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Revue Prismes. Théorie critique

Prismes. Théorie critique est une revue annuelle. C’est Miguel Abensour qui, en rassemblant autour de lui quelques personnes convaincues de l’intérêt de la première Théorie critique pour le présent, a été à l’initiative de cette revue.

Prismes. Théorie critique rassemble des textes politiques, philosophiques, sociologiques.

La revue a commencé à paraître en 2018, éditée par Sens&Tonka puis par La Tempête à partir de 2020.

ISSN L 2608-239X

Intention de la revue[modifier | modifier le code]

Cette revue a pour ambition de faire vivre la manière de penser, les concepts, les intuitions de la première génération de la Théorie critique aux fins d’analyser notre présent[1].

C’est Miguel Abensour qui en a eu l’idée. Pour donner vie à ce projet, il avait rassemblé autour de lui des personnes qui, toutes, quoique chacune à sa manière, ont un lien fort à la Théorie critique – lui-même étant l’éditeur de tant de textes nés de ce courant intellectuel du XXe siècle, dans sa collection « Critique de la politique » (désormais hébergée chez Klincksieck). Dans sa propre trajectoire intellectuelle, il était soucieux, depuis toujours, de penser les visages multiples de la domination dans la société, mais aussi dans les brèches, les percées utopiques possibles, dans lesquelles était en jeu à ses yeux la question politique. Ainsi, il n’avait cessé de tisser des liens profonds avec la première génération des penseurs de Francfort, ceux qui ont créé ce mouvement de pensée : la Théorie critique.

La date de naissance de la Théorie critique peut être considérée comme celle de la fondation de l’Institut de recherche sociale à Francfort : 1923, dans un contexte où plusieurs penseurs voulaient mener ensemble une observation critique de la société, marquée par l’œuvre de Marx mais dans un rejet du marxisme dit « orthodoxe » de l’époque (marxiste-léniniste notamment). Karl Korsch et Georg Lukács ont publié à ce moment-là des textes importants, qui ont marqué les débuts de l’Institut, tout comme ont compté les travaux d’Ernst Bloch sur l’utopie. Mais une autre date forte est 1930, année où Max Horkheimer prendra la direction de l’Institut. Ce qu’on appelle parfois « l’école de Francfort » connaît un élan plus évident encore, réussissant à fédérer des auteurs aussi différents que majeurs, Erich Fromm, Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, Friedrich Pollock, Siegfried Kracauer, Franz Neumann, Leo Löwenthal, Otto Kirchheimer et Walter Benjamin… Ils sont philosophes, sociologues, psychanalystes ou encore juristes. Les étiquettes ne les intéressent pas beaucoup, ils aiment penser « avec » et « entre » plusieurs disciplines – et en écho, aussi, avec des œuvres plus à distance, mais non sans liens avec l’esprit de Francfort, comme celles de Siegfried Kracauer, de Franz Borkenau.

Les penseurs de l’Institut poursuivent chacun une œuvre personnelle, mais ils travaillent aussi ensemble. Ils réalisent, par exemple, au début des années trente une enquête collective fondée sur un très grand nombre entretiens en Allemagne, pour connaître et analyser certaines « idées » de leurs contemporains, la conception de l’obéissance, les désirs de dominer, l’antisémitisme… et notamment le rôle de la famille dans la genèse de ce que Erich Fromm a appelé le « caractère autoritaire ». Presque tous ces penseurs, la plupart juifs, devront s’exiler lors de l’arrivée du nazisme au pouvoir. L’Institut se reformera à New York, prolongeant l’esprit de la Théorie critique dans de nouveaux travaux, et notamment dans de nouvelles enquêtes après la guerre, qui portent cette fois sur les États-Unis. Ainsi, les Studies in Prejudice continueront-elles de creuser ce problème, désormais désigné dans la conceptualisation d’Adorno, comme celui de la « personnalité autoritaire ».

Au milieu de la Seconde Guerre mondiale, dans une détresse fondamentale, et un désir de repenser la modernité à l’aune même de la catastrophe en cours, Adorno et Horkheimer écrivent la Dialectique de la raison, publiée une première fois en 1944 à New York, puis en 1947 à Amsterdam. Texte difficile, obscur parfois, qui tente de penser les démons modernes à l’intérieur même du mouvement d’émancipation qu’ont représenté la modernité, les Lumières, le déploiement de la raison. Adorno et Horkheimer ne se satisfont pas d’une pensée qui désignerait simplement des ennemis tout extérieurs à la belle raison moderne « progressiste », ennemis qu’on ne devrait combattre qu’en réaffirmant sereinement celle-ci, sans nourrir d’inquiétude plus grave. Pour eux, la « racine » du mal est plus complexe. Et il est essentiel, pour sauver cette raison moderne – car il n’y a aucune autre issue à leurs yeux que ce sauvetage – de réfléchir à cette complication. Celle-ci tient au fait que la raison est elle-même traversée d’un désir d’emprise, à la source d’une possible « mythologie ». Aussi, non seulement quelque chose de la rationalité instrumentale et hyperorganisatrice se retrouve dans de nombreuses formes modernes de domination, jusqu’aux pires ; mais si le « mythe de la raison » n’est pas pensé par une raison capable de « se faire violence à elle-même » pour « se sauver », alors cette raison ne laisse la place en les favorisant même qu’à des oppositions réactives : haines de la raison, pensées « irrationalistes », ethnicismes, culte d’une « Nature » enfin « lâchée »… autant de mythes qui déchaînent une libido dominandi non pas neutralisée, mais activée autrement. Telle est la racine de la « pensée mythique » : le désir de dominer. Ses multiples visages doivent être décryptés, et puisque les contraires se touchent, pensés ensemble dans leur dialectique terrifiante.

Notre époque actuelle, on le voit bien, est loin d’être étrangère à ce type de problèmes. Aux désirs régressifs d’en finir avec la raison comme à ceux de lui donner tous les pouvoirs. Aux cultes des « chefs » comme à ceux des « experts ». Aux colères qui veulent tout casser comme aux certitudes sereines que tout ne va pas si mal et qu’il faut être « raisonnable ». Au déchargement, encore et toujours, de la libido dominandi sous des formes multiples et parfois opposées.

Pour notre petit groupe, constitué autour de M. Abensour, décédé[2] lors de préparation du premier numéro de la revue, l’acuité de la situation contemporaine rendait la radicalité de la Dialectique de la raison (radicalité au sens d’une interrogation poussée jusqu’à la « racine ») plus pertinente que jamais. Comme si nous n’avions plus d’autres choix que de penser avec ce texte et de poursuivre le projet de M. Abensour.

Ainsi, petit à petit, le projet de fonder une revue annuelle s’est réalisé. Le titre Prismes reprend en clin d’œil le titre d’un ouvrage d’Adorno.

Comité éditorial[modifier | modifier le code]

Katia Genel, Anne Kupiec, Gilles Moutot, Géraldine Muhlmann.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Catalogue BnF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45481426j

Éditions La Tempête : https://editionslatempete.com/produit/prismes-theorie-critique-volume-5/


[1] https://www.entrevues.org/aufildeslivraisons/la-critique-continue/

https://esprit.presse.fr/actualite-des-livres/jonathan-chalier/prismes-theorie-critique-volume-1-41585

https://ed58.www.univ-montp3.fr/fr/evenements/pr%C3%A9sentation-de-la-revue-prismes


[2] https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2017/04/25/le-philosophe-miguel-abensour-est-mort_5117349_3382.html