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Plafond peint médiéval[modifier | modifier le code]

Plafond peint dans le château des archevêques de Narbonne à Capestang, milieu du XVe

Ce que l'on appelle communément « plafonds peints[1] » désigne en réalité les éléments peints d'une charpente en bois, ou les éléments peints de la structure qui soutient le plancher d'un étage : poutres, solives, corbeaux, closoirs... Depuis 2008, on s’accorde à nommer « closoir » la planchette placée verticalement ou légèrement inclinée entre les solives, chevrons ou poutres pour clore l’espace.

Dans l’Occident chrétien, on trouve des plafonds peints dans les églises dès le XIIe siècle, ils font ensuite leur entrée dans les demeures des élites laïques et ecclésiastiques, nobles puis bourgeoises, au siècle suivant, pour connaître leur plein épanouissement au XVe siècle avant de passer de mode au siècle suivant. Le plafond peint participe du décor médiéval au même titre que les fresques, les tapisseries, les carreaux de carrelage de céramique au sol. Il a pour fonction d'être décoratif, mais c'est surtout un marqueur social témoignant de la richesse et de l'influence du propriétaire.

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Plafond de la Notairie de Béziers couvert de suie et de badigeon (premier tiers du XVe siècle)

Situées en hauteur, recouvertes de suie, cachées par un faux plafond, disloquées en raison d'un tremblement de terre, ou tout simplement détruites, les charpentes peintes n'étaient plus visibles. On ne les cherchait pas non plus : difficilement attribuables à de grands maîtres, faites d'un matériau non précieux, appartenant pour certaines à la sphère domestique, elles n'ont pas intéressé la première histoire de l'art quand elle s'est fondée comme discipline au XIXe siècle. Depuis une quinzaine d'années, les plafonds peints émergent comme objet de recherche[2], nous offrant des milliers d'images inédites de la période médiévale[3].

Historique[modifier | modifier le code]

L’origine des plafonds peints médiévaux est encore mal connue. Si cette forme de décor se développe dans toute l’Europe, elle privilégie le pourtour méditerranéen et l’arc alpin[4]. Avant le milieu du XIIIe siècle, quelques exemples isolés de plafonds peints sont connus à Zillis, à Narbonne, à Sigena, à Xátiva ou à Palerme. Mais c’est surtout à partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle que cette pratique se développe à Valence, en Aragon, en Catalogne, à Perpignan ou à Montpellier pour ensuite se diffuser et connaître de nombreuses variations particulièrement au XVe siècle.

La documentation textuelle est rare. On trouve des informations dans les registres de notaires, où sont conservés les précieux baux à prix fait. En Provence, ces documents sont plus nombreux qu’ailleurs[5]. Ils indiquent le délai de réalisation du décor, le prix avec son mode de paiement et donnent les noms des contractants, commanditaires et peintres. Les comptes publics, royaux et municipaux, fournissent de nombreuses mentions historiques sur la réalisation des plafonds peints.

Des milliers d'images inédites[modifier | modifier le code]

La découverte de milliers d’images nouvelles est sans doute le trait le plus caractéristique de l’étude des charpentes peintes. Une charpente de plancher en apporte plus d’une centaine et parfois jusqu’à plusieurs centaines.

On y trouve

Armoiries du dauphin de France placées sur un closoir de l'hôtel de Montagnac à Brignac
Armoiries du dauphin de France placées sur un closoir de l'hôtel de Montagnac à Brignac
  • Armoiries : armoiries de la famille, des alliés et des grands personnages de l'époque, qui sont là pour témoigner d'un réseau et d'une influence.
  • Éléments végétaux : un décor simplement végétal, qui fait le lien avec les rinceaux et les rubans figurés en abondance sur les poutres et les diverses planchettes et cimaises. Les fleurs et les plantes sont parfois identifiables mais souvent génériques.
  • Animaux : monde fourmillant, allant des animaux domestiques aux animaux sauvages. On trouve sur les closoirs beaucoup de représentations de chasse : lapin ou renard poursuivi par un chien ou une meute. Les oiseaux sont innombrables, leurs plumes et les becs acérés inspirent le graphisme des peintres.
  • Hybrides : hommes ou femmes animaux, mélange d'animaux, humains ou animaux objets. Les plafonds donnent à voir un bestiaire d'une diversité surprenante.
  • Personnages en buste : ils ont des traits parfois inexpressifs et génériques, parfois caricaturaux. Dans certains cas, on peut envisager qu'il s'agisse de portraits, des propriétaires par exemple. Ils sont particulièrement répandus en Italie à partir du XVe siècle.
  • Saynètes : interactions entre humains (jeux, danse, scènes de séduction, duels...) ou entre humains et animaux (chasse et combats). Certaines scènes sont inspirées de la littérature et de la culture orale.
  • Le monde à l'envers :
  • Inscriptions : proverbes, inscriptions religieuses ou à vocation protectrice.
  • Marques de marchand : signes parfois fait à partir d'initiales que les marchands apposaient sur leurs marchandises et qu'ils ont progressivement revendiqué et fait peindre comme des armoiries personnelles.

