Salvelinus namaycush

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Le touladi (Salvelinus namaycush) est un poisson d'eau douce de la famille des ombles originaire et caractéristique des grands plans d'eau oligotrophes[1] de l'Amérique du Nord[2]. Il est aussi communément appelé truite grise, truite de lac, cristivomer ou omble du Canada. Le touladi est une espèce prisée comme poisson-trophée ainsi que comme source d'alimentation.

Description

Le touladi est un des plus grands salmonidés avec le saumon Chinook et le taimen. La croissance du touladi varie en fonction de la nourriture disponible et de la latitude du plan d’eau. Il peut vivre au-delà de 40 ans, atteindre plus de 1 m de longueur et peser plus de 30 kg[3]. Le record mondial est de près de 46,3 kg.

Il présente un long corps grisâtre parsemé de petites taches pâles et plutôt rondes[4]. Ces taches s'allongent et prennent la forme de mouchetures sur sa tête aplatie, sa nageoire dorsale et sa nageoire caudale. Cette nageoire caudale est très fourchue. Ses nageoires pectorales et pelviennes sont bordées d'une bande blanche. Sa livrée varie quelque peu en fonction des conditions de température et de lumière. Sa couleur passe du gris olive très foncé sur le dos vers un gris olive plus pâle sur les côtés, qui change en jaune pâle au niveau de l'abdomen[5].

Le touladi est originaire de l'Amérique du Nord. Il se retrouve dans la majorité de l'étendue du Canada, ainsi qu'en Alaska, et les États américains entourant les Grands Lacs[5]. Il a été introduit dans plusieurs lacs d'Europe dès 1881[6], ainsi qu'en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande[5].

Le touladi requiert une eau froide et bien oxygénée. Les touladis sont pélagiques, surtout durant l'été où l'eau des lacs se stratifie et où on les retrouve à 20 ou 60 mètres de profondeur. Ils chassent alors dans la thermocline les ciscos de lac ou les éperlans de lac.

Le touladi est un poisson à croissance lente, typique des eaux oligotrophes. La maturité survient tard (particulièrement pour un omble) entre 6 et 16 ans d'âge selon l'habitat géographique[5], et il peut vivre 30 ans. Ces particularités le rendent très vulnérable à la surexploitation. Beaucoup de populations de touladis ont été sévèrement compromises.

Une pêche commerciale existait dans les Grands Lacs mais le touladi fut décimé par l'introduction des lamproies marines, la surpêche et la pollution. Une pêche commerciale existe toujours au Canada notamment au Grand lac des Esclaves et le Grand lac de l'Ours.

Répartition

Une truite grise dans les mains d'un pêcheur

Il est généralement admis qu'il existe deux types de populations de touladis. Certains lacs n'ont pas de poissons « fourrage » dans les zones pélagiques durant la période de stratification estivale. Dans ces lacs, le touladi n'a pas le comportement piscivore habituel, il deviendra mature à une taille plus réduite mais sa population en nombre sera plus importante. Dans le cas où le lac contient des poissons « fourrages » pélagiques, le touladi est un poisson piscivore vorace qui grandira beaucoup plus vite. En revanche il sera moins abondant. La densité de biomasse semble être constante dans les lacs à touladi piscivore ou planctonivore, moins de plus gros ou plus de petits.

Dans le Lac Supérieur, trois phénotypes distincts de touladis existent. Ils sont communément connus sous le nom de « siscowet », « paperbelly » et maigre. Les trois variétés sont distinctes génétiquement et non définies, du moins en partie, par adaptation à leur environnement[7]. La population de Siscowet, spécifiquement, a beaucoup diminué à cause de la raréfaction de certains poissons des profondeurs (coregonine) et de leur surexploitation. Cette variété a tendance à atteindre une grande taille et être bien grasse, ce qui la rendait très intéressante pour les pêcheurs commerciaux du XXe siècle. La population de Siscowet s'est améliorée depuis les années 1970 avec une estimation de plus de 100 millions d'individus dans le Lac Supérieur[8].

