Utilisateur:Philippe BESNIER/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Phrase la plus longue[modifier | modifier le code]

Problématique

Il n'est pas d'engagement artistique sans un attachement premier à la matière (supports, matériaux). L'écrivain aime les papiers, les encres et les plumes. La pulsion de l'artiste ne s'arrête pas seulement aux matériaux. De même que le peintre réfléchit à des problèmes de thème et de taille, l'écrivain accorde souvent sa préférence à un régime d'écriture particulier qui se manifeste d'abord par la longueur. La longueur de la phrase, sa complexité, ses ajoûts, tous ces caractères participent d'un certain imaginaire stylistique.

Cette page permet de décliner les incarnations variées de l'écriture longue dans la littérature, et, en particulier les phrases les plus longues.

La présentation des phrases les plus longues se déroule selon l'ordre chronologique de leur parution.

Top 25 des phrases les plus longues (ordre chronologique de parution)[modifier | modifier le code]

1. HUGO Victor (1802-1885), Les Misérables, 1862, Livre de poche jeunesse (2014), (ISBN 2010008995 et 978-2010008993). Cette œuvre contient une phrase de 823 mots.

2. PROUST Marcel (1871-1922), A la recherche du temps perdu"", 1922, Gallimard (1999), (ISBN 2070754928 et 978-2070754922). Cette œuvre contient une phrase de 845 mots.

3.  JOYCE James (1882-1951), Ulysses, 1922, Sylvia Beach, Folio (2013), {{ISBN|2070439712|978-2070439713}} ('4391 mots ) Une phrase, étirée sur une cinquantaine de pages, comprend 2500 mots, coupée à huit reprises par un passage à la !ligne.

4. FAULKNER William (1897-1962), Absalom, 1936,

5. ANDRZEIEWSKI Jerzy (1909-1983), The Gates of Paradise (Polish: Bramy raju), 1960, University of Glasgow, College of Arts Slavonic Studies (1960), Publisher: Unity of California Press, (ISBN 0520256565 et 9780520256569) (40 000 mots) Cette nouvelle se compose de 40 000 mots écrits en deux phrases, avec peu de ponctuation. La deuxième phrase contient seulement cinq mots: «And they march all night. »

6. ALBERT BIROT Pierre (1876-1967), Grabinoulor, 1918 à 1963, Jean-Michel Place, 1991, (ISBN 2858931453), Nouvelle édition, Jean Michel Place, 2007 (ISBN 978-2-858939-0[à vérifier : ISBN invalide]).  Cette oeuvre de six livres, 998 pages, se présente sans ponctuation.

7. BOHUMIL Hrabal (1914-1997), Dancing lesson for the Advanced in Age, 1964 en Tchèque, 1995 en Anglais, Publisher: NYRB Classics; Main edition (May 3, 2011) 160 pages (ISBN 1590173775 et 978-1590173770).  Cette oeuvre se compose d'une phrase de 128 pages.

8. MERLE Robert (1908-2004), Un animal doué de raison, 1967, Gallimard Folio, Science-fiction, 55, (ISBN 2070418324 et 978-2070418329)

9.  COHEN Albert (1895-1981), Belle du seigneur, 1968, Gallimard, (ISBN 2070269175 et 978-2070269174). Cette oeuvre contient un chapitre ne comportant qu'une seule phrase et s'étalant sur près de 40 pages. La plupart des monologues n'ont aucune ponctuation, et ne sont découpés en aucun paragraphe.

10.  GUYOTAT Pierre (né en 1940), Eden, Eden, Eden, 1970, Gallimard, (ISBN 9782070702787) Gencode 9782070702787 Cette oeuvre se compose d'une phrase unique de 279 pages, sans ponctuation.

11. SOLLERS Philippe (né en 1936), Paradis-2, Gallimard, Folio 2752, (ISBN 2070706885 et 978-2070706884). Cette oeuvre contient 114 pages sans ponctuation.

12. GOURIO Jean-Marie (né en 1956), Apnée, 2005, Julliard, (ISBN 2260015786 et 978-2260015789). Cette oeuvre contient une seule phrase de 133 pages, sans paragraphes, composée de bouts de phrases.

13. N’DIAYE Marie (née en 1967), Comédie classique, 1988, Gallimard, (ISBN 2867440823) Gencode 9782867440823. Ce roman de 100 pages est écrit en une seule phrase.

