2=Trefan|prénom3=R.|nom3=Houston|prénom4=J.|nom4=Hughes|titre=Head injury from falls in children younger than 6 years of age|périodique=Archives of Disease in Childhood|volume=100|numéro=11|date=2015-11-01|issn=0003-9888|issn2=1468-2044|pmid=26297697|doi=10.1136/archdischild-2014-307119|lire en ligne=https://adc.bmj.com/content/100/11/1032|consulté le=2018-06-22|pages=1032–1037}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Christopher S|nom1=Mulligan|prénom2=Susan|nom2=Adams|prénom3=Dimitra|nom3=Tzioumi|prénom4=Julie|nom4=Brown|titre=Injury from falls in infants under one year|périodique=Journal of Paediatrics and Child Health|volume=53|numéro=8|date=2017-06-26|issn=1034-4810|doi=10.1111/jpc.13568|lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1111/jpc.13568|consulté le=2018-06-22|pages=754–760}}</ref>. Pour cette raison, la majorité des médecins pensent que lorsqu'un nourrisson présente des lésions intracrâniennes graves et qu'un récit de chute est donné par les adultes en charge de l'enfant, alors le récit est falsifié et occulte des faits maltraitance qui ne sont pas immédiatement reconnus.

=== Existence des chutes graves ===

D'autres médecins pensent cependant que les chutes de faible hauteur graves ou fatales existent<ref>{{Article|langue=en-US|prénom1=John|nom1=Plunkett|titre=Fatal Pediatric Head Injuries Caused by Short-Distance Falls|périodique=The American Journal of Forensic Medicine and Pathology|volume=22|numéro=1|date=2001-3|issn=0195-7910|lire en ligne=https://journals.lww.com/amjforensicmedicine/Abstract/2001/03000/Fatal_Pediatric_Head_Injuries_Caused_by.1.aspx|consulté le=2018-06-15|pages=1}}</ref>.

Selon un rapport du Ministère du Procureur Général de l'Ontario datant de 2011<ref>{{Lien web|langue=|titre=Rapport du comité au Procureur Général : examen des décès dus au syndrome du bébé secoué - Ministère du Procureur général|url=https://www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca/french/about/pubs/sbdrt/sbdrt.html|site=www.attorneygeneral.jus.gov.on.ca|date=|consulté le=2018-06-22}}</ref> :<blockquote>Actuellement, on reconnaît qu'une chute accidentelle dans laquelle la tête percute le sol peut entraîner des traumatismes crâniens fatals chez les bébés et les enfants. Ceci survient rarement, mais peut se produire avec des chutes de faible hauteur et les chutes survenant dans les escaliers.</blockquote>

Plusieurs articles dans la littérature médicale rapportent des cas où des nourrissons ont présenté des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et un œdème cérébral après une chute de faible hauteur, la maltraitance ayant été écartée au cours des enquêtes<ref>{{Article|langue=english|prénom1=Ann-Christine|nom1=Duhaime|prénom2=Cindy|nom2=Christian|prénom3=Rocco|nom3=Armonda|prénom4=Jill|nom4=Hunter|titre=Disappearing Subdural Hematomas in Children|périodique=Pediatric Neurosurgery|volume=25|numéro=3|date=1996|issn=1016-2291|issn2=1423-0305|doi=10.1159/000121108|lire en ligne=http://www.karger.com/Article/FullText/121108|consulté le=2018-06-22|pages=116–122}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Patrick E.|nom1=Lantz|prénom2=Daniel E.|nom2=Couture|titre=Fatal Acute Intracranial Injury, Subdural Hematoma, and Retinal Hemorrhages Caused by Stairway Fall*|périodique=Journal of Forensic Sciences|volume=56|numéro=6|date=2011|issn=1556-4029|doi=10.1111/j.1556-4029.2011.01892.x/full|lire en ligne=http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1556-4029.2011.01892.x/full|consulté le=2018-06-22|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Joseph|nom1=Scheller|prénom2=Thierry A. G. M.|nom2=Huisman|titre=Moderate Bilateral Retinal Hemorrhages in an Infant Following a Short Fall|périodique=Clinical Pediatrics|volume=54|numéro=10|date=2014-10-13|issn=0009-9228|issn2=1938-2707|doi=10.1177/0009922814554501|lire en ligne=http://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0009922814554501|consulté le=2018-06-22|pages=999–1002}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Mark J.|nom1=Shuman|prénom2=Kenneth D.|nom2=Hutchins|titre=Severe Retinal Hemorrhages with Retinoschisis in Infants are Not Pathognomonic for Abusive Head Trauma|périodique=Journal of Forensic Sciences|volume=62|numéro=3|date=2016-12-16|issn=0022-1198|doi=10.1111/1556-4029.13336|lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1111/1556-4029.13336|consulté le=2018-06-22|pages=807–811}}</ref>.

