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Reproduction d'une ancienne carte postale.

Le Jardin de l'Ecole de Culture Générale est le jardin de l'ancien couvent des Capucins. Le bâtiment, ancien monastère changera plusieurs fois d'usages. Il deviendra notamment l'Ecole Normale puis l'Ecole de Filles, avant de devenir l'Ecole de Culture Générale en 1978. Il se trouve à Delémont, dans le canton du Jura, en Suisse. Il a été créé vers 1630, par les Capucins.

2016 Ecole culture gen. LM 1

Historique[modifier | modifier le code]

Des jardins sur l’Ex-voto du Vorbourg[modifier | modifier le code]

Le 23 novembre 1671, en vieille ville de Delémont, un incendie se déclare au croisement Rue de l’Hôpital et Rue de Fer. Les citoyens prient pour qu’il ne se propagent pas dans le reste de la ville. A l’époque il était coutume de faire une procession jusqu’au lieu du sinistre, pour implorer la miséricorde de Dieu[1]. La catastrophe est évitée, l’incendie ne se propage pas. En remerciement, un ex-voto est mis en œuvre à la chapelle du Vorbourg. Celui-ci représente la vieille ville delémontaine ainsi que les bâtiments emblématiques hors mur. Le couvent des Capucins (actuel Ecole de Culture Générale) y est représenté par un ensemble de bâtiments et de murs d’enceinte. Une chapelle prend place devant ce qui semble être la résidence des Capucins. Un long mur fait le tour de la parcelle, laissant apparaître un large jardin aménagé à l’intérieur de l’enceinte.

Aménagement du jardin entre 1630 à nos jours[modifier | modifier le code]

L’inauguration de l’église du couvent des Capucins date de 1630. Le monastère adopte une forme de carré à un étage qui contenait 20 cellules pour les Capucins[2]. Si la ville, avec qui ils semblent toujours avoir eu de bons rapports, leur livre le bois de chauffage et un peu de viande lors des fêtes, on imagine qu’ils cultivaient fruits et légumes de subsistance sur leur propre parcelle.

Le site est situé hors des murs de la vieille ville, à quelques centaines de mètres au nord-ouest des murailles, entouré d’un grand mur d’enceinte en moellons qui sert autant de protection que de délimitation. Le mur d’une certaine hauteur (entre 2 et 3 m) empêche tout regard à l’intérieur de la parcelle, isolant ainsi ces usagers (notion d’autarcie : autosuffisance et indépendance de la communauté en place). Le bâtiment prend place dans la partie nord-ouest de la parcelle, proche du porche de l’entrée principale, laissant ainsi la plus grande partie de la parcelle libre et orientée sud afin de profiter pleinement du soleil. Seul la cour d’entrée prend place au nord du bâtiment. Elle sera enrichie plus tard par la construction d’une annexe : une grange-écurie.

Le plus ancien plan de la parcelle disponible semble daté de 1815[3]. Il mentionne déjà le mur d’enceinte périphérique. La parcelle apparaît divisée en 3 parties. La moitiée est devait être plantées d’arbres fruitiers hautes tiges. Le quart sud-ouest semblait être un large espace de culture, tandis que le quart nord-ouest contient le bâtiment principal, un jardin de curé avec un plan en croix et un espace qui pourrait être un jardin potager. Un petit canal délimite ces trois espaces. Il entre au nord de la parcelle, tourne autour du quart nord-ouest et ressort côté ouest.

Le cadastre de 1826[4] semble très précis. Il mentionne des cultures dans la partie haute du jardin et un bassin dans celle du bas. Malheureusement aucune trace d’un tel aménagement n’est encore visible aujourd’hui. Le manque d’éléments historiques qui confirment cet aménagement permet de douter du bien-fondé du plan.

Photographie du plan cadastral roulé n°32. Archives communales de Delémont
Photographie du plan cadastrale de 1826. Archives communales de Delémont

Un peu plus de quarante ans plus tard, le cadastre de 1867[5] mentionne un autre aménagement de la parcelle, plus proche de celui d’aujourd’hui. Il est composé d’un axe principale nord-sud perpendiculaire au centre de la façade du bâtiment. Il commence au pied des marches de la porte du bâtiment, traverse l’entier du jardin pour se terminer au pied du mur d’enceinte sud où une porte était déjà mise en place. Un second axe est-ouest est mentionné. Il s’étend au pied du talus entre les deux plateaux du jardin formant ainsi une croix magistrale qui divise le parc en quatre carrés. Celle-ci étant bien visible sur le plan topographique de 1870[6]. L’axe s’étend davantage à l’est et se termine sur une placette hexagonale qui devait certainement accueillir un autel, permettant l’organisation de célébrations à l’extérieur.