14. EMOND Paul (né en 1944), La danse du fumiste, 1990, Labor,1998, Collection ESPACE NORD (ISBN 2804008517 et 978-2804008512). Cette oeuvre se compose d'une phrase de 170 pages.

15. COE Jonathan (né en 1961), The Rotter's Club432 pages, Alfred A. Knopf (2002) (ISBN 0375413839 et 978-0375413834). Cette phrase contient 13 955 mots

16. GOURIO Jean-Marie (né en 1956),  Apnée, (2005), Julliard (ISBN 2260015786 et 978-2260015789). Cette oeuvre de 162 pages est  composée d’une seule phrase de 133 pages, sans paragraphes, mais avec des bouts de phrases.

17. BEAUREGARD Nane,  J’aime, 2006, P.O.L., . Cette oeuvre est composée d’une phrase de 128 pages.

18. NIGEL Tomm,    The Blah story, volume 4, 2007, (ISBN 1419683047 et 978-1419683046).

19.  ENARD Mathias, Zone, 2008, Acte Sud, (ISBN 274277059[à vérifier : ISBN invalide] et 978-274277051[à vérifier : ISBN invalide]). Cette oeuvre est composée d’une seule phrase de 517 pages (selon le catégorie moderne et non classique).

20.  MABANCKOU Alain, Verre cassé, 2008, (ISBN 2020849534 et 978-2020849531). Cette oeuvre est composée d’une seule phrase (catégorie moderne et non classique)

21.  BLAIS Marie-Claire (née en 1939) , Mal au bal des prédateurs, Seuil, 2011, (ISBN 2021030601 et 978-202103060[à vérifier : ISBN invalide]). Cette phrase de 300 pages n’est composée d’aucun chapitre, ni ponctuation.

22.  PRUDHOMME Sylvain (né en 1979), Là, avait dit Bahi, 2012, Gallimard, L’Arbalète, (ISBN 978-2-07-013663-6). Cette oeuvre est composée d’une seule et longue phrase où s’entrechoquent sans distinction dialogues et récit, souvenirs; pas de fin de phrase, absence quasi- complète de ponctuation.

23.  BESNIER Philippe (né en 1958), Toi, Tu penses, Editions CURSUS, 2014, (ISBN 978-2-9530040-4-5). Cette œuvre  de 214 pages porte sur la notion de « sujet », déploie une seule phrase simple aux innombrables incises, composée d’un verbe et d’un sujet principaux. Cette phrase contient une incise de plus de 120 mots.  

24.  Anaphorex, Au sortir de la larve.canalblog.com › Messages, janvier 2016 . A partir des exercices de Raymand Quenaeau. Un petit garçon qui aimait

25.  SALICIS Jean-Marie, catégorie humour, 27 mars 2013 - la phrase la plus longue du monde. Oui. Et ce sera donc mon deuxième scoop (et pas scoot) depuis la création de ce nouveau blog.

26.  ZAMIR Ali (1987), Anguille sous roche, 2016, Le Tripode, 2016, (ISBN 2370550945 et 978-237055094[à vérifier : ISBN invalide]). Cette oeuvre contient une seule phrase à la

Caractères généraux de la phrase[modifier | modifier le code]

Phrase littéraire classique: sujet, verbe, complément[modifier | modifier le code]

La phrase est un " assemblage de mots formant un sens complet, distingué de la proposition en ce que la phrase est surtout considérée grammaticalement, et la proposition, logiquement " (Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré (1872), La phrase est une suite minimale « substantif- verbe-complément » (Claude Simon). Cet assemblage correspond au prototype syntaxique en possédant un verbe. Il semble bien que le paramètre évoqué ci-dessus est le mieux à même de reconnaître l’ensemble des phrases possibles, car il souligne le caractère écrit du phénomène. C’est entre une majuscule et un point que l’on peut noter des décalages avec le prototype – et par conséquent des effets de sens. Ainsi bornée, la phrase peut faire l’objet de repérages stylistiques : un arrangement donné des mots produira tel effet ; ainsi délimitée, la phrase sera abordée dans ses liens avec celles qui la précèdent, avec celles qui la suivent. Parfois, la connaissance que l’on a d’un auteur se réduit  à un aspect d’ensemble de sa phrase, comme Proust et sa phrase habituellement longue.