Plusieurs parents en France<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=Pascale Frey|titre=C'est mon histoire : « Nous, parents maltraitants ? » - Elle|périodique=Elle|date=2018-02-03|issn=|lire en ligne=http://www.elle.fr/Love-Sexe/C-est-mon-histoire/C-est-mon-histoire-Nous-parents-maltraitants-3612368|consulté le=2018-06-22|pages=}}</ref> et dans le monde<ref>{{Lien web|langue=en-US|titre=Zavion Johnson - National Registry of Exonerations|url=https://www.law.umich.edu/special/exoneration/Pages/casedetail.aspx?caseid=5264|site=www.law.umich.edu|consulté le=2018-06-22}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Can a Sign or Occult Finding Predict a Causal Relationship: How to Reason about Possible Child Abuse Symposium: Child Abuse Evidence: New Perspectives from Law, Medicine, Psychology & Statistics: Keynote Address 50 University of Michigan Journal of Law Reform 2016-2017|url=https://heinonline.org/HOL/LandingPage?handle=hein.journals/umijlr50&div=28&id=&page=|site=heinonline.org|consulté le=2018-06-22}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Sarah Dowling|titre=Woodland father found not guilty in son's death|périodique=Daily Democrat|date=21/05/2014|issn=|lire en ligne=http://www.dailydemocrat.com/general-news/20140521/woodland-father-found-not-guilty-in-sons-death|consulté le=2018-06-22|pages=}}</ref> ont été exonérés suite à une chute grave ou fatale d'un nourrisson.

=== Facteurs de risque ===

Les facteurs qui influeraient sur la sévérité des lésions suite à une chute de faible hauteur comprendraient notamment la hauteur de chute, l'âge de l'enfant, la position du corps lors de la chute, le point d'impact, le type de surface au sol, d'éventuelles fragilités physiologiques comme un élargissement des espaces sous-arachnoïdiens, des troubles de la coagulation, des anomalies du tissu conjonctif, ou d'autres pathologies pouvant rendre l'enfant plus vulnérable à des chutes<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Sarah Sullivan|auteur2=Brittany Coats|auteur3=Susan Margulies|titre=Biofidelic neck influences head kinematics of parietal and occipital impacts following short falls in infants|périodique=Accident Analysis & Prevention|volume=82|date=2015-09-01|issn=0001-4575|doi=10.1016/j.aap.2015.05.020|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0001457515002171|consulté le=2018-06-22|pages=143–153}}</ref>.

À hauteur équivalente, les chutes sur un sol dur (parquet, carrelage, béton) pourraient provoquer des lésions à la tête plus graves que les chutes sur un matelas ou une moquette épaisse selon des études biomécaniques<ref>{{Article|prénom1=Nicole G.|nom1=Ibrahim|prénom2=Susan S.|nom2=Margulies|titre=Biomechanics of the toddler head during low-height falls: an anthropomorphic dummy analysis|périodique=Journal of Neurosurgery: Pediatrics|volume=6|numéro=1|date=2010-07|issn=1933-0707|issn2=1933-0715|doi=10.3171/2010.3.peds09357|lire en ligne=http://thejns.org/doi/abs/10.3171/2010.3.PEDS09357|consulté le=2018-06-22|pages=57–68}}</ref>.

Par ailleurs, la littérature en neurologie pédiatrique suggère que l'[[Hydrocéphalie|élargissement des espaces sous-arachnoïdiens]] augmenterait la survenue d'hématomes sous-duraux suite à un impact à la tête, comme lors d'une chute de faible hauteur<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Matthieu|nom1=Vinchon|prénom2=Isabelle|nom2=Delestret|prénom3=Sabine|nom3=DeFoort-Dhellemmes|prénom4=Marie|nom4=Desurmont|titre=Subdural hematoma in infants: can it occur spontaneously? Data from a prospective series and critical review of the literature|périodique=Child's Nervous System|volume=26|numéro=9|date=2010-09-01|issn=0256-7040|issn2=1433-0350|doi=10.1007/s00381-010-1105-2|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s00381-010-1105-2|consulté le=2017-04-19|pages=1195–1205}}</ref>. Comme cette pathologie s'accompagne souvent d'une [[macrocéphalie]] (périmètre crânien significativement supérieur à la moyenne), il pourrait être recommandé aux parents de nourrissons qui ont un périmètre crânien élevé d'éviter les chutes et les traumatismes bénins à la tête pour éviter les complications.

=== Arguments biomécaniques ===

Certaines études [[Biomécanique|biomécaniques]] suggèrent que les impacts à la tête pourraient générer des forces plus importantes qu'un secouement, et donc causer des lésions plus graves<ref>{{Article|prénom1=Ann-Christine|nom1=Duhaime|prénom2=Thomas A.|nom2=Gennarelli|prénom3=Lawrence E.|nom3=Thibault|prénom4=Derek A.|nom4=Bruce|titre=The shaken baby syndrome|périodique=Journal of Neurosurgery|volume=66|numéro=3|date=1987-03|issn=0022-3085|doi=10.3171/jns.1987.66.3.0409|lire en ligne=https://doi.org/10.3171/jns.1987.66.3.0409|consulté le=2018-06-15|pages=409–415}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Michael T.|nom1=Prange|prénom2=Brittany|nom2=Coats|prénom3=Ann-Christine|nom3=Duhaime|prénom4=Susan S.|nom4=Margulies|titre=Anthropomorphic simulations of falls, shakes, and inflicted impacts in infants|périodique=Journal of Neurosurgery|volume=99|numéro=1|date=2003-07|issn=0022-3085|doi=10.3171/jns.2003.99.1.0143|lire en ligne=http://europepmc.org/abstract/med/12854757|consulté le=2018-06-15|pages=143–150}}</ref>.
== Validité scientifique des aveux ==

La plupart des médecins estiment que tous les aveux de secouements, lorsqu'ils sont obtenus à la suite d'un diagnostic du syndrome du bébé secoué, sont authentiques et valident donc a posteriori le diagnostic.

