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Cormoran huppé

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Gulosus aristotelis

Gulosus aristotelis
Description de cette image, également commentée ci-après
Cormorans huppés, adulte (à gauche) et juvénile (à droite)
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Suliformes
Famille Phalacrocoracidae

Genre

Gulosus
Montagu, 1813

Espèce

Gulosus aristotelis
(Linnaeus, 1761)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Le Cormoran huppé (Gulosus aristotelis) est une espèce d'oiseaux de mer appartenant à la famille des Phalacrocoracidae. Il est le seul représentant du genre Gulosus. C'est une espèce strictement maritime dont l'aire de répartition est cantonnée à la rive est de l'Atlantique nord et à la Méditerranée.

Morphologie

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Cet oiseau, comme son cousin le grand cormoran, a un plumage noir à reflets verts ou bleus dus à une iridescence des plumes[1]. Son bec noir un peu crochu, allongé, présente des commissures jaunes en période nuptiale. Sur son front une courte huppe complète sa physionomie. Il perd cette huppe et cette commissure colorée, et devient plus brun en période internuptiale. Il mesure 65 à 80 cm de long, a une envergure de 90 à 105 cm et pèse de 1,75 à 2,50 kg[2].

Les juvéniles sont bruns, avec le ventre plus clair que le reste du corps, et ont le menton blanc. En vol, ils présentent un triangle blanc sur le bas de leur abdomen.

Comportement

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Le cormoran huppé vole généralement près des vagues, avec des battements rapides de ses ailes étroites.

C'est un bon plongeur, capable de plonger jusqu'à plus de 60 m, même si généralement, il ne descend guère en dessous de 30 m[3]. Il reste environ 2 minutes sous l'eau, le maximum enregistré étant de 163 secondes, avec un laps de temps moyen de 84 secondes en moyenne entre deux immersions[4]. La plongée s'effectue depuis la surface ; elle suit un bond vif destiné à placer l'oiseau en position de plongée[2].

Alimentation

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Régime alimentaire

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Les petits poissons démersaux, comme le tacaud, peuvent constituer une part importante du régime du cormoran huppé

Comme tous les cormorans, le cormoran huppé est une espèce strictement zoophage : de nombreuses espèces de poissons et d'invertébrés marins figurent à son régime alimentaire[5]. Du point de vue quantitatif, il est toutefois presque exclusivement piscivore.

La composition du régime alimentaire varie substantiellement selon les études, les saisons et les localités, mais les lançons forment souvent une part essentielle de ses proies, notamment autour des Îles britanniques[6], à Chausey[7], en Galice[8], etc. La dominance de ces poissons pélagiques que sont les lançons dans leur menu ne signifie pas nécessairement que les cormorans les capturent en pleine eau : dans un certain nombre de cas, ils ont pu être pêchés sur le fond[9],[7]. Dans de nombreuses études, les poissons démersaux constituent une part importante, voire dominante, du régime alimentaire, comme les gadidés (tacauds, lieus) en Bretagne[10] et en Norvège[11] ou les labridés (vieilles) en Corse[12].

Comportement alimentaire

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Espèce fortement sédentaire, le cormoran huppé se déplace peu pour s'alimenter. D'une manière générale, ses zones de pêche sont situées dans un rayon de moins de 10 km autour de son site de reproduction[13]. Deux études dans les Îles Britanniques indiquent des distances de déplacement moyennes de 7 km et maximum de 17 km autour des colonies[14],[15]. À l'île de May (Écosse), l'utilisation de techniques de radiotélémétrie a permis de constater qu'en période d'élevage des poussins, les adultes étaient capables de changer brusquement de zone de pêche, probablement en relation avec des modifications de la disponibilité des proies : les oiseaux effectuent tantôt des voyages longs (10 km environ pour une durée de trajet de 7 à 14 minutes), tantôt des voyages courts (800 m en moyenne pour une durée de retour inférieure à 3 minutes). Le rendement des seconds est supérieur.

Typiquement, qu'il soit long ou court, un voyage alimentaire se déroule selon le schéma suivant : vol direct vers la zone de pêche, plusieurs plongées, séjour en surface de 5 à 15 minutes et retour au nid[16].

