Traité de l'Élysée

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 23 avril 2017 à 07:56 et modifiée en dernier par AméliorationsModestes (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Traité de l'Élysée
Description de cette image, également commentée ci-après
Signature du traité de l'Élysée.
Traité d'amitié franco-allemand
Type de traité Traité d'amitié
Langues Français, allemand
Signé
Palais de l'Élysée,
Paris, Drapeau de la France France
Parties
Parties Drapeau français République française Drapeau : Allemagne de l'Ouest République fédérale d'Allemagne
Signataires Charles de Gaulle
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Konrad Adenauer
Gerhard Schröder

Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
Original du Traité franco-allemand de l’Élysée.

Le traité d'amitié franco-allemand, dit traité de l'Élysée, est un traité bilatéral entre la République fédérale d'Allemagne et la République française signé au palais de l'Élysée le par le chancelier allemand Konrad Adenauer et le président français Charles de Gaulle.

Contexte et objectifs

Le traité de l'Élysée fixe les objectifs d'une coopération accrue entre l'Allemagne et la France dans les domaines des relations internationales, de la défense et de l’éducation. Sur le plan politique, il établit un programme pour l'organisation de sommets militaires ou inter-gouvernementaux, afin de soutenir une coopération dans de nombreux domaines, au nombre desquels les Affaires Étrangères et la Défense.

L'objectif principal du traité était de faire une alliance étroite entre les deux pays et, à la fois, d'éloigner la RFA de son protecteur américain, ce qui était nécessaire pour faire réussir le projet du général de Gaulle d'une Europe indépendante des États-Unis. Afin d'atteindre ce but, le général de Gaulle cherchait à séparer la RFA (et les autres pays de l'Europe des Six) de leur protecteur américain et de les rapprocher de la France, une protectrice alternative disposant de sa propre force de dissuasion nucléaire. Cela permettrait au général de Gaulle de construire un bloc européen indépendant à la fois des États-Unis et de l'Union soviétique.

Vu ces buts, le traité ne mentionne nulle part les États-Unis, ni la Grande-Bretagne, ni l'OTAN, ni le GATT, tous ces éléments étant délibérément exclus par le gouvernement français.

Ce traité entérine la relation de confiance et d'amitié qui s'est instaurée entre les anciens « ennemis héréditaires », à peine dix ans après le début de la réconciliation, amorcée par la déclaration Schuman de 1950 et jalonnée par la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (1951) et de la Communauté économique européenne (1957). Elle enterre ainsi définitivement une période sombre qui aura coûté la vie à des millions de soldats français et allemands (guerre franco-allemande de 1870, Première Guerre mondiale et Seconde Guerre mondiale). Ce traité reprend les principales dispositions du Plan Fouchet de 1961 qui avait échoué mais en les limitant à deux pays[1].

Un point particulier repose sur le rapprochement des peuples des deux pays. Il était important pour les deux signataires que ce ne soit pas un traité décidé par les chefs d'États, mais que les citoyens se rapprochent les uns des autres. Les jeunesses allemande et française sont particulièrement visées sur le long terme, l'accent étant mis sur l'apprentissage des langues ainsi que sur l'équivalence des diplômes. La fondation de l'Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ, ou Deutsch-Französisches Jugendwerk (DFJW) en allemand), de lycées franco-allemands, les échanges internationaux entre les deux pays sont des conséquences directes du traité. Depuis, beaucoup de villes, d'écoles, de régions françaises et allemandes se sont jumelées.

Le lien personnel entre les deux chefs d'État a joué un rôle décisif dans la formation de l'amitié franco-allemande. La première rencontre s'est faite au domicile privé de Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne) en septembre 1958. Depuis, les bonnes relations entretenues par le Chancelier fédéral allemand Adenauer et le président de la République française de Gaulle ont été le moteur d'une coopération bilatérale.

Ratification par l'Allemagne

Le , le Bundestag de la République fédérale d'Allemagne ratifie le traité de l'Élysée après avoir voté un préambule[2]. Ce document introduit expressément et explicitement les mots et les concepts mêmes que Charles de Gaulle avait opiniâtrement écartés [3]:

  • « étroite association entre l’Europe et les États-Unis d’Amérique »,
  • « admission de la Grande Bretagne »,
  • « défense commune dans  le cadre de l’Alliance de l’Atlantique nord  »,
  • « abaissement des barrières douanières avec la Grande-Bretagne et les États-Unis d’Amérique, ainsi que d’autres États, dans le cadre du GATT ».

De Gaulle a employé le terme d'« horrible chapeau » concernant le préambule.

Concrétisation

En matière de collaboration scientifique, le traité de l'Élysée va permettre la création en janvier 1967 de l'Institut Laue-Langevin à Grenoble[3]. Cet institut où collaborent les premières années français et allemands, va devenir au fil des années un succès européen où d'autres pays participeront pour obtenir la plus puissante source de neutrons au monde[4].

Célébrations

40e anniversaire (2003)

À l'occasion des célébrations des quarante ans de la signature du traité, en janvier 2003, des formes nouvelles de coordination bilatérale entre la France et l'Allemagne ont été créées (par exemple le Conseil des ministres franco-allemands se réunissant à un rythme bi-annuel, remplaçant les sommets franco-allemands qui avaient été institués par le traité). Un programme commun de formation des cadres de la fonction publique a été mis en place (master européen de gouvernance et d'administration - MEGA)[5]. La journée franco-allemande a lieu tous les ans le 22 janvier depuis ce 40e anniversaire.

50e anniversaire (2013)

Pour le cinquantième anniversaire du traité[6], plusieurs rencontres entre les institutions françaises et allemandes ont lieu. Un conseil des ministres binational présidé par François Hollande, président de la République française, et Angela Merkel, chancelière de la République fédérale d’Allemagne, se tient au Bundestag le 22 janvier 2013, à la suite duquel s'est tenue une déclaration fixant un certain nombre de grands axes politiques de leur action commune[7]. À cette occasion, une conférence de presse conjointe des deux dirigeants a lieu[8], et une déclaration, dite « déclaration de Berlin », est présentée[9].

Aussi, deux pièces commémoratives de 2 euros ont été mises en circulation, une par chacun des deux États ayant signé le traité. Elles représentent le général De Gaulle et Konrad Adenauer et porte l'inscription « TRAITÉ DE L'ELYSÉE 50 ANS/JAHRE ÉLYSÉE VERTRAG ».

Sources

Références

Bibliographie

  • Hans Manfred Bock, Corine Defrance, Gilbert Krebs et Ulrich Pfeil (éd.), Les jeunes dans les relations transnationales. L’Office franco-allemand pour la jeunesse 1963–2008, Paris, PSN, 2008.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil (éd.), Le traité de l’Élysée et les relations franco-allemandes 1945 – 1963 – 2003, Paris, CNRS-Éditions, 2005.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil (éd.), Der Elysée-Vertrag und die deutsch-französischen Beziehungen 1945 – 1963 – 2003, Munich, Oldenbourg, 2005. (online)
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil, Histoire franco-allemande, vol. 10: Entre guerre froide et intégration européenne. Reconstruction et rapprochement 1945–1963, Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2012.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil (éd), La construction d'un espace scientifique commun ? La France, la RFA et l'Europe après le « choc du Spoutnik », Brüssel, Peter Lang, 2012.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil (Hg.), La France, l’Allemagne et le traité de l’Élysée, 1963–2013, Paris, CNRS Éditions, 2012.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil, 50 Jahre Deutsch-Französisches Jugendwerk / L’Office franco-allemand pour la jeunesse a 50 ans, édité par l'OFAJ, Berlin, Paris 2013.
  • Ansbert Baumann, Begegnung der Völker? Der Elysée-Vertrag und die Bundesrepublik Deutschland. Deutsch-französische Kulturpolitik von 1963 bis 1969, Francfort-sur-le-Main, Lang, 2003.
  • Ansbert Baumann, Die organisierte Zusammenarbeit. Die deutsch-französischen Beziehungen am Vorabend des Elysée-Vertrags (1958–1962), Ludwigsbourg, dfi, 2002.
  • Didier Francfort, « Les relations franco-allemandes en chanson (1945-1990) » dans Musique, Pouvoirs, Politiques, Philippe Gonin et Philippe Poirrier [dir.], Territoires contemporains - nouvelle série [en ligne], 05 février 2016, n° 6.
  • Ulrich Lappenküper, Die deutsch-französischen Beziehungen 1949–1963. Von der Erbfeindschaft zur Entente élémentaire, Munich, Oldenbourg, 2001.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Liens externes