=== Base de preuve du diagnostic ===

Il est généralement admis par les médecins que l'existence de ces secouements fournit la principale preuve scientifique que les diagnostics sont valides.

Ainsi, selon un médecin américain<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jenny,|nom1=Carole.|titre=Child abuse and neglect : diagnosis, treatment, and evidence|éditeur=Saunders/Elsevier|date=2011|isbn=9781437736212|isbn2=1437736211|oclc=694454550|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/694454550}}</ref> :<blockquote>L'observation constante et répétée que les aveux de secouements résultent en des lésions stéréotypées qui sont si fréquemment rencontrées dans le traumatisme crânien intentionnel [...] ''est'' la base de la preuve du secouement.</blockquote>

Selon un radiologue américain<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Peter J.|nom1=Strouse|titre=Shaken baby syndrome is real|périodique=Pediatric Radiology|date=2018-05-23|issn=0301-0449|issn2=1432-1998|doi=10.1007/s00247-018-4158-0|lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/s00247-018-4158-0|consulté le=2018-06-23}}</ref> :<blockquote>Il est invraisemblable de penser que des centaines (si ce n'est des milliers) d'aveux soient faux alors qu'ils sont si étrangement similaires d'une fois à l'autre...</blockquote>
=== Fréquence des aveux de secouements ===

Dans les diagnostics du syndrome du bébé secoué, les gestes ne sont quasiment jamais reconnus immédiatement. C'est au cours des procédures judiciaires (notamment lors des interrogatoires de police) que des aveux peuvent être obtenus<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Catherine|nom1=Adamsbaum|prénom2=Sophie|nom2=Grabar|prénom3=Nathalie|nom3=Mejean|prénom4=Caroline|nom4=Rey-Salmon|titre=Abusive Head Trauma: Judicial Admissions Highlight Violent and Repetitive Shaking|périodique=Pediatrics|volume=126|numéro=3|date=2010-09-01|issn=0031-4005|issn2=1098-4275|pmid=20696720|doi=10.1542/peds.2009-3647|lire en ligne=http://pediatrics.aappublications.org/content/126/3/546|consulté le=2018-06-23|pages=546–555}}</ref>. Ces aveux sont relativement rares, cependant<ref>{{Article|prénom1=Neil|nom1=Stoodley|titre=Non-accidental head injury in children: gathering the evidence|périodique=The Lancet|volume=360|numéro=9329|date=2002-07|issn=0140-6736|doi=10.1016/s0140-6736(02)09563-6|lire en ligne=http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0140673602095636|consulté le=2018-06-23|pages=271–272}}</ref>. En 2005, une revue de la littérature médicale entre 1969 et 2001 a recensé 324 rapports de cas détaillés de diagnostics de bébés secoués. Il y avait 54 cas avec aveux, et seuls 11 d'entre eux ne montraient aucun signe d'impact, ce qui est caractéristique du syndrome du bébé secoué<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Jan E.|nom1=Leestma|titre=Case Analysis of Brain-Injured Admittedly Shaken Infants|périodique=The American Journal of Forensic Medicine and Pathology|volume=26|numéro=3|date=2005-09|issn=0195-7910|doi=10.1097/01.paf.0000164228.79784.5a|lire en ligne=https://insights.ovid.com/crossref?an=00000433-200509000-00001|consulté le=2018-06-23|pages=199–212}}</ref>.

=== Fiabilité des aveux ===

Pour un médecin français qui a participé à l'élaboration des recommandations nationales sur le syndrome du bébé secoué en 2011<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Haute Autorité de Santé - Bébé secoué : une forme mal connue de maltraitance aux conséquences irréparables|url=https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1095926/fr/bebe-secoue-une-forme-mal-connue-de-maltraitance-aux-consequences-irreparables|site=www.has-sante.fr|consulté le=2018-06-26}}</ref>, les médecins « n'ont pas la compétence pour décider si des aveux sont authentiques ou non »<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Matthieu|nom1=Vinchon|titre=Response to Lyn∅e: questions about isolated trauma shaking and confessions|périodique=Child's Nervous System|volume=33|numéro=9|date=2017-07-18|issn=0256-7040|issn2=1433-0350|doi=10.1007/s00381-017-3516-9|lire en ligne=http://link.springer.com/10.1007/s00381-017-3516-9|consulté le=2018-06-23|pages=1423–1424}}</ref>. Par ailleurs :

<blockquote>La valeur scientifique [des aveux] ne devrait pas être poussée trop loin (...), notamment en ce qui concerne la datation du traumatisme, puisque les auteurs du geste ont généralement des souvenirs peu fiables, et parce que de nombreux aveux de secouements concernent un épisode unique alors que les preuves médicales suggèrent des secouements répétés.</blockquote>

En Suède, les auteurs du rapport gouvernemental de 2016 sur le syndrome du bébé secoué ont choisi comme critère d'inclusion dans leur revue systématique l'existence d'aveux de secouements dans les études cliniques<ref name=":6" />. Selon ces auteurs cependant, « à cause du risque de faux aveux, tous les aveux dans ces études doivent être considérés avec prudence. »

=== Les « faux aveux » ===
{{Article détaillé|Faux aveux|}}
Tous les médecins reconnaissent que tout ou partie des aveux de secouements ou de violences infligées sont authentiques et valident donc le diagnostic de maltraitance dans ces cas-là.


