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Utilisateur:Maaaax~frwiki/Brouillon1

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Notes
  • Fiche de lecture de l'ouvrage D'alain Corbin, Le village des cannibales. Des points plus précis seront apporté dès que possible.
  • Le plan ici même respecte l'argumentaire de l'historien


Intoduction[modifier | modifier le code]

C'est à la manière d'un romain policier, dans son prélude, qu'Alain Corbin nous plonge en quelques lignes dans son « enquête » sur le crime de Hautefaye, où un jeune noble français sera supplicié et brûlé, pour avoir, dit-on, crié « Vive la République! ». A travers cet ouvrage, Alain Corbin va à la foi essayer de nous faire comprendre les motivations d'un tel supplice, mais ses recherches permettent également de comprendre les positions politiques de la paysannerie française en 1870.

La micro-histoire permet parfois de peindre un portrait beaucoup plus général des faits historiques majeurs, et c'est ce que Alain Corbin continue d'exploiter dans d'autres de ses ouvrages.

Ainsi donc, se trouver au plus près des acteurs de ce massacre pour discerner le comportement populaire paraît essentiel. Et c'est avec un style soucieux d'être clair que l'historien, actuellement professeur à l'université de Paris-I, nous plonge dans une enquête policière-historique.

La cohérence des sentiments[modifier | modifier le code]

Dans le premier chapitre de son ouvrage, La cohérence des sentiments, Alain Corbin s'efforce de nous exposer ce qui motiva la haine des nobles, des curés, des républicains et la véritable passion auprès de l'Empereur Napoléon III. Un portrait du paysan de l'époque donc, qui nous est peint par Alain Corbin.

Il paraît essentiel, tout d'abord, de mettre en avant l'importance de la rumeur. Les bourgeois de l'époque ont diffusé un discours anti-noble, un discours qui pourtant ne rentré pas dans le cadre de la réalité.

De plus, apparaît une haine des curés, conséquence de l'association – faite encore une foi par la bourgeoisie – de la noblesse et du clergé. C'est à travers de multiples exemples que Corbin nous présente l'importance de la rumeur; le « il paraît que... » ou « on dit que... » entraine des conséquences impressionnante, on brûle des bancs des églises, on détruit les symboles comme les fleurs de lys...

La haine des républicains est une conséquence de la politique menait par eux-même. Alors que les paysans détestent le riche, comment ce fait-il qu'ils détestent le républicain? Une réponse historique nous est ici, en premiers lieu, présenté par Corbin; elle remonte à la période de la Révolution française, où la Grande Peur reste encore très ancrée en 1870. D'autre part, un impôt de quarante-cinq centimes est demandé, ce qui entrainera une certaine déception des ruraux. Il se déploie alors « un bonapartisme à la fois populaire et anti-républicain ».

Un attachement qui peut paraître logique se met en place, un attachement à l'empereur Napoléon III. Les paysans se retrouvent finalement face à une nostalgie du Premier Empire, où les populations rurales ont participé aux guerres napoléoniennes suite à la Révolution française. Une certaine fierté gagne encore les cœurs des paysans en 1870, on conte les exploits, et une certaine mémoire à la foi familiale, et à la foi commune aux paysans, est bien présente. Napoléon III se trouve finalement être l'héritier de cette mémoire. Nostalgie d'une grandeur passé de la France, construite par Napoléon Ier.

On comprend, en aillant lu ce premier chapitre, la contradiction qui finalement motiva un massacre; un noble qui aurait crié « Vive la République ». La victime sera être finalement un bouc-émissaire, il aurait autant pu être curé, républicain, etc. Il apparaît dès lors, à travers ce premier chapitre, que ce crime est « politique », on fait cela pour l'Empereur, pour la nation.

C'est finalement à travers une trentaine de page que Corbin arrive à placer « idéologiquement » si l'on puis dire, le contexte présent dans la paysannerie. L'historien arrive à dynamiser la lecture à travers de multiples exemples, le chapitre est scindé en quatre sous-parties qui permettent de bien situer la position paysanne.

