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Utilisateur:C. Rameau/Brouillon

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La Place Hoche : étude de cas sur l’évolution de l’architecture de la ville

1. Le campus de la Place Hoche

Les vestiges archéologiques[1] antiques des différents secteurs du campus de la Place Hoche sont divisés chronologiquement en quatre périodes allant de la fin du Ier siècle av. J.-C à l’abandon du site antique débutant au milieu du IIIe siècle et s'étalant jusque vers 275.

La période I[2] s’étend de la fin du Ier siècle av. J.-C au début du Ier siècle ap. J.C. Elle voit les premières traces d’occupation du site dont on retrouve essentiellement des fossés notamment à profil en V. Ceux-ci ont pu délimiter des parcelles ou des enclos. Un premier état a été modifié au début du Ier siècle ap. J.-C. quand le fossé en V d’une grande esplanade a été comblé pour niveler l’espace. L’état 2 a connu des fossés plus petits et peu profonds, surtout situés à la limite entre le règne d’Auguste (27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) et celui de Tibère (14 – 37 ap. J.-C.). On retrouve au final peu de choses ce la période I. Les aménagements de terrain étaient sommaires avec des occupations humaines assez proches et utilisées sur une période plutôt courte. On note cependant qu’elle pose les bases des installations antiques suivantes puisque ces-dernières reprennent l’orientation générale des structures de cette première période.

La période II correspond à la première moitié du Ier siècle ap. J.-C.. Les fossés de la période I ont été comblés dans un premier temps. C’est probablement à partir du règne de Tibère que l’occupation structurée du site commence à s’organiser autour de constructions légères. Il s’agissait probablement de cabanes à pans de bois et parois d’argiles, la couverture était probablement faite de végétaux. Les parois étaient montées directement sur des sablières basses (retrouvées en fouille semi-enterrées) sans poteaux plantés. De grandes zones d’épandage de déchets d’occupation révèlent qu’il s’agissait d’une zone d’habitation. Cependant, les quelques traces de sol aménagé retrouvées laissent penser que les populations installées étaient nouvelles. Elles se seraient implantées dans la ville naissante. De plus,[1] certaines sablières basses ne sont pas reliées à des structures et étaient probablement des palissades antérieures. Elles sont des éléments qui caractérisent les débuts de structuration de l’espace dans certaines villes.

La période III[2] va du milieu du Ier siècle (vers les dernières années du règne de Claude) à la fin du Ier siècle ap. J.-C.. Les habitations assez modestes s’organisent plus et s’étendent sur de nouvelles zones remblayées mais toujours en gardant l’orientation de la période I. Au début de la période III, quelques bâtiments sont encore sur sablières basses. Cependant, la plupart ont des solins de fondation (ici surtout en schiste) parfois sommaires. Quelques bâtiments (B2 et B3)[1], d’abord sur sablières basses, ne se sont dotés de solins de fondation que dans leurs derniers états, les sablières basses reposaient alors sur eux. L’architecture[2] est faite de pans de bois associés à du clayonnage. Certaines constructions ont des parois en terre plus épaisses, les solins sont alors plus larges. On a retrouvé plus de traces du sol qu’auparavant. Parfois il est bétonné dans la salle principale mais les annexes et certains extérieurs sont recouverts de gravillons.

La période IV[1] commence à la fin du Ier siècle et se termine lors de l’abandon du site antique entre le milieu du IIIe siècle et 275. Il est difficile d’établir une chronologie précise de cette période[2]. En effet, les restes sont très mal conservés, parfois absents à cause des arasements et des constructions post-antiques. Malgré ces fragmentations, des fondations profondes ont été découvertes et suggèrent des bâtiments de grande taille avec une maçonnerie assez élaborée, ils donnaient probablement sur une rue. Des traces de mortier de chaux[1] ainsi que la largeur des fondation font penser à une élévation haute, un étage ou un mur-bahut, de certaines zones de ces bâtiments. D’autres bâtiments plus petits n’étaient pas desservis par la voirie principale[2].

La période post-antique débute avec une longue phase d’abandon. Des fossés et structures fossoyées ont été mis au jour sans pouvoir les dater plus précisément. En 1621, un couvent carmélite a été construit et des modifications ont été apportées ensuite. En 1819, les Dames de l’Adoration occupent les lieux qui deviennent le « Grand séminaire diocésain ». Il a existé au moins jusqu’en 1852. Après cela, une nouvelle construction pour les religieuse a été édifiée d’après un plan de 1881.

2. Le parking de la Place Hoche

Peu d’informations[3] sont données sur l’architecture des bâtiments du parking de la Place Hoche mais certains faits recoupent l’évolution identifiée au campus de la Place Hoche. Il faut noter que ce site a connu une importante activité de sidérurgie. Le phasage du site est fait en cinq étapes sans compter les périodes protohistorique et post-antique.

La zone a connu une occupation protohistorique (deux datations ont été données pour des éléments du site : les fourchettes 838-544 av. J.-C. et 413-251 av. J.-C.).