Certains médecins et juristes pensent cependant que d'autres aveux pourraient ne pas être authentiques<ref>{{Article|langue=en|auteur1=|prénom1=Catherine|nom1=White|titre=Comment: 'I Did Not Hurt Him...This Is a Nightmare': The Introduction of False, But Not Fabricated, Forensic Evidence in Police Interrogations|périodique=Wisconsin Law Review|éditeur=Social Science Research Network|date=2015-05-14|issn=|lire en ligne=https://papers.ssrn.com/abstract=2606419|consulté le=2018-06-23|pages=}}</ref>.
== Littérature clinique ==
Des milliers d'études cliniques publiées dans des revues internationales à comité de lecture depuis les années 1970 considèrent que la présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes chez le nourrisson est fortement évocatrice, si ce n'est pathognomonique, d'un secouement violent<ref>{{Article|langue=en|prénom1=I.|nom1=Blumenthal|titre=Shaken baby syndrome|périodique=Postgraduate Medical Journal|volume=78|numéro=926|date=2002-12-01|issn=0032-5473|issn2=1469-0756|pmid=12509690|pmcid=PMC1757926|doi=10.1136/pmj.78.926.732|lire en ligne=http://pmj.bmj.com/content/78/926/732|consulté le=2018-06-24|pages=732–735}}</ref>.


De manière générale, les [[Criminologie|criminologues]] reconnaissent l'existence de [[faux aveux]] parfois obtenus au cours des [[Interrogatoire|interrogatoires de police]]. Ainsi, aux États-Unis, parmi les personnes emprisonnées à tort puis exonérées suite à des [[Analyse génétique|analyses ADN]], 15% à 25% d'entre elles avaient fait de faux aveux<ref>{{Article|langue=en-US|auteur1=|titre=False Confessions or Admissions - Innocence Project|périodique=Innocence Project|date=2017|issn=|lire en ligne=https://www.innocenceproject.org/causes/false-confessions-admissions/|consulté le=2018-06-23|pages=}}</ref>.
En 2016, l'instance gouvernementale [[Suède|suédoise]] chargée d'évaluer les pratiques médicales (SBU) a publié une [[revue systématique]] de la littérature sur le syndrome du bébé secoué. Ce rapport a conclu au « très faible niveau de preuves scientifiques » que la seule triade de lésions suffise à poser un diagnostic certain de secouement violent<ref>{{Lien web|langue=en|nom1=Services|prénom1=Statens beredning för medicinsk och social utvärdering (SBU); Swedish Agency for Health Technology Assessment and Assessment of Social|titre=Traumatic shaking – The role of the triad in medical investigations of suspected traumatic shaking|url=http://www.sbu.se/en/publications/sbu-assesses/traumatic-shaking--the-role-of-the-triad-in-medical-investigations-of-suspected-traumatic-shaking/|site=www.sbu.se|consulté le=2017-04-19}}</ref>.


Les raisons conduisant une personne innocente à reconnaître, au cours d'un interrogatoire de police, des faits qu'elle n'a pas commis, sont complexes. Elles dépendent des circonstances et de la dynamique de l'interrogatoire, des techniques d'interrogatoire utilisées par les enquêteurs, ainsi que de la [[psychologie]] des enquêteurs et du suspect. Selon un chercheur en psychologie<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Interrogations and False Confessions: A Psychological Perspective - ProQuest|url=https://search.proquest.com/openview/2d14e82c923080bcf4ce4719b7fe8cf9/1?pq-origsite=gscholar|site=search.proquest.com|consulté le=2018-06-23}}</ref> :
Pour les auteurs de ce rapport, la démarche méthodologique de ces études souffrirait d'un biais de raisonnement appelé [[raisonnement circulaire]]. Selon eux, les études souffrant de ce biais feraient l'hypothèse que la triade seule permettrait le diagnostic du syndrome du bébé secoué. Dans ces études, ce critère serait utilisé comme critère d'inclusion pour la population étudiée. Cela ne permettrait donc pas d'aboutir à la conclusion que la triade est pathognomonique d'un secouement violent.


<blockquote>Le diagnostic de bébé secoué procure aux enquêteurs une arme puissante. Si la science médicale « prouve » la cause du décès, un enquêteur interrogeant le suspect peut (et il le fera) confronter l'accusé avec cette preuve irréfutable de culpabilité. Un parent confronté à la détresse suite à la mort de son enfant subit aussi le choc d'être accusé de l'avoir tué. La culpabilité, le désespoir, et l'auto reproche peuvent plonger un parent angoissé dans un état d'abattement dans lequel il interiorise sa responsabilité. Un tel « aveu » ferait sens à la fois pour l'accusé et pour ceux qui l'accusent. L'aveu, même s'il est faux, combiné avec la « preuve » médicale, serait très convaincant devant un jury.</blockquote>Selon des médecins et juristes :<ref name=":0" />
En réponse, la plupart des médecins anglo-saxons estiment qu'il n'y a pas de raisonnement circulaire dans la mesure où la seule présence de la triade chez un nourrisson ne suffirait jamais à aboutir à un diagnostic de secouement<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Dawn|nom1=Saunders|prénom2=Maria|nom2=Raissaki|prénom3=Sabah|nom3=Servaes|prénom4=Catherine|nom4=Adamsbaum|titre=Throwing the baby out with the bath water — response to the Swedish Agency for Health Technology Assessment and Assessment of Social Services (SBU) report on traumatic shaking|périodique=Pediatric Radiology|volume=47|numéro=11|date=2017-08-07|issn=0301-0449|issn2=1432-1998|pmid=28785782|pmcid=PMC5608779|doi=10.1007/s00247-017-3932-8|lire en ligne=https://link.springer.com/article/10.1007/s00247-017-3932-8|consulté le=2018-06-15|pages=1386–1389}}</ref>. En effet, la démarche diagnostique actuellement soutenue par les institutions médicales anglo-saxonnes ne se limite pas à la seule présence de la triade.


