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Fragment de lettre manuscrite de Nicolas-Louis Le Dran figurant dans son dossier Personnel aux AAE (1°série, XL, f°24)

Nicolas-Louis Le Dran ou Ledran (né à Paris le 24 avril 1687 et mort à Saint-Cloud le 18 décembre 1774) est un diplomate français qui aussi a été un archiviste, un historien et un théoricien de la musique. Premier commis des Affaires étrangères sous le règne de Louis XV, il fut deux fois chargé d’un bureau politique (qui correspondait à ce qu’est aujourd’hui une« Direction géographique ») : le deuxième bureau de 1725 à 1727 et le premier bureau de 1740 à 1749. Parallèlement à ces activités de chef de bureau politique, Nicolas-Louis Le Dran a été le Garde du dépôt des archives des Affaires étrangères, en titre ou de facto, de 1720 à 1757. Dans cette fonction, il a notamment procédé à de grandes acquisitions, la plus notable étant celle des papiers du cardinal de Mazarin en 1732. Disposant d’un accès illimité aux archives, N.-L. Le Dran a par ailleurs rédigé un grand nombre d’ouvrages historiques sur des sujets très divers, notamment : négociations diplomatiques, questions de protocole, études juridiques, études sur les« limites » du royaume, mariages princiers, affaires intérieures et affaires religieuses, ainsi que nombre de mémoires sur des sujets précis en réponse à des demandes du ministre ou d’ambassadeurs partant en mission. Il a aussi écrit, pendant ses loisirs, plusieurs opuscules sur la théorie de la musique.


Biographie[modifier | modifier le code]

Cette biographie est tirée principalement des ouvrages d’Armand Baschet[1], de Camille Piccioni[2] et de Jean-Pierre Samoyault[3] consacrés aux Premiers commis des Affaires étrangères sous l’Ancien régime.

Origines et jeunesse[modifier | modifier le code]

Nicolas-Louis Le Dran est fils d’Henri Le Dran, maître chirurgien juré et chirurgien-major des Gardes Françaises du roi, marié et père de six enfants dont deux frères de Nicolas-Louis : Henri-François – qui a lui-aussi été un chirurgien reconnu, pionnier dans le traitement de la maladie de la pierre – et Pierre, qui a suivi Nicolas-Louis au département des Affaires étrangères où il a été Commis aux Limites ; et dont deux sœurs : Marguerite et Madeleine ; le sixième enfant est mort en bas âge.

Nicolas-Louis a fait de solides études, apprenant le français, le latin, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien ; A l’âge de vingt-ans, il est étudiant à Saint-Magloire, un collège d’Oratoriens réputé pour fournir des recrues au Département des Affaires étrangères. Remarqué par l’un de ses professeurs et recommandé au ministre Jean-Baptiste Colbert de Torcy, Nicolas-Louis entre en 1710 à l’âge de 23 ans dans les bureaux du Secrétariat d’état aux Affaires étrangères.

Les débuts au département des Affaire Étrangères[modifier | modifier le code]

Le Louvre au XVIIIème siècle (5271396767)

L’année suivante, Nicolas-Louis participe, sous la direction du Garde du dépôt, Yves de Saint-Prest (ou Saint-Prez), au déménagement des archives des Affaires Étrangères de Versailles au Vieux-Louvre. Remarqué par le Premier commis Antoine Pecquet, Le Dran assure la fonction de Garde des archives à la mort de Saint-Prest en 1720 ; à ce titre il a de nombreuses occasions de travailler avec le Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, l’abbé Dubois, qui lui commande notamment des mémoires destinés à appuyer sa nomination comme Principal ministre.

1723-1727 : Le deuxième bureau politique[modifier | modifier le code]

En 1723 Le Dran reçoit, sans le titre, les responsabilités du premier commis du deuxième bureau, parti à la retraite. En 1725 Antoine Pecquet effectue une réorganisation des bureaux : son fils Antoine (dit Antoine II Pecquet) reçoit le premier bureau ; Nicolas-Louis Le Dran reçoit le titre de Premier commis, chargé du deuxième bureau qui assure les relations avec l’Empire, les Pays-Bas catholiques, l’Allemagne méridionale, la Turquie, l’Asie, et l’Afrique ; le troisième bureau est confié à Jean-Gabriel de La Porte du Theil.

Cette équipe, sous le ministériat du duc de Bourbon puis du cardinal de Fleury, a eu à traiter des affaires diplomatiques entre 1723 et 1727 et notamment : le Congrès de Cambrai, la ligue de Hanovre (accord de Herrenhausen), le premier traité de Vienne, le traité de Wusterhausen et la guerre qui éclate entre l’Angleterre et l’Espagne à propos de Gibraltar.

Les trois Premiers commis semblent avoir travaillé en harmonie pendant cette période sous la direction d’Antoine I Pecquet ; mais celui-ci meurt en 1726 et son fils Antoine II Pecquet convainc alors le nouveau Secrétaire d’état aux Affaires Étrangères, le Président Chauvelin, d’adjoindre à son premier bureau le périmètre du deuxième bureau ; Nicolas-Louis Le Dran se trouve alors réduit à la fonction de Garde du dépôt des archives des Affaires Étrangères, qu’il avait assurée pendant toute cette période en cumul avec celles de Premier commis d’un bureau politique.

1726-1739 : La période faste pour les acquisitions d’archives par le Dépôt[modifier | modifier le code]

Plan de l'attique du Louvre en 1740

En 1730, après sa mutation au Dépôt du Louvre, Le Dran reçoit officiellement le titre de Garde du dépôt. Après avoir expérimenté plusieurs méthodes de classement, il met en place un classement par pays (ou par zones géographiques) de la correspondance diplomatique ainsi que des mémoires et documents, avec un sous-classement par dates. Cette méthode de classement "la plus simple et la plus naturelle"[4] est celle qui est encore en vigueur aujourd'hui.

Le Président Chauvelin, Secrétaire d'État aux Affaires Étrangères à partir de 1726 était un bibliophile averti. Sous son impulsion, Le Dran se lance dans une politique ambitieuse d’acquisition de documents diplomatiques pour le compte du Dépôt ; d’où une succession d’acquisitions brillantes : manuscrits du Président de Mesmes, papiers de Mazarin, manuscrits de Chavigny, papiers de Loménie de Brienne, papiers de Law (après la mort de celui-ci à Venise) et papiers de Lorraine, remis au Dépôt par Mr de Stainville en 1738.

Devant un tel accroissement des fonds d’archives, Nicolas-Louis Le Dran a pendant ces années mené une bataille obstinée mais sans succès pour agrandir les locaux dévolus au dépôt situés dans un attique au troisième étage du Vieux-Louvre.[5]

1740-1749 : Le premier bureau politique[modifier | modifier le code]

Un grave différend opposant Antoine II Pecquet à son nouveau ministre Amelot du Chaillou, appuyé par le cardinal de Fleury, conduit à sa disgrâce brutale ce qui donne en 1740 à Nicolas-Louis Le Dran l’opportunité de revenir à la tête d’un bureau politique, cette fois le premier bureau dont le périmètre était les relations avec l’Angleterre, la Hollande, la Suisse, la Lorraine, les pays du Nord de l’Europe, l’Allemagne (septentrionale et méridionale), la Turquie, l’Asie et l’Afrique. Le Premier commis Le Dran était assisté par trois commis. Le troisième bureau était supprimé et le deuxième bureau confié à Jean-Gabriel de La Porte du Theil. Le Dran se voyait par ailleurs déchargé de sa fonction de Garde du dépôt confiée à l’abbé de La Ville, qui était alors en mission en Hollande si bien que dans les faits, par l’entremise de son frère Pierre, Nicolas-Louis gardait un oeil sur son cher Dépôt.

Au cours de cette décennie 1740, le travail n'a pas manqué aux deux bureaux politiques ![6] Après la mort de l’Empereur Charles VI, Frédéric II de Prusse déclenche en 1740 la guerre de Succession d’Autriche. Les services diplomatiques français se mobilisent en soutien de l’effort de cette guerre, (non déclarée jusqu’en 1744) et notamment en soutien des ambitions de l’Électeur de Bavière. Les évènements de la décennie sont trop nombreux pour être tous relatés ici : guerre Autriche-Prusse, guerre Russie-Suède, élection de Charles-Albert de Bavière comme empereur (Charles VII), prise de Prague ; traité de Worms et guerre en Italie, paix de Breslau, retraite de l’armée française de Prague au Rhin, guerre Angleterre-Espagne (oreille de Jenkins) ; mort de Charles VII, victoire de Fontenoy, élection de François de Lorraine comme empereur (François Ier) ; propositions de paix par Marie-Thérèse au ministre des Affaires Étrangères d’Argenson qui refuse, négociations de Ferdinand VI d’Espagne avec les Anglais, victoire de Rocoux, la Provence envahie brièvement par les austro-sardes, victoire de Lawfeld, prise de Berg-Op-Zoom puis de Maastricht, et enfin Congrès et Paix d’Aix la Chapelle en 1748.

De son poste au premier bureau politique, Nicolas-Louis Le Dran a participé à la politique étrangère de cette décennie agitée. Après la chute du ministre Amelot du Chaillou (22 février 1744), Nicolas-Louis Le Dran s’est trouvé pendant quelques mois – conjointement avec La Porte du Theil – en contact direct avec le roi Louis XV qui alors dirigeait seul la politique étrangère française ; mais, manifestement, le roi a préféré La Porte du Theil à Le Dran : le caractère affable mais effacé de Nicolas-Louis explique peut-être cette préférence.

À compter du 18 nov. 1744, le roi nomme le marquis d’Argenson ministre des Affaires Étrangères. La disgrâce de celui-ci en janvier 1747 est principalement due à ce qu’il ne parvenait pas à tirer pour la France des avantages diplomatiques des victoires françaises sur le terrain, mais elle a peut-être été hâtée par« l’affaire de Seltz » un incident où la souveraineté de la France avait été ignorée par l’Électeur palatin. Le Dran, a pris chaudement parti pour les droits de la France et a été fortement soutenu par d’Argenson – lequel s’est vu désavoué par le Conseil du roi. Quoi qu’il en soit, Le Dran est resté en poste deux ans après la chute du marquis d’Argenson, avant de connaître lui aussi une disgrâce en avril 1749 sous le ministériat du marquis de Puysieulx ; il est remplacé par François de Bussy et Jean-Pierre Tercier à l’occasion d’un remaniement des bureaux ; Le Dran retrouve alors son poste de Garde du dépôt des archives des Affaires Étrangères, où il va rester jusqu’à son départ à la retraite.

1749-1762 : Le retour aux archives[modifier | modifier le code]

A son retour au Louvre, Le Dran a 62 ans. Il reste en pleine possession de ses facultés intellectuelles et se passionne pour la rédaction de Mémoires sur des sujets historiques, tout en animant un véritable« Service de documentation » à l’usage de son ministre et des ambassadeurs partant en poste.

A partir de 1759 les Secrétaires d'État aux Affaires étrangères, le duc de Choiseul puis son cousin le comte de Choiseul-Praslin, méditent un déménagement des archives du Louvre à Versailles et à cette occasion un renouvellement du personnel. En août 1762, à la veille du déménagement, les deux frères Le Dran (Nicolas-Louis et Pierre) sont déclarés démissionnaires, mis à la retraite et pensionnés. Pierre mourut peu après, en 1766 ; Nicolas-Louis prit sa retraite avec philosophie et se retira dans sa maison familiale de Saint-Cloud pour mettre en ordre ses archives avec l’aide d’un secrétaire ; son frère Henri-François, le chirurgien, mourut en 1770. Nicolas-Louis s’éteignit quatre ans plus tard, le 18 décembre 1774 et fut enterré dans le cimetière de Saint-Cloud.

En compagnie des deux Pecquet, de l’Abbé de la Ville, de Jean-Gabriel de La Porte du Theil, de Jean Pierre Tercier, de Gérard de Rayneval et d’autres, Nicolas-Louis Le Dran a fait partie de ces hommes – peu nombreux – qui ont mené et illustré la diplomatie française au XVIII° siècle et qui sont bien décrits dans une citation de Frédéric Masson :« Leurs fonctions importantes dissimulées sous le titre modeste de premiers commis leur valent, comme dit la vieille devise, plus d’honneur que d’honneurs. Ils passent, silencieux et modestes, discrets par profession et par caractère au milieu d’une Cour brillante et dorée dont ils font les affaires, dont ils connaissent tous les secrets et qui les ignore. Ils traînent toute leur vie, à pas comptés, comme des bœufs patients la lourde charrue ; mais le sillon qu’ils tracent est droit et profond. Ils n’attendent de leur travail opiniâtre ni titres ni places en vue ; mais ils ont cet orgueil intime d’être les régulateurs secrets de la politique de l’Europe ».[7]

Les circonstances et ses propres inclinations ont amené Nicolas-Louis à être par ailleurs l’auteur d’une immense œuvre historique qui peut encore de nos jours être consultée avec profit.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Resté célibataire, Nicolas-Louis Le Dran a eu une vie rangée, consacrée essentiellement à sa carrière professionnelle et à sa passion pour la musique. Il a mené le train de vie d’un Premier commis de son temps, à Versailles et à Paris, avec voiture et domestiques, mais sans laisser de traces dans les salons de son époque – qu’il fréquentait pourtant si l’on en juge par les dédicaces à de hauts personnages et à des femmes du monde de ses opuscules sur la musique :

  • « Sur divers accords de neuvième », janvier 1765, cote BnF Richelieu, nouv. acqu. fr-4544, f°148-152 ;
  • « Notions simples pour le jeu de la guitarre par musique », juin 1765, cote BnF Richelieu, nouv. acqu. fr-4544, f°182-183 ;
  • « Sur le jeu du théorbe par musique », juillet 1765, cote BnF Richelieu, nouv. acqu. fr-4544, f°199-202 ;
  • « Sur les signes, Do, Di, Ca. Pour l'indication des accords en musique », 1765, cote BnF Richelieu, nouv. acqu. fr-4544, f°93-108bis [n.b. : opuscule décrivant un système de notation musicale de l’invention de N.-L. Le Dran].

Il a légué tous ses biens à ses deux sœurs, Marguerite Privé et Madeleine Meat. Celles-ci ont organisé le transfert de ses papiers au Dépôt des Affaires étrangères, un volume considérable d’archives qui furent classés dans un unique fonds (dit « fonds Le Dran ») jusqu’aux réorganisations du classement effectuées au Dépôt à partir de la Restauration.

Œuvre historique[modifier | modifier le code]

Un catalogue de l’œuvre historique de N.-L. Le Dran se trouve dans la troisième partie (Ch. 8 à 12) de l’ouvrage de Christian Fournier.[8]

Nicolas-Louis Le Dran est l’auteur d’une abondante correspondance politique qui est conservée aux Archives des Affaires étrangères[9]. , dans la série CP ; l’on trouvera par ailleurs certains de ses Mémoires à l’Arsenal ou à la bibliothèque Mazarine, notamment ceux destinés à l’abbé Dubois.

Mais la quasi-totalité de son œuvre en tant qu’historien est conservée aux archives des Affaires étrangères, dans la série M&D (Mémoires et Documents). Il s’agit de plus de 500 monographies manuscrites sur des sujets historiques très variés – principalement des XVII° et XVIII° siècles. Ces œuvres sont toutes restées à l’état manuscrit, inédites à l’exception d’une transcription des ms Angleterre nos 43-45, du ms Hollande n°61, du ms France n°149, et d’une édition du ms Russie n°4 (dans le tome 40 du Recueil de la société historique Russe, 1884).

Un recensement aussi exhaustif que possible des Mémoires dus à Nicolas-Louis Le Dran a été effectué en 2009 : il en ressort que ses œuvres majeures (« les Grands-Œuvres ») sont :

  • « Mémoires historiques de ce qui s’est passé à l’égard des places des Pays-Bas appelées communément "La Barrière" », circa 1734, 4 vol. in-f°, cote[10] : AAÉ-M&D Hollande nos 9-12 ;
  • « Histoire de l’avènement du prince Philippe de France, duc d’Anjou, à la couronne d’Espagne ; et des négociations pour faire cesser par une paix générale la guerre allumée dans l’Europe à l’occasion de ce grand évènement », 1718, 3 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Espagne nos 94-96 ;
  • « Histoire de la négociation des traités de paix conclus aux congrès de Rastadt et de Bade en 1714 et 1715 pour terminer la guerre de succession d’Espagne », 1715, 2 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Allemagne nos 56-57 (ou Hollande nos 54-55) ;
  • « Négociations de la France pour le rétablissement de la paix entre la maison d’Autriche et la branche de la maison de Bourbon établie en Espagne », 1734, 4 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Espagne nos 140-143 (ou Allemagne nos 60-63, ou Angleterre nos  43-45) ; [n.b. : ce sont les négociations du traité de la Quadruple alliance de 1718] ;
  • « Histoire des négociations et traités entre la maison de Savoie et les autres puissances et principalement la France », 1721, 1 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Sardaigne n°5 ;
  • « Historique des négociations de la France pour maintenir au moyen de la Triple alliance signée à Hanovre le 3 septembre 1725 la paix entre les puissances de l’Europe », 1735, 7 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Hanovre nos  3-9 [n.b. : ce sont les négociations de l’accord de Herrenhausen de 1725] ;
  • « Histoire du congrès tenu à Soissons pendant le cours de l’année 1728 entre les ministres plénipotentiaires des principales puissances de l’Europe », 1736, 1 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D France n°496 ;
  • « Histoire de l’alliance conclue en novembre 1729 à Séville par l’Espagne avec la France et l’Angleterre, et aussi avec la République des Provinces-Unies des Pays-Bas, pour l’introduction des garnisons espagnoles dans les États de Toscane et de Parme destinés à l’Infant Don Carlos », 1733, 7 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Espagne nos 157-163 ;
  • « Mémoires sur l’élection des Empereurs », 1733, 3 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Allemagne n°1-3 ;
  • « Mémoire sur les négociations intervenues entre le roi et l’empereur Charles VI, pour parvenir à la paix », 6 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Autriche nos 22-27 ; [n.b. : ce sont les négociations du Troisième traité de Vienne, 1738] ;
  • « Introduction à l’histoire des négociations sur la Pragmatique Sanction publiée en 1713 par l’empereur Charles VI, pour conserver en un seul corps à l’avenir tous les États dont il se trouvait en possession, et établir à perpétuité un ordre pour la succession à ces mêmes États », 1737, 6 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Autriche nos 13-18 ;
  • « Négociations de la France après la vacance du trosne impérial d’Allemagne et l’extinction de la maison d’Autriche par la mort de l’empereur Charles VI, décédé le 19 octobre 1740 », 1745, 4 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Allemagne nos 83-86 ;
  • « Histoire de la paix d’Aix la Chapelle du 18 octobre 1748 », 1753, 3 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Hollande nos 66-68 ;
  • « Histoire des négociations de la France pour le rétablissement du roi Stanislas sur le trône de Pologne », 1732, 6 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Pologne nos 12-17 ;
  • « Annales de la Constitution Unigenitus », 1739, 26 vol. in-f°, cote AAÉ-M&D Rome nos 41-66.

Ces œuvres, ainsi que de nombreux mémoires de moindre importance, sont de véritables ouvrages d’histoire, rédigés par Le Dran dans les conditions du temps à partir de la correspondance diplomatique du Département des Affaires étrangères ; il utilisait pour cela une méthode initiée par Yves de Saint-Prest et reprise plus tard par Auguste Mignet : la présentation sélective d’une correspondance pour illustrer un récit, en l’accompagnant de commentaires. L’intérêt des ouvrages de Le Dran est dans le choix judicieux des correspondances présentées (à la juste dimension de la« maille » du récit), ainsi que dans l’esprit de synthèse des commentaires qui les accompagnent.

Le Dran n’écrivait que pour les diplomates ayant accès aux archives et les rares personnes (historiographes du roi, notamment) autorisées à consulter les archives du Dépôt des Affaires Étrangères – car celles-ci ne sont devenues accessibles au public qu’en 1874, un siècle après sa mort. Les ouvrages de Le Dran ont été très appréciés par des historiens des XVIII° et XIX° siècles tels que Louis-Pierre Anquetil, Gaëtan de Raxis de Flassan, Charles-Louis de Sévelinges, Mgr Alfred Baudrillart, Arsène Legrelle, Émile Bourgeois, le père Pierre Bliard ; puis par des historiens du XX° siècle notamment Dom Henri Leclercq, Paul Vaucher, et Claude J. Nordmann.

Le Dran a été quelque peu négligé par les historiens du second XX° siècle, dont beaucoup ont préféré se référer aux sources primaires dans la Correspondance politique des Archives (des) Affaires Étrangères. Pourtant – si l’idée même d’une correspondance sélectionnée pose un problème de principe – la probité et la rigueur de Le Dran ne sont pas à mettre en doute ; les seuls cas d’autocensure qui ont pu être identifiés dans ses œuvres sont ceux où la mise en cause d’un diplomate ou d’un espion risquait de porter préjudice au Département des Affaires étrangères. Et naturellement, l’œuvre de Le Dran – élaborée uniquement à partir des archives françaises – manque de la multiplicité de points de vue permise aujourd’hui aux historiens par l’accès aux archives de l’étranger.

L'œuvre de Le Dran peut cependant servir de guide aux chercheurs en histoire à travers l’océan de la correspondance politique ; un exemple en a été donné par Frederik Dhondt dans son ouvrage de 2015 : "Balance of power and Norm hierarchy", pour lequel il a utilisé onze mémoires de Le Dran parmi ses sources manuscrites. Il est a souhaiter que des progrès dans les techniques de ROCEM (Reconnaissance Optique des Caractères d’Écritures Manuscrites) puissent à l'avenir faciliter l'accès à cette œuvre volumineuse.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le Dran (Nicolas-Louis) ; Histoire de la Triple alliance & Histoire de la Quadruple alliance et du Congrès de Cambrai (1713-1725) ; d’après les Archives du ministère français des Affaires étrangères, Mémoires et Documents, ms M&D Hollande n°61 et mss M&D Angleterre nos 43 à 45 ; La Celle-Saint Cloud, éd. Douin, 2015.
  • Baschet (Armand) ; Histoire du Dépôt des Archives des Affaires Étrangères, Paris, impr. E. Brière, 1875 ;
  • Piccioni (Camille) ; Les Premiers commis des Affaires Étrangères aux XVII° & XVIII° siècles, Paris, éd. E. de Boccard, 1928 ;
  • Samoyault (Jean-Pierre) ; Les bureaux du Secrétariat d’État des Affaires Étrangères, Paris, éd. A. Pedone, 1971 ;
  • Bély (Lucien) ; Les relations internationales en Europe, XVIIème-XVIIIème siècles, Paris, éd. PUF, 1992 ;
  • Fournier (Christian) ; Etude sur Nicolas-Louis Le Dran, 1687-1774, un témoin et historien des Affaires étrangères aux temps de la Régence et du règne de Louis XV – 1715-1762 ; La Celle-Saint Cloud, éd. Douin, 2015.
  • Dhondt (Frederik) ; Balance of Power and Norm Hierarchy, Franco-British diplomacy after the Peace of Utrecht ; Leiden & Boston, Brill Nijhoff Ed., 2015.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Baschet (Armand) Histoire du dépôt des archives des affaires étrangères : à Paris au Louvre en 1710, à Versailles en 1763 et de nouveau à Paris en divers endroits depuis 1796 BNF notice n°: FRBNF34069483
  2. Piccioni (Camille) Les premiers commis des affaires étrangères au XVIIe et au XVIIIe siècle BNF notice n° : FRBNF34064731
  3. Samoyault (Jean-Pierre) ; Les bureaux du Secrétariat d’État des Affaires Étrangères, Paris, éd. A. Pedone, 1971
  4. Baschet (Armand) Histoire du Dépôt des Archives des Affaires Étrangères pages 181 et 191, Paris, impr. E. Brière, 1875, BNF notice n°: FRBNF34069483
  5. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/archives-diplomatiques/action-scientifique-et-culturelle/cabinet-des-decouvertes/article/quelques-pieces-au-louvre-pour-etablissement
  6. La liste d’évènements qui suit – tout comme celle de 1723-1727 – est tirée principalement de l’ouvrage de Lucien Bély (op.cit.)
  7. Masson (Frédéric) ; Le département des Affaires étrangères pendant la Révolution, 1787-1804, Paris, éd. Plon, 1877
  8. Fournier (Christian) ; Etude sur Nicolas-Louis Le Dran, 1687-1774, un témoin et historien des Affaires étrangères aux temps de la Régence et du règne de Louis XV – 1715-1762 ; La Celle-Saint Cloud, éd. Douin, 2015.
  9. Une Association des Amis des Archives diplomatiques, créée en 1986, regroupe des personnes physiques ou morales, soucieuses de promouvoir l’utilisation et la connaissance des archives du ministère des Affaires étrangères. En 2018 elle est présidée par François Plaisant, Ambassadeur de France
  10. L'acronyme AAÉ remplace Archives des Affaires Étrangères