Aller au contenu

Utilisateur:Chaises/Rafael Marques (journalist)

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Rafael Marques de Morais est un journaliste et militant des droits de l'homme né en Angola en 1971. Il reçoit plusieurs prix internationaux pour ses reportages sur les diamants de la guerre et la corruption en Angola. Il est le fondateur du site internet Maka Angola voué à la protection de la démocratie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Rafael Marques naît en 1971 à Malanje, en Angola, et grandit avec sa mère à Luanda[1],[2],[3]. Confronté à la détérioration de son pays, il devient journaliste pour défendre les droits de l'homme en Angola, lutter contre la corruption en Angola (en) et contribuer à la protection de la démocratie[4]. Il obtient un baccalauréat (Honours) en anthropologie et médias de l'Université Goldsmiths à Londres et une maîtrise en études africaines au St Antony's College de l'Université d'Oxford[5].

Sa carrière de journaliste commence en 1992 au journal d'État Jornal de Angola. Peu après son embauche, il rédige un article au sujet des élections législatives et présidentielle des 29 et 30 septembre 1992, les premières élections libres depuis l'indépendance de l'Angola en 1975[6]. Le journal le publie en incluant, par erreur, les critiques d'un chef de l'opposition à l'encontre du président José Eduardo dos Santos du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA). Rafale Marques est rétrogradé, puis renvoyé pour son journalisme politique[4].

De 1998 à 2004, il travaille pour l'Open Society Initiative for Southern Africa (en) (OSISA), la fondation de George Soros, dans des projets qui soutiennent l'éducation, la communication sociale, la démocratie et les droits de l'homme en Angola[7].

À la suite de la reprise de la guerre civil en Angola en 1998, il rédige un article, « Cannon Fodder », concernant la conscription de mineurs publié dans le journal Folha 8 le 8 janvier 1999. Il est arrêté par la police le 6 avril 1999, puis relâché sans inculpation.

Procès[modifier | modifier le code]

1999 - Le rouge à lèvres de la dictature[modifier | modifier le code]

Le 3 juillet 1999, l'hebdomadaire indépendant Agora publie l'article intitulé Le rouge à lèvres de la dictature (O « bâton » da ditadura) de Rafael Marques[8]. L'auteur y qualifie José Eduardo dos Santos de dictateur, le rend responsable de la destruction de l'Angola, et d'avoir encouragé « l'incompétence, le détournement de fonds et la corruption en tant que valeurs politiques et sociales »[4],[9]. Le 16 octobre, des membres armés de la Direcção nacional de investigação criminal (DNIR) [Direction nationale d'investigation criminelle] et des officiers de la Polícia de Intervenção Rapida (PIR) [Police d'intervention rapide] l'arrête à son domicile à Luanda[8].

La police le détient jusqu'au 26 octobre sans l'informer des raisons de son arrestation et sans lui permettre de contacter sa famille ou un avocat. Les officiers l'incitent à signer des documents déchargeant le CFL et le gouvernement angolais de toute blessure ou d'une mort éventuelle durant sa détention. Il refuse et entame une grève de la faim de huit jours pour protester contre sa détention illégale. Le 29 octobre, il est transféré à la prison de Viana à Luanda et peut contacter son avocat. Le 25 novembre, informé des charges de diffamation et de calomnie retenues contre lui, il est libéré sous caution et à condition de ne pas quitter Luanda, ni de contacter d'autres journalistes ou de faire des déclarations publiques. Le 15 décembre, le tribunal provincial de Luanda transfère sans explication son dossier à la Cour suprême d'Angola[4],[8],[10].

Selon le Comité pour la protection des journalistes, le gouvernement dos Santos a « lancé une campagne d'insultes verbales contre Marques », citant une déclaration du législateur Mendes de Carvalho, lors d'un débat parlementaire sur la liberté de la presse le 19 janvier 2000, selon laquelle Marques « ne vivrait pas jusqu'à 40 ans » s'il continuait à critiquer dos Santos[10],[11].

