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Hier régnant désert est un recueil de poèmes en vers publié par Yves Bonnefoy en 1958.

Historique[modifier | modifier le code]

Première édition[modifier | modifier le code]

Hier régnant désert est publié en 1958 aux éditions Mercure de France. D'après Yves Bonnefoy lui-même, le recueil marque une inflexion dans son oeuvre après Du mouvement et de l'immobilité de Douve, parut cinq ans plus tôt. A l'expérience absolue de la mort que propose le poète dans le recueil de 1953, succède un plus grand acquiescement à l'instant présent et à l'ici[1].

Editions de 1978 et de 1986[modifier | modifier le code]

Yves Bonnefoy remanie et abrège Hier régnant désert, lors d'une réédition en 1978 où quatre recueils sont rassemblés au sein d'un volume intitulé Poèmes: Du mouvement et de l'immobilité de Douve, Hier régnant désert, Pierre écrite et Dans le leurre du seuil. Il expliquera des années plus tard que le recueil lui était devenu "obscur et, en quelques points, presque étranger[2]".

En 1986, Mercure de France réédite Poèmes. Les quatre recueils sont précédés par Anti-Platon, publié pour la première fois en 1962.

Le classement des recueils correspond à un ordre chronologique. Il permet de saisir le texte dans le temps long de l'écriture.

Edition Gallimard[modifier | modifier le code]

En 1982, Gallimard publie Hier régnant désert au sein d'un volume intitulé Poèmes. La volonté de rassembler les quatre recueils perdure. Le volume est précédé d'une préface de Jean Starobinski où celui-ci justifie ce rassemblement: " Chacune des quatre parties constitutives trace un parcours, organise la séquence de ses éléments en les orientant dans la direction du "vrai lieu" ".

Oeuvre[modifier | modifier le code]

Structure[modifier | modifier le code]

Le recueil est divisé en quatre parties.

Menaces du témoin[modifier | modifier le code]

Cette partie est composée de 13 poèmes. Une voix menaçante, celle du "témoin" adresse des reproches au "je" poétique. D'après Bonnefoy, "ce par quoi s'ouvre Hier régnant désert, ce sont les reproches, les avertissements que multiplie ce que je pourrais appeler le sur-moi de la poésie[3]". Ainsi peut-on lire dans la quatrième pièce du poème liminaire: "Es-tu même perdu, toi qui ne cherches pas?". Le "je" choisit alors la confrontation au néant et à la mort plutôt que le "gris" de son existence. On trouve, par exemple, dans "le bruit des voix": "Tu n'aimes que la nuit en tant que nuit" et, dans la deuxième pièce du poème "rive d'une autre mort": "La mort est moins grave".

Le visage mortel[modifier | modifier le code]

Cette partie est composée de 19 poèmes. Comme l'indique son titre, l'expérience de la finitude y est prégnante. Elle est également caractérisée par le regard rétrospectif. "Le visage mortel" débute ainsi par le vers: "Le jour se penche sur le fleuve du passé".

Le chant de sauvegarde[modifier | modifier le code]

Cette partie est composée de 13 poèmes. Comme l'indique son titre, elle est marquée par la volonté de sauvegarder, par le chant poétique, la présence lorsque celle-ci se manifeste. Le lieu auquel la quête poétique doit aboutir est entrevu dans un poème comme "Terre du petit jour".

A une terre d'aube[modifier | modifier le code]

Cette partie est composée de 11 poèmes. Son titre est paradoxal car la "terre d'aube" n'est pas une nouvelle terre. Percevant le caractère chimérique du lieu désiré, le poète se retourne, en effet, vers le lieu habité. Le titre du poème "Ici, toujours ici" souligne ce mouvement de retour et annonce Pierre écrite.

Thèmes[modifier | modifier le code]

La quête de présence[modifier | modifier le code]

La quête de présence est un thème récurrent de la poésie d'Yves Bonnefoy. Il s'agit, pour le poète, d'opposer au langage conceptuel une langue capable de nous rapprocher des objets perçus. Ainsi écrit-il à propos de la "présence": « c'est ce fragment de l'arbre sombre, cette feuille cassée du lierre. La feuille entière, bâtissant son essence immuable de toutes ses nervures, serait déjà le concept [4]» Alors que le concept tend à universaliser l'objet, Bonnefoy chercher à l'envisager dans sa singularité.

Dans Hier régnant désert, le sentiment de présence est suggérée par une série de métaphores. Il est tout d'abord projeté dans un lieu autre, un "arrière-pays[5]" souvent figuré par une autre "rive". L'été, saison de la plénitude, semble également permettre au poète de faire l'expérience de la présence. Enfin, l'"aube" espérée peut également être comprise comme une figuration du désir de présence.

Cette quête est sous-tendue, tout au long du recueil, par la présence du mythe de la Quête du Graal.

L'expérience du temps[modifier | modifier le code]

L'expérience de la finitude est au coeur de Hier régnant désert. L'époque de l'enfance semble définitivement révolue. L'acceptation de la mort et de "l'imperfection" apparaît comme un préalable indispensable à l'expérience de la réalité. Enfin, les évocations successives de la "nuit" et du "jour" inscrivent le passage du temps au coeur du texte.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Editions du recueil
    • Yves Bonnefoy, Hier régnant désert, Paris, Mercure de France, 1958, 83p.
    • Yves Bonnefoy, Hier régnant désert, Poèmes, Paris, Mercure de France, 1978, 343p.
    • Yves Bonnefoy, Hier régnant désert, Poèmes, Paris, Gallimard/Poésie, 1982.


  • Bilbiographie critique
    • Jérome Thélot, Poétique d'Yves Bonnefoy, Genève, Droz, 1983.
    • Jean-Pierre Richard, "Yves Bonnefoy", Onze études sur la poésie moderne, Paris, Seuil, "Points Essais", 1981.
    • Jean Starobinski, "La poésie, entre deux mondes". Préface de l'édition des Poèmes d'Yves Bonnefoy, Gallimard, "Poésie", 1982.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voir "D'Hier régnant désert à Pierre écrite", Yves Bonnefoy in Yves Bonnefoy, Les Cahiers de L'Herne, Odile Bombarde et Jean-Paul Avice, Paris, 2010
  2. Voir "D'Hier régnant désert à Pierre écrite", Yves Bonnefoy in Yves Bonnefoy, Les Cahiers de L'Herne, Odile Bombarde et Jean-Paul Avice, Paris, 2010.
  3. Voir "D'Hier régnant désert à Pierre écrite", Yves Bonnefoy in Yves Bonnefoy, Les Cahiers de L'Herne, Odile Bombarde et Jean-Paul Avice, Paris, 2010
  4. Yves Bonnefoy, L'Improbable, « Les tombeaux de Ravenne », Paris, Mercure de France, édition de 1992, p. 24.
  5. Voir Yves Bonnefoy, L'Arrière-pays, Genève, Skira, 1972, réédition Poésie/Gallimard, Paris, 2005.

Catégorie:Recueil de poèmes en français