Les phrases 1 - 2 - 3 - 14 - 23 appartiennent à cette catégorie.

Phrase littéraire complexe: clôture, syntaxe, longueur[modifier | modifier le code]

Progressivement, la phrase littéraire « moderne » rompt avec la représentation de la phrase« classique ». Son élaboration dépend de trois caractéristiques principales : sa clôture, sa syntaxe et sa longueur. Précédemment, le concept de clôture était essentiel: la période et la sentence façonnaient  deux éléments d’organisation rhétorique, avec une clarté poursuivie idéalement.

A partir du milieu du XIXème siècle, c’est la justification de la clôture phrastique qui va être interrogée par la langue littéraire. Brièveté et longueur changent de signification. La considération des écrivains, des genres, des époques dépendra de ce clivage phrases longues et phrases courtes. La langue littéraire évolue et se dégage des normes grammaticales ; l’invention syntaxique se déploie et la jointure entre norme et style dépendent maintenant d’une conception différente et d’une remise en cause de la rhétorique. Le dessin de la phrase semble significatif en lui-même. La phrase révèle alors un style d’auteur mais aussi un style d’époque. Elle s’éloigne de  l’aspect rhétorique et privilégie une logique plus accumulative, un travail d’amplification.

Les phrases 5 à 13, 15 à 22, 24, 25,  appartiennent à cette catégorie.

1000 mots extraits de chaque oeuvre[modifier | modifier le code]

HUGO Victor, Les Misérables, 1862, Tome IV, livre III, intitulé "Louis-Philippe", 823 mots.[modifier | modifier le code]

« Fils d’un père auquel l’histoire accordera certainement les circonstances atténuantes, mais aussi digne d’estime que ce père avait été digue de blâme ; ayant toutes les vertus privées et plusieurs des vertus publiques ; soigneux de sa santé, de sa fortune, de sa personne, de ses affaires ; connaissant le prix d’une minute et pas toujours le prix d’une année ; sobre, serein, paisible, patient ; bonhomme et bon prince ; couchant avec sa femme, et ayant dans son palais des laquais chargés de faire voir le lit conjugal aux bourgeois, ostentation d’alcôve régulière devenue utile après les anciens étalages illégitimes de la branche aînée ; sachant toutes les langues de l’Europe et, ce qui est plus rare, tous les langages de tous les intérêts, et les parlant ; admirable représentant de « la classe moyenne », mais la dépassant, et de toutes les façons plus grand qu’elle ; ayant l’excellent l’esprit, tout en appréciant le sang dont il sortait, de se compter surtout par sa valeur intrinsèque, et, sur la question même de sa race, très particulier, se déclarant Orléans et non Bourbon ; très premier prince du sang tant qu’il n’avait été qu’altesse sérénissime, mais franc bourgeois le jour où il fut majesté ; diffus en public, concis dans l’intimité ; avare signalé, mais non prouvé ; au fond, un de ces économes aisément prodigues pour leur fantaisie ou leur devoir ; lettré, et peu sensible aux lettres ; gentilhomme, mais non chevalier ; simple, calme et fort ; adoré de sa famille et de sa maison ; causeur séduisant, homme d’état désabusé, intérieurement froid, dominé par l’intérêt immédiat, gouvernant toujours au plus près, incapable de rancune et de reconnaissance, usant sans pitié les supériorités sur les médiocrités, habile à faire donner tort par les majorités parlementaires à ces unanimités mystérieuses qui grondent sourdement sous les trônes ; expansif, parfois imprudent dans son expansion, mais d’une merveilleuse adresse dans cette imprudence ; fertile en expédients, en visages, en masques ; faisant peur à la France de l’Europe et à l’Europe de la France ; aimant incontestablement son pays, mais préférant sa famille ; prisant plus la domination que l’autorité et l’autorité que la dignité, disposition qui a cela de funeste que, tournant tout au succès, elle admet la ruse et ne répudie pas absolument la bassesse, mais qui a cela de profitable qu’elle préserve la politique des chocs violents, l’état des fractures et la société des catastrophes ; minutieux, correct, vigilant, attentif, sagace, infatigable, se contredisant quelquefois, et se démentant ; hardi contre l’Autriche à Ancône, opiniâtre contre l’Angleterre en Espagne, bombardant Anvers et payant Pritchard ; chantant avec conviction la Marseillaise ; inaccessible à l’abattement, aux lassitudes, au goût du beau et de l’idéal, aux générosités téméraires, à l’utopie, à la chimère, à la colère, à la vanité, à la crainte ; ayant toutes les formes de l’intrépidité personnelle ; général à Valmy, soldat à Jemmapes ; tâté huit fois par le régicide, et toujours souriant ; brave comme un grenadier, courageux comme un penseur ; inquiet seulement devant les chances d’un ébranlement européen, et impropre aux grandes aventures politiques ; toujours prêt à risquer sa vie, jamais son œuvre ; déguisant sa volonté en influence afin d’être plutôt obéi comme intelligence que comme roi ; doué d’observation et non de divination ; peu attentif aux esprits, mais se connaissant en hommes, c’est-à-dire ayant besoin de voir pour juger ; bon sens prompt et pénétrant, sagesse pratique, parole facile, mémoire prodigieuse ; puisant sans cesse dans cette mémoire, son unique point de ressemblance avec César, Alexandre et Napoléon ; sachant les faits, les détails, les dates, les noms propres, ignorant les tendances, les passions, les génies divers de la foule, les aspirations intérieures, les soulèvements cachés et obscurs des âmes, en un mot, tout ce qu’on pourrait appeler les courants invisibles des consciences ; accepté par la surface, mais peu d’accord avec la France de dessous ; s’en tirant par la finesse ; gouvernant trop et ne régnant pas assez ; son premier ministre à lui-même ; excellant à faire de la petitesse des réalités un obstacle à l’immensité des idées ; mêlant à une vraie faculté créatrice de civilisation, d’ordre et d’organisation on ne sait quel esprit de procédure et de chicane ; fondateur et procureur d’une dynastie ; ayant quelque chose de Charlemagne et quelque chose d’un avoué ; en somme, figure haute et originale, prince qui sut faire du pouvoir malgré l’inquiétude de la France, et de la puissance malgré la jalousie de l’Europe, Louis-Philippe sera classé parmi les hommes éminents de son siècle, et serait rangé parmi les gouvernants les plus illustres de l’histoire, s’il eût un peu aimé la gloire et s’il eût eu le sentiment de ce qui est grand au même degré que le sentiment de ce qui est utile." 