Le procès de Marques commence le 6 mars 2000. Il est inculpé en vertu de la loi angolaise 7/78, également connue sous le nom de Loi sur les crimes contre la sécurité de l'État. Le Comité pour la protection des journalistes déclare que « la loi 7/78 viole l'article 35 de la Constitution angolaise de 1992, qui garantit le droit à la liberté d'expression »[11]. Cette loi autorise les audiences des poursuites en diffamation à se tenir sans la présence du public dans le but de protéger les victimes, ici le président dos Santos, d'une atteinte à leur vie privée en voyant les diffamations portées au grand jour[10].

Bien qu'elle doit être entendue devant la Cour suprême, l'affaire Marques est renvoyée devant la Cour pénale divisionnaire, où elle est entendue devant Joaquim de Abreu Cangato, un ancien membre de la police secrète angolaise sans formation juridique[8]. Le 10 mars, le procès est ajourné au 21 mars. Le 22 mars, l'avocat de Marques, Luis Nascimento, quitte la cour en signe de protestation contre les procédures inéquitables, action pour laquelle il se voit radié du barreau pour six mois par le juge le lendemain[8]. À cette date, Cangato ordonne aux spectateurs, y compris les responsables des ambassades américaines et portugaises, les militants des droits de l'homme et les journalistes, de quitter la salle d'audience, après quoi le procès s'est poursuivi dans le secret.

Le 31 mars, Marques est [12]condamné à six mois de prison, mais il demeure en liberté pendant que le jugement est porté en appel[8] [11]. Il est également condamné à une amende de 17 000 $ US[13].

Le 27 octobre 2000, sous la pression internationale, la Cour suprême en Angola change la peine en une condamnation avec sursis à condition qu'il n'écrive rien de diffamatoire sur le gouvernement pendant les cinq prochaines années [14]. Il est également condamné à verser des dommages-intérêts au président et son passeport est confisqué jusqu'à la fin de février 2001[4],[12].

2013 - Les diamants du sang[modifier | modifier le code]

Il est accusé de diffamation criminelle à la suite de la publication de son livre Diamantes de Sangue: Corrupção e Tortura em Angola [Les diamants du sang : torture et corruption en Angola] publié au Portugal en 2011[15],[16],[17]. En 2015, il est condamné à six mois de prison[18].

Travail ultérieur XXXX[modifier | modifier le code]

Suite à l'incident de diffamation, Marques se concentre sur la fin de la guerre civile angolaise, en organisant une coalition de 250 chefs civiques et religieux pour appeler à une résolution pacifique[2]. Le 14 juillet 2001, il est de nouveau détenu après avoir rendu visite à des personnes expulsées dans un camp de réinstallation à l'extérieur de Luanda avec le journaliste de la BBC Justin Pearce; les habitants du camp avaient été expulsés de force d'un quartier de la ville qui avait apparemment est rezoné pour le développement commercial[19].

Entre 1999 et 2002, Marques écrit une série d'articles sur le commerce des diamants de la guerre dans la province de Luanda et la corruption dans la province de Cabinda, un important centre pétrolier. Selon sa citation du Prix du courage civil, «ses critiques sans fard à la brutalité de l'armée angolaise et les méfaits du gouvernement et des intérêts pétroliers étrangers le mettent en danger personnel»[2].

En 2003, il écrit Cabinda: A Year of Pain, un catalogue de centaines de violations des droits humains qui auraient été infligées à la population par les forces gouvernementales et autres. Dans plusieurs rapports sur les droits humains et dans le livre Blood Diamonds: Corruption and Torture in Angola (2011) il décrit le meurtre et la terreur de villageois par des sociétés de sécurité privées et des responsables militaires angolais au nom de la protection des opérations minières[20]. En novembre 2011, il dépose une plainte pénale accusant neuf généraux angolais de crimes contre l'humanité liés à l'extraction de diamants.

En 2008, il fonde un site Web anti-corruption appelé Maka Angola[4].

Conférences internationales[modifier | modifier le code]

Rafael Marques participe à des conférences et séminaires internationaux, notamment Angola's Oil Curse présentée en 2004 lors de la conférence post-Nobel sur Les recettes pétrolières - De la malédiction à la bénédiction pour les pays en développement ?[21],[22]. Transitions: A Conversation with National Leaders, parrainé par l'Université de New York et l'International Peace Academy tenue à New York en 2005. Beyond "Conflict Diamonds": a New Report on Human Rights and Angolan Diamonds au Woodrow Wilson Center for International Scholars à Washington en 2005. En 2011, il présente la conférence Corruption in Angola: An Impendiment to Democracy, organisée par le National Endowment for Democracy, où il décrit l'institutionnalisation de la corruption par le gouvernement angolais depuis la fin de la guerre civile angolaise[23].

