Temple d'Awām

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Temple d'Awām *
Image illustrative de l’article Temple d'Awām
Ruines du temple d'Awām (ou Mahram Bilqis)
Coordonnées 15° 24′ 15,91″ nord, 45° 21′ 21,04″ est
Pays Drapeau du Yémen Yémen
Subdivision Gouvernorat de Marib
Type Culturel
Critères (iii), (iv)
Superficie 36,2 ha
Zone tampon 239,8 ha
Numéro
d’identification
1700-002
Région États arabes **
Année d’inscription 2023 (45e session)
Classement en péril 2023
Géolocalisation sur la carte : Yémen
(Voir situation sur carte : Yémen)
Temple d'Awām
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le temple d'Awām (en arabe : معبد أوام) ou temple d'Awâmm, surnommé « Mahram Bilqis » par les archéologues, est un ancien temple sabéen situé à 10 km au sud de la ville moderne de Marib. Dédié au dieu Almaqah, principale divinité du royaume de Saba, le temple était un lieu de pèlerinage célèbre entre le VIIIe siècle av. J.-C. et le milieu du IVe siècle.

Histoire[modifier | modifier le code]

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

Fouilles archéologiques[modifier | modifier le code]

En 1951, une équipe de chercheurs de l'American Foundation for the Study of Man (AFSM) obtient une autorisation du roi pour effectuer des fouilles archéologiques autour de Ma'rib. Les ruines de l'entrée du temple sont presque entièrement dégagées du sable, révélant des centaines d'inscriptions qui sont peu à peu recopiées. Des excavations ont aussi lieu dans la nécropole située au sud du sanctuaire, mettant au jour un mausolée et une série de tombes monumentales. Au bout de quelques mois, se sentant menacés par la dégradation de leur relation avec les autorités locales, les chercheurs sont contraints d'abandonner le site, les équipements et une grande partie de leurs recherches[1],[2].

Entre 1997 et 2001, une mission de l'Institut archéologique allemand (DAI) réalise une étude géomagnétique de la nécropole, et mène de nouvelles excavations[3],[4].

Entre 1998 et 2007, sur invitation du gouvernement yéménite, les fouilles de l'entrée principale sont reprises par une équipe internationale composée d'ouvriers, d'archéologues, d'épigraphistes et d'architectes. La salle du péristyle est excavée une seconde fois, avec minutie, faisant apparaître les fondations du bâtiment et trois cent nouvelles inscriptions[5],[6].

Ces recherches sont arrêtées brusquement après qu'un attentat-suicide ait causé la mort de dix personnes à la sortie du temple, le [7]. Malgré l'élimination des commanditaires un mois plus tard, l'augmentation de l'activité terroriste dans la région provoque l'abandon du site[8],[9],[10]. Depuis, le sable a de nouveau recouvert les ruines du temples, offrant une protection naturelle contre les pillages.

Inscription au patrimoine mondial en péril[modifier | modifier le code]

En 2023, avec d'autres monuments de l'ancien royaume de Saba, le temple d'Awwâm est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)[11],[12].

Description[modifier | modifier le code]

Situé à l'écart de la cité antique de Ma'rib, sur l'autre rive du wâdi Dhana, le temple d'Awwâm est un complexe regroupant plusieurs constructions.

Enceinte extérieure[modifier | modifier le code]

L'enceinte du temple est une structure ovale irrégulière, délimitée par un mur massif de 300 m de circonférence et de 13 m de haut environ. Construit selon une technique locale appelée al-mi'sa, il est composé de deux parois parallèles en pierre de taille séparées par un épais remblai en moellons[1],[13],[4].

Une vaste cour extérieure mesurant 112 m sur l'axe le plus long et 75 m sur l'axe le plus large, dans laquelle se déroulait les cérémonies religieuses, constitue l'espace principal du temple. Il s'agit de la partie la plus ancienne et sacrée, désignée comme le sanctuaire du dieu Almaqah par les inscriptions commémoratives qui ornent le mur d'enceinte[1],[13].

Salle du péristyle[modifier | modifier le code]

Vue de la salle du péristyle depuis l'entrée sud (photographie prise en 2021).

