Utilisateur:Jean-François Clet/Brouillon

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Je m'appelle Jean-François, et je n'attend pas que vous croyiez en mon histoire, d'ailleurs, je n'ai pas très envie de la raconter. Vous voulez quand même l'entendre ? Bon :

C'était un soir d'hiver, je ne me rappelle plus quelle année, mais ça fait un bout de temps, j'étais tout gamin. Alors que je regardais voltiger les flocons de neige, je vis une longue forme noire passer devant la fenêtre : Il me sembla que c'était un gros chien qui me paraissait affamé. je pris un biscuit et sortis.

L'animal, d'abord méfiant s'approcha de moi … chaleur d'un mufle humide contre ma main quand il pris délicatement la friandise, il me regarda et dans ses yeux brillait un lumière qui m'évoquait …

À ce moment, un grand cri : « Jean-François ! Éloigne toi ! Rentre tout de suite ! C'est un loup ! ". Mon père, hurlant surgissait de la maison. Je n'eus que le temps de voir l'animal disparaître d'un bond dans la nuit, que déjà mon père m'avait empoigné et tiré à l'intérieur, la porte aussitôt claquée.

L'incident, répété déformé amplifié, fit vite le tour du village : les mères ne laissaient plus sortir leurs enfants, les vieux armés de fusils guettaient derrière les volets, les bergers perdaient le sommeil …

Et puis, comme au cours des mois il ne s'était rien passé d'anormal, l'incident s'estompa des mémoires ; l'hiver, le printemps, l'été, l'automne passèrent, et vint Noël

Le soir de de la veillée de Noël, lors que la famille était réunie, on frappa à la porte ; J'allais ouvrir. Sur le seuil se tenait un jeune garçon souriant, presque un enfant qui me tendis un gros gâteau de miel.
— C'est pour te remercier, dit-il.
— Remercier de quoi ? répondis-je.
— Pour le bien que tu m'a fait !
Mon père intervint :
— Je ne comprend rien à ton histoire, mais entre, soi le bienvenu.

Et nous invitâmes l'inconnu au repas de Noël

Après le repas, mon père revint à la charge :
— Dis-moi, quel bien t'avons nous fait, pour que tu nous fasse l'honneur de ta visite ?
Le jeune garçon me regarda, et dans ses yeux brillait un lumière qui m'évoquait comme un souvenir endormi …
— Un soir d'hiver, il faisait froid, il faisait faim, et tu m'a donné à manger, un peu de biscuit mais beaucoup de cœur ! Et pardonnez moi si je vous ai fait peur.

L'inconnu laissa errer son regard dans le vide, comme si les murs de la maison devenaient transparents et qu'il puisse regarder par delà les forêts, les montagnes, l'horizon

— C'était un repas de réveillon de Noël, commença-t-il, comme celui-ci, rassemblant toute la famille : mon père, ma mère, mes deux sœurs, moi …

Et il nous conta si incroyable histoire, que je n'oserais jamais la répéter ! Vous voulez quand même que je la raconte ? Bon :

