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Operette Morali[modifier | modifier le code]

Page de garde des Operette morali, publiées à Naples par Saverio Starita en 1835

Les operette morali sont une œuvre en prose du poète et philosophe italien Giacomo Leopardi (1798- 1837). La première édition est publiée à Milan en 1827 suivie par celles de 1834 et de 1845. Il s’agit de 24 pièces, pour la plupart des dialogues, de sujet philosophique et littéraire.

Leopardi compose les 20 premiers dialogues en 1824 et le restant entre 1824 et 1833. Durant cette période, l’auteur s’éloigne de la création poétique et s’approche de ce qu’on appelle le « pessimisme cosmique ».

Dans cette œuvre, il aborde des thèmes variés comme la condition existentielle de l’homme, l’indifférence de la nature, le plaisir, l’ennui et la mort. Il utilise un langage familier et un style caractérisé par l’ironie par laquelle il parvient à démystifier les certitudes et les illusions des hommes. Les operette morali sont considérées comme la plus haute expression de la pensée de l’auteur.

Cependant, l’œuvre est considérée inactuelle par ses contemporains. En effet, c’est seulement après la mort de Leopardi qu’elle est valorisée grâce à la modernité de la pensée philosophique dont elle faisait preuve.

Sommaire[modifier | modifier le code]

1 Genèse et publications[modifier | modifier le code]

1.1 Genèse et composition

1.2 Editions

1.3 Edition définitive

2 Modèles et sources[modifier | modifier le code]

2.1Classiques

2.2Modernes

3 Thèmes et contenus[modifier | modifier le code]

3.1 Le titre et le but

3.2 La phase matérialiste

3.3 Thèmes principaux

4Langue[modifier | modifier le code]

4.1 L’ironie

4.2 Prosopopée et etrangement

5 Notes et références[modifier | modifier le code]

6 Bibliographie[modifier | modifier le code]

Genèse et publications[modifier | modifier le code]

Genèse et composition[modifier | modifier le code]

Recanati, ville de naissance du poète

C’est à partir des années 1819 et 1820 que Leopardi conçoit l’idéation des « dialogues satiriques ». Il se trouve à Recanati, sa ville de naissance. Il écrit des ébauches dans lesquelles il traite le thème de la vertu. Il en parle ainsi dans le journal de ses pensées le Zibaldone : Dans mes dialogues je chercherai à tourner en comédie ce qui avait toujours été le propre de la tragédie, c’est-à-dire les vices des grands, les principes fondamentaux des calamités et la misère humaine, les absurdités de la politique, les incongruités de la morale universelle et de la philosophie, le cheminement et l’esprit général du siècle, la somme des choses, de la société, de la civilisation actuelle, les malheurs, les révolutions et les conditions du monde, les vices et les infirmités non des hommes mais de l’homme, l’état des nations exc.. (Leopardi, Zibaldone 1821) Cela définit un vaste programme qui comprend trois genres différents : lyrique, philosophique et comique[1]. Cependant c’est en 1824 qu’il donne vie à la majorité des « operette », 20 dialogues qui composent la structure essentielle de l’œuvre. Trois autres operette sont écrites entre 1825 et 1827, enfin les dernières entre 1832 et 1833.[2]

Éditions[modifier | modifier le code]

La première édition imprimée paraît en 1827 par l’éditeur Stella à Milan. Deux autres versions sont éditées en 1834 par Piatti à Florence (avec deux nouveaux textes), et en 1836 par Starita à Naples, édition qui est toutefois interdite par le gouvernement . En 1845 est publiée l’édition posthume (Florence, Le Monnier), composée par 24 dialogues. Ces éditions sont élaborées par l’ami Antonio Ranieri, à cause d’une infirmité oculaire de Leopardi. En 1850 le livre est mis à l’index avec l’accusation d’«absence de vérités religieuses ».[1]

Edition définitive[modifier | modifier le code]

Ordre de l’édition définitive: [3]

