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Utilisateur:Koolkast/Brouillon

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Magda Hollander Lafon (née 1927) est survivante française de l’holocauste. En avril 1944 elle est expulsée de son pays natal, la Hongrie, et emmenée à un camp de concentration. Après la libération elle s’installe d’abord en Belgique avant de se transférer en France. Hollander s’est dévouée à aider les autres à affronter les épreuves de la vie, et aussi à former les générations suivantes. Elle a publié quelques livres y compris Quatre petits bouts de pain.[1] Hollander réside à Rennes et compte quatre enfants ainsi qu’onze petits-enfants.[2]


Enfance et Jeunesse[modifier | modifier le code]

Magda Hollander est née le 15 juin 1927 à Záhony, près de la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie.[3] La famille déménagera sur Nyírgyháza deux ans après la naissance d’une sœur, Irène, en 1932. Bien que juive, la famille est non-croyante, aux dires d’Hollander.[4] Cependant, grâce aux lois raciales promulguées en Hongrie entre 1938 et 1941, son père Adolf est enlevé et remis dans un camp de travaux forcés. Hollander elle-même se trouvera enfin exclue d’école.


Expulsion et internement[modifier | modifier le code]

En mai 1944 Hollander est parmi les 437 403 juifs expulsés de la Hongrie sur une période de trois mois entre mai et juin. Au bout d’un voyage de trois jours dans un wagon à bestiaux bondé, elle arrive à Auschwitz-Birkenau où elle sera vite séparée de sa mère, Esther Klein, et de sa sœur. La séparation s’attribuerait au fait qu’Hollander prétend avoir déjà atteint 18 ans alors qu’elle n’en avait que 16. Par conséquent elle est jugée capable de travailler et évitera la mort immédiate, sort qui attend cependant sa mère et sa sœur.

C’est dans le camp d’Auschwitz-Birkenau qu’une femme mourante offre à Hollander quatre petits bouts de pain en lui disant:

«Prends. Tu es jeune, tu dois vivre pour témoigner de ce qui se passe ici. Tu dois le dire pour que cela n’arrive plus jamais dans le monde. »[5]

Ce geste généreux fournit non seulement l’inspiration mais aussi le titre de son œuvre la plus connue. Hollander attribue sa survie à Auschwitz-Birkenau à une combinaison de sa propre intuition (elle se rend compte par exemple si l’état physique de ses voisins prédit leur mort imminente, au cas où elle s’en sépare pour se ranger du côté d’autres prisonnières) et du simple fait que le flot énorme de juifs hongrois débarquant dans le camp pendant cette période permettra à quelques-uns de passer «à travers les mailles de ce filet» et d’éviter le recensement et le tatouage.

Avec 1 700 d’autres juives hongroises, Hollander est transférée le 22 août 1944 au camp de Walldorf (région de Francfort). Elle y travaillera sur la construction du chemin de fer jusqu'à la fermeture du camp le 23 novembre 1944, face à l’approche des forces alliées de l’ouest.[6] A peu près 1 650 de ces femmes survivront pour être emmenées à Ravensbrück où le séjour d’Hollander sera tellement bref qu’elle n'y est obligée de travailler qu’une seule fois. Une cinquantaine de juives, y compris Hollander, effectueront encore un autre déplacement le 19 décembre 1944 sur Zillertal. Les conditions de vie dans ce camp dédié au tissage pour les uniformes militaires sont moins sévères. Les avancées de l’armée russe provoquent cependant la fermeture de Zillertal et le transfert des détenues vers l’intérieur de l’Allemagne. Par conséquent Hollander se trouve, le 17 février 1945, au milieu d’un groupe de trois cents femmes emmenées au camp de Morgenstern où elles seront affectées à la production de pièces pour avions dans l’usine d’Iserwerke. Pourtant, face aux progrès continus des forces alliées et l’intensification des bombardements, la décision est prise de déplacer les femmes encore une fois. Le 12 mars 1945 elles commencent donc le voyage vers Nordhausen, destination qu’elles gagnent au bout de trois jours. Les bombardements alliés de la région de Nordhausen nécessiteront un déplacement supplémentaire le 4 avril 1945.[7] La situation devient toujours plus confuse et, durant ce dernier voyage à pied, en compagnie de quatre autres Hongroises Hollander réussit à s’éloigner du convoi.[8]