C'était un repas de réveillon de Noël, comme celui-ci, rassemblant toute la famille : mon père, ma mère, mes deux sœurs, moi … On frappa à la porte ; mon père laissa entrer un inconnu, sans doute un ermite ou un vagabond sans âge précis, vêtu d'un énorme manteau sans couleur précise, incrusté de feuilles mortes, d'herbes, de graviers, de morceaux d'écorces et d'odeurs forestières.
Il portait une lourde besace.
Il marmonna qu'il était rejeté de partout, et que ce n'était que les soirs de Noël qu'il pouvait espérer trouver un peu de chaleur humaine. Mon père voulut s'enquérir sur la cause de ses malheurs, mais le vagabond se contenta de manger en silence et de regarder dans le vide, comme s'il voyait des choses inconnue par delà notre monde commun ; ses seules paroles furent pour mendier une place dans la grange y passer la nuit.
On nous envoya coucher, mes deux sœurs et moi ; mais, bien entendu, impossible de fermer l'œil, nos oreilles tendue essayant de ramasser quelques bruit, les vaines questions de mon père à l'inconnu, les vagues murmures de ce dernier, des objets lourds posés au sol, des pas …
Enfin, la lueur de lampes s'éteignit sous la porte, des pas dans l'escalier, la porte de la chambre de nos parents se ferme, un lit grince …
Sûrement tout dormait ; nous sommes sortis de notre chambre, avions descendu l'escalier en glissant sur la rampe et, à la lueur de la neige, nous sommes approché des affaires jetées à même le sol par l'inconnu : Son manteau, d'abord, si tissu de végétations qu'il nous parût être un morceau de forêt. Le revêtir ? Trop rêche ! Le déplacer ? Trop lourd ! Regarder à l'intérieur ? trop sombre …
Alors, sa besace : Nous encourageant l'un l'autre, avions examiné son contenu : une pomme de pin, des herbes sèches, un caillou aux arêtes tranchantes, un champignon … et tout au fond, quelque chose de lourd : l'ayant sorti du sac apparut une peau de loup !
Pour ne pas passer pour un lâche je revêtis la peau et poussais quelques grognements d'un air féroce ; mes sœurs se misent alors à hurler d'effroi : avais-j'été si convaincant ? voulant m'approcher d'elles pour les rassurer, je bondis au-dessus d'elles et atterris loin derrière elles, mais j'eus le temps de voir dans le miroir de leurs yeux l'objet de leur terreur : J'étais un loup !
Réveillé par les cris, mon père surgit, fusil en main : Une gerbe de flames, une déchirure dans le ventre, une détonation et un goût de sang dans la bouche. L'instinct jaillit dans mes membres et me fit bondir à travers la fenêtre. Ensanglanté, le corps hérissé d'éclats de verre, je roulais dans la neige. Les quelques restes de raison, qui m'imploreraient de demander de l'aide à ma famille, furent vite balayées par l'instinct qui me hurlait " Les hommes veulent te tuer ! ".
Sans ma volonté, mes … mes jambes ? se détendirent, m'entraînant à travers collines, forêts, vallons … Quand je fus loin de toute présence humaine, ma panique reflua, laissant un peu de raison émerger. Je ne ressentais plus mes blessures, ni le froid, et bien que la nuit était plus obscure que jamais, je voyais parfaitement autour de moi, et ce qe je ne voyais pas, je l'entendais, je le sentais, je devinais des millier de petites vies endormies sous le neige, les racines des herbes grouillant dans l'humus, le frôlement des nuages dans le ciel …
Bien sûr, je tentais au début de me dévêtir de cette fourrure animale, elle semblait s'être refermé sur moi. La mordre, la frotter contre des pierres, l'empaler sur une branche brisée … rien à faire : plus résistante que du cuir, ce pelage ne me collait pas à la peau, c'était ma peau !
Ainsi commença ma vie de loup. Au désespoir des premiers jours succéda le besoin de vivre, et pour vivre, il me fallait tuer : Un lièvre, un hérisson, un oiseau blessé, une charogne … Combien de jour ? de mois ? d'années ? j'avais même perdu la notion de compte …
Et, une nuit, apparut une odeur qui me rappelait douloureusement un temps ou j'étais … qui ? Elle venait d'un trou entre les racines d'un arbre à demi renversé. À mon approche pourtant silencieuse, un vieil homme en surgit : Un reste d'humain en moi le reconnus : l'ermite, le vagabond qui était venu chez nous la nuit ou j'avais perdu ma première vie.
— Te voilà, mon voleur ! Je savais que le destin nous ferait nous rencontrer !
Je tentais de répondre quelque chose, mais il y avait longtemps que je n'avais plus bouche humaine. L'ermite semblait pourtant comprendre mes pensées.
— Ce tu as pris sans permission, ce n'est pas seulement une peau c'est une malédiction ! Mais c'est une longue histoire : J'ai longtemps vécu dans cette forêt, elle n'a pas changé, ce sont les hommes qui ont changés … Il y a bien longtemps, j'habitait une cabane, à peine plus confortable que ce trou …
Ainsi commença son histoire, une histoire un peu effrayante ! Voulez-vous l'entendre ? Bien …
Il y a bien longtemps, j'habitait une cabane en forêt, à peine plus confortable que ce trou … J'avais appris à connaître les herbes, les insectes et les champignons et, quelquefois, les habitants des villages me demandait quelque remède, quelque potion que je savais concocter ; en échange d'un canard rôti ou de quelque lainages, je savais guérir les fièvre, les diarrhées, les jambes cassées ou les cauchemars, d'autres choses aussi, mais bon !