<blockquote>Lorsqu'ils sont confrontés à des « preuves » de secouement ou d'impact, des parents peuvent essayer de se souvenir de ce qu'ils ont pu faire, et se rappeler d'incidents mineurs qui sont alors considérés comme des aveux ou des histoires fluctuantes. Certains de ces interrogatoires surviennent immédiatement après la mort d'un enfant, lorsque des parents ou nounous éperdu(e)s peuvent être particulièrement vulnérables à la suggestion, à la manipulation, et aux trous de mémoire.</blockquote>
== Détermination de l'intentionnalité des lésions ==
== Détermination de l'intentionnalité des lésions ==
En France, c'est le diagnostic médical de maltraitance, posé en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes, qui permet de certifier l'intentionnalité criminelle du geste<ref name=":1" />.
En France, c'est le diagnostic médical de maltraitance, posé en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes, qui permet de certifier l'intentionnalité criminelle du geste<ref name=":1" />.

Version du 26 juin 2018 à 11:05

Le syndrome du bébé secoué (SBS) est un diagnostic médical établissant, à partir d'un ensemble de signes cliniques, qu'un nourrisson a été victime d'un traumatisme crânien intentionnel, comme par exemple un secouement violent. L'existence de la maltraitance infantile, l'existence des bébés victimes de secouements violents, l'existence des infanticides, et l'existence des traumatismes crâniens intentionnels du nourrisson ne font pas débat au sein des communauté médicales et juridiques. Cependant, le degré de certitude qui peut être associé à la survenue d'un traumatisme crânien intentionnel à partir de la seule découverte d'un petit nombre de signes cliniques spécifiques (en particulier un hématome sous-dural et des hémorragies rétiniennes), ainsi que la démarche diagnostique permettant d'aboutir à cette conclusion, font l'objet d'une controverse scientifique, médico-légale, et judiciaire dans le monde depuis la fin des années 1990[1],[2],[3]. Des diagnostics incorrects pourraient avoir des conséquences judiciaires significatives.

Consensus

Un certain nombre d'idées bénéficient d'un consensus total au sein des communautés médicales et juridiques :

  • La maltraitance infantile est répandue dans toutes les sociétés du monde, à des degrés divers.
  • Les médecins ont la responsabilité et le devoir de signaler aux autorités tous les enfants qu'ils estiment être en danger dans leur environnement familial, en vue de les protéger de possibles maltraitances futures.
  • La lutte contre toutes les maltraitances est nécessaire et doit être continuellement développée dans le cadre de politiques publiques adaptées.
  • Une proportion significative des adultes déclarent secouer leurs bébés en réponse à des pleurs jugés excessifs.
  • Le secouement d'un enfant est à la fois inadapté, dangereux, et pénalement répréhensible.
  • La prévention contre le secouement et contre tous les gestes et comportements violents, brusques, et inadaptés à l'égard d'un enfant est indispensable et doit être développée.
  • De nombreux enfants recevant le diagnostic du syndrome du bébé secoué ou du traumatisme crânien intentionnel ont bel et bien fait l'objet de violences volontaires graves conduisant à des lésions ou à la mort.

Pour des médecins et juristes faisant partie d'un courant de pensée minoritaire :[4]

Malgré l'intensité des débats autour de la validité du syndrome du bébé secoué/traumatisme crânien intentionnel, il y a en réalité un consensus croissant, bien que fréquemment implicite, sur la nature du problème et les erreurs dans les hypothèses. Aujourd'hui, il y a un consensus général sur le fait que la maltraitance infantile a historiquement été ignorée et que les violences volontaires peuvent produire des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et des lésions cérébrales — la « triade » de signes médicaux qui a traditionnellement été utilisée pour confirmer le secouement ou d'autres formes de maltraitance. Il y a aussi un consensus général sur le fait que secouer violemment un bébé est inacceptable et peut causer des blessures sérieuses ou même la mort.

Démarche diagnostique

Au-delà de ces idées consensuelles, celles qui font débat sont plus techniques. Le principal point de discussion a trait à un critère diagnostique spécifique : chez un nourrisson présentant des hématomes sous-duraux et/ou des hémorragies rétiniennes d'origine inexpliquée, l'existence d'un secouement violent ou d'un traumatisme intentionnel est-elle certaine ?[4]

Selon un rapport de la Haute Autorité de Santé datant de 2017, le diagnostic du syndrome du bébé secoué est « certain » lorsqu'un nourrisson présente des hématomes sous-duraux et des hémorragies rétiniennes d'origine inexpliquée[5].

