Pont Caulaincourt

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Pont Caulaincourt
Vue générale du pont au-dessus du cimetière de Montmartre.
Vue générale du pont au-dessus du cimetière de Montmartre.
Géographie
Pays France
Région Île-de-France
Département Paris
Commune Paris
Coordonnées géographiques 48° 53′ 10″ N, 2° 19′ 55″ E
Fonction
Franchit Cimetière de Montmartre
Fonction Pont routier
Construction
Construction 1887-1888
Inauguration
Entreprise(s) Anciens Établissements Cail
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Pont Caulaincourt
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Pont Caulaincourt
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
(Voir situation sur carte : Île-de-France)
Pont Caulaincourt

Le pont Caulaincourt est un pont routier de Paris. Fait quasi-unique en France[Note 1], il permet le franchissement du cimetière de Montmartre. C’est le premier pont de Paris construit en acier.

Description[modifier | modifier le code]

Vue du cimetière, sous le tablier du pont.

Le pont Caulaincourt se situe dans le 18e arrondissement de Paris. Long d'environ 160 m, il est emprunté par la rue Caulaincourt, près de son aboutissement au sud-ouest sur le boulevard de Clichy. Au nord-est, il débouche sur une patte-d'oie formée par les rues Joseph-de-Maistre, Damrémont et Caulaincourt. C'est un pont métallique, comportant deux voies de circulation et des trottoirs pour piétons.

Le pont franchit le cimetière de Montmartre en son sud-est, au niveau des 17e et 18e divisions, près du carrefour de la Croix, le cimetière étant situé plus bas que le reste de la voirie à cet endroit. Le pont prend appui sur six colonnes doriques en fonte fondées et élevées dans le cimetière. Sa construction étant postérieure à l'ouverture du cimetière, il surplombe directement certaines tombes et chapelles, l'extrémité de certaines touchant quasiment son tablier.

Historique[modifier | modifier le code]

Le percement de la rue Caulaincourt entre la rue Joseph-de-Maistre et le boulevard de Clichy fut imaginé par le préfet de la Seine, le baron Georges Eugène Haussmann, afin d'offrir un moyen simple « pour tourner la Butte-Montmartre à l'Ouest »[1], selon ses propos. L'enjambement du cimetière de Montmartre, nécessaire à la création de la nouvelle voie, impliquait la création d'un viaduc ainsi que le déménagement de quelques sépultures afin d'y installer les fondations des pieds de la future structure. Les concessionnaires de toutes sépultures présentes à l'emplacement des piliers se sont vu offrir de nouveaux emplacements à la charge de la ville de Paris. Ce fut également le cas pour celles qui étaient dans le coin sud du cimetière, situé au-delà du passage du viaduc.

Néanmoins, lorsque les travaux furent prêts à commencer, les descendants de l'amiral Charles Baudin déposèrent une pétition au Sénat. En plus de refuser toute offre d'échange pour la tombe de leur père, présent dans le coin de cimetière se retrouvant coincé par le viaduc, « ils demandaient l'annulation du décret autorisant l'exécution du projet, pour cause de violation arbitraire du droit de propriété par la Constitution »[2].

Selon eux, le projet prévu par le baron Haussmann dénaturait le caractère du terrain. Ils voyaient dans ces déplacements des corps une profanation des sépultures et « soutenaient accessoirement l'inutilité de la voie nouvelle ou, plus exactement, la possibilité de desservir, par une autre voie ne touchant pas au cimetière, les intérêts qu'on avait en vue »[3].

Les 1er et , le Sénat a débattu du projet et de la pétition. Au terme de ces deux journées, l'assemblée rejeta le projet de pont, par 50 voix contre 38[4]. Quelque temps plus tard, le percement de la rue fut déclaré d'utilité publique par un décret du .

En 1887, la renommée société Cail[5] (aujourd'hui Fives) débute le chantier du pont. C'est un des premiers pont en France (et le premier à Paris) à être construit en acier. Il est inauguré le 16 décembre 1888 par le préfet Eugène Poubelle, qui, le même jour, pose la première pierre de la Mairie du 18e arrondissement de Paris.

En 1887, lors du creusement des fondations du pont, un squelette entier de mammouth est découvert. Seules les dents ont été conservées.

Du fait de l'utilisation très récente de l'acier dans l'architecture urbaine, et donc du peu de recul sur sa durabilité, le pont est remanié à de nombreuses reprises dans les décennies qui suivent. Dès 1895, certaines mailles des poutres avaient fléchi et s'étaient voilées, conduisant à l'interdiction des véhicules de circuler. En 1919, des travaux de consolidation des fondations sont réalisés et, en 1932, le pont est élargi. En 1939, le tablier métallique est rénové et renforcé.

En 1987, les dimensions des trottoirs sont considérablement réduites et les arbres d’alignement du côté pair de la rue Caulaincourt, vers la Place de Clichy, sont abattus, pour laisser place à une voie de circulation supplémentaire.

À cette époque, le plasticien Aurèle Ricard rencontre Andy Warhol, avec qui il envisage un travail artistique autour de l’image du chien : une série de sérigraphies sur le chien perdu. Mais cette collaboration avorte brutalement à la suite de la mort d’Andy Warhol, le 22 février 1987. Trois jours plus tard, Aurèle expose à Paris à la galerie Duval-Dunner une représentation de l’affiche du « chien perdu » construite à partir de goudron fondu et de morceaux de métal récupérés sur le chantier du pont Caulaincourt, alors en restauration. L'exposition, en devenant le premier hommage public au pionnier du pop art, annonce la fin de l'art industriel, et le Chien perdu en goudron est baptisé la « première œuvre d'art post-industrielle ».

Une restructuration complète du pont et de ses abords est prévue dans le cadre des Jeux olympiques d'été de 2024. Il a été entièrement repeint en mai 2021 dans sa partie visible.

Le pont apparaît dans le film Les Quatre Cents Coups (1959) de François Truffaut. Très attaché au quartier de la place de Clichy qu'il fréquente depuis son enfance, il repose au cimetière de Montmartre qui est enjambé par le pont. Il apparaît également dans le film Diabolo Menthe (1977) réalisé par Diane Kurys. Le pont joue un grand rôle dans Le Mariage de Fantômas, roman de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Son nom a aussi été immortalisé en langue anglaise par la production britannique de Irma la Douce, créée à Londres le 17 juillet 1958, et mise en scène par Peter Brook ; le troisième numéro comporte les paroles « There is no cure for l'amour on the Bridge of Caulaincourt ».

Annexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Toujours à Paris, le cimetière des Batignolles est enjambé par le boulevard périphérique.

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]