Un soir d'hiver, je crois que c'était un soir de Noël, comme je regagnais ma cabane, je vis deux formes gisant inertes dans la neige : l'une était celle d'un homme mur, de belle stature qui perdait son sang par des blessures aux poignets, l'autre me sembla être le cadavre d'un loup, mais s'avéra n'être qu'une peau.
Sans perdre de temps à réfléchir, je hissait le blessé sur mon dos, non sans peine car le gars était bien charpenté, l'amenais à ma cabane et lui administrais les premiers soins. Aidé de potions dont j'avais le secret, l'homme repris conscience.
— Suis-je mort ? murmura-t-il
— Je t'ai sauvé et soigné, que t'est-il arrivé ?
— Pourquoi ne m'a tu pas laissé ? J'avais presque réussi à mourir ! Je n'avais plus froid, je n'avais plus mal, je commençais même à oublier que j'étais … Maintenant il me faudra tout recommencer !
— Et pourquoi voulais-tu mourir ? (car j'avais bien remarqué que l'inconnu avait tenté de s'ouvrir lui-même les veines avec un poignard).
Pour toute réponse, l'homme laissa son regard flotter dans le vide : déjà, semble t-il il ne voyait plus les choses de se monde … Après un long silence il se mit à raconter …
" Mom nom est Arnaud Lacorme, et, dans une autre vie j'étais louvetier … "
Ainsi commença son histoire, une histoire plutôt effrayante ! Voulez-vous que je la raconte ? Bien …
Mom nom est Arnaud Lacorme, et, dans une autre vie j'étais louvetier … J'ai occis plus d'un loup, et apporté leurs dépouilles au roi. Un jour on nous avrtis qu'un loup de grande taille décimait les troupeaux, et ne craignait pas s'attaquer aux bergers en plein jour.
Je me lançai à la traque de la bête ; et un jour enfin je la rencontrai sur le point de d'attaquer une jeune fille ! Sauver la malheureuse ! J'épaulais mon fusil et logeais une balle dans la tête de l'animal, dégainais mes pistolets et lui tirais deux balles dans la poitrine ! La bête ne mourut point, à une vitesse phénoménale, elle bondit vers moi ongles et crocs en avant ! Ce jour là, mon cheval me sauva la vie …
Dès lors, j'oubliais les loups ordinaires, je ne préoccupais plus que de ce monstre qui avait failli m'occire, ma seule pensée était " J'aurais sa peau " !
Bien sur, d'autres louvetier ramenaient régulièrement des dépouilles, qu'ils présentaient comme étant celles de " la Bête ", illusoires soulagements qu'une prochaine attaque balayait. Moi, j'enquettais, sur le lieu des agressions, je recherchais les traces, les brisées, les laissées, les déchaussures ; j'appris à distinguer les empreintes de la bête de celle de loups ordinaires, que je laissais à mes confrères.
Après des années de patientes recherches, je constatais que les pistes semblaient converger vers un manoir décatis, semble-t-il abandonné : C'était, je l'appris plus tard, le château du Sautou, résidence d'un certain François-Honoré de Balfour, Comte d'Erlette.
Ceux qui auront mené quelque recherche sur le Comte d'Erlette sauront que, derrière ce titre à consonnance frivole, se cache un personnage des plus inquiétants. Le Comte d'Erlette, aristocrate asocial, avait été mis au ban de la société pour avoir écrit une œuvre jugée immorale. Il vivait seul dans son manoir et, depuis quelque temps, n'avait plus donné signe de vie. Était-il mort ? La population alentour l'espérait, car le Comte se serait fait une réputation d'ogre, de nécrophage, de sorcier, nécromancien, cannibale … J'ai su plus tard …
L'homme eut une expression de dégoût ;
J'ai su plus tard que c'était bien pire !
Le blessé garda un long silence, puis, détendu, repris son récit :
Je sentais bien que la bête devait avoir quelque lien avec la Comte d'Erlette. Mes recherches se sont centrées sur le manoir … Surveillance, pistage, embuscades … Un petit matin je vis la bête accourir vers le manoir, s'engouffrer dans un soupirail. Le Comte aurait-il servi de repas à la bête ?
Je m'approchai prudemment, inspectai les alentours de l'orifice : de nombreuses traces. Fis le tour du manoir, chercher des entrées possible, des pistes. Rien : La bête avait ses habitudes, passait toujours par le même chemin. Parfait : j'élaborais le piège …
M'étant assuré que la bête était en son liteau, je le fixais au dessus du soupirail. Attente … Patience … Et, quand la bête quittais sa tanière, une lourde dalle de pierre s'abattit sur elle ! Le coup ne la tua point, ne l'assomma même pas. Se démenant comme un démon (qu'elle était peut-être), la bête entreprit de se dégager de sous la pierre. Je bondis vers elle ; elle me menaça d'une gueule large ouverte ; j'y plongeai mon épée ! …
La bête est morte, je pris le temps de m'en assurer, mais quand j'entrepris de la défaire, apparut le cadavre d'un homme revêtu d'une peau de loup. Qui était-ce ? Je reconnus le visage du Comte d'Erlette. Mais comment diable un homme déguisé en loup aurait-il pu égorger, bondir, courir mieux qu'un loup véritable ? Comment diable ! …
Nouveau long silence … L'homme repris, péniblement :
Sortant de ma stupeur, … je compris que j'étais dans dans un mauvais pas … : Quand un aristocrate est mêlé à quelque fait de sorcellerie, messe noire ou autre diablerie, les autorités font tout pour étouffer l'affaire, … et étouffer l'affaire signifie " pas de témoins ".