Au nord-est, une construction semi-rectangulaire, dont chaque côté est relié au mur d'enceinte, marque l'entrée principale du sanctuaire. Pour entrer dans la partie sacrée, les visiteurs devaient traverser une première pièce annexe avant d'accéder à une salle plus grande, encadrée par un péristyle de trente-deux colonnes et une série de bancs en pierre volcanique. Les murs du bâtiment, construits avec des blocs de calcaire taillés et disposés de la même façon que pour le mur d'enceinte, sont décorés par des dizaines de fausses fenêtres réparties sur deux niveaux. Une collection de statuettes en bronze et en marbre, pour la plupart incomplètes, ont été trouvées lors des fouilles de l'AFSM en 1951-1952. Malgré le pillage du site sur une très longue période, les nombreuses inscriptions encore lisibles sont étudiées par les épigraphistes modernes, permettant de dater les différentes phases de construction du bâtiment et du temple[1],[6].

Nécropole du temple[modifier | modifier le code]

Plusieurs tombes (zone D) de la nécropole du temple (date inconnue).

Au sud du sanctuaire, en dehors de l'enceinte, les archéologues américains ont identifié une nécropole datant du VIIe siècle avant notre ère. Ils en ont étudié une petite partie, en creusant une tranchée dans la zone la plus au sud. Durant sa période d'activité, l'unique accès de la nécropole se trouvait à l'intérieur du sanctuaire, point de départ des processions funéraires.

Les tombes, qui abritent des sépultures multiples, ont été décrites comme des structures à toit plat, au plan rectangulaire et pouvant mesurer jusqu'à 9 m de hauteur. Construites à partir de blocs de basalte parfaitement taillés et polis, leur façade extérieure est parfois décorée d'un bas-relief représentant le visage du défunt[4],[13].

L'étude des inscriptions sur les murs a révélé l'existence d'un système complexe de possession et de division des tombes, en fonction du nombre de membres de la famille et de la capacité financière de la personne qui souhaitait être enterrée dans la nécropole d'Awām. Entre 1997 et 2001, l'équipe allemande a fouillé d'autres secteurs, mettant au jour une soixantaine de tombes. D'après leurs estimations, entre 20 000 et 30 000 personnes ont été inhumés à proximité du temple[4],[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Frank P. Albright, « The Excavation of the Temple of the Moon at Mârib (Yemen) », Bulletin of the American Schools of Oriental Research, no 128,‎ , p. 25-38 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  2. Jacqueline Pirenne, « Notes d'archéologie sud-arabe », Syria, Persée,‎ , p. 293-318 (lire en ligne)
  3. (en) Holger Hitgen, « The 1997 excavations of the German Institute of Archaeology at the cemetery of Awām in Marib », Proceedings of the Seminar for Arabian Studies, vol. 28,‎ , p. 117-124 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  4. a b c et d (en) Clara Mancarella, « The Awām Temple cemetery in Marib (MaΜrib) revisited », Proceedings of the Seminar for Arabian Studies, vol. 46,‎ , p. 179-194 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  5. (en) Moawiyah M. Ibrahim, « Report on the 2005 AFSM excavations in the Ovoid Precinct at Maḥram Bilqīs/Mārib : preliminary report », Proceedings of the Seminar for Arabian Studies, vol. 36,‎ , p. 199-216 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  6. a et b (en) Zaydoon Zaid et Mohammed Maraqten, « The Peristyle Hall : remarks on the history of construction based on recent archaeological and epigraphic evidence of the AFSM expedition to the Awām temple in Mārib, Yemen », Proceedings of the Seminar for Arabian Studies, vol. 38,‎ , p. 327-339 (lire en ligne Inscription nécessaire)
  7. Cécile Chambrau et Gilles Paris, « Sept touristes espagnols et deux Yéménites tués dans un attentat au Yémena », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. Pierre Prier, « L'activité terroriste est croissante au Yémen », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  9. Iona Craig (photogr. Moises Saman), « Sauver l'histoire du Yémen », National Geographic,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Jon Gambrell, « Ancient temple left neglected as Yemen war threatens history », Associated Press,‎ (lire en ligne)
  11. Service de presse de l'UNESCO, « Les hauts lieux de l'ancien royaume de Saba, Marib (Yémen) inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO », sur whc.unesco.org, (consulté le )
  12. Dépêche AFP, « Un site libanais et un yéménite classés au patrimoine mondial de l’Unesco », The Times of Israel,‎ (lire en ligne)
  13. a b c et d (en) Ministère de l'Information, de la Culture et du Tourisme de la République du Yémen, « Hauts lieux de l'ancien royaume de Saba, Marib » [PDF], sur whc.unesco.org,

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Frank P. Albright, « Excavation at Marib in Yemen », Archaeological Discoveries in South Arabia, Baltimore, Johns Hopkins Press, vol. 2,‎ , p. 215-268
  • (en) Albert Jamme, Sabaean Inscriptions from Maḥram Bilqîs (Mârib), Johns Hopkins Press, , 480 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]