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L'histoire de la lecture à voix haute[modifier | modifier le code]

Première lecture de L'Orphelin de la Chine en 1755.
Lecture à voix haute comme activité sociale. Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier. Première lecture de L'Orphelin de la Chine en 1755.

Dans Une histoire de la lecture, Manguel (1996) nous parle des lecteurs en l’ancienne Mésopotamie, il y a plus de six mille ans. Tandis que l’écriture a toujours été relevé à un endroit d’importance, la lecture comme l'habilité d'accéder au toute cette connaissance écrite se plaçait comme une habilité secondaire et en grande partie invisible.

Pendant l’Antiquité, la lecture orale et expressive devient centrale dans le développement de la pensée et elle est à la base de toute écriture littéraire (poésie, philosophie, historiographie, traités philosophiques et scientifiques) puis "les écrits (scripta) restent inertes tant que la voix ne leur a pas donné vie en les transformants en mots (verba).[1]

Cette importance a été reforcé par l’usage de la scriptio continua, une forme d’écriture sans séparation entre les mots, courante à partir du 1er siècle. Puis qu’il n’y avait pas de distinction entre les mots et phrases, le déchiffrement dépendait énormément de l’ouïe:

Dans le déchiffrement, le lecteur se laisse guider par des cellules rythmiques qui l'aident à structurer le texte. Il jouit d'ailleurs d'une certaine liberté dans la façon de couper l'énoncé et de faire des pauses. Il ajoute éventuellement des signes de séparations entre les mots ou les phrases, et dans le cas d'un poème peut noter la métrique. Lire c'est un peu comme interpréter une partition musicale et le corps y est le plus souvent engagé par des mouvements des bras et du thorax. [2]

Déjà à cette époque-là le rapport avec le public est essentielle et il trascende le contenu des écritures, impliquant un engagement de l'audience à travers l’utilisation des formes paraverbales de communication, comme les tones et les gestes qui l’accompagnent. Au fait, elle exigeait une technique particulière qui ressemblait au chant liturgique.

Groupe d'enfants en train de lire.
La lecture à voix haute comme premier approche des enfants à la lecture. Halonen, Pekka Children reading, 1916

Jusqu'à l'invention de l'imprimerie, étant donné que la plupart des gens ne savent pas lire, la façon la plus commun d’acceder à la littérature était d'entendre des textes récités. Egalement, les familles bourgeoises commencent à profiter de la lecture à haute voix pour se distraire ou de s'instruire. Il s'instale le rituel des parents lettrés de faire la lecture à leurs enfants. [3]

Au XVIIe siècle les lectures publiques à haute voix sont très courantes. On en a un témoignage vivant dans le Don Quichotte de Cervantès. Un débat oppose le curé parti à la recherche de Don Quichotte, et qui a brûlé tous les livres de chevalerie qui lui ont dérangé l'esprit et l'aubergiste qui a accueilli Don Quichotte. L'aubergiste défend la lecture:

Dans le temps de la moisson, quantité de travailleurs viennent se réunir ici les jours de fête, et parmi eux il s'en trouve toujours un qui sait lire, et celui-là prend un de ces livres à la main et nous nous mettons plus de trente autour de lui, et nous restons à l'écouter avec tant de plaisir qu'il nous ôte plus de mille cheveux blancs.

Durant ces lectures très festives, tout le monde est libre d'interrompre le récit et de faire des commentaires. Ces lectures collectives ou familiales se prolongeront, sous des formes diverses jusqu'à la fin du XIXe siècle.[3]

L'auteur Arnost Goldflam lit une de ces œuvres au public.
Exemple de lecture à voix haute dans nos jours. Photo de Arnost Goldflame, 2010

Avec l'apparition de l'imprimerie, ce rapport collectif à la lecture serait lentement reemplacé par une relation plus individuelle entre lecteur et livres, en privilégiant la lecture silencieuse, qui prime encore à nos jours.

  1. Cavallo, Guglielmo et Chartier, Roger, Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil,
  2. Alberto Manguel, Une histoire de la lecture, Arles, Actes-Sud, , p. 68
  3. a et b « Histoire de la lecture », sur www.unige.ch (consulté le )