Quiina guianensis

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Quiina guianensis
Description de cette image, également commentée ci-après
Planche 379 : Quiina guianensis par Aublet (1775)
1. Baie. - 2. Oſſelets. - 3. Oſſelet ſéparé[1].
Classification
Règne Plantae
Classe Magnoliopsida
Ordre Theales
Famille Ochnaceae
Genre Quiina

Espèce

Quiina guianensis
Aubl., 1775

Classification phylogénétique

Ordre Malpighiales
Famille Ochnaceae

Synonymes

Selon GBIF (02 mai 2022)[2] :

  • Garcinia parviflora Benth.
  • Rheedia parviflora (Benth.) Planch. & Triana

Quiina guianensis est une espèce d'arbuste appartenant à la famille des Ochnaceae (anciennement des Quiinaceae), et qui est l'espèce type du genre Quiina Aubl.

L'espèce est connue en Guyane sous le nom de Quiinier de la Guyane (français désuet)[1]. Ailleurs, on l'appelle (Kleinbladige) Redi-oedoe (sranan tongo) au Suriname[3], Okokonshi (arawak), Wokunse (créole du Guyana), Dau konisi (warao) au Guyana[4], Mulunyek (arekuna), Cola de pava, Cola de pava chiquita, Coloradito, Gaspadillo negro au Venezuela[5].

Description[modifier | modifier le code]

Quiina guianensis est un arbre ou arbuste glabrescent du sous-étage, atteignant 5-10(-15) m de haut, pour 6(13) cm de diamètre. L'écorce externe est de couleur brune, et l'écorce interne rouge. Le bois est brun clair.

Les feuilles sont simples, opposées, glabres, subsessiles, herbacées à chartacées, à marges entieres, ondulées, finement dentelées (visible à la loupe). Le pétiole est long de 0 à 3 mm. Le limbe mesure 9-22 x 2,2-3,1(-7) cm, est de forme étroitement elliptique à elliptique, moins souvent oblancéolé, à base arrondie ou subcordée, à presque auriculée, à apex aigu à acuminé. Les stipules interpétiolaires sont foliacés, en forme d'aiguille, foliacées, aiguës, caduques, mesurant 7-8 x 0,2-0,6 mm (jusqu'à 2 cm de long). La nervure médiane et les (11)13-20 paires de nervures secondaires arquées longeant la marge, sont ± proéminentes sur les deux faces.

Les inflorescences sont des grappes axillaires, ramifiées, fasciculées ou racémeuses, de cymes peu fleuries. Les bractées sont lancéolées à étroitement elliptiques, longues de 1,5 mm, pubescentes. Les bractéoles minuscules atteignent 1 mm de long, et sont pubescentes ou ciliées. Les pédoncules atteignent jusqu'à 5 mm de long. Les pédicelles sont glabrescents, mince de même taille, puis s'allongent jusqu'à 1 cm de long lors de la fructification.

Les fleurs mâles mesurent environ 3(6) mm de diamètre, comptent 4-6 sépales, libres, obtus, d'environ 1,5 × 1 mm, ciliés, recourbés à l'anthèse et présentant des crêtes à l'intérieur une fois séchés. Les 4-6(-7) pétales sont de couleur orange jaunâtre, ou crème, de forme ovale à orbiculaire, longs d'environ 3,5 mm, ciliés On compte environ (18)30 étamines, de couleur crème, avec des filets glabres, longs de 0,8-0,9 mm, et les anthères mesurent 0,4 × 0,45 mm. Les fleurs bisexuées, inconnues en Guyane, comptent 4 sépales longs d'environ 2 cm, persistant dans le fruit. L'ovaire supère, comporte 2 loges, 2 styles longs d'environ 1 mm.

Les fruits sont des baies charnues, de couleur brunâtre devenant orange vif à maturité, de forme globuleuse, oblongue-ovoïde, glabres, striés longitudinalement, à base stipitée et rétrécis, à l'apex légèrement umboné couronné par 2 styles, long de 12 mm pour 6-8 mm de large. Ils contiennent 2-4 graines subglobuleuses d'environ 0,6 cm de diamètre, densément couvertes de poils dorés[5],[3],[6],[7],[4].

Répartition[modifier | modifier le code]

Quiina guianensis est présent au Venezuela (Delta Amacuro, Bolívar), à Trinidad, au Guyana, au Suriname et en Guyane[5].

Écologie[modifier | modifier le code]

Quiina guianensis pousse dans les forêts de plaine et de montagne humides et ripicoles, autour de 50–1 000 m d'altitude au Venezuela[5]

En Guyane, il est commun dans les forêts de terre ferme (non inondées), fleurit en janvier, février, juin, et fructifie en avril et juillet[6].

Au Guyana, Quiina guianensis est dominant de la canopée inférieure des forêts à ébène vert[8]. Dans le nord-ouest du Guyana, Quiina guianensis est commun dans le sous-étage des forêts mixtes et secondaires (il fleurit et fructifie en août à Barama)[4].

Les graines de Quiina guianensis sont dispersées par les singes[9].