Souvent considéré comme un plongeur benthique, le cormoran huppé est en fait susceptible d'exploiter toute la colonne d'eau comprise entre la surface et une trentaine de mètres de profondeur[7] qui constitue son domaine habituel de plongée. Il est capable de pêcher, et même apprécie les zones où les courants de marée sont forts, voire les eaux agitées près des côtes rocheuses, où les conditions de nage sont difficiles[2]. C'est un prédateur avant tout solitaire, même si des rassemblements de plusieurs centaines d'individus ont été occasionnellement notés autour de bancs de poissons particulièrement denses[2],[5].

L'activité de pêche du cormoran huppé est strictement diurne, ce qui est conforme au fait que, comme pour plus de 99 % des espèces d'oiseaux, la détection des ressources alimentaires fait exclusivement ou essentiellement appel à la vision[17]. Pour les oiseaux qui vont rechercher leurs proies en plongée, la diminution graduelle de l'éclairement lumineux avec la profondeur peut constituer un facteur limitant supplémentaire. On constate effectivement que les cormorans huppés modulent leur comportement de plongée en fonction du cycle d'éclairement circadien : les plongées les plus profondes correspondent aux moments de la journée où l'éclairement est maximum[18].

Le facteur lumineux joue également un rôle important à l'échelle saisonnière : les individus augmentent fortement le temps alloué à la pêche pendant les mois hivernaux en raison de la diminution globale de l'éclairement et de la réduction de la longueur du jour ; autour du solstice d'hiver, ils peuvent consacrer jusqu'à 90 % de la durée du jour à l'alimentation[19]. Ce problème influence également la survie juvénile pendant les mois d'hiver : moins efficaces que les adultes dans les activités de pêche, les jeunes compensent ce handicap en consacrant, par jour, 3 h de plus que leurs aînés à l'alimentation ; à partir de novembre, ils sont contraints par la longueur du jour, ce qui serait à l'origine d'une mortalité hivernale cinq fois plus élevée que celle des adultes[20].

Cet oiseau rejette sous forme de pelote de réjection la partie indigeste de ses aliments (otolithes notamment), ce qui permet aux biologistes non seulement de savoir ce qu'il a mangé, et ainsi d'obtenir de nombreuses informations sur les fluctuations de la biodiversité marine des zones prospectées par l'animal[21].

Comportement social

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Cet oiseau, moins grégaire que la plupart des cormorans, peut être solitaire, mais il niche souvent en petits groupes épars et peut parfois former des groupes d'une centaine d'individus au niveau d'une zone de pêche très productive.

Lors de la saison de nidification, il fait entendre des grognements rauques lorsqu'il est au nid, mais il est généralement silencieux en mer ou lors de la saison hivernale[2].

Reproduction

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Gulosus aristotelis - MHNT

Les cormorans huppés sont parmi les oiseaux de mer européens dont la période de présence sur les sites de reproduction est la plus longue. Les adultes restant très attachés à leur colonie, il n'est pas rare que, dans certaines localités au moins, ils y soient vus toute l'année, ou presque. C'est par exemple le cas aux Farne Islands (Northumberland)[5] ou dans les falaises du Cap Sizun, en Bretagne[10]. On ne sait toutefois pas si, en automne et en hiver, les colonies constituent des zones de regroupement, notamment nocturne, ou si les oiseaux y occupent leurs propres sites de nidification de la saison précédente. Quoi qu'il en soit, il existe partout une période où la présence sur les lieux de reproduction est très limitée, sinon nulle. Pour les populations atlantiques européennes, cette période correspond approximativement à l'automne et au début de l'hiver. Pour les oiseaux méditerranéens, dont la reproduction est nettement plus précoce, l'absence durerait de juin à octobre[22].

Le nid est un simple tas d'herbe, de brindilles et d'algues, en général établi en situation abritée, dans des zones de blocs, dans des fissures ou des grottes, voire sous la végétation[23], notamment en Méditerranée. Mais il niche également sur des corniches plus ou moins larges et exposées à flanc de falaise, exceptionnellement jusqu'à 200 m de hauteur[2],[5]. La femelle pond une fois par an, vers le mois de mai, 3 ou 4 œufs[2].

Les individus vivent jusqu'à 15 ans[2].