PROUST Marcel, A la recherche du temps perdu, 1922, Gallimard, 845 mots. [modifier | modifier le code]

" Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime ; sans situation qu’instable, comme pour le poète la veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui : “Les deux sexes mourront chacun de son côté” ; exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les juifs autour de Dreyfus, de la sympathie – parfois de la société – de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu’ils sont, dépeint dans un miroir, qui ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu’ils n’avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce qu’ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la musique, la chevalerie, l’ascétisme, ont pu ajouter à l’amour) découle non d’un idéal de beauté qu’ils ont élu, mais d’une maladie inguérissable ; comme les juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas d’eux, pardonnant leurs rebuffades, s’enivrant de leurs complaisances ; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable celui qui l’est demeuré davantage), une détente dans la fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu’ils soient une race (dont le nom est la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu’ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne détestent pas, que pour s’excuser, et allant chercher comme un médecin l’appendicite l’inversion jusque dans l’histoire, ayant plaisir à rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand l’homosexualité était la norme, pas d’anti-chrétiens avant le Christ, que l’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d’une disposition innée tellement spéciale qu’elle répugne plus aux autres hommes (encore qu’elle puisse s’accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y contredisent comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes ; formant une franc-maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de besoins, d’habitudes, de dangers, d’apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes, qui souhaitent de ne pas se connaître, aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l’avocat qu’il est allé trouver; tous obligés à protéger leur secret, mais ayant leur part d’un secret des autres que le reste de l’humanité ne soupçonne pas et qui fait qu’à eux les romans d’aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l’ambassadeur est ami du forçat : le prince, avec une certaine liberté d’allures que donne l’éducation aristocratique et qu’un petit bourgeois tremblant n’aurait pas en sortant de chez la duchesse, s’en va conférer avec l’apache ; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante, soupçonnée là où elle n’est pas, étalée, insolente, impunie là où elle n’est pas devinée; comptant des adhérents partout, dans le peuple, dans l’armée, dans le temple, au bagne, sur le trône; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l’intimité caressante et dangereuse avec les hommes de l’autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s’il n’était pas sien, jeu qui est rendu facile par l’aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu’au jour du scandale où ces dompteurs sont dévorés ; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d’où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale, légère auprès de la contrainte intérieure que leur vice, ou ce qu’on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l’égard des autres mais d’eux-mêmes, et de façon qu’à eux-mêmes il ne leur paraisse pas un vice."

