Carence martiale

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La carence martiale, ou sidéropénie, ou déficit martial, est le manque de fer dans l'organisme. Elle se distingue de l'hyposidérémie, qui est un manque de fer dans le plasma sanguin seulement.

Les deux types de carence martiale[modifier | modifier le code]

Si la carence martiale est en présence d'une anémie, on parle d'anémie ferriprive. Sinon, on parle de carence en fer sans anémie[1] ou de carence martiale sans anémie[2]

Épidémiologie[modifier | modifier le code]

Dans une étude, 20 % des femmes en âge de procréer présentaient une carence en fer sans anémie (ferritine < 15 μg/l)[1].

Les anémies sont pour 30 à 50 de type ferriprive[3].

Dans le monde, il y a environ 2 milliards de personnes qui ont une carence martiale : 1 milliard de cas d’anémie ferriprive plus 1 milliard de cas de carence en fer sans anémie[2].

Diagnostic[modifier | modifier le code]

Le diagnostic se fait par une prise de sang et la réalisation d'un hémogramme.

La synthèse de transferrine est augmentée[4],[5], le taux d'hémoglobine peut être réduit[4], le VGM (volume globulaire moyen) est réduit[4], laTCMH (teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine) est réduite[4], l'IDR (indice de distribution des globules rouges) est élevé[4] (Anisocytose), le RsTf (récepteur soluble à la Transferine) est augmenté[4], et la ferritine est basse. Parfois, connaitre la concentration de l'hepcidine peut être utile[5].

Avant un hémogramme avec évaluation du fer sérique et de la transferrine, un jeûne de 10 heures (et sans supplément de fer) est nécessaire[5].

Causes[modifier | modifier le code]

Le corps contient 40 à 50 mg de fer par kilo de poids[4].

Concernant la femme en âge de procréer[modifier | modifier le code]

Chez la femme en âge de procréer, la menstruation est un facteur important de carence martiale[6].

La vie reproductive de la femme moderne est différente de celle ses ancêtres [6], l'augmentation des périodes de menstruation chez la femme dans la société moderne encline la femme à devenir carencée en fer[6]. Dans l’histoire de l’humanité, le fait qu'une femme a des menstruations chaque mois est très récent[7],[6]. Les femmes préhistoriques alternaient grossesse et allaitement presque de manière continue, donc sans avoir de menstruation[7], étant enceinte à nouveau avant d'avoir fini l'allaitement du précédent enfant[7].

Chez la femme, le volume des pertes menstruelles est compris entre 50 et 60 mL de sang, mais varie entre les individus et selon les cycles[8]. Un millilitre de sang contenant 0,5 mg de fer[5].

Symptômes[modifier | modifier le code]

Les symptômes de la carence en fer sont très variables car le fer a un rôle important pour des enzymes qui interviennent dans des centaines de réactions biochimiques[5].   

Certains symptômes sont communs,d'autres sont rares ou très rares[5].

Les symptômes sont similaires pour la carence en fer sans anémie que la carence en fer avec anémie[9],[1],[10],[11] : fatigue, malaises, faiblesse ou baisse de concentration, dyspnée, palpitations, difficulté à avaler, diminution de l'acidité gastrique[4], atrophie villositaire[4], pica (géophagie, pagophagie)[4], glossite[4], ongles cassants[4].

La carence en fer avec et sans anémie serait un facteur de risque d'ostéopénie et ostéoporose[12],[13],[14],[15].

Une anisocytose, différence de taille entre plusieurs cellules sanguines d’une même lignée cellulaire, est souvent présente an cas de carence en fer avec ou sans anémie. L'anisocytose est détéctée par l'indice de distribution des globules rouges ou IDR supérieur à 15, de l'hémogramme (prise de sang).

Autre[modifier | modifier le code]

Le dosage de l'hepcidine est attendue dans le futur dans le but de différencier une carence en fer vraie d’une carence en fer par séquestration[16].