  1. Storia del genere umano, 19 janvier / 7 février 1824
  2. Dialogo di Ercole e di Atlante, 10 / 13 février 1824
  3. Dialogo della Moda e della Morte, 15 / 18 février 1824
  4. Proposta di premi fatta all'Accademia dei Sillografi, 22 / 25 février 1824
  5. Dialogo di un Folletto e di uno Gnomo, 2 / 6 mars 1824
  6. Dialogo di Malambruno e di Farfarello, 1 / 3 avril 1824
  7. Dialogo della Natura e di un'Anima, 9 / 14 avril 1824
  8. Dialogo della Terra e della Luna, 24 / 28 avril 1824
  9. La scommessa di Prometeo, 30 aprile / 8 mai 1824
  10. Dialogo di un fisico e di un metafisico, 14 / 19 mai 1824
  11. Dialogo della Natura e di un Islandese, 21 / 30 mai 1824
  12. Dialogo di Torquato Tasso e del suo Genio familiare, 1 / 10 juin 1824
  13. Dialogo di Timandro e di Eleandro, 14 / 24 juin 1824
  14. Il Parini, ovvero Della Gloria, 6 juillet / 30 août 1824
  15. Dialogo di Federico Ruysch e delle sue mummie, 16 / 23 août 1824
  16. Detti memorabili di Filippo Ottonieri, 29 aout / 26 septembre 1824
  17. Dialogo di Cristoforo Colombo e di Pietro Guitierrez, 19 octobre / 5 novembre 1824
  18. Elogio degli uccelli 29 ottobre / 5 novembre 1824
  19. Cantico del gallo silvestre 10 / 16 novembre 1824
  20. Frammento apocrifo di Stratone da Lampsaco, automne 1825
  21. Il Copernico, 1827
  22. Dialogo di Plotino e Porfirio, 1827
  23. Dialogo di un venditore d'almanacchi e di un passeggere, 1832
  24. Dialogo di Tristano e di un amico, 1832.

Modèles et sources[modifier | modifier le code]

Classiques[modifier | modifier le code]

Le principal modèle classique de Leopardi est Lucien de Samosate, un écrivain du IIe siècle, auteur des Dialogues des morts. Il s’agit de dialogues avec une violente intention satirique envers les comportements et les ambitions des hommes et caractérisés par une contamination de genres, styles et registres. Leopardi reprend le style dialogique de cet auteur avec le but de créer un langage comique nouveau. [4]

Modernes[modifier | modifier le code]

Du côté moderne il adopte le style de la tradition des contes philosophiques typiques du XVIIe et XVIIe siècle, des dialogues satiriques d’esprit sceptique (sur le modèle des lumières : Voltaire, Diderot, Fontenelle). [5]

Thèmes et contenus[modifier | modifier le code]

Le titre et le but[modifier | modifier le code]

Le titre de l’œuvre unifie deux aspects : le caractère satirique et le but moral. L’adjectif morali fait allusion à la transmission d’un message, donc à l’intention pédagogique de l’auteur. Par contre le substantif operette (diminutif d’opere, en français œuvres) va atténuer avec ironie cette intention éthique. [3] Cependant, la petite longueur des dialogues garantit l’efficacité philosophique et une intention claire : Leopardi veut représenter les faiblesses et les fragilités des hommes. Il essaie de définir un type de morale laïque, basée sur la prise de conscience du vrai, qui exclut la religion et les illusions modernes (comme par exemple l’anthropocentrisme, la perfectibilité de l’humain, le progrès exc.) Leopardi veut finalement proposer une voie alternative aux idéologies de son époque. [6]

La phase matérialiste[modifier | modifier le code]

La composition des operette morali correspond à la phase matérialiste de la pensée de Leopardi . Cette idéologie est exposée en particulier dans les dialogues frammento apocrifo di stratone di lampsaco, dialogo della natura e di un islandese et dialogo di un fisico e di un metafisico. Dans ces textes il définit sa pensée relativiste, la « théorie du plaisir » et sa vision de la Nature comme ennemie des hommes. [5]

Thèmes principaux[modifier | modifier le code]

L’œuvre propose plusieurs thèmes chers à l’auteur. La méditation sur le bonheur (ou la théorie du plaisir) est un des arguments principaux : l’homme désire un plaisir illimité, mais ce plaisir est impossible à conquérir, pour cela l’homme ne pourra jamais être véritablement heureux (en particulier dans : Dialogo di malabruno e fanfarello, Dialogo della natura e di un’anima, Dialogo di un fisico e di un metafisico). Vu l’impossibilité d’atteindre le bonheur l’homme devrait au moins se priver du malheur, à travers la mort par suicide, laquelle est un autre des thèmes abordés. [8]

Un autre sujet traité est celui de la nature hostile, présenté dans un des dialogues les plus célèbres. Dans dialogo della natura e un islandese on retrouve une nature totalement indifférente à la vie et au destin des hommes. Le monde n’est pas créé pour l’humanité. Dans plusieurs dialogues Leopardi démystifie avec ironie les mythes traditionnels, dans ce cas l’anthropocentrisme, dans d’autres dialogues l’exaltation du progrès et de la science, la perfectibilité de l’humanité exc. [5]

Dans les thèmes mineurs on souligne celui de l’ennui de la vie, qui peut être éloigné grâce aux risques et à la distraction, qui permettent une revalorisation de la vie ; celui du caractère illusoire du bonheur humain, qui est exposé dans un dialogue très célèbre : Dialogo di un venditore di almanacchi e un passeggere. Leopardi montre que l’homme a besoin des « fausses vérités » pour vivre ; même s’il est conscient de la fausseté de ces illusions, il reconnait la nécessité d’y croire. [5]

Les operette morali sont caractérisées par une structure libre, dans laquelle les thèmes reviennent et se redéfinissent continuellement.

Langue[modifier | modifier le code]

Leopardi utilise un langage en prose clair et précis, sur le modèle de la tradition linguistique du XVIe siècle italien (donc un langage bien structuré, avec une disposition symétrique des mots et l’utilisation de circonlocutions).[7] Ce langage permet une simplification syntaxique, en utilisant de préférence la coordination et la parataxe. [2] Le but de Leopardi est de créer un langage philosophique, qui n’existe pas en Italie. Le style est ironique et concis, la structure dialogique et le mélange de ton sérieux et familier donne vivacité à la prose. [3]

L’ironie[modifier | modifier le code]

L’ironie est le moyen avec lequel Leopardi démantèle les certitudes des hommes. Cette ironie a deux fonctions : démystifier les illusions des hommes qui masquent sa réelle condition et deuxièmement consoler l’âme affligée par la prise de conscience de la condition humaine. [3]

Prosopopée et étrangement[modifier | modifier le code]

Leopardi utilise des personnages imaginaires, historiques, mythologiques, philosophiques, littéraires, communs et inanimés, chargés d’une valeur symbolique : ils représentent l’homme et ses faiblesses. L’auteur adopte plusieurs fois un point de vue non humain pour atteindre son but. En fait cette observation du monde inhabituel (étrangement) permet de percevoir les idées et les valeurs communément admises de manière différente (carnavalisation et bouleversement). [9]

Notes[modifier | modifier le code]

1 À cause de la censure seulement les premiers 13 dialogues sont publiés, cependant plusieurs exemplaires sont vendus grâce à un stratagème : le titre est remplacé par Proses de Giacomo Leopardi, édition corrigée accrue et approuvé par l’auteur, Naples, Italie, 1835

2 En ce moment la critique situe le changement de Leopardi d’un type de matérialisme historique, selon lequel l’homme a perdu la possibilité d’être heureux au moment où la raison à pris la place de l’imagination, à un matérialisme cosmique selon lequel l’homme est malheureux à cause de l’indifférence de la nature.

Références[modifier | modifier le code]

1. Jonard N., (1977) Giacomo Leopardi essai de biographie intellectuelle, Paris : société les belles lettres p.221-222

2. Bologna C., Rocchi P., (2011). Rosa fresca aulentissima. Torino : Loescher editore p.857-858

3. Operette Morali. Dans Wikipédia, l’encyclopédie libre. Tiré le 1 novembre 2018, de https://it.wikipedia.org/wiki/Operette_morali

4. Bazzocchi M.A. (2008) Leopardi. Bologna: il Mulino (coll.itinerari, filologia e critica letteraria) p.95-96

5. Bologna C., Rocchi P. (2011). Rosa fresca aulentissima. Torino : Loescher editore p.859-860

6. Jonard N. (1977) Giacomo Leopardi essai de biographie intellectuelle, Paris : société les belles lettres p.230-231

7. D’adamo,G.C. (1976) Giacomo Leopardi. Firenze:le monnier(coll. Profili letterari) p.73-74

8. Bologna C., Rocchi P. (2011). Rosa fresca aulentissima. Torino : Loescher editore p.861-862

9. Bazzocchi M.A. (2008) Leopardi. Bologna: il Mulino (coll.itinerari, filologia e critica letteraria) p.130


Bibliographie:[modifier | modifier le code]

Bazzocchi M.A. (2008) Leopardi. Bologna : il Mulino (coll.Itinerari, filologia e critica letteraria)

Bologna C., Rocchi P. (2011). Rosa fresca aulentissima. Torino : Loescher editore

D’adamo,G.C. (1976) Giacomo Leopardi. Firenze : le monnier(coll. Profili letterari)

Leopardi, philosophe et poète. (1999-2000). Paris : Société d'études italiennes (coll. Revue des études italiennes). Giacomo Leopardi. Dans Wikipédia, l’encyclopédie libre. Tiré le 1 novembre 2018, de //it.wikipedia.org/w/index.php?title=Giacomo_Leopardi&oldid=100154178.

Operette morali. Dans Wikipedia, L'encyclopedie libre. Tiré le 29 novembre 2018, de //it.wikipedia.org/w/index.php?title=Operette_morali&oldid=100300312.

Solmi S. Leopardi Giacomo (1798-1837). Dans Encyclopædia Universalis. Tiré de : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/giacomo-leopardi/

Zanzotto A. (2015) operette morali. Milano : Mondadori (coll. Oscar Mondadori)