Supprimer toutes traces … cacher le piège ; le Comte d'Erlette sera mort mystérieusement dans son manoir. Chargé du corps, m'engageais péniblement par le soupirail, … J'errais, combien de temps ? dans des salles obscures, putrides, encombrés de meubles vermoulus, d'ossements humains et d'autres choses encore plus horribles, … trouvais enfin l'appartement du Comte, le mis sur son lit.
Un regard autour de la pièce … sur un écritoire, un cahier de feuilles couvertes d'écriture. Le Comte tenait t'il un journal ? Trop sombre pour que je puisse lire,… je l'emportait au dehors …
Une expression d'écœurement, plus intense, défigura le visage du blessé, il sembla sur le point de vomir.
Le journal du Comte … ce n'est que vice, dépravation, mœurs obscènes et blasphématoires, … Pourtant je me forçais à le lire … y trouver le moyen de … de lever la malédiction …
— Quelle malédiction ? demandé-je.
Mais le blessé semblait déjà à l'agonie.
— La peau … la peau ! eut-il le temps de gémir avant de sombrer dans un coma dont il ne devait plus sortir. D'un dernier geste, il sortis de sous ses vêtements un cahier de feuilles jaunies : ce fameux journal ?
Au matin, l'homme était mort, terrassé semble-t-il, moins par la perte de sang que par d'atroces souvenirs. Après avoir mis le défunt en terre, je jetais un œil sur le cahier que le mort m'avait confié.
Les premières lignes le manuscrit décrivaient des actes si immoraux, si pervers, si répugnants, que, si le feu n'était pas mort dans l'âtre, je l'aurais brûlé sur le champ … et pourtant, si alors je l'avais lu jusqu'au bout, j'aurais sûrement évité de … mais j'étais naïf : c'est trop simple de tout expliquer par la folie, le délire ou la mystification : l'homme avait perdu l'esprit et raconté ses fantasmes
Et puis je pensai à cette peau de loup. Suivant mes traces dan la neige, je retournai la chercher. L'examinant, je constatai que ce n'était pas une simple fourrure : elle avait été soigneusement tannée et intérieurement doublée d'une peau rose, douce et fine, une peau … impossible à définir … une peau si douce que je me laissais mes mains la caresser, mes bras s'y glisser … Tu devine la suite, sans que je le veuille, sans que je m'en rende compte, la peau se lova sur moi et comme toi, je devins un loup.
Je ne te raconterais pas l'incrédulité des premiers jours, les vaines tentatives d'arracher cette peau, la sensation de vivre un cauchemar : tu l'aura vécu comme moi. Me souvenant du journal du Comte d'Erlette, je retournai dans ma cabane et m'efforçai de le lire (pas facile, pour un loup, de lire un manuscrit).
Le manuscrit du comte d'Erlette est si hideux, si blasphématoire, que je ne puis le laisser sur un site accessible au grand public.
Tu voudrais que je te raconte ? Non : Ce n'est pas un récit à mettre entre toutes les oreilles. Sache seulement trois choses :
  • D'abord, cette peau te protègera de toute blessure, du froid comme du chaud, de toute atteinte, même celle du temps, sauf au niveau des orifices naturels notamment la gueule,
  • Ensuite il ne te sera possible de la retirer qu'une fois l'an, précisément la nuit de Noël (puisque cette fête a remplacé celle du Solstice d' Hiver et de Sol Invictus). Mais bien sûr, au matin, la peau te retrouvera, si loin que tu t'en sera éloigné, si profond que tu ai pu l'enfouir, si bien verrouillé que soit le coffre ou tu aurais pu l'enfermer,
  • Enfin, pour lever la malédiction, il faudra que quelqu'un te vole cette peau et la revête. Qu'on te la vole, non que tu la donne, la propose ou que tu ordonne qu'on la prenne. Un autre endossera donc la malédiction.
Voilà tout ce que j'avais à te dire ; ah si, un dernier conseil : tu ne pourra retirer ta peau que durant la nuit de Noël, et généralement, à ce moment il ne fait pas chaud ! Adieu, ton destin t'attend.
Ceci dit, l'ermite se mura dans le silence, le regard plongé dans l'abîme. Il ne me restait plus qu'à m'éloigner, vivre ma vie de loup.
Vint la première nuit de Noël où je tentais de reprendre forme humaine. Mais, dépouillé de ma fourrure dans la neige, un tel froid me saisis, que je me renveloppais aussitôt dans la peau : bien sûr, lors de ma métamorphose, je n'avait qu'une chemise de nuit, et ainsi vêtu je me suis retrouvé. J'ai compris que cette fourrure ensorcelée assimilait tout vêtement que pouvait porter sa victime, et le restituait lors des brèves période d'humanité qu'elle lui accordait.
Ce problème fut bientôt réglé : effrayer quelques lavandières, m'emparer des vêtements abandonnés dans leurs fuites et les cacher là ou je saurais les retrouver le moment venu. Ainsi pendant je ne sais plus combien de temps ; parfois je me laissais inviter à quelque réveillons de Noël, parfois je leurs racontais mon histoire, que l'on prenait pour un conte fantastique ou une histoire de fou (il y a peu, je suis tombé sur une famille si incrédule, si fermé aux choses d'outre-monde, qu'ils m'ont carrément interrompu en me traitant de menteur ! J'ai préféré prendre congé sans leur raconter la suite : tant pis pour eux !)
Mais c'est vrai, les hommes ont changé … de moins en moins de gens invitent un étranger au repas de noël. Je me suis souvenu que tu m'avait donné un biscuit, un soir au cœur de l'hiver, alors, je suis venu chez vous !

Il y eut un long silence, ce silence qui suit une histoire fantastique, et qui est encore un peu fantastique … mon père pris la parole :
— Ton histoire est belle, nous n'avons pas besoin d'y croire pour qu'elle nous plaise, et si tu en a d'autres aussi merveilleuses à raconter, tu sera le bienvenu !

Ma grand-mère soupira :
— Finalement, ce doit être agréable de courir les forêts comme un loup ; j'ai toujours pensé que les loups étaient parfois meilleurs que les hommes.

— Je ne vous demanderai pas de me croire, répliqua le jeune inconnu. Mais attendez moi une minute !

Il sortis, puis revins un moment plus tard, portant … Vous l'auriez bien sûr deviné : portant une peau de loup !

Nous tous, dans un mélange de crainte et d'émerveillement, contemplions sans oser un geste cette fourrure posée sur la table. L'inconnu ne dit pas un mot, ne nous regardait même pas, il semblait écouter le silence des espaces infinis.

Grand-mère la première sortis de cet engourdissement général, elle caressa la fourrure, glissa la main sur la doublure rose, murmurant " Si douce si fine, comme une peau de …". Toujours pétrifiés, n'osant pas croire nos sens, nous vîmes notre grand-mère se glisser dans la peau avec une agilité qu'on lui croyait perdue, puis une forme noire bondir vers la porte et disparaître dans la nuit.

L'inconnu nous regarda avec un regard qui semblait dire " Ce qui devait s'accomplir s'est accompli ", se leva sans un mot et sortis.

Voilà, je vous ai raconté ce que j'ai cru entendre et cru voir. Vous n'y croyez pas ? moi non plus; la seul chose que je crois, c'est que dans nos forêts coure une grand-mère déguisée en loup.