Galerie[modifier | modifier le code]

Plafonds conservés[modifier | modifier le code]

De nombreux plafonds sont conservés in situ dans des maisons particulières, donc inaccessibles au grand public.

Certains sont visibles en place dans des lieux ouverts au public, d'autres, démontés, dans des musées.

[liste non exhaustive]

Plafonds remarquables in situ ouverts au public[modifier | modifier le code]

  • Ecosse
    • Château de Crathes, début XVIe
  • Espagne
    • Barcelone, Musée Picasso, XIIIe siècle
    • Barcelone, Musée Etnològic i de cultures del món, XIIIe siècle
    • Huesca : Palais de Villahermosa, c. 1280
    • Llíria : Eglise de la Sangre, 1295-1310
    • Montblanc : Eglise de Sant Miquel, XIIIe, avant 1288
    • Saragosse : Aljafería, XIVe - XVe siècle
    • Silos : Cloître de Santo Domingo de Silos, c. 1380
    • Tarragone : Sacristie de cathédrale, 1355-1360
    • Teruel : Catedral de Santa María, c. 1285
    • Tolède : Synagogue El Tránsito, XIVe siècle
    • Valence : Palais Joan Valeriola, XIVe siècle
  • France
    • Aigueperse : Maison dite des Etats généraux, milieu XVe
    • Angers : Musée du Plessis-Bourré
    • Avignon : Palais des papes, XIVe
    • Avignon : Musée du Petit Palais, XVe
    • Capestang : Château des archevêques de Narbonne
    • Fréjus : Cloître des chanoines, c. 1350
    • Lagrasse : Maison du patrimoine, fin XVe
    • Narbonne : Palais des archevêques, c. 1230
    • Perpignan : Palais des rois de Majorque, c. 1290
    • Tarascon : Château de Tarascon
    • Villeneuve d'Aveyron
  • Italie
  • Suisse
    • Zillis, Suisse : Eglise, saint Martin, après 1114

Musées[modifier | modifier le code]

  • Allemagne
  • Angleterre
  • Espagne
    • Barcelone, MNAC
    • Palma de Majorque, Musée de Majorque
    • Madrid, Musée archéologique
    • Valence, Musée des arts somptuaires
    • Vic, Musée épiscolal
  • Etats Unis
    • New York, Cloisters
    • San Luis Obispo (Californie), Hearst Castle/ San Simeon

Postérité[modifier | modifier le code]

  • On trouve de brèves descriptions de plafonds peints dans Notre Dame de Paris de Victor Hugo.
  • Dans Entrez dans la danse, Jean Teulé décrit un personnage qui, bouleversé par l'épidémie de danse qui ravage la ville de Strasbourg, se perd dans la contemplation de son plafond peint (Julliard, 2018, chapitre 15).
  • Le Château de Tarascon – Centre d’art René d’Anjou a aménagé ses espaces ouverts au public d'une moquette conçue par les ateliers Christian Lacroix, qui reprend en grand format les hybrides des closoirs du château.
  • Court-métrage présenté dans le cadre du concours Symbiose de Pariscience, 2020 : Plafonds voyageurs, avec Delphine Zentout et Cédrick Spinassou, écrit par Maud Pérez-Simon et Hervé Thébault, réalisé par Hervé Thébault et Stéphane Gays, https://pariscience.fr/symbiose-edition-2020/.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Aux sources des plafonds peints médiévaux. Provence, Languedoc, Catalogne, études réunies par Philippe Bernardi et Jean-Bernard Mathon, Capestang, RCPPM, 2011, 269 p., 87 illustrations.
  • De l’Aragon au Frioul : esquisse d’une géographie des plafonds peints médiévaux : Actes des rencontres RCPPM (Lagrasse, octobre 2015), sous la direction de Monique Bourin, Maud Pérez-Simon et Georges Pucghal, Nouvelle édition [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2021. http://books.openedition.org/psorbonne/83555 [accès libre]
  • Maurizio D’Arcano Grattoni, TABULAE PICTAE, Pettenelle e cantinelle a Cividale fra Medioevo e Rinascimento, catalogo della mostra, Cividale del Friuli, Palazzo de Nordis, dal 13 luglio 2013 al 29 settembre 2013, Milano, Silvana Editoriale, 2013.
  • Paola Bonfadini, Colori di legno. Soffitti con tavolette dipinte a Brescia e nel territorio (secoli XV-XVI), Starrylink editrice, Collana SkyLine, Arte, Brescia, 2005. https://rcppm.org/blog/wp-content/uploads/2020/05/Colori-di-legno_Brescia_Bonfadini.pdf
  • Pierre-Olivier Dittmar et Jean-Claude Schmitt, « Le plafond peint est-il un espace marginal ? L’exemple de Capestang », Plafonds peints médiévaux en Languedoc, Actes du colloque de Capestang, Narbonne, Lagrasse 21-23 février 2008, M. Bourin et Ph. Bernardi (dir.), Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan, 2009, p. 67-98, http://books.openedition.org/pupvd/3093 [accès libre]
  • Joan Domenge i Mesquida et Jacobo Vidal Franquet, « Construir i decorar un teginat: del document a l’obra », Quaderns del Museu Episcopal de Vic, 2013, no 6, p. 9‑46, https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=4773477 [accès libre]
  • Colette Dumas et Georges Puchal, L’imagier de Fréjus. Les plafonds peints du cloître de la cathédrale, Paris, Editions du patrimoine, 2001.
  • Francesco Fratta de Tomas, Soffiti lignei in Friuli, Silvana editoriale, biblioteca d'arte, Milan, 2019.
  • Mònica Maspoch, « Aproximació historigràfica dels embigats policromats medievals e arquitectura domèstica catalana.: el cas de Barcelona », Quaderns del Museu Episcopal de Vic, 2013, no 6, p. 59‑70, https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=4773579 [accès libre]
  • Christian de Mérindol, La Maison des Chevaliers de Pont-Saint-Esprit. Tome 2. « Les décors peints. Corpus des décors monumentaux peints et armoriés du Moyen-Age en France ». Conseil Général du Gard, Nîmes, 2000, 474 p.
  • Gli eroi antichi di Casa Aratori. Tavolette da soffitto del Quattrocento a Caravaggio, a cura di M. Marubbi,  Azzano San Paolo, Bergamo, 2010.
  • Plafonds peints médiévaux en Europe. Connaissance, conservation et restauration : méthodes & approches scientifiques, Actes des 9e Rencontres de la RCPPM, Marseille-Fréjus, 29 septembre-1er octobre 2016, Monique Bourin et Roland May (dir), CICRP, 2019. https://rcppm.org/blog/wp-content/uploads/2019/10/PLAFONDPEINT-eBook-light.pdf
  • Plafonds peints médiévaux en Languedoc, Actes du colloques de Capestang, Narbonne, Lagrasse, 21-23 février 2008, études réunies par Monique Bourin et Philippe Bernardi, Presses Universitaires de Perpignan, Perpignan, 2009, 249 p, 110 illustrations. https://rcppm.org/blog/wp-content/uploads/2012/07/Plafonds-peints-m%C3%A9di%C3%A9vaux-en-languedoc-copie.pdf
  • Vera Segre, Il soffitto della Cervia a Bellinzona, Edizioni Casagrande, 2021.
  • Joaquín Yarza Luaces , « Santa María de Mediavilla, Teruel: Pintura de la techumbre mudéjar » dans Gonzalo Máximo Borrás Gualis (ed.), Teruel mudejar: patrimonio de la humanidad, Zaragoza, Ibercaja, 1991, p. 239‑318, https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=4907698 [en ligne]
  1. « Pour une première approche, Les plafonds peints quésaco ? » Accès libre, sur RCPPM (consulté le )
  2. Pierre-Olivier Dittmar, « Un patrimoine longtemps ignoré » Accès libre, sur RCPPM, (consulté le )
  3. Monique Bourin et al., Images oubliées du Moyen Age. Les plafonds peints du Languedoc-Roussillon, Montpellier, Direction Générale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon (DRAC), (lire en ligne)
  4. De l’Aragon au Frioul : esquisse d’une géographie des plafonds peints médiévaux : Actes des rencontres RCPPM (Lagrasse, octobre 2015), Paris, Editions de la Sorbonne, (lire en ligne)
  5. Philippe Bernardi, « Documents médiévaux sur la peinture des charpentes avignonnaises et marseillaises (1353-1501) », Aux sources des plafonds peints médiévaux. Provence, Languedoc, Catalogne,‎ , Philippe Bernardi et Jean-Bernard Mathon (dir.), p. 143-175