JOYCE James, Ulysses, 1922,Molly Bloom's solliloquy,  eighteenth and final episode, 4391 mots.[modifier | modifier le code]

I got him to propose to me yes first I gave him the bit of seedcake out of my mouth and it was leapyear like now yes 16 years ago my God after that long kiss I near lost my breath yes he said I was a flower of the mountain yes so we are flowers all a womans body yes that was one true thing he said in his life and the sun shines for you today yes that was why I liked him because I saw he understood or felt what a woman is and I knew I could always get round him and I gave him all the pleasure I could leading him on till he asked me to say yes and I wouldnt answer first only looked out over the sea and the sky I was thinking of so many things he didnt know of Mulvey and Mr Stanhope and Hester and father and old captain Groves and the sailors playing all birds fly and I say stoop and washing up dishes they called it on the pier and the sentry in front of the governors house with the thing round his white helmet poor devil half roasted and the Spanish girls laughing in their shawls and their tall combs and the auctions in the morning the Greeks and the jews and the Arabs and the devil knows who else from all the ends of Europe and Duke street and the fowl market all clucking outside Larby Sharons and the poor donkeys slipping half asleep and the vague fellows in the cloaks asleep in the shade on the steps and the big wheels of the carts of the bulls and the old castle thousands of years old yes and those handsome Moors all in white and turbans like kings asking you to sit down in their little bit of a shop and Ronda with the old windows of the posadas 2 glancing eyes a lattice hid for her lover to kiss the iron and the wineshops half open at night and the castanets and the night we missed the boat at Algeciras the watchman going about serene with his lamp and O that awful deepdown torrent O and the sea the sea crimson sometimes like fire and the glorious sunsets and the figtrees in the Alameda gardens yes and all the queer little streets and the pink and blue and yellow houses and the rosegardens and the jessamine and geraniums and cactuses and Gibraltar as a girl where I was a Flower of the mountain yes when I put the rose in my hair like the Andalusian girls used or shall I wear a red yes and how he kissed me under the Moorish wall and I thought well as well him as another and then I asked him with my eyes to ask again yes and then he asked me would I yes to say yes my mountain flower and first I put my arms around him yes and drew him down to me so he could feel my breasts all perfume yes and his heart was going like mad and yes I said yes I will Yes.

FAULKNER William, Absalom, 1936, ... , ...[modifier | modifier le code]

ANDRZEIEWSKI Jerzy, The Gates of Paradise (Polish: Bramy raju), 1960,..., 40 000 mots. [modifier | modifier le code]

ALBERT BIROT Pierre , Grabinoulor, 1918 à 1963, 998 pages en six livres, sans ponctuation.[modifier | modifier le code]

BOHUMIL Hrabal, Dancing lesson for the Advanced in Age, 1964 en Tchèque, 1995 en Anglais    [modifier | modifier le code]

MERLE Robert (1908-2004), Un animal doué de raison, 1967, Gallimard Folio, Science-fiction, 55. [modifier | modifier le code]

COHEN Albert (1895-1981), Belle du seigneur, 1968, ... ,[modifier | modifier le code]