Répartition et habitat

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Sous-espèces et répartition

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Jeune cormoran huppé méditerranéen

D'après la classification de référence (version 14.1, 2024)[24] de l'Union internationale des ornithologues, le Cormoran huppé possède 3 sous-espèces (ordre philogénique) :

  • Gulosus aristotelis aristotelis (Linnaeus, 1761)
  • Gulosus aristotelis riggenbachi (Hartert, EJO, 1923)
  • Gulosus aristotelis desmarestii (Payraudeau, 1826)


  • Le cormoran huppé atlantique (G. a. aristotelis) occupe le nord de l'aire de répartition, depuis l'Islande et le nord de la Scandinavie jusqu'aux côtes atlantiques de la péninsule Ibérique. Dans cet ensemble, il n'habite guère que les rivages les plus océaniques, évitant totalement la mer Baltique et la quasi-totalité de la Mer du Nord.
  • Le cormoran huppé marocain (G. a. riggenbachi), peut-être confondu avec la sous-espèce méditerranéenne, est rare et localisé à la côte atlantique marocaine et aux îles Zaffarines.
  • Le cormoran huppé méditerranéen, ou cormoran huppé de Desmarest (G. a. desmarestii), occupe la Méditerranée, de façon morcelée depuis les côtes orientales de l'Espagne jusqu'à la Mer Noire. Les juvéniles de cette sous-espèce ont un ventre très clair, presque blanc.
Cap Sizun, Finistère.
Îlots rocheux et côtes à falaises constituent l'habitat de prédilection du cormoran huppé

Le cormoran huppé est une espèce marine et côtière ne s'aventurant presque jamais jusqu'aux limites du plateau continental. En toute saison, il habite essentiellement les sections rocheuses du littoral, aux eaux claires et profondes. À l'inverse, il évite généralement les secteurs vaseux et notamment les estuaires. Cette exigence explique pour une bonne part les irrégularités de sa répartition géographique, et notamment son absence de la Mer du Nord et du fond du golfe de Gascogne, en France, entre la Bretagne et le Pays basque[23]. Ses incursions à l'intérieur des terres restent exceptionnelles[2],[13],[25].

En période de reproduction, il occupe avant tout les îlots rocheux et les falaises continentales.

Ils restent toute l année sur la Côte d'azur (Juan Les Pins-Saint Jean Cap Ferrat) où de jeunes cormorans huppés sont régulièrement observés.

Bibliographie

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  • Nelson, J.B., 2005. Pelicans, cormorants, and their relatives. Oxford University Press, pages 443-453. (ISBN 0 19 857727 3)
  • Jean-Yves Monnat & É. Pasquet, 2004. Cormoran huppé (atlantique). In Cadiou, B., Pons, J.M., Yésou, P. Oiseaux marins nicheurs de France métropolitaine (1960-2000). Éditions Biotope, Mèze, 82-86.
  • Culioli, J.M., 2004. Cormoran huppé (méditerranéen). In Cadiou, B., Pons, J.M., Yésou, P. Oiseaux marins nicheurs de France métropolitaine (1960-2000). Éditions Biotope, Mèze, 87-91.
  • Offredo, C., 1989. Nos oiseaux de mer. Penn ar Bed, 121 p. ISSN 0553-4992.
  • Cramp, S. & Simmons, K.E.L., 1977. Handbook of the birds of Europe, the Middle East and North Africa. Vol. 1, Ostrich to ducks. Oxford, p. 207-214. (ISBN 0 19 857358 8).
  • Nidal Issa, Jérôme Legrand, Amine Flitti et Mathieu Lascève, « Le Cormoran de Desmarest Phalacrocorax aristotelis desmarestii en France continentale », Ornithos, Rochefort, Ligue pour la protection des oiseaux, vol. 14-2,‎ , p. 95-107 (ISSN 1254-2962)
  • Karel Šťastný (trad. du tchèque par Dagmar Doppia), La grande encyclopédie des oiseaux, Paris, Gründ, , 494 p. (ISBN 2-7000-2504-0), « Cormoran huppé », p. 46