1870 Plan topo b zoom

A cette époque la parcelle est alimentée en eau par un réseau de canaux qui arrivent du nord. Ils alimentent une fontaine devant l’écurie (abreuvoir) et le bâtiment principal. Un canal traverse le jardin et ressort à travers le mur d’enceinte sud, permettant ainsi l’arrosage des surfaces de culture. En 1914 lors de la création de la nouvelle école des filles (Agrandissement de l’école normale[7]), le nouveau bâtiment est construit dans la continuité du premier bâtiment, côté est. L’axe central est déplacé du même côté de manière à reprendre une position centrale. A ce moment là, l'ancien axe perd son importance. Le cadastre de 1936[8] ressemble beaucoup à la situation actuelle. S’il mentionne la présence d’une nouvelle annexe au sud-est du bâtiment principal il ne mentionne plus aucun détail relatif à l’aménagement du jardin.



Aujourd’hui le jardin est toujours structuré par des axes nord-sud qui le traversent, ainsi que par des allées périphériques. On aperçoit encore l’axe principale du jardin historique qui commence au centre de la façade du couvent, ou une porte a été aménagée et décorée de gargouilles en forme de dragon. Il se termine au sud ou une porte avait été mise en place dans le mur d'enceinte. A l’époque, la perspective se terminait déjà sur le mur d’enceinte mais au-dessus de celui-ci se dressaient les collines verdoyantes qui terminaient fièrement le dernier plan du tableau. Le home (EMS) pour personnes âgées n’était pas encore construit. Plusieurs artifices renforcent cet axe principal, relevant ainsi son importance. Certains éléments sont encore présents actuellement : le duo de platanes qui cadrent la vue sur l’axe et accompagnent les escaliers en pierres calcaires d’époque. plus bas, tout au sud de l’axe, un couple de statues qui semblent être des veaux couchés. Les statues sont placées quelques mètres avant la porte de manière à les mettrent en évidence et conserver un dégagement devant la porte. On peut comprendre ainsi que la porte sud devait être utilisée par les piétons, tandis que la porte principale était utilisée par les calèches et les chevaux montés. On imagine également que, derrière la porte, devait se prolonger dans le parc un chemin qui reliait le couvent à la ville. Encore aujourd'hui le jardin est composé de deux plateaux principaux. Le premier, au pied du bâtiment, est plat. Il doit avoir été installé légèrement au-dessus du terrain naturel, ce qui a été rendu possible grâce à l’usage des matériaux de déblais des caves du bâtiment historique. Le second plateau, dans la partie basse du jardin, suit l’inclinaison naturelle du terrain. On déduit donc que, dès l’aménagement de ces plateaux, celui du haut au pied du bâtiment devait servir de jardin d’agrément, tandis que celui du bas aurait été la partie la plus cultivée du jardin.

Éléments remarquables[modifier | modifier le code]

Un canal pittoresque en béton alimente le bassin artificiel bordé de galets dans le centre du parc. Au bord de ce bassin, un petit promontoire est installé. Il s’agit de la tribune ou les jeunes mariés venaient se faire prendre en photo.

Le parc offre une grande diversité de sous-espaces aux ambiances diverses : patio fermé, terrasse ouverte avec vue, petit amphithéâtre, etc.

Eléments remarquables[modifier | modifier le code]

La nouvelle extension du bâtiment (1916) construction d’un nouveau bâtiment dans le style suisse par Frey et Saager[9]. Sculpture dans blocs calcaires

2016 Ecole culture gen. LM 3

Dans le parc, sculptures de femme par Arnold Huggler (1894-1988, études à Brienz puis Paris jusqu’en 1922, résidence dès 1936 à Zurich). Sculpture médaillon Henri Duvoisin Sculpture médaillon à l’effigie de Henri Duvoisin, ancien directeur, par le sculpteur Jurassien Joseph Constantin Kaiser[10] (1886-1955). Transformateur électrique Le transformateur électrique bâti vers 1925 dans le coin sud-ouest de la parcelle, à l’extérieur des murs, prend la forme d’une tourelle avec extension latérale.

Végétation[modifier | modifier le code]

A l'exception d’un duo de platanes dans le jardin sud et d’un magnifique tilleul planté dans le coin nord-est de la parcelle, il n’y a pas d’arbres remarquables dans le parc. La parcelle voisine, appelée “Maison Etienne”, au Faubourg des Capucins, arbore une large palette de grands arbres anciens dont de magnifiques hêtres pourpres. Ces arbres majestueux s’invitent par leur taille et leur proximité dans le paysage du jardin et en imprègnent l'ambiance.