Publications[modifier | modifier le code]

Rapports[modifier | modifier le code]

  • (en) Rafael Marques de Morais, Terror in Cabinda: 1st Report on the Human Rights Situation in Cabinda, Ad-Hoc Commission for Human Rights in Cabinda Coalition for Citizens Rights, Reconciliation and Transparency, , 29 p. (lire en ligne)
  • (en) Rafael Marques de Morais, Cabinda - A Year of Pain : 2nd Report on the Human Rights Situation in Cabinda, (lire en ligne)
  • (en) Rafael Marques de Morais, Lundas – The stones of death. Angola’s deadly diamonds: Human rights abuses in the Lunda provinces, 2004 [« Lundas - as pedras da morte »], Lisbonne, Fundação Mário Soares, , 73 p. (lire en ligne)
  • (en) Rafael Marques de Morais, Angola’s Killing Fields: A report on extrajudicial executions in Luanda 2016-2017, 90 p. (lire en ligne)

Livre et chapitre de livre[modifier | modifier le code]

  • (en) Rafael Marques de Morais, « Assessing media standards in Angola », dans Richard Lance Keeble, Media Values, Leicester, Troubador Publishing, (ISBN 9781848765108), p. 137-145
  • (pt) Rafael Marques de Morais, Diamantes de Sangue: Corrupção e Tortura em Angola, Tinta da China, , 230 p. (ISBN 9789896710859, lire en ligne)

Articles[modifier | modifier le code]

  • (pt) Rafael Marques, « O "bâton" da ditadura », Público,‎ (lire en ligne)
  • (en) Rafael Marques, « The Trial », Transition, Indiana University Press, on behalf of the W.E.B. DuBois Institute, no 88,‎ , p. 28-37 (lire en ligne)
  • (en) Rafael Marques de Morais, « The New Imperialism: China in Angola », World Affairs, vol. 173, no 6,‎ , p. 67-74
  • (en) Rafael Marques de Morais, « Growing Wealth, Shrinking Democracy », The New York Times,‎ (lire en ligne)

