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Utilisateur:Gerbois Goby/Politique religieuse des empereurs au Haut Empire

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situation religieuse et spirituelle de l'empire au haut empire[modifier | modifier le code]

la piété d'Auguste[modifier | modifier le code]

Octavien quand il succède à César et devient imperator restaure avec soin les cultes de la République.

article spécialisé : Res Gestae

L'empire reconnaît deux types de spiritualités :

  • la superstitio, terme qui recouvre toutes les religions autres que celle de l'empire et spécifiquement les religions orientales. A noter que le christianisme est l'une d'entre elles, à partir du moment où il est présent à Rome. Le fait que son dieu soit invisible [1]est pour beaucoup dans cette qualification quoique le judaïsme soit caractérisé, quant à lui, religio licita.
  • la religio licita, c'est à dire celle de l'empire, paysage qui n'est nullement obéré par le culte impérial comme on l'a longtemps cru. Si l'on s'en tient aux archives des Frêres Arvales, collège de prêtres chargé de l'archivage de tous les évènements et célébrations religieuses, celui-ci est bien plus léger que les apologistes chrétiens l'ont donné à croire[2].

Dans les classes cultivées, le monothéisme connaît une certaine audience.[3] Il se manifeste sous deux formes et demi comme indiqué ci-dessous.

le culte de Sol invictus,[modifier | modifier le code]

Il est probablement issu du culte de Râ sous une forme romaine adaptée. L'épopée égyptienne de Marc Antoine sous le triumvirat l'a rendu fort répandu.

une certaine sympathie pour le judaïsme[modifier | modifier le code]

en dépit d'un fort antisémitisme chez les stoïciens (qui trouvaient stupide de perdre un jour de travail pour le Shabbat [4]

Une certaine mutation du polythéisme[modifier | modifier le code]

à la faveur de l'importation par les soldats des cultes orientaux. A force de fréquenter la mort, on peut vouloir l'apprivoiser ; le culte de Mithra [5]qui promet l'éternité était fort apprécié en milieu militaire et les mystères d'Isis plus populaire chez les femmes que le culte réservé aux femmes de Bonna Dea.[6]. On devient myste, c'est à dire fidèle d'un seul dieu choisi parmi tous ceux du Panthéon.

Culte impérial[modifier | modifier le code]

La théorie de Krauss sur l'omniprésence du culte impérial est actuellement revisitée, par John Schied [7] mais aussi par beaucoup d'autres. Si le culte du divin César est effectif après l'assassinat de celui-ci , instauré par Octavien, le rôle des Frêres Arvales comme les inscriptions attestent surtout d'un culte du genius Augusti (le génie d'Auguste) et de la Juno Liviae (Junon, parèdre féminin du genius) c'est à dire de leur dynamisme, de leur puissance. Sauf dans le document de Narbonne, qui peut correspondre à une dérive locale, il ne s'agit pas d'un culte "à l'empereur". Auguste n'est divinisé qu'après sa mort comme le seront la plupart de ses successeurs. On peut donc penser que les poésies d'Ovide, parlant de Divus Augustus ou traitant Octavien d'incarnation de Mercure, ne sont que "des flatteries analogues à celles dont aiment être glorifiés les dictateurs d'aujourd'hui. Pensons à tel génie des Carpathes..... " [8] A noter qu'en ce qui concerne Claude, le senatus consulte le canonisant sera bien voté mais le temple y afférant ne sera jamais construit ou bien on ne l'a jamais retrouvé. Même chez les empereurs tyrans (Tibère, Néron, Caligula), qui seront accusés d'impiété, aucune trace d'un tel culte n'est relevé. La seule chose qui puisse être relevée contre Néron, contre lequel sera prononcée la damnatio memoriae, consiste à avoir fat célébré son genius en même temps qu'un culte public à Jupiter. La fréquence des occasions d'invoquer ce génius aurait même diminué en proportion du temps d'Auguste. De même, aucune sodalité concernant un collège équin n'est relevé sous le règne de Caligula contre lequel les polémistes lancèrent pourtant cette accusation.

Scheid en conclut que l'importance architecturale des capitoles dans les villes de province est plutôt une célébration de la puissance des autorités locales. Ces monuments ne servaient au culte la plupart du temps qu'une ou 2 fois par an, pour une grand messe le premier août et, parfois, pour l'anniversaire de l'empereur régnant.