Utilisations[modifier | modifier le code]

Selon Aublet les fruits de Quiina guianensis sont comestibles[3], de goût légèrement amer et aigre-doux, consommés uniquement pour la subsistance au Guyana[4].

Au Guyana, le bois de Quiina guianensis, très dur et solide, sert pour la fabrication de pointes de flèche, les cadres de tamis (manaré) et divers objets d'artisanat traditionnel vendus sur sur les marchés régionaux (nasses "matapi", hottes "warishis")[4].

D'après un manuscrit de John Miers, déposé au Natural History Museum de Londres, Quiina guianensis est une espèce amère qui était utilisée comme substitut des quinquinas (Cinchona spp.)[10].

Protologue[modifier | modifier le code]

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[1] :

« QUIINA Guianenſis. (Tabula 379.)

Arbor trunco quinque pedali, ad ſummitatem ramoſo ; ramis & ramulis oppoſitis. Folia ampla, ovato-oblonga, acuta, glabra, integerrima, ſubſeſſilia. Stipulæ binæ, longæ, acutæ, ad baſim ſingulorum Foliorum, decidual. Fructus corymboſi vel ſolitarii, pedunculati, ad axillas foliorum. Squamula binse, ad baſim pedunculorum. Bacca acida & edulis. Flores obſervare mihi non lieuit.

Fructum ferebat Maio.

Habitat ad ripas amnis Galibienſis.

Nomen Caribæum GUIINA-RANA.


LE QUIINIER de la Guiane. (Tabula 194.)

Cet arbre a environ quinze pieds de hauteur. Son tronc, à cinq ou ſix pieds au deſſus de la terre, pouſſe des branches garnies de rameaux chargés de feuilles oppoſées & diſpoſées en croix ; elles ſont entières, ondées, minces, fermés, preſque ſeſſiles, ovales, & terminées par une longue pointe. Leurs nervures ſont ſaillantes en deſſous, les plus grandes feuilles ont environ ſept pouces de longueur, ſur près de trois pouces de largeur ; elles ont à leur naiſſance chacune deux stipules longues, étroites & aiguës qui tombent de bonne heure. Les fruits naiſſent ſolitaires ſur un pédoncule, ou par petits bouquets ſur un pédoncule commun, garnis à leurs baſes de deux petites écailles.

Je n'ai point vu les fleurs ; je n'ai pu en obſerver que les fruits. Le calice eſt de quatre pièces très petites, qui accompagnent le fruit. Dans ſa maturité c'eſt une baie jaunâtre, liſſe &r ſtriée, ovale, terminée par une pointe en forme de mammelon, au centre duquel on remarque une très légère cavité ; ſous l'enveloppe charnue de cette baie, qui eſt acide & agréable au goût, on trouvé deux osselets convexes en dehors, & applatis du côte ou ils ſe touchent, ils ſont couverts d'un duvet rouſſâtre, ſoyeux, & contiennent chacun une AMANDE.

Cet arbre eſt nommé QUIINA-RANA par les Garipons.

Je l’ai trouvé chargé de fruits dans le mois de Mai, ſur les bords de la crique des Galibis. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 867 p. (lire en ligne), p. 19-20
  2. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 02 mai 2022
  3. a b et c (en) A. Pulle (Dr), A. L. STOFFERS et J.C. LINDEMAN, FLORA OF SURINAME : ADDITIONS AND CORRECTIONS, vol. III, PART 1-2, LEIDEN, E. J. BRILL - FOUNDATION VAN EEDENFONDS c/o Royal Tropical Institute. Amsterdam, , 497 p. (ISBN 90 04 07779 0), p. 470-470
  4. a b c d et e Tinde van Andel, Non-timber forest products of the North-West district of Guyana. Part II. A field guide., vol. 8, National Herbarium Nederland. Universiteit Utrecht. Tropenbos-Guyono Series, , 160-161 p. (lire en ligne)
  5. a b c et d (en) Rupert C. Barneby, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 8, Poaceae–Rubiaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 874 p. (ISBN 9781930723368), p. 399-401
  6. a et b (en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN 978-0-89327-445-0), p. 598
  7. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome III - Dilléniacées à Composées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALIER, , 23-24 p., p. 596
  8. (en) A.M. Polak, Major timber trees of Guyana. a field guide, Wageningen, the Netherlands, The Tropenbos Foundation, coll. « Tropenbos Series 2 », , 273 p. (ISBN 978-9051130133, lire en ligne)
  9. (en) Mark G.M. Van Roosmalen, Fruits of the guianan flora, INSTITUTE OF SYSTEMATIC BOTANY UTRECHT UNIVERSITY - SILVICULTURAL DEPARTMENT OF WAGENINGEN AGRICULTURAL UNIVERSITY, , 483 p. (ISBN 978-9090009872)
  10. (en) Gustavo P. Cosenza, Nádia S.Somavilla, Christopher W.Fagg et Maria G.L.Brandão, « Bitter plants used as substitute of Cinchona spp. (quina) in Brazilian traditional medