Robert Goupil (capitaine)

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Robert Goupil
Naissance
à Paris, Ile-de-France
Décès (à 30 ans)
près de Crève-Cœur, en Corée du Sud
Mort au combat
Allégeance Drapeau de la France France
Grade Capitaine
Années de service 19391951
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Guerre de Corée
Distinctions Officier de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des TOE
Bronze Star avec agrafe V
Silver Star
Médaille Ch'ungmu avec étoile d'argent
Promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr

Robert Goupil, né le 18 août 1921 à Paris et tombé au combat le 26 septembre 1951 lors de la bataille de Crèvecœur en Corée, est un militaire français ayant combattu près de neuf ans en Indochine, d'abord pendant la Seconde Guerre mondiale puis durant la Guerre d'Indochine. Rapatrié en métropole en 1950, il rejoint le Bataillon français de l'ONU et prend part à la Guerre de Corée.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

Robert Goupil naît le 18 août 1921 à Paris. Il est le fils du colonel du Génie Louis Goupil. Il choisit très tôt la voie militaire et s'y prépare. Il rentre au lycée Hoche de Versailles en 1938 et rejoint l'École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1939, en étant le plus jeune de sa promotion de 580 membres, la promotion Amitié franco-britannique (1939-1940). Il ne restera à la Spéciale que six mois avant qu'elle ne soit déplacée à Aix-en-Provence. Sorti sous-lieutenant au sein des troupes de marine, il parvient à emprunter le dernier navire contournant l'Afrique du Sud et s'en va combattre en Indochine.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Robert Goupil combattra en Indochine pendant l'entièreté de la Seconde Guerre mondiale. Isolé dans un poste dans le secteur de Lang Son puis à la frontière chinoise le long de la R.C.4. au sein des 3e et 4e Régiments de Tirailleurs Tonkinois, il s'oppose aux rebelles annamites et aux japonais[1]. Le 2 avril 1945, il est blessé par une rafale de mitrailleuse qui perfore son bras gauche et son poumon. Brancardé au sein de la colonne Alessandri, il est pris en charge au sein d'un hôpital américain à Kunming et envoyé en Birmanie. Après un court service au sein de l'état-major de l'amiral d'Argenlieu, il prend part au Corps léger d'intervention destiné à rejoindre Saïgon, au sein d'un commando léger du 5e Régiment d'Infanterie Coloniale[2]. Il débarque à Saïgon le 18 décembre 1945.

Indochine[modifier | modifier le code]

Dès son arrivée à Saïgon, le lieutenant Goupil et le 2e commando léger du 5e RIC participent à des opérations de nettoyage au nord de la ville pour ensuite poursuivre leur campagne au Laos dès février 1946. Goupil combat sur la Route Coloniale n°13 au nord de Paksé avant de s'emparer des villes de Savannakhet et de Thakhek. Le commando poursuit sa campagne jusqu'au nord du Laos, à la frontière chinoise vers laquelle ils repoussent les troupes chinoises.


Après un court séjour en métropole au court duquel Goupil se voit être promu capitaine, il prend en juin 1947 le commandement de la deuxième compagnie du 21e Régiment d'Infanterie Coloniale située au nord-est du Vietnam, au sein de la ville de Dong Dang, sur la Route Coloniale n°4. Il parvient à y maintenir la tranquillité malgré les actions croissantes du Vietminh sur les villages dont il est responsable.

Il rentre en métropole en 1950 et sert quelques mois au 3e Régiment d'Infanterie Coloniale. Cependant, le capitaine Goupil souhaite retourner se battre en Extrême-Orient, cette fois au sein du Bataillon de Corée, sous les ordres du général Monclar.

Guerre de Corée[modifier | modifier le code]

Le capitaine Goupil prend fin décembre le commandement de la compagnie ROK (Republic of Korea) du Bataillon français de l'ONU. En effet, celui-ci doit s'adapter au format de Regimental Combat Team du 23e Régiment d'infanterie américain, unité américaine à laquelle il est intégré. Fin janvier 1951, la compagnie est prête à être engagée au sein du Bataillon, qui a déjà pris part à quelques combats. En février 1951, le capitaine Goupil combat pour la première fois à la tête de sa compagnie lors de la bataille de Twin-Tunnels. Il s'illustrera à maintes autres reprises, notamment lors de Chipyong-ni, de la côte 1037, d'Inje (où sa compagnie ROK fusionne avec la 2e compagnie dont il prend le commandement), et de la bataille de Crèvecœur (Battle of Heartbreak Ridge). Cette dernière qui débute le 16 septembre 1951 sera décrite ainsi par Monclar aux soldats du bataillon : "Vous pourrez dire à vos anciens que vous avez vécu quelque chose qui ressemble à Verdun !"[3]Le 26 septembre, après plusieurs jours de tentatives d'assauts réprimées par l'artillerie et la résistance chinoise et nord-coréenne, il est décidé que l'offensive française doit reprendre le 26 septembre après une âpre préparation d'artillerie. Pour la compagnie du capitaine Goupil, cela revient à s'emparer de la côte 931, en face de la crête sur laquelle il se situe[3].

Groupe de soldats ROK de la 2e compagnie du Bataillon français de l'ONU, 1952.

Dans la matinée du 26 septembre, il est proposé à titre exceptionnel au grade de chef de bataillon. La préparation d'artillerie débute, mais reste faible et ne semble pas suffisante pour permettre un assaut. Le capitaine Goupil impute cela aux communications défaillantes et à un manque d'observations directes sur les positions ennemies. Il traverse alors les rangs de sa compagnie, récupère deux sous-officiers français et un officier observateur américain, et décide de grimper sur la crête afin d'obtenir de meilleures vues et guider l'artillerie alliée. Il prévient par son indicatif radio "Yvonne", qu'il grimpe. À 15h15 précisément, une salve de mortiers s'abat sur sa position, et le tue. La radio annonce alors fébrilement : "Yvonne en personne vient d'être tué"[4]. Le soir même, le général Monclar épingle sur la poitrine du capitaine Goupil, surnommé par ses hommes "l'Archange", la croix d'Officier de la Légion d'Honneur.

Hommages et distinctions[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Un pont a été construit par la compagnie B du 2e Bataillon de Génie de la 2e Division d'Infanterie américaine (à laquelle le bataillon de Corée était rattaché) dans la région de Kapyong en décembre 1951.
  • Le quartier de la garde républicaine de Saint-Germain-en-Laye porte le nom de "Quartier Capitaine Goupil" depuis le 9 janvier 1953. Ce bâtiment du XIXe siècle avait abrité de juin 1951 à janvier 1953 le centre d'instruction du Bataillon français de l'ONU. En 1966, il fut affecté au régiment de cavalerie de la garde républicaine.
  • La 209e promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, baptisée le 22 juillet 2023, porte son nom (2022-2025).

Distinctions françaises[modifier | modifier le code]

Distinctions étrangères[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. [Service Historique de la Défense"
  2. "Huard Paul (Général), Le Corps Léger d'Intervention et l'Indochine. 1943-1946, A compte d'auteur, 1980"
  3. a et b "Erwann Bergot, Bataillon de Corée, les Volontaires Français, 1950-1953, Presses de la Cité, 1983"
  4. "Lieutenant-colonel Le Mire, L'assaut de Crèvecœur"