L'angoisse et la rumeur[modifier | modifier le code]

La rumeur a une importance capitale dans le massacre de Hautefaye – et sans doute dans beaucoup d'autres situations et faits historiques – mais les conséquences de ce phénomène en règle générale sont assez mal connues, on n'imagine pas d'ailleurs que la rumeur puisse tenir un rôle aussi important. Dans son second chapitre, L'angoisse et la rumeur, Corbin va mettre en avant le cadre spatio-temporel de Hautefaye.

Alain de Monéys, victime de Hautefaye, a été suite au massacre, considéré comme « Prussien ». Ici encore, cette appellation est une conséquence des multiples rumeurs présentes. Les paysans ont encore en place une peur, peur historique qui remonte à la Restauration, où les prussiens ont occupé le territoire français, où les prussiens ont pillé, saccagé les villages et violé les femmes. Pourquoi cependant avoir associé un noble français à un « Prussien »?

Les paysans craignent pour l'Empereur, et face au défaites françaises lors de la guerre franco-prussienne, les journaux se taisent. Face au manque d'information, les rumeurs sont relancées, on pense que, comme en 1815, les nobles français soutiennent l'aristocratie d'Outre-Rhin, on affirme que les nobles et les curés envoient de l'argent aux prussiens. La rumeur traduit l'angoisse. Le phénomène touche aussi les républicains, mais avec beaucoup moins de vigueur. La qualification de « Prussien » désigne simplement le partisan de l'ennemi, bien que certains futurs accusés du crime croiront véritablement qu'Alain de Monéys était prussien.

Le crime de Hautefaye se situe dans un contexte de double festivité; du 14 au 16 août, une foire réunit la communauté paysanne, alors que le 15 août correspond à la fête nationale. Cette dernière est réellement populaire, des cortèges sont présents, des feux de joie sont visibles partout en France. On crie « Vive l'Empereur! » ou encore « Vive l'Impératrice! ».

Le foirail, tant qu'à lui, est un lieu où on se dit tout, sans gène et sans honte. Période de vantardise et période de boisson. Le foirail couvre une très grande surface, mais ce qui est caractéristique du rassemblement d'août 1870, c'est le vide des autorités nationales, vide qui caractérise sans doute un pouvoir vacant. Pas un seul gendarme ne se présentera tout au long de la foire. Mais Hautefaye ne peut porter toute la responsabilité du massacre, du fait de l'étendu du foirail qui englobe plusieurs agglomérations.

L'étendu du foirail, le vide des autorités, mais également l'isolement de cet événement sont des facteurs qui permettent d'expliquer « la liberté laissée au déplacement de la haine » lors du supplice.

A travers ces deux premiers chapitres, Alain Corbin place à la foi le cadre spatio-temporel, mais également les positions politiques de la paysannerie en 1870. Finalement, toutes les cartes de compréhension sont entre les mains du lecteur; on comprend que le massacre de Hautefaye soit un crime politique, et on comprend en quoi le cadre spatio-temporel a permit la mise en place du supplice.

La liesse du massacre[modifier | modifier le code]

Le titre du troisième chapitre, La liesse du massacre, est très explicite sur l'ambiance qui régnait autour du crime de Hautefaye. A travers ce chapitre, Alain Corbin va nous présenter l'action, le supplice que va endurer Alain de Monéys.

Ce noble français de 32 ans serait finalement une victime de substitution; c'est son cousin, Camille de Maillard, qui aurait prononcé « l'Empereur est perdu » - notons le changement de propos, qui sera perçu comme « Vive la République ». Camille de Maillard réussit à s'enfuir, et c'est Alain de Monéys qui va porter les propos – déformés – de son cousin.

Alain Corbin va nous exposer les différentes séquences du massacre. Il ne paraît pas intéressant ici de les citer et de les expliciter, mais seulement d'en retenir un semblant de psychologie des foules autour de ce crime. Alain de Monéys endurera un supplice de deux heures, pas loin de 200 personnes l'ont frappé. Mis à part certains individus, le cortège qui amènera Monéys à la mort ne cessera de se transformer. On y trouvera des hommes de tout âge, aucunes femmes ne sera présentes au sein du cortège. La victime sera assimilé à un animal au travers de ce « rythme lent et discontinu » caractérisant le massacre. Pourquoi finalement tuer un noble français à travers ce supplice, à travers cette animalisation de la victime? Le crime est finalement la conséquence de cette angoisse et de cette peur, appuyée et maintenue par la rumeur, qu'éprouve les paysans en ce qui concerne la nation et l'Empereur en août 1870. Et ce supplice, en ce sens, exorcise cette peur et cette angoisse qui est fortement présente dans la paysannerie. C'est un crime de passion, un cri « d'amour pour l'Empereur ».