Les chênes d’Amérique Deux chênes des marais (Quercus palustris) sont plantés à l’est de la sculpture médaillon. Souffrant d’une chlorose (manque de chlorophylle) dûe à la terre calcaire de la région, ils exaltent de superbes couleurs automnales dans les tons rouges écarlates. Deux chênes rouges d’Amérique (Quercus rubra) sont plantés à l’ouest de la sculpture. Ils offrent également de magnifiques teintes rouges puis brunes à l’automne.


2016 Ecole culture gen. LM 4

Le duo de platane Véritable élément structurant l’axe principale du jardin d'antan, ils prennent place entre les deux niveaux du jardin et cadrent les vues du cheminement.

Buis taillés Des boules de buis encore visibles ici et là rappellent la géométrie stricte du jardin qu’elles encadraient.

If commun Mis en scène autour de la sculpture médaillon, ils encadrent l’espace et créer une chambre dans le jardin.

Arbre aux quarantes écus (Ginkgo biloba) Planté en solitaire dans le sud-ouest de la parcelle, ce jeune exemplaire amène dans le jardin toute la symbolique qu’il véhicule : l’essence la plus vieille du monde, l’arbre qui survécu à hiroshima, le seul conifère caduc “feuillu” se parant d’un jaune or en automne.

Conclusion[modifier | modifier le code]

L’histoire du jardin de l'Ecole de Culture Générale, puis par la suite celui de Montcroix sont indéniablement liées aux Capucins. Ils ont habités et transformés ces lieux hors des murs de la ville. Ils ont bâti les murs d’enceinte qui aujourd'hui encore protègent ces jardins, qui demeurent libres de construction et apparaissent comme des respirations dans le tissus bâti de la ville qui s’étend. Cette communauté demeura plusieurs dizaines d’années dans le couvent du nord-ouest de la ville et qui finalement se déplaça du côté de Montcroix. Ces jardins sont nés dans des périodes successives, mais bien différentes. Finalement elle fait remarquer les richesses des sites dans lesquels ces communautés s’installaient ainsi que le génie avec lequel elles modelaient l’espace et le terrain de ces jardins dont le rôle premier était, dans le passé, la production alimentaire.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • Delémont Ma Ville, André Rais, Editions Générales Genève, 1956.
  • Delémont De Rue En Rue De Siècle En Siècle, Jean-Louis Rais, L’oeil & la Mémoire, Société Jurassienne d’Emulation, 2001.
  • Delémont 1875 - 1975, Urbanisme et habitat, Philippe Daucourt, Éditions Delibreo, 2002.

Plaquettes[modifier | modifier le code]

  • Delémont une ville pour demain, exposés de Roland Béguelin, François Kohler, Gabriel Nusbaumer, Dominique Nusbaumer, Jean-Louis Rais, sans éditeur, imprimé à Typo et offset Boéchat S. A., Delémont, sans date (autour de 1980).
  • Le Consortium de Montcroix 100 ans, 1895 - 1995, par François Noirjean, édité par le COnsortium de Montcroix, imprimé à Imprimerie Goffinet SA, Delémont, 1997.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Autres études et écrits[modifier | modifier le code]

BARBEY Gilles, “Delémont”, in INSA : Inventaire suisse d’architecture 1850-1920, vol. 4, Berne, Société d’histoire de l’Art en Suisse, 1982, pp. 27-69

BERTHOLD Marcel, “Delémont”, In Arts et monuments de la République et canton du Jura. Berne, 1978, 54p.

Portrait de ville suisses Iconographie urbaine (XVe-XXe siècle) - Delémont

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Histoire religieuse Jura », sur http://histoire-religieuse-jura.blogspot.ch/2011/03/vorbourg-peintres-jurassiens.html,
  2. André Rais (photogr. Roger Bimpage), Delémont ma ville, Genève, Editions Générales, , p. 56
  3. Plan roulé historique, des archives de la ville de Delémont. Plan roulé n° 32, supposé de 1815.
  4. Carte du cadastre de 1826, Delémont, par Peseux Géomètre du cadastre, feuilles n°4.
  5. Carte du cadastre 1867, Delémont, feuille A, n°14
  6. Plan topographique de la commune de Delémont, par H. Hennet, Ing. du cadastre 1870, éch. 1/10'000.
  7. Plan et coupes : agrandissement de l'école normale à Delémont, Berne, le 18 mars 1914, éch. 1/100.
  8. Carte du cadastre de 1936, Delémont, feuille (plan) n°34, éch. 1/500.
  9. Berthold, Marcel. et Moser, Andres., Arts et monuments : République et Canton du Jura, Société d'Histoire de l'Art en Suisse [etc.], (ISBN 3717002236, OCLC 881572295, lire en ligne)
  10. Gilles Barbey, "Delémont", in INSA : Inventaire suisse d'architecture 1850-1920, vol. 4, Berne, Société d'histoire de l'Art en Suisse, (ISBN 978-3-03797-003-4), p. 27;69

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