Cette démarche diagnostique a également été appliquée dans le monde entre les années 1970 et les années 2000[6]. Le terme de « triade » est souvent utilisé à ce propos, car les hématomes sous-duraux et les hémorragies rétiniennes du nourrisson sont régulièrement associés à des lésions cérébrales[7].

Cependant, de nouvelles données scientifiques ont été obtenues au cours des années 2000[3]. Depuis le début des années 2010, les autorités médicales des pays anglo-saxons et de certains pays européens (à l'exclusion de la France) déclarent donc non seulement que ce critère ne permet pas d'aboutir à un diagnostic certain de maltraitance, mais aussi qu'il n'est jamais utilisé en pratique[8].

Selon la démarche diagnostique actuellement reconnue en dehors de la France, la maltraitance doit être évoquée mais non certifiée en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes. De nombreux examens complémentaires sont nécessaires pour rechercher la présence d'autres signes traumatiques et pour éliminer des diagnostics différentiels. Pour des radiologues de plusieurs pays :[9]

La caractérisation de la « triade » [hématomes sous-duraux, hémorragies rétiniennes, et parfois lésions cérébrales] comme seule preuve suffisante d'un diagnostic de traumatisme crânien intentionnel est trompeuse. (...) Nous ne concluons pas à la maltraitance suite à la seule présence de la triade. (....) Les autres possibilités sont toujours exclues avant ou après le recours à une équipe multidisciplinaire de protection infantile. Nous suivons une approche diagnostique rigoureuse, et nous n'isolons pas les lésions intracrâniennes des autres lésions (par exemple, fractures métaphysaires et fractures des côtes). Le diagnostic de maltraitance se base sur un examen minutieux de toutes les données disponibles, ce qui inclut souvent les informations identifiées et évaluées par une équipe multidisciplinaire spécifique, une constellation de signes objectivés à l'imagerie au niveau de l'encéphale, des os, du cou, de la mœlle et de l'abdomen, des lésions ophtalmiques, les interrogatoires des parents et nounous, les données d'autopsies, la présence de blessures supplémentaires ou anciennes sur l'enfant ou ses frères et sœurs, la présence d'autres blessures suspectes (par exemple, brûlures, traces de morsures), et l'exclusion de maladies sous-jacentes et de lésions accidentelles.

Le critère diagnostique utilisé en France ne correspond donc pas à celui qui est soutenu par les autorités médicales des autres pays. Le critère français étant plus large, il pourrait englober à la fois des bébés maltraités et des bébés non maltraités, mais atteints de pathologies diverses, ou victimes de traumatismes crâniens accidentels causant les mêmes lésions.

Nom du syndrome

Le nom lui-même du « syndrome du bébé secoué » a été questionné par certains auteurs parce qu'il dénommerait deux idées différentes :[4]

  • un nourrisson victime de secouements violents de la part d'un adulte,
  • un nourrisson présentant des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et éventuellement des lésions cérébrales, ou au moins l'un des éléments de cette « triade » de lésions, en l'absence d'un récit de traumatisme sévère.

Le neurochirurgien à l'origine du syndrome du bébé secoué, Norman Guthkelch, a proposé le terme « d'hémorragies rétinodurales du nourrisson » qui décrirait des signes spécifiques sans présupposer de leur étiologie[10].

Un autre terme souvent utilisé, le « traumatisme crânien intentionnel », présenterait les mêmes limites, puisqu'il présupposerait une cause intentionnelle à des lésions données.

Pathophysiologie

Tous les médecins reconnaissent que beaucoup reste à découvrir sur la pathophysiologie des lésions du syndrome du bébé secoué[11]. Au cours des années 2000, le consensus sur la nature des lésions (notamment cérébrales) a évolué : les lésions qui étaient auparavant considérées comme de nature traumatique sont en fait plutôt de nature hypoxique[4].

Hématomes sous-duraux

Le fait que des accélérations angulaires importantes de la tête pendant un traumatisme violent (« coup du lapin » ou impact) puisse provoquer une rupture traumatique des veines reliant le cerveau à la dure-mère, et par conséquent des hémorragies sous-arachnoïdiennes ou sous-durales, fait consensus au sein de la communauté médicale[12].

Depuis 2001, plusieurs études en neuropathologie ont suggéré que la dure-mère elle-même pouvait aussi être une autre source de saignements dans certaines conditions pathologiques[13] et pas forcément traumatiques[14]. Ces découvertes remettent en question l'idée que tout hématome sous-dural est d'origine traumatique chez le nourrisson[15].

Hémorragies rétiniennes

La plupart des pédiatres pensent que les hémorragies rétiniennes du nourrisson proviennent des forces d'accélération causées par le secouement d'un nourrisson[16]. Cependant, quelques médecins considèrent la possibilité d'autres mécanismes pathophysiologiques à l'origine de ces hémorragies, comme une hypertension intracrânienne[17]. Selon eux, un traumatisme ne serait donc pas toujours en cause dans les hémorragies rétiniennes du nourrisson[18].

Avant l'avènement du scanner cérébral, les médecins réalisaient un fond d'œil pour déceler la présence d'un hématome sous-dural. La présence d'hémorragies rétiniennes était en effet considérée comme étant pathognomonique d'un hématome sous-dural[19].

Lésions cérébrales

Jusqu'au début des années 2000, les médecins pensaient que les lésions cérébrales retrouvées dans de nombreux diagnostics de bébés secoués étaient de nature traumatique (lésions axonales diffuses)[6]. Depuis, il est communément admis que ces lésions cérébrales sont beaucoup plus souvent de nature hypoxique (encéphalopathie hypoxique-ischémique) que de nature traumatique[12].