« ... J’adore l’eau trop chaude, attends chérie attends, on va en faire couler juste un filet pour que le bain devienne brûlant sans qu’on s’en aperçoive, quand je suis gênée il paraît que je louche un peu pendant quelques secondes mais c’est charmant, la Joconde a une tête de femme de ménage, je ne comprends pas pourquoi on fait tant de chichis pour cette bonne femme, est-ce que je vous dérange madame ? mais non pas du tout monsieur, seulement tournez-vous parce que je ne suis pas très visible en ce moment... (…) est-ce que vous aimez les bêtes ? certainement madame, alors nous nous entendrons monsieur... (…)  Voulez-vous que je vous dise mon rêve ? oh oui madame cela me ferait grand plaisir madame, eh bien mon rêve serait d’avoir une grande propriété où j’aurais toutes sortes de bêtes, d’abord un bébé lion avec de grosses pattes pelotes des pattes boulouboulou que je toucherais tout le temps et quand il serait grand il ne me ferait jamais de mal, le tout c’est de les aimer, et puis j’aurais des castors dans ma propriété je leur ferais faire une rivière rien que pour eux et ils construiraient leur maison en paix, c’est triste de penser qu’ils sont en voie de disparition cela m’angoisse le soir lorsque je me couche, les femmes qui portent des fourrures de castor méritent la prison vous ne trouvez pas ? oh oui madame absolument, c’est agréable de causer avec vous nous sommes d’accord sur tout, voilà moi j’aime toutes les bêtes même celles que les gens trouvent laides... (…) ... Les crapauds par exemple sont émouvants, le chant du crapaud la nuit lorsque tout est calme c’est une noble tristesse une solitude, lorsque j’en entends un la nuit mon cœur se serre de nostalgie, l’autre jour j’en ai ramassé un qui avait une patte écrasée pauvre chou il se traînait sur la route, je lui ai badigeonné la patte avec de la teinture d’iode, quand je la lui ai bandée avec un pansement il s’est laissé faire parce qu’il comprenait que je le soignais, son pauvre petit cœur qui battait fort et il n’a même pas ouvert les yeux tellement il était éreinté, dis-moi quelque chose crapaud, allons mon chéri fais-moi risette, il n’a pas bougé mais il a relevé sa paupière et il m’a lancé un regard si beau comme pour me dire je sais que vous êtes une amie, il va mieux dieu merci et il s’en tirera sûrement, je sens que je m’attache toujours plus à lui quand je refais son pansement, il a une si belle expression de reconnaissance, peut-être qu’il s’attachera tellement à moi qu’il ne voudra plus me quitter, maintenant un gros mot mais que je ne dis pas à haute voix, j’ai froid fais couler de l’eau chaude s’il te plaît, ça suffit merci... » (…)  Bien rentrée hier soir? (Avec une intention de flirt :) Avez-vous fait de jolis rêves? Y figurais-je? (Il sortit sa langue effilée, puis la rentra, d'un mouvement vif; comme il en avait l'habitude lorsqu'il faisait le mondain spirituel.) Et caetera. Il raccrocha, se leva, boutonna son veston, se frotta les mains. Ça y était ! Les Rasset à dîner 65 mardi vingt-deux mai! Parfait, parfait. Eh oui, ça marchait rudement bien, les rapports sociaux ! Ascension foudroyante mon cher! Très relationnés, les Ras-set! Adrien Deume, lion mondain! s'écria-t-il et, de bonheur, il se dressa