Références

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  1. (en) Pete Dunne, Kevin Karlson, Bird Families of North America, Houghton Mifflin Harcourt, , p. 103
  2. a b c d e f g h et i (fr) Hume R., Lesaffre G. et Duquet M. (2004) Oiseaux de France et d'Europe p 41, Larousse, (ISBN 2-03-560311-0)
  3. (en) Wanless, S., Harris, M.P., Burger, A.E. & Buckland, S.T., 1997. Use of time-at-depth recorders for estimating depth and diving performance of European shags. Journal of Field Ornithology, 68 : 547-561. Article
  4. (en) Wanless, S., Corfield, T., Harris, M.P., Buckland, S. & Morris, J., 1993. Diving behaviour of the shag Phalacrocorax aristotelis (Aves: Pelecaniformes) in relation to water depth and prey size. Journal of Zoology London, 231, 11-25.
  5. a b c et d (en) Cramp, S. & Simmons, K.E.L., 1977. Handbook of the birds of Europe, the Middle East and North Africa. Vol. 1, Ostrich to ducks. Oxford, p. 207-214. (ISBN 0 19 857358 8).
  6. (en) Wanless, S., Harris, M.P. & Greenstreet, S.P.R., 1998. Summer sandeel consumption by seabirds breeding in the Firth of Forth, south-east Scotland. ICES Journal of Marine Science, 55, 1141-1151. Résumé
  7. a b et c (en) Grémillet, D., Argentin, G., Schulte, B. & Culik, B.M. 1998. Flexible foraging techniques in breeding cormorants Phalacrocorax carbo and shag Phalacrocorax aristotelis : benthic or pelagic feeding ?. Ibis, 140, 113-119. Résumé
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  10. a et b (fr) Offredo, C., 1989. Nos oiseaux de mer. Penn ar Bed, 121 p. ISSN 0553-4992
  11. (en) Barrett, R.T., Rov, N., Loen, J., Montevecchi, W.A., 1990. Diets of shags Phalacrocorax aristotelis and cormorants P. carbo in Norway and possible implications for gadoid stock recruitment. Marine Ecology Progress Series, 66, 205-218. Article
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  13. a et b (en) Nelson, J.B., 2005. Pelicans, cormorants, and their relatives. Oxford University Press, pages 443-453. (ISBN 0 19 857727 3).
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  18. (en) Wanless, S., Finney, S.K., Harris, M.P. & McCafferty, D.J., 1999. Effect of the diel light cycle on the diving behaviour of two bottom feeding marine birds : the blue-eyed shag Phalacrocorax atriceps and the European shag P. aristotelis. Marine Ecology Progress Series, 188, 219-224. Article
  19. (en) Daunt, F., Afanasyev, V., Silk, J.R.D. & Wanless, S., 2006. Extrinsic and intrinsic determinants of winter foraging and breeding phenology in a temperate seabird. Behavioral Ecology and Sociobiology, 59, 381–388. Résumé
  20. (en) Daunt, F., Afanasyev, V., Adam, A., Croxall, J.P. & Wanless, S., 2007. From cradle to early grave: juvenile mortality in European shags Phalacrocorax aristotelis results from inadequate development of foraging proficiency. Biology Letters, 3, 371-374. Résumé
  21. (en-US) Philippe Maes, « Quand les cormorans huppés collaborent avec les biologistes », sur The Conversation, (consulté le ).
  22. (fr) Guyot, I., 1990. Le cormoran huppé en Corse : biologie et interactions avec la pêche professionnelle. Travaux scientifiques du Parc naturel régional et des réserves naturelles de Corse, 28, 1-40.
  23. a et b (fr) Jean-Yves Monnat & É. Pasquet, 2004. Cormoran huppé (atlantique). In Cadiou, B., Pons, J.M., Yésou, P. Oiseaux marins nicheurs de France métropolitaine (1960-2000). Éditions Biotope, Mèze, 82-86.
  24. « Storks, frigatebirds, boobies, darters, cormorants – IOC World Bird List », sur www.worldbirdnames.org (consulté le )
  25. Ornithomedia, « Le séjour prolongé et inhabituel d’un Cormoran huppé le long d'un canal à Reims (Marne) depuis décembre 2019 », sur Ornithomedia.com, (consulté le )

Références taxonomiques

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Liens externes

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