Qualité de la littérature clinique

Des milliers d'études cliniques publiées dans des revues internationales à comité de lecture depuis les années 1970 considèrent que la présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes chez le nourrisson est fortement évocatrice, si ce n'est pathognomonique, d'un secouement violent[12].

En 2016, l'instance gouvernementale suédoise chargée d'évaluer les pratiques médicales (SBU) a publié une revue systématique de la littérature sur le syndrome du bébé secoué. Ce rapport a conclu au « très faible niveau de preuves scientifiques » que la seule triade de lésions suffise à poser un diagnostic certain de secouement violent[20].

Pour les auteurs de ce rapport, la démarche méthodologique de ces études souffrirait d'un biais de raisonnement appelé raisonnement circulaire. Selon eux, les études souffrant de ce biais feraient l'hypothèse que la triade seule permettrait le diagnostic du syndrome du bébé secoué. Dans ces études, ce critère serait alors utilisé comme critère d'inclusion pour la population étudiée. Cela ne permettrait donc pas d'aboutir à la conclusion que la triade est pathognomonique d'un secouement violent.

En réponse, la plupart des médecins anglo-saxons estiment qu'il n'y a pas de raisonnement circulaire dans la mesure où la seule présence de la triade chez un nourrisson ne suffirait jamais à aboutir à un diagnostic de secouement[9]. En effet, la démarche diagnostique actuellement soutenue par les institutions médicales anglo-saxonnes ne se limite pas à la seule présence de la triade.

Chutes de faible hauteur

Tous les médecins reconnaissent que les chutes de faible hauteur du nourrisson (chute du canapé ou du lit, chute des bras de l'adulte, chute de la table à langer) sont fréquentes[21],[22], mais que les lésions intracrâniennes graves ou fatales en découlant sont rares[23],[24]. Pour cette raison, la majorité des médecins pensent que lorsqu'un nourrisson présente des lésions intracrâniennes graves et qu'un récit de chute est donné par les adultes en charge de l'enfant, alors le récit est falsifié et occulte des faits maltraitance qui ne sont pas immédiatement reconnus.

Existence des chutes graves

D'autres médecins pensent cependant que les chutes de faible hauteur graves ou fatales existent[25].

Selon un rapport du Ministère du Procureur Général de l'Ontario datant de 2011[26] :

Actuellement, on reconnaît qu'une chute accidentelle dans laquelle la tête percute le sol peut entraîner des traumatismes crâniens fatals chez les bébés et les enfants. Ceci survient rarement, mais peut se produire avec des chutes de faible hauteur et les chutes survenant dans les escaliers.

Plusieurs articles dans la littérature médicale rapportent des cas où des nourrissons ont présenté des hématomes sous-duraux, des hémorragies rétiniennes, et un œdème cérébral après une chute de faible hauteur, la maltraitance ayant été écartée au cours des enquêtes[27],[28],[29],[30].

Plusieurs parents en France[31] et dans le monde[32],[33],[34] ont été exonérés suite à une chute grave ou fatale d'un nourrisson.

Facteurs de risque

Les facteurs qui influeraient sur la sévérité des lésions suite à une chute de faible hauteur comprendraient notamment la hauteur de chute, l'âge de l'enfant, la position du corps lors de la chute, le point d'impact, le type de surface au sol, d'éventuelles fragilités physiologiques comme un élargissement des espaces sous-arachnoïdiens, des troubles de la coagulation, des anomalies du tissu conjonctif, ou d'autres pathologies pouvant rendre l'enfant plus vulnérable à des chutes[35].

À hauteur équivalente, les chutes sur un sol dur (parquet, carrelage, béton) pourraient provoquer des lésions à la tête plus graves que les chutes sur un matelas ou une moquette épaisse selon des études biomécaniques[36].

Par ailleurs, la littérature en neurologie pédiatrique suggère que l'élargissement des espaces sous-arachnoïdiens augmenterait la survenue d'hématomes sous-duraux suite à un impact à la tête, comme lors d'une chute de faible hauteur[37]. Comme cette pathologie s'accompagne souvent d'une macrocéphalie (périmètre crânien significativement supérieur à la moyenne), il pourrait être recommandé aux parents de nourrissons qui ont un périmètre crânien élevé d'éviter les chutes et les traumatismes bénins à la tête pour éviter les complications.

Arguments biomécaniques

Certaines études biomécaniques suggèrent que les impacts à la tête pourraient générer des forces plus importantes qu'un secouement, et donc causer des lésions plus graves[38],[39].

Validité scientifique des aveux

La plupart des médecins estiment que tous les aveux de secouements, lorsqu'ils sont obtenus à la suite d'un diagnostic du syndrome du bébé secoué, sont authentiques et valident donc a posteriori le diagnostic.

Base de preuve du diagnostic

Il est généralement admis par les médecins que l'existence de ces secouements fournit la principale preuve scientifique que les diagnostics sont valides.

Ainsi, selon un médecin américain[40] :

L'observation constante et répétée que les aveux de secouements résultent en des lésions stéréotypées qui sont si fréquemment rencontrées dans le traumatisme crânien intentionnel [...] est la base de la preuve du secouement.