Des fossés, notamment en V ont été découverts lors de la phase 1, vers 10 à 40, vers le règne de Tibère[4], époque à laquelle ce secteur est petit à petit occupé. Peu d’éléments montrent l’urbanisation du site[3].

La phase 2 révèle une urbanisation assez dense probablement réalisée en un seul jet, assez bien organisée, suivant l’orientation de la phase 1. Les sols sont fait de lentilles d’argile jaune sableuse provenant de la Vilaine, le plus souvent avec un foyer. C’étaient probablement des habitations (ou peut-être le lieu d’un artisanat léger) supposément en architecture légère. Les matériaux[4] étaient la pierre et le bois, avec des murs en torchis et clayonnage (comme c’est souvent le cas sur les sites rennais) reposant sur des sablières basses à même le sol sans poteaux. Cette période va probablement de la fin du règne de Tibère (37 ap. J.-C.) à 70[3].

La phase 3 (70-120) voit l’apparition des solins de fondation en schiste (encore sommaires et posés à même le sol[4]) avec un sol en argile jaune ou en argile battue. Les structures[4] sont comparables à l’époque précédente, faites de terre et de bois, la plupart sont encore sur sablières basses.

Les constructions de la phase 4[3] (vers 120 à 180) présentent des solins en schiste et des sols en argile battue. Une grande construction d’au moins trois pièces avait un radier en pierraille de schiste avec une maçonnerie au mortier, son élévation était probablement en terre et bois.

Lors de la phase 5 des reprises de maçonneries sont effectuées. Des fondations à partir de solins ou de radiers sont réalisées mais des constructions légères existent toujours. On sait que l’une des ailes d’un grand bâtiment comporte six salles en enfilade avec au moins une partie comportant un étage. Cette phase dure de de la moitié du IIe siècle[4] à l’abandon[3] du site débutant vers le milieu du IIIe siècle et jusque vers 275.

Suite à cela, une période d’abandon laisse le site inoccupé au moins jusqu’au XVe siècle et surtout jusqu’au XVIIe siècle avec l’aménagement du couvent des Carmélites.

Les signes de confort :

Lors de la fouille du campus de la Place Hoche[2], des sols bétonnés et gravillonnés ont été découverts appartenant à la période III. Cela montre un souci de salubrité et peut-être même de confort. De plus, l’apparition à cette période d’aménagements précis comme la citerne témoignent d’un certain confort, en ce cas pour l’approvisionnement en eau. Plus clairement, les commodités prises par les locaux sont visibles dans des traces de décor intérieur : des enduits peints et des placages en pierre, mais aussi par des aménagements supposés pour l’alimentation en eau. Ces trois éléments ont été retrouvés dans les strates correspondant à la période IV. Ce sont des témoins d’une aisance matérielle permettant aux habitants d’investir de l'argent et du temps dans autre chose que des installations uniquement utilitaires. Néanmoins, ce n’est pas le cas de toutes les constructions.

Sur le parking de la Place Hoche[3], concernant la circulation de l’eau, dès la phase 2 (vers 37-70) des puits sont attestés. La fouille a révélé dans le quart nord ouest un dispositif enterré fait de trois structures servant à épandre les eaux usées. Lors de la phase 3, vers 70-120, un grand bâtiment (402) de 80 m² semble avoir eu une canalisation d’évacuation des eaux usées. Par ailleurs, il semblait s’agir d’un habitat assez cossu. De fait, le sol était un terrazzo (aussi dit granito) de fragments de panse d'amphores à pâte blanchâtre ou rosée et de plaquettes de schiste bleuté, le tout noyé dans un mortier de chaux. Sa conception était très soignée. La phase 5 (du milieu du IIe siècle au milieu du IIIe siècle voire 275) quant à elle a livré des fragments d’enduits peints probablement issus d’une petite domus urbaine. Le jardin de cette dernière comportait un aménagement ou peut-être même un bassin de bois. Un dispositif d’évacuation des eaux de pluie a aussi été retrouvé, avec un système de franchissement de voirie pour ne pas déranger la circulation.

+ ajouts des 2 SRA et Rennes antique (correctement sourcé)

  1. a b c d et e Dominique Pouille (dir.) et Françoise Labaune, « La fouille du Campus de la place Hoche », Rennes antique, Rennes, Presses universitaires de Rennes,‎ , p. 89-160 (EAN 9782753506701)
  2. a b c d e et f Dominique Pouille, Rennes (35). Campus de la place Hoche. Rapport de fouille de sauvetage urgent, Association pour les fouilles archéologiques nationales (France), , 127 p. (lire en ligne)
  3. a b c d e et f Dominique Pouille, Rennes (35). Parking de la place Hoche. Rapport de fouille préventive, Association pour les fouilles archéologiques nationales (France), , 495 p. (lire en ligne)
  4. a b c d et e Dominique Pouille (dir.) et Françoise Labaune, « La fouille du Parking de la place Hoche », Rennes antique, Rennes, Presses universitaires de Rennes,‎ , p. 161-250 (EAN 9782753506701)