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Utilisateur:Louisixte/Brouillon

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Théophile Duplant (Le Plantis, avril 1942 – Paris, 16 juillet 2009) est un peintre et sculpteur français qui a passé l’essentiel de sa vie à Paris, inspiré à la fois par le déconstructivisme, l’ironie postmoderne et le surréalisme.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et famille[modifier | modifier le code]

Né en avril 1942 dans une ferme de la commune du Plantis (Orne), son « premier malheur », comme il le disait lui-même, fut « d’avoir assassiné sa mère de son premier cri ». Il fut alors recueilli par le curé du village qui lui donna le nom de Théophile et l’éleva comme son fils ; l’état civil retint le nom de « Duplant », en référence à son lieu de naissance. On sait peu de choses de sa famille ; selon des témoignages, sa famille maternelle était installée dans la région du Plantis depuis plusieurs générations et son père était un officier allemand avec qui sa mère eut une liaison en 1941 alors qu’elle était femme de chambre dans un palace parisien. Il ne sut jamais rien d’autre de ce père inconnu[1].

Son « éducation religieuse à outrance » comme il le disait lui-même, mêlée à l’absence révoltante d’un père qui ne savait peut-être même pas qu’il existait l’éloigna progressivement de la religion, si bien qu’il refusa même de communier à l’enterrement de son père adoptif en 1958 ; il avait alors 16 ans ; « ce fut ma première révolution »[2]. Cette disparition, qui ne lui apporta rien d’autre que « la solitude salvifique », lui permit de quitter la Normandie pour aller vers des cieux plus prometteurs à Paris. Il y débarque en mai 1958, où il découvre une France survoltée par les événements d’Algérie et l’instabilité politique. Il s’installe d’abord rue Mazarine, chez un galeriste à qui il rend des services en échange du logement. Pour gagner sa vie, le jeune Théophile dépanne parallèlement les bouquinistes des quais de Seine, avec qui il se découvre une passion pour la lecture ; en quelques mois de vie parisienne, il entretient des relations amicales avec un grand nombre de « ces vendeurs de bouquins amarrés au parapet de la Seine »[3] ; l’un d’entre eux remarquant son talent artistique le pousse à étudier cette voie-là. Son « galeriste-gardien » lui propose dès l’été 1959 d’installer un atelier dans son arrière-boutique. C’est alors que le jeune Théophile (il a alors 17 ans) se sent « happé » par la création artistique. Il y dépensera désormais toute son énergie. Il organise une première exposition de ses œuvres en septembre 1961, dans une galerie de la rue de Buci dont le propriétaire est devenu entre-temps un ami. Théophile, avantagé par son physique, a alors de nombreuses aventures, mais très vite il se découvre une attirance prononcée pour les garçons. Son homosexualité qu’il assumera peu à peu lui causera les tourments nécessaires à son évolution artistique au point même de lui en savoir gré à la fin de sa vie. « Avec une femme, je n’aurais pas été artiste ; mon inspiration est homosexuelle »[4].

Influences surréalistes[modifier | modifier le code]

C’est avec les bouquinistes que Théophile Duplant a découvert le courant surréaliste. Profondément bouleversé par cette école de pensée « prônant raisonnablement la déraison », il y puise ses premières inspirations artistiques ; « avant, j’étais un enfant ; je suis entré dans l’âge adulte avec André Breton, qui avait pourtant 46 ans de plus que moi ». C’est le temps où Théophile Duplant commence à détacher ses œuvres de la réalité, « débarrassant l’œuvre de la réflexion esthétique pour la vouer tout entière à l’inspiration »[5].

La révolte et le « trek »[modifier | modifier le code]

Mai 68 soufflera sur lui comme « l’espoir d’un second âge adulte » (André Breton est mort deux ans plus tôt). À 26 ans, Théophile, qui vit rue Hautefeuille, est au cœur des révolutions étudiantes du Quartier Latin. « La jeunesse révolutionnaire parisienne avait des goûts de bourgeoisie ; je n’en fus que plus révolté ; à la révolte s’ajoutait ma révolte, à mon art s’ajoutait la révolte ». C’est alors qu’il commence la sculpture, travaillant à la fois le bois, la terre et l’acier. Une séparation difficile le pousse au printemps 1969 à quitter Paris pour un voyage de 2 ans autour du monde, pour ce qu’il appellera à son retour le « trek » ; en Afrique, en Asie, en Amérique, il découvre à chaque fois combien l’homme est créatif, et combien « l’art humain n’est pas un grand pot de ramassis mais une conjugaison d’inspirations ». « À cela je décidai de n’être qu’un maillon ; ce fut à la fois pour moi la déception de l’égalité de condition et le rappel à l’humilité ». En août 1971, il revient s’installer à Paris où il passera près de 20 ans sans faire parler de lui. En 1990, après une succession de boulots de fortune dans le milieu des antiquaires parisiens, il décide de revenir à ses premières amours et entame sa grande période artistique, « la seule où mes œuvres dépassaient la matière et l’apparence »[6].

Le boulevard du Montparnasse et l’atelier de la rue de Buci.[modifier | modifier le code]

C’est dans son appartement qu’il loue boulevard du Montparnasse que Théophile Duplant renoue avec la création artistique. Il passe alors son temps libre à « faire fusionner l’âme et la matière, à puiser dans mon être l’apparente réalité de mon âme ». Une nouvelle exposition à la mairie du 14e arrondissement le fait redécouvrir ; un marchand d’art américain, évoluant dans le cercle de Larry Gagosian, décide alors de le soutenir et l’aide à acheter un atelier rue de Buci ; il le conservera jusqu’à sa mort. Ce « retour aux sources, ce recommencement créateur » le détachera de l’abstraction ; « il s’agissait pour moi de me confier à l’évidence : ma vie que j’aurais voulu abstraite était un ruban de möbius, tournoyant pour de faux vers la réalité amère de l’existence ». Curieusement, cette période faste de créativité ne se traduisit pas en prolifération d’œuvres ; « conscients de la marchandisation de l’art, je ne voulais pas marchander ma conscience »[7].

Atteint par la maladie de Parkinson, empêché de travailler la matière, Théophile Duplant se suicide le 16 juillet 2009 à l’âge de 69 ans.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Des œuvres de Théophile Duplant sont conservées dans plusieurs grands musées nationaux et internationaux : le FRAC de Rouen, le Nasher Sculpture Center de Dallas (USA), le Musée d'art contemporain de Chicago, le Kunstmuseum Bonn notamment.

Référence[modifier | modifier le code]

  1. Le Journal de l'Orne (20/07/09)
  2. Monde 2, n°155, 2 février 2007
  3. L'Oeil, n°610, février 2009
  4. Le Journal des Arts, n°190, 2 avril 2004
  5. OUEST FRANCE, entretien, 6 février 1994
  6. MAGAZIN'ART, sixième année, 1993, numéro 1
  7. Le Monde, 20 juillet 2009