D'un point de vue zoogéographique, le touladi est relativement rare. Il est originaire seulement des parties nordiques de l'Amérique du Nord, principalement du Canada et de l'Alaska. On le retrouve aussi au nord-est des États-Unis. Le touladi a été introduit dans plusieurs autres parties du monde, principalement en Europe, mais aussi en Amérique du Sud et certaines régions de l'Asie. À titre d'exemple de sa relative rareté, l'Ontario possède 25 % des lacs habités par le touladi. Malgré tout, seulement 1 % des lacs ontariens contiennent des touladis.

Hybridation

Il arrive que le touladi (aussi appelée truite de lac) s'hybride avec la truite mouchetée, ce que l'on appelle la truite moulac ou lacmou. Ces hybrides sont généralement stériles, mais peuvent également se révéler très fertiles[9]. Ces hybrides ont également été artificiellement créés pour ensemencer des lacs pour la pêche sportive.

Étymologie

L'épithète spécifique namaycush provient vraisemblablement des Amérindiens, plus précisément un langage algonquin (cf. Ojibway : namegos = « truite grise » ; namegoshens = « truite arc-en-ciel »). Le nom touladi est d'origine incertaine mais possiblement amérindienne, issue de langues telles que le huron, le montagnais, le micmac et l'abénaquis[10]. Le nom cristivomer provient de son ancienne appellation taxonomique Cristivomer namaycush[11], et fait référence à la dentition en croix (cristi) que présente le touladi en son palais (vomer)[12].

Pêche sportive

Le touladi est une espèce très recherchée des pêcheurs pour les combats qu'elle livre. Il existe plusieurs techniques pour pêcher cette espèce soit au jig, à la traîne et au lancer.

La pêche à la traîne est le type de pêche le plus pratiqué et permet de faire la pêche de beaux spécimens qui sont généralement plus en profondeur.

Il existe plusieurs types de leurres, mais les plus propices à la capture d'un touladi sont les poissons-nageurs, les cuillères et les jigs.

Voir aussi

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Références

Notes

  1. Claude Lassus, Évaluation des modes de gestion de la faune aquatique, Québec, Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Direction de la gestion des espèces et des habitats, (ISBN 2550269802, lire en ligne)
  2. « Leurres pour la pêche à la truite grise », sur Pêche QC, (consulté le )
  3. Fondation de la faune du Québec, Habitat du poisson: le touladi, Québec, , 20 p. (ISBN 2-551-17005-2, lire en ligne)
  4. Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Synthèse du plan de gestion du touladi au Québec 2014-2020, Québec, Ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Direction générale de l’expertise sur la faune et ses habitats, Direction de la faune aquatique, , 11 p. (ISBN 978-2-550-69695-7, lire en ligne)
  5. a b c et d Pêches et Océans, Ministre des Approvisionnements et Services Canada, Le touladi, (ISBN 0662932064, lire en ligne)
  6. « Salvelinus namaycush-Cristivomer, L'Omble du Canada, Truite de lac d'Amérique, Touladi - Description, fiches détaillées », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
  7. Burnham-Curtis, M.K. and G.R. Smith, 1994. Osteological evidence of genetic divergence of lake trout (Salvelinus namaycush) in Lake Superior. Copeia (4):845-850.
  8. (Siscowet Trout: A Plague of Riches, 2002)
  9. Olivier Schlumberger et Pierre Elie, Poissons des lacs naturels français: Ecologie des espèces et évolution des peuplements, Editions Quae, (ISBN 9782759209545, lire en ligne)
  10. « Base de données lexicographiques panfrancophone - Fiche », sur www.bdlp.org (consulté le )
  11. John Van Oosten et Hilary J. Deason, « The food of the lake trout (Cristivomer namaycush namaycush) and of the lawyer (Lota maculosa) of Lake Michigan », Transactions of the American Fisheries Society, vol. 67,‎ (DOI 10.1577/1548-8659(1937)67[155:TFOTLT]2.0.CO;2, lire en ligne, consulté le )
  12. « Cristivomer ou Touladi », sur www.lacsdespyrenees.com (consulté le )