Distinctions[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Adam Nossiter, « Fortunes, and Tables, Turn for Portugal and Angola »,  : « But government critics in Angola saw irony in Portugal's quest. "The capital barely has any electricity," said Rafael Marques de Morais, an anticorruption campaigner. »
  2. a b et c « 2006 Civil Courage Prize », Civil Courage Prize, (consulté le )
  3. (en-US) Daniel Metcalfe, « Why Angola's Star Reporter Won't Stay Down », sur Foreign Policy (consulté le )
  4. a b c d e et f Regan-Sachs, « Angola: Marques in Angola - the Perils of Speaking Truth to Power », allAfrica (consulté le )
  5. (en-US) « Rafael Marques-de-Morais », sur Global Initiative, (consulté le )
  6. Perspective monde, « Tenue d'élections législatives et présidentielle en Angola », sur Université de Sherbrooke (consulté le )
  7. (en) Santos Verde, Angola at the crossroads between kleptocracy and development, I.B. Tauris, (ISBN 978-0-7556-0676-4), p. 65-73
  8. a b c d e et f (en) « Rafael Marques on Trial », sur Committee to Protect Journalists, (consulté le ) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « CPJ » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  9. (en) « Rafael Marques de Morais v. Angola, Communication No. 1128/2002, U.N. Doc. CCPR/C/83/D/1128/2002 (2005). », sur University of Minnesota Human Rights Library (consulté le )
  10. a b et c (en) Ann K. Cooper, « Angola: Outspoken journalist will be tried », sur Committe to Protect Journalists, (consulté le )
  11. a b et c Rachel L. Swarns, « Tightening Controls on Media Worry Journalists in Angola », The New York Times, (consulté le )
  12. a et b « Rafael Marques de Morais », Civil Courage Prize (consulté le )
  13. « Journalist convicted of defaming Angolan President », BBC News, (consulté le )
  14. « Angolan journalist's sentences reduced », BBC News, (consulté le )
  15. Antonio Setas, « Angola : l’humour presque noir de Rafael Marques, l’ennemi des généraux et du président », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Karim Lahidji et al., Angola. "They want to keep us vulnerable", Human rights Defenders Under Pressure. Fact-Finding Mission Report, Observatory for the Protection of Human Rights Defenders, , 40 p. (lire en ligne), p. 26-27
  17. (en) Media Legal Defence Initiative (MLDI) et al., Letter of Allegation concerning the prosecution of Rafael Marques de Morais by the Government of the Republic of Angola, , 15 p. (lire en ligne)
  18. Patrick Smith et Zoé Eisenstein, « Milliards envolés de l’Angola : qui est Rafael Marques, le martyr réhabilité de la lutte contre la corruption ? », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  19. Justin Pearce, « Free Press Threatened in Angola », BBC News, (consulté le )
  20. (en) « Angola: Journalist Rafael Marques faces defamation charges over work exposing abuses in diamond industry - Business & Human Rights Resource Centre », sur www.business-humanrights.org (consulté le )
  21. « Rafael Marques on Trial », Committee to Protect Journalists (consulté le )
  22. « 2006 Civil Courage Prize Honoree », Civil Courage Prize (consulté le )
  23. (en-US) « Corruption in Angola: An Impediment to Democracy », sur National Emdowment For Democracy, (consulté le )
  24. « Past Special Honors Recipients », National Association of Black Journalists (consulté le )
  25. « Civil Courage Prize », civilcourageprize.org, (consulté le )
  26. (en) « Integrity Awards 2013 - News », sur Transparency.org (consulté le )
  27. (en) « UCLA Anderson School of Management Announces 2014 Gerald Loeb Award Winners », sur The UCLA Anderson Blog, (consulté le )
  28. « Angolan Journalist Rafael Marques De Morais Wins Freedom Of Expression Award Days Ahead Of Defamation Trial In Luanda », Forbes.com, (consulté le )
  29. (en-GB) « Rafael Marques de Morais: I believe in the power of solidarity », sur Index on Censorship, (consulté le )
  30. (en) Geoffrey York, « Canada denies visa to famed anti-corruption campaigner Rafael Marques de Morais », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. « Rafael Marques De Morais & John Githongo », Allard Prize for International Integrity, Peter A. Allard School of Law (consulté le )
  32. (en-US) « 2017 Democracy Aaward: Five Anti-Corruption Activists Honored », sur National Endowment For Democracy, (consulté le )
  33. (en-US) « Rafael Marques: Hero award 'mirrors hope of International Press InstituteAngolans for change' », sur International Press Institute, (consulté le )
  34. (en-US) « IPI welcomes acquittal of Angolan journalists », sur International Press Institute, (consulté le )
  35. (pt) Fonseca Bengui et João Dias, « Chefe de Estado condecora figuras da sociedade civil », sur Jornal de Angola, (consulté le )
  36. John Ndinga Ngoma, « Angola : deux défenseurs des droits de l'homme décorés par le président Lourenço », sur Africanews, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

https://www.amnesty.org/fr/documents/afr12/008/2000/fr/

https://www.hrw.org/news/2013/08/12/angola-letter-au-special-rapporteurs-regarding-angolas-prosecution-rafael-marques

https://www.jstor.org/stable/3137492 The Trial, Rafael Marques

http://hrlibrary.umn.edu/hrcommittee/French/jurisprudence/1128-2002.html

https://foreignpolicy.com/2015/06/24/why-angolas-star-reporter-wont-stay-down-rafael-marques-corruption/

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Marie Chêne, « Overview of Corruption and Anti-Corruption in Angola », U4 Expert Answer, Anti-Corruption Resource Centre, no 257,‎ (lire en ligne)
  • (en) Joana Bárbara Fonseca, « The Authoritarian Government of Angola learning High-Tech Surveillance », Surveillance & Society, vol. 15,‎ , p. 371-380 (ISSN 1477-7487, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

[[Catégorie:Naissance en 1971]] [[Catégorie:Journaliste angolais]]