d'un trait, pirouetta, s'applaudit, s'inclina pour remercier, se rassit. Par lui-même charmé, il se redit les phrases fines et cultivées qu'il avait servies à la petite Rasset et de nouveau sa langue surgit en rouge éclair, aussitôt cachée après preste humectation de la lèvre supérieure. (…) Kanakis, ça se devait. D'ailleurs, d'après le guide mondain, il fallait remercier le lendemain du dîner. Ainsi fit-il. Le téléphone à la Kanakis terminé, il soupira. Ah là là, cette Ariane qui le forçait à raconter des blagues de migraine parce qu'elle ne gobait pas les Kanakis, des amis charmants pourtant Bon, maintenant un coup de fil soigné à Mme Rasset qui n'était pas de la crotte de bique, fille du vice-président du Comité international de la Croix-Rouge! Ça avait bien marché hier soir avec elle chez les Kanakis. Ça, pour lui plaire, il lui avait plu, c'était visible à l'œil nu. N'empêche qu'il y avait quatre mois que les Ras-set ne leur avaient pas fait signe, et pourtant ils avaient beaucoup reçu ces mois derniers, un tas de gens intéressants, même une princesse, d'après Kanakis. Tout ça, bien sûr, parce qu'on ne leur avait pas rendu leur dîner. D'où représailles, et ils avaient bien raison au fond. (…) Il referma le mémorandum britannique. Mais l'épaisseur lui en étant attristante, il l'enferma dans la léproserie, fit claquer sa langue. Pour cette fin d'après-midi, il lui fallait un travail léger, quelque chose de rafraîchissant. Voyons un peu. L'accusé de réception Cameroun? Non, trop peu de chose parce qu'il avait tout de même plus d'une heure devant lui. Réserver le Cameroun pour un bouche-trou plutôt. Oui, mais cet accusé Cameroun était urgent aussi. Bon, on préparerait ça tout à l'heure. (…) Chouchou, lui dit-il. Puis il pensa à Ariane. Eh oui, il était le mari d'une belle femme, il avait le droit de la toucher partout, la poitrine, le bas du dos, comme il voulait, quand il voulait. Une belle femme rien que pour lui. Vraiment, ça avait du bon, le mariage. Oui, ce soir, sans faute. Enfin, pour le moment, au travail, puisque c'était la sainte loi du monde. Par quoi commencer? Oh nom de Dieu, il avait complètement oublié, le mémo britannique, bien sûr, puisque commentaires d'extrême urgence ! Salaud de Vévé ! Toujours des urgences ! Il feuilleta l'épais document. Deux cents pages, les cochons ! Ils en avaient du temps à perdre au Colonial Office! Quelle heure? Bientôt quatre heures vingt. Plus qu'une heure et quarante minutes jusqu'à six heures. (…) Pour se mettre en train, il exécuta consciencieusement des mouvements de gymnastique respiratoire. (S'aimant beaucoup, il était à l'affût de perfectionner sa chère santé, adorait les fortifiants qui se succédaient à quelques semaines d'intervalle, le dernier étant tellement plus efficace que le précédent vite tombé dans l'oubli. C'est ainsi qu'il se bourrait actuellement d'un tonique anglais dont il disait merveilles. «Ce Metatone est formidable, déclarait-il à sa femme, je me sens transformé depuis que je le prends.» Deux semaines plus tard il devait abandonner le Metatone en faveur d'un miraculeux complexe de vitamines. À peine changée, la formule devint: «Ce Vitaplex est formidable, je me sens transformé depuis que je le prends. »

GUYOTAT Pierre (né en 1940), Eden, Eden, Eden, 1970, Gallimard.[modifier | modifier le code]

SOLLERS Philippe (né en 1936), Paradis-2, Gallimard, Folio 2752   [modifier | modifier le code]

N’DIAYE Marie (née en 1967), Comédie classique, 1988, Gallimard. [modifier | modifier le code]

EMOND Paul (né en 1944), La danse du fumiste, 1990, Labor,1998, Collection ESPACE NORD.[modifier | modifier le code]

COE Jonathan (né en 1961), The Rotter's Club, 2002,Alfred A. Knopf.[modifier | modifier le code]

GOURIO Jean-Marie (né en 1956),  Apnée, 2005, Julliard. [modifier | modifier le code]

BEAUREGARD Nane,  J’aime, 2006, P.O.L. [modifier | modifier le code]

NIGEL Tomm,    The Blah story, volume 4, 2007, ???[modifier | modifier le code]

    In a blah she was blah blah blah down a blah between blah roses blah blah blah, her blah blah hair blah blah gently the blah blah trees, most blah blah blah, she thought, as blah blah he blah the nice blah blah she blah felt with blah that blah should blah blah blah have blah such blah and blah blah blah enjoyment, the blah had both blah and blah blah the blah things in her blah blah occurred to blah that he blah taken this blah blah blah several blah blah before blah blah she always blah to blah from blah blah blah at a blah of her blah blah or a blah of her blah blah blah her blah blah told to blah, which blah within blah blah like a blah blah blah and blah as a blah blah from blah, suddenly blah blah a blah to blah her blah as they found a blah in blah of the blah, blah blah silently to the blah, they waited blah blah blah while he blah blah a blah toward the red blah blah, she blah him blah blah blah among blah blah things, very blah blah and with a blah blah blah that blah a real blah blah, blah him not at blah blah she blah blah sorry for all blah blah and blah him carefully one blah because blah was so blah, a blah of a blah blah blah which blah a blah and blah illusion blah blah blah being blah by blah blah blah, she was blah blah she had blah him, for blah hour when his blah fell blah blah blah at blah a blah of a blah blah blah through his blah, the blah rang, her blah blah eyes blah blah along the blah blah blah his blah blah lips blah the pattern of a blah of blah on the blah as she blah blah blah and blah him with a blah, blah blah just as his blah blah blah about her, they blah a blah week for blah, and blah, having blah no blah blah blah of any blah, blah blah blah up his blah blah blah, blah was not blah blah was expected blah in one week, blah left blah number, the sense of the blah blah of life, never week in blah, had blah blah blah almost to blah, at short blah blah some blah blah blah, some blah of blah, would blah her blah blah blah the blah now blah had blah blah down in blah blah upon her as he blah blah those blah blah things faded after blah blah that blah was blah, the blah had both blah and blah blah the blah things in her blah blah occurred to blah that he blah taken this blah blah blah several blah blah before blah blah she always blah to blah from blah blah blah at a blah of her blah blah or a blah of her blah blah blah her blah blah told to blah, in a blah she was blah blah blah down a blah between blah roses blah blah blah, her blah blah hair blah blah gently the blah blah trees, most blah blah blah, she thought, as blah blah he blah the nice blah blah she blah felt with blah that blah should blah blah blah have blah such blah and blah blah blah enjoyment, which blah within blah blah like a blah blah blah and blah as a blah blah from blah, suddenly blah blah a blah to blah her blah as they found a blah in blah of the blah, blah blah silently to the blah, she blah him blah blah blah among blah blah  in a blah she was blah blah blah down a blah between blah roses blah blah blah, her blah blah hair blah blah gently the blah blah trees, most blah blah blah, she thought, as blah blah he blah the nice blah blah she blah felt with blah that blah should blah blah blah have blah such blah and blah blah blah enjoyment, the blah had both blah and blah blah the blah things in her blah blah occurred to blah that he blah taken this blah blah blah several blah blah before blah blah she always blah to blah from blah blah blah at a blah of her blah blah or a blah of her blah blah blah her blah blah told to blah, which blah within blah blah like a blah blah blah and blah as a blah blah from blah, suddenly blah blah a blah to blah her blah as they found a blah in blah of the blah, blah blah silently to the blah, they waited blah blah blah while he blah blah a blah toward the red blah blah, she blah him blah blah blah among blah blah things, very blah blah and with a blah blah blah that blah a real blah blah, blah him not at blah blah she blah blah sorry for all blah blah and blah him carefully one blah because blah was so blah, a blah of a blah blah blah which blah a blah and blah illusion blah blah blah being blah by blah blah blah, she was blah blah she had blah him, for blah hour when his blah fell blah blah blah at blah a blah of a blah blah blah through his blah, the blah rang, her blah blah eyes blah blah along the blah blah blah his blah blah lips blah the pattern of a blah of blah on the blah as she blah blah blah and blah him with a blah, blah blah just as his blah blah blah about her, they blah a blah week for blah, and blah, having blah no blah blah blah of any blah, blah blah blah up his blah blah blah, blah was not blah blah was expected blah in one week, blah left blah number, the sense of the blah blah of life, never week in blah, had blah blah blah almost to blah, at short blah blah some blah blah blah, some blah of blah, would blah her blah blah blah the blah now blah had blah blah down in blah blah upon her as he blah blah those blah blah things faded after blah blah that blah was blah, the blah had both blah and blah blah the blah things in her blah blah occurred to blah that he blah taken this blah blah blah several blah blah before blah blah 

ENARD Mathias, Zone, 2008, Acte Sud.[modifier | modifier le code]

MABANCKOU Alain, Verre cassé, 2008.  ???[modifier | modifier le code]

BLAIS Marie-Claire (née en 1939) , Mal au bal des prédateurs, 2011, Seuil.  [modifier | modifier le code]

PRUDHOMME Sylvain (né en 1979), Là, avait dit Bahi, 2012, Gallimard, L’Arbalète.[modifier | modifier le code]

BESNIER Philippe (né en 1958), Toi, … tu penses, 2014, CURSUS    [modifier | modifier le code]

Anaphorex, Au sortir de la larve.canalblog.com › Messages, janvier 2016 [modifier | modifier le code]

SALICIS Jean-Marie, catégorie humour, 27 mars 2013, la phrase la plus longue du monde[modifier | modifier le code]

ZAMIR Ali (1987), Anguille sous roche, 2016, Le Tripode.  [modifier | modifier le code]