Il semble intéressant de traiter du style d'écriture de Corbin, après la lecture de ces trois chapitres. Il semblerait que cet ouvrage ne soit pas destiné exclusivement au cercle des universitaires, Corbin s'efforce de rendre le plus clair possible son raisonnement, il arrive à donner des exemples tout au long de l'ouvrage, notamment pour les deux premiers chapitres. Une base de connaissance en ce qui concerne le XIXème siècle en France, et pourquoi pas en Europe, peut être appréciable pour encore mieux cerner ce crime politique de Hautefaye. La lecture est fluide, et comme cela a été dit dans l'introduction de la présente fiche de lecture, il semble que l'historien ait adopté un style et une manière d'écrire à la foi présent dans les romans policiers, mais également et simplement dans les romans en général.

L'hébétude des monstres[modifier | modifier le code]

Le village des « cannibales » se terminent sur le quatrième chapitre l'hébétude des monstres. La première sous-parties est sans doute le passage le plus complexe à aborder dans l'ouvrage d'Alain Corbin. L'historien se propose ici une approche anthropologique et sociologique du massacre. Il nous expose un retour historique sur les massacres, où depuis l'époque « humanitarisme des lumières » la notion de sacré qui entourait le massacre c'est atténué. Le XVIIIè et le XIXè siècle ont vu apparaître une critique de la torture et de la peine de mort. Ce que Corbin veut nous montrer ici, c'est le décalage de ce crime; entre, d'un coté une contestation de la souffrance humaine qui se fait de plus en plus présente, et d'un autre, cet acte de barbarie, cet acharnement sur un seul homme. Le massacre de Hautefaye est un massacre en décalage, il « ressuscite le raffinement du supplice ». Le procès suscitera de la popularité, la salle d'audience du tribunal se trouva bondée tout les jours. Alors que la salle de théâtre était fermé, les bourgeois venaient assister au procès. Le massacre de Hautefaye fascina.

Le crime eut même des conséquences que l'on aurait du mal a imaginé sur le plan politique. Les républicains ont fait du crime local une généralisation d'État, où l'Empire se trouva être également sanguinaire, etc. Ils se trouvèrent presque haineux envers la paysannerie, et des mots comme « paysan [et] rural » trouvèrent une « connotation péjorative ».

Le verdict du procès tomba le 21 décembre 1870; sur les dix-neuf accusés, quatre sont condamnés à la peine de mort. Les autres sont dirigés vers les travaux forcés, le bagne, la réclusion ou encore des peines de prisons. Le refus de grâce ou de sursis n'apparait pas pouvoir être contesté. La guillotine est apportée à Hautefaye, et en cinq minutes, les quatre mis-à-mort deviennent des martyrs.

Ce quatrième chapitre permet finalement d'exposer une perspective plus large des conséquences du massacre de Hautefaye en France, tout en servant de conclusion en terminant de façon chronologique le crime en lui même: la mis-à-mort des quatre condamnés à la sentence suprême.

Conclusion générale[modifier | modifier le code]

Le village des « cannibales » rentre dans la continuité des précédents travaux de Corbin; la révélation d'une microhistoire, d'une histoire locale, peut permettre de comprendre des faits historiques majeurs. C'est à travers un style d'écriture soigné que Corbin nous fait comprendre l'importance d'un phénomène majeur – la rumeur – et ses conséquences sur les actes des hommes.

Le portrait de la paysannerie que Corbin nous dévoile permet de mieux comprendre les choix politiques fait dans le monde rural à cette époque. Le massacre de Hautefaye est un crime politique, un crime passionnel. Passion pour la nation, passion pour l'Empereur. Le contexte bien particulier posait par la guerre franco-prussienne, ainsi que par les multiples rumeurs, engendreront de l'angoisse et de la peur. Le crime de Hautefaye fait finalement écho dans l'inquiétude et dans la crainte qui saisit le monde paysan en 1870.