Persécutions[modifier | modifier le code]

Jésus de Nazareth naît, selon toutes hypothèses, sous Tibère. Les Pères Apologistes rapportent déjà des persécutions de chrétiens sous Néron. C'est impossible. Pour qu'il y ait des persécutions "de chrétiens", il faut d'abord qu'il y ait des chrétiens à persécuter. Or, l'hypothèse de datation la plus haute d'une distinction entre chrétiens et autres juifs remonte à la Birkhat Ha Minim, c'est à dire à 135, soit bien plus tard que le grand incendie de Rome. Le règne de Néron peut, sur ce point, être réhabilité [9].

Certaines persécutions sont internes au paléo-christianisme et obéissent aux règles du herem : on n'attente pas à la vie du dissident mais on le prive de ses droits sociaux et communautaires après un jugement des anciens de la communauté [10]. On peut comprendre ainsi

  • les mésaventures de Montanus de Phrygie qui répandra en Asie Mineure sa vision du christianisme.
  • De même Marcion de Sinope, fils d'évêque ; il apporte en Occident la première recension des évangiles "les Anthithèses" où il oppose la Loi et l'Evangile. Il l'accompagne de sa sélection des lettres de Paul de Tarse, alors inconnues en cette région, et s'offre à financer la communauté romaine, à une époque où elle ne connaît pas encore le phénomène de l'évêque monarchique) peut être ainsi compris. Il est "excomunié" (terme impropre à l'époque) expulsé sans ménagement et succède à son père en Bythinie. Le marcionitisme durera au moins jusqu'au 6ème siècle et sera compris comme "le vrai christianisme" par les hanifin[11]
  • le gnosticisme valentinien fait l'objet d'une persécution constante et donc d'un développement souterrain et cloisonné par l'ésotérisme

D'une part, le christianisme arrive tardivement en Occident comme le montre Yves Modéran [12]. D'ailleurs, il n'y a aucun théologien notoire issu d'Occident avant Ambroise de Milan et Augustin d'Hipone, c'est à dire avant le 4ème siècle, c'est à dire le règne de Théodose II. D'autre part, sous Dioclétien, de nombreux soldats chrétiens sont signalés dans l'armée y compris dans des grades d'officier. Des persécutions ont existé, surtout en Orient ; encore est-il difficile pour certaines d'entre elles de distinguer si les populations victimes sont chrétiennes ou juives dans le cadre de la succession des guerres nationalistes juives. Voir plus bas, la politique religieuse des empereurs au bas empire.

Enfin, certaines persécutions ont été inventées de toutes pièces, telles celles des saintes Félicité et Perpétue comme le montre Daniel Boyarin dans "Mourir pour Dieu" [13]. Cet appétit de martyr crée plus sûrement la séparation entre juifs et paléochrétiens que la Birkhat Ha Minim dont l'existence, la teneur et la cible sont discutées[14] Minim et Am Ha Aretz ne sont pas systématiquement ni seulement les paléochrétiens[15]..

notes et références[modifier | modifier le code]

  1. "nier dieu, nier les dieux"
  2. John Scheid, "Sacrifier à l'empereur, sacrifier pour l'empereur", cours au Collège de France 2007
  3. François Blanchetière, les premiers chrétiens étaient-ils missionnaires (30-135)? CERF
  4. Cicéron ou Sénèque ? Si c'est Ciceron, voir De Natura Deorum. Chez les auteurs anciens, je ne sais donner de référence précise que pour les textes sur lesquels j'ai personnellement sué pour les traduire
  5. Blanchetière op.cit.
  6. Sur les cultes réservé aux femmes à Rome et sur les mystères d'Isis, voir Danila Comistri... je complèterai car c'est un roman policier "romain" dont le titre m'échappe sur l'instant
  7. op.cit
  8. John Scheid, op.cit.
  9. Aziza "Néron, le mal-aimé de l'histoire"
  10. Jewish encyclopedia
  11. Youssef Tseddik Nous n'avons jamais lu le Coran, éditions de l'Aube
  12. Modéran est professeur à Caen. l'article est en ligne à plusieurs endroits dont un chez Eduscol
  13. Bayard, 2002
  14. Jewish encyclopedia
  15. Dan Jaffé, "le judaïsme à l'aube du Christianisme, CERF