Une étude remet en question les valeurs de références de la ferritine et de l'hémoglobine, utilisés pour déterminer la carence en fer; avançant qu'avoir des valeurs de référence différentes concernant l'hémoglobine et la ferritine pour les hommes et les femmes n'est pas justifié[17].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Netgen, « Diagnostic et traitement de la carence en fer sans anémie », sur Revue Médicale Suisse (consulté le ).
  2. a et b « Le rôle de l’enrichissement des aliments dans la lutte contre la malnutrition par carence en micronutriments » (consulté le ) : « tableau 1.2 page 6 Carences en micronutriments : prévalence, facteurs de risque et conséquences pour la santé »
  3. Lopez A, Cacoub P, Macdougall IC, Peyrin-Biroulet L, Iron deficiency anaemia, Lancet, 2016;387:907–916
  4. a b c d e f g h i j k et l Professeur Dominique PLANTAZ, « Anémie par carence martiale chez l’enfant »,
  5. a b c d e et f « Iron Deficiency Without Anemia – Common, Important, Neglected », sur www.oatext.com (consulté le ) : « Before blood sampling for serum iron and transferrin, a 10-hours fast (including no iron supplements) is necessary. »
  6. a b c et d D. Hugh Rushton et Julian H. Barth, « What is the evidence for gender differences in ferritin and haemoglobin? », Critical Reviews in Oncology/Hematology, vol. 73, no 1,‎ , p. 1–9 (ISSN 1879-0461, PMID 19394859, DOI 10.1016/j.critrevonc.2009.03.010, lire en ligne, consulté le ) :

    « This divergence between genders is aggravated by the lifestyle of modern women who have a very different reproductive history from their forebears. They reach sexual maturity at an earlier age, have fewer pregnancies and breastfeed for shorter periods of time; as a result they menstruate more frequently and therefore become more iron deficient. With the exception of a few countries, women of fertile years around the world have a negative iron balance. »

  7. a b et c « TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LES RÈGLES SANS JAMAIS AVOIR OSÉ LE DEMANDER » (consulté le ), p. 31,46
  8. (en) Miranda A. Farage et Howard I. Maibach, The Vulva : Anatomy, Physiology, and Pathology, CRC Press, , 344 p. (ISBN 978-0-8493-3608-9), p. 155.
  9. Esa T. Soppi, « Iron deficiency without anemia – a clinical challenge », Clinical Case Reports, vol. 6, no 6,‎ , p. 1082–1086 (ISSN 2050-0904, PMID 29881569, PMCID 5986027, DOI 10.1002/ccr3.1529, lire en ligne, consulté le ) :

    « Symptoms of iron deficiency anemia (...) would indicate iron deficiency. »

  10. Falkingham N, Abdelhamid A, Curtis P, Fairweather-Tait S, Dye L, Hooper L, The effects of oral iron supplementation on cognition in older children and adults: a systematic review and meta-analysis, Nutr J, 2010;9:4
  11. Sawada T, Konomi A, Yokoi K, Iron deficiency without anemia is associated with anger and fatigue in young Japanese women, Biol Trace Elem Res, 2014;159:22–31
  12. Mei-Lien Pan, Li-Ru Chen, Hsiao-Mei Tsao et Kuo-Hu Chen, « Iron Deficiency Anemia as a Risk Factor for Osteoporosis in Taiwan: A Nationwide Population-Based Study », Nutrients, vol. 9, no 6,‎ (ISSN 2072-6643, PMID 28621741, PMCID 5490595, DOI 10.3390/nu9060616, lire en ligne, consulté le ) :

    « Compared with individuals without IDA, patients with a history of IDA had a near two-fold risk for osteoporosis. »

  13. Laura Toxqui et M. Pilar Vaquero, « Chronic Iron Deficiency as an Emerging Risk Factor for Osteoporosis: A Hypothesis », Nutrients, vol. 7, no 4,‎ , p. 2324–2344 (ISSN 2072-6643, PMID 25849944, PMCID 4425147, DOI 10.3390/nu7042324, lire en ligne, consulté le )
  14. (en-GB) « Relationship between the presence of anemia and the risk of osteoporosis in women with rheumatoid arthritis », sur Revista de Osteoporosis y Metabolismo Mineral · Publicación Oficial SEIOMM, (consulté le )
  15. Netgen, « L’anémie du sujet âgé : une pathologie fréquente à ne pas banaliser », sur Revue Médicale Suisse (consulté le ) : « des taux d’hémoglobine de < 140 g/l chez l’homme et < 130 g/l chez la femme seraient des facteurs prédictifs d’ostéoporose. »
  16. Netgen, « Marqueurs diagnostiques de la carence en fer : lequel choisir ? », sur Revue Médicale Suisse (consulté le )
  17. « What is the evidence for gender differences in ferritin and haemoglobin? » (consulté le )