= Libération[modifier | modifier le code]

Les quatre compatriotes se cachent dans une forêt jusqu’au moment où des soldats alliés les trouvent le 12 avril 1945. Elles passent les trois semaines suivantes dans un camp pour personnes déplacées, probablement Dora. Refusant de rentrer en Hongrie elles montent à bord d’un train qu’elles croient destiné à Paris mais par erreur elles descendent à Namur en Belgique. Hollander passera les dix prochaines années dans ce pays où elle apprend et le français et le flamand, tout en suivant une formation d’éducatrice des jeunes et, plus tard, une formation de psychologue.[9] Elle commencera également sa conversion au christianisme, ce qui l’amènera au baptême à Bruxelles en 1950.[10] Elle épouse François Lafon en 1956.[11]


Vie d’adulte =[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Hollander reste silencieuse au sujet de ses expériences de guerre jusque dans les années 1970: elle ne publiera son premier livre, Les chemins du temps, qu’en 1977.[12] Déjà dans cette œuvre Hollander s’adresse directement aux horreurs dont elle a témoigné comme juive expulsée, et aussi sa propre guérison et réintégration dans la vie quotidienne après la libération. C’est pourtant l’interview notoire avec Louis Darquier de Pellepoix, Commissaire aux affaires juives sous le régime de Vichy, publié dans L’Express du 28 octobre 1978, qui rappellera à Hollander le don des bouts de pain d’une femme mourante dans Auschwitz-Birkenau.[13] Ce souvenir ranimera pour Hollander un sens d’obligation à la mémoire des juifs tués dans l’holocauste. Hollander écrit donc une version prolongée de son œuvre précédente, sous-titrée Des ténèbres à la joie, qui sera unie avec son texte de 1977 et publiée chez Albin Michel en 2012 sous le titre de Quatre petits bouts de pain.[14] Ce dernier connait un succès important, gagnant le prix Panorama-LaProcure pour les livres sur la spiritualité. L’autre publication de Hollander est Souffle sur la braise.[15]


L’enseignement[modifier | modifier le code]

Une grande partie des efforts de Hollander est consacrée aux élèves. Cet aspect de son travail commence en réponse à une invitation de raconter l’histoire de son expulsion à un groupe de collégiens. Hollander choisit une approche interactive au lieu d’une simple description des faits qui risque « d’enfermer la nouvelle génération dans une mémoire uniquement douloureuse. »[16] Sa méthode consiste à distribuer un questionnaire que les élèves remplissent avant de la rencontrer. Elle en dépouille les réponses avec eux pour mieux répondre aux perceptions du groupe à qui elle s’adresse. Son message aux élèves tente d’animer chez eux un sens de responsabilité, ainsi qu’une attitude critique à l’égard de qui essaie de les persuader d’une vérité.


Religion[modifier | modifier le code]

Hollander se décrit comme « juive baptisée. »[17] Sa conversion au christianisme a provoqué des difficultés dans ses relations avec d’autres juifs, par exemple au sein de l’association Amitié judéo-chrétienne de France. Selon Hollander, elle aurait au moins une connaissance juive qui ne lui a pas encore souhaité « shabbat shalom. »[18]


Origines hongroises[modifier | modifier le code]

Son attitude envers l’Hongrie s’évolue au fil du temps. Frappée profondément par les préjugés et les attaques directes qu’elle a subis en tant que membre de la communauté juive d’Hongrie, elle attendra longtemps avant de retourner au pays et d’entamer le processus de réconciliation.[19] Née et élevée en Hongrie, Hollander aurait néanmoins perdu toute maitrise de sa langue maternelle (l’hongrois). Elle écrit toutes ses œuvres en français.


Références[modifier | modifier le code]