Selon un radiologue américain[41] :

Il est invraisemblable de penser que des centaines (si ce n'est des milliers) d'aveux soient faux alors qu'ils sont si étrangement similaires d'une fois à l'autre...

Fréquence des aveux de secouements

Dans les diagnostics du syndrome du bébé secoué, les gestes ne sont quasiment jamais reconnus immédiatement. C'est au cours des procédures judiciaires (notamment lors des interrogatoires de police) que des aveux peuvent être obtenus[42]. Ces aveux sont relativement rares, cependant[43]. En 2005, une revue de la littérature médicale entre 1969 et 2001 a recensé 324 rapports de cas détaillés de diagnostics de bébés secoués. Il y avait 54 cas avec aveux, et seuls 11 d'entre eux ne montraient aucun signe d'impact, ce qui est caractéristique du syndrome du bébé secoué[44].

Fiabilité des aveux

Pour un médecin français qui a participé à l'élaboration des recommandations nationales sur le syndrome du bébé secoué en 2011[45], les médecins « n'ont pas la compétence pour décider si des aveux sont authentiques ou non »[46]. Par ailleurs :

La valeur scientifique [des aveux] ne devrait pas être poussée trop loin (...), notamment en ce qui concerne la datation du traumatisme, puisque les auteurs du geste ont généralement des souvenirs peu fiables, et parce que de nombreux aveux de secouements concernent un épisode unique alors que les preuves médicales suggèrent des secouements répétés.

En Suède, les auteurs du rapport gouvernemental de 2016 sur le syndrome du bébé secoué ont choisi comme critère d'inclusion dans leur revue systématique l'existence d'aveux de secouements dans les études cliniques[20]. Selon ces auteurs cependant, « à cause du risque de faux aveux, tous les aveux dans ces études doivent être considérés avec prudence. »

Les « faux aveux »

Tous les médecins reconnaissent que tout ou partie des aveux de secouements ou de violences infligées sont authentiques et valident donc le diagnostic de maltraitance dans ces cas-là.

Certains médecins et juristes pensent cependant que d'autres aveux pourraient ne pas être authentiques[47].

De manière générale, les criminologues reconnaissent l'existence de faux aveux parfois obtenus au cours des interrogatoires de police. Ainsi, aux États-Unis, parmi les personnes emprisonnées à tort puis exonérées suite à des analyses ADN, 15% à 25% d'entre elles avaient fait de faux aveux[48].

Les raisons conduisant une personne innocente à reconnaître, au cours d'un interrogatoire de police, des faits qu'elle n'a pas commis, sont complexes. Elles dépendent des circonstances et de la dynamique de l'interrogatoire, des techniques d'interrogatoire utilisées par les enquêteurs, ainsi que de la psychologie des enquêteurs et du suspect. Selon un chercheur en psychologie[49] :

Le diagnostic de bébé secoué procure aux enquêteurs une arme puissante. Si la science médicale « prouve » la cause du décès, un enquêteur interrogeant le suspect peut (et il le fera) confronter l'accusé avec cette preuve irréfutable de culpabilité. Un parent confronté à la détresse suite à la mort de son enfant subit aussi le choc d'être accusé de l'avoir tué. La culpabilité, le désespoir, et l'auto reproche peuvent plonger un parent angoissé dans un état d'abattement dans lequel il interiorise sa responsabilité. Un tel « aveu » ferait sens à la fois pour l'accusé et pour ceux qui l'accusent. L'aveu, même s'il est faux, combiné avec la « preuve » médicale, serait très convaincant devant un jury.

Selon des médecins et juristes :[4]

Lorsqu'ils sont confrontés à des « preuves » de secouement ou d'impact, des parents peuvent essayer de se souvenir de ce qu'ils ont pu faire, et se rappeler d'incidents mineurs qui sont alors considérés comme des aveux ou des histoires fluctuantes. Certains de ces interrogatoires surviennent immédiatement après la mort d'un enfant, lorsque des parents ou nounous éperdu(e)s peuvent être particulièrement vulnérables à la suggestion, à la manipulation, et aux trous de mémoire.

Détermination de l'intentionnalité des lésions

En France, c'est le diagnostic médical de maltraitance, posé en présence d'hématomes sous-duraux et d'hémorragies rétiniennes, qui permet de certifier l'intentionnalité criminelle du geste[5].

En revanche, des sociétés savantes pédiatriques et radiologiques de plusieurs pays en dehors de la France estiment que ce n'est pas au corps médical, mais plutôt à la justice d'évaluer le degré de certitude qu'un enfant a été victime d'un traumatisme infligé, et d'évaluer le caractère intentionnel ou non de lésions traumatiques[50]. Selon des médecins suédois[51], « un expert médical peut émettre une hypothèse sur le mécanisme à l'origine d'un signe médical, mais décider si un traumatisme a été infligé intentionnellement ou pas n'est pas une question médicale ; c'est plutôt la tâche du système judiciaire. »

Exonérations aux États-Unis

Le registre national des exonérations, tenu à jour par la faculté de droit de l'Université du Michigan, recense seize personnes exonérées après une condamnation faisant suite à un diagnostic du syndrome du bébé secoué[52].

Notes et références

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  2. Tuerkheimer, Deborah,, Flawed convictions : "shaken baby syndrome" and the inertia of injustice (ISBN 9780199913633, 0199913633 et 9780190233617, OCLC 858081012, lire en ligne)
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