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Salpinx (instrument)

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Hoplite jouant la salpinx, lécythe de la fin du VIe ou du début du Ve siècle av. J.-C., musée archéologique régional Antonio Salinas de Palerme

La salpinx (en grec ancien σάλπιγξ) est un instrument à vent de la Grèce antique de la famille des trompettes, proche de la tuba des Romains.

Description

À l'époque classique, la salpinx est constituée d'un tuyau long et mince à perce cylindrique, aboutissant à un pavillon[1]. Les deux parties de l'instrument sont usuellement en bronze, mais on connaît un exemplaire en ivoire doté d'un pavillon conique, réputé provenir d'Olympie[2], et deux exemplaires entiers en terre cuite mis au jour à Salamine de Chypre[3]. La salpinx de Boston mesure 1,55 mètre de long, alors que les représentations sur vase semblent montrer des longueurs de 80 cm à 1,2 mètre[1].

Le pavillon est usuellement en forme de cloche, d'où son nom, κώδων / kōdōn, « cloche », mais les peintures sur vase témoignent d'une large variété de formes, du bulbe au cône. Chaque type de pavillon a probablement un effet sur le timbre du son produit. Ainsi, dans Les Nuées d'Aristophane, deux des personnages comparent la salpinx au derrière d'un insecte, le cousin : « l'intestin du cousin est étroit ; (…) à cause de cette étroitesse, l'air est poussé tout de suite avec force vers le derrière ; ensuite, l'ouverture de derrière communiquant avec l’intestin, le derrière résonne par la force de l'air. »

L'exemplaire de Boston et les peintures sur vase montrent une embouchure, mais Pollux, un grammairien du IIe siècle apr. J.-C., précise que la salpinx « est une invention étrusque ; sa forme est droite ou courbe ; elle est en bronze ou en fer et possède une γλῶττα / glōtta en os[4]. » Le terme glōtta est classiquement traduit par « anche », dispositif dont l'aulos (une sorte de hautbois) est équipé. Pour certains, Pollux confond ici anche et embouchure[5]. Cependant, son témoignage est corroboré par Simplicios de Cilicie, selon lequel l'orgue hydraulique est équipé d'anches de salpinges et d’auloi[6]. De même, les peintures sur vase montrent souvent des joueurs de salpinx équipés d'une φορϐειά / phorbeia, une large bande de cuir qui passe devant la bouche puis derrière la nuque de l'instrumentiste, percée de trous pour permettre le passage de l'anche[7]. Couramment utilisée pour jouer de l'aulos, la phorbeia maintient l'anche contre la bouche du joueur, l'oblige à respirer par le nez (respiration continue) et réduit la tension musculaire des joues ; elle autorise donc un jeu puissant et continu[8]. Enfin, des trompettes circulaires retrouvés à Pompéi présentent pour l'un une embouchure et pour deux autres une anche[9].

On en a donc conclu que les Grecs appelaient salpinx deux types d'instrument, l'un avec une anche et l'autre sans[10]. On a objecté que Pollux décrit dans son ouvrage des instruments aussi bien grecs que romains ; l'usage de l'os paraît un peu curieux pour une anche, qui doit être aussi souple que possible pour vibrer correctement[9],[10]. Ensuite, les trompettes retrouvées à Olympie sont circulaires, alors que la salpinx se caractérise par sa rectitude. Enfin, l'un des principaux usages de la salpinx est militaire ; or un instrument sans anche se fait bien mieux entendre sur un champ de bataille qu'un instrument de type clarinette ou hautbois[9].

Sonorité

La salpinx se distingue par sa sonorité particulière : Eschyle décrit un son « perçant » et « haut perché »[11] et Aristote compare le barrissement d'un éléphant à la salpinx[12]. D'après plusieurs sources, l'instrument aurait même été banni dans plusieurs villes d'Égypte, le son ressemblant trop au braiment d'un âne[13].

Notes

  1. a et b Krentz, p. 111.
  2. Musée des Beaux-Arts de Boston, inv. 37.301.
  3. M. J. Chavanne, Salamine de Chypre VI : les petits objets, Lyon, 1975, p. 205-211 et pl. 54-56.
  4. Pollux, IV, 85.
  5. François Auguste Gevaert, Histoire et théorie de la musique de l'Antiquité, Gand, 1875-1881, tome II,p. 631, n. 1.
  6. Simplicios de Cilicie, Commentaire à la Physique d'Aristote, IV, 8.
  7. Bélis, p. 205.
  8. Bélis, p. 212.
  9. a b et c Krentz, p. 112.
  10. a et b Bélis, p. 214.
  11. « διάτορος / diatoros » et « ὑπέρτονος / hypertonos », Eschyle, Euménides [détail des éditions] [lire en ligne], 567-568.
  12. Aristote, Histoire des animaux, 536b.
  13. Naucratis et Bousiris chez Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne] 150F, Lycopolis et Bousiris en 362E ; Abydos, Lycopolis et Bousiris chez Élien, La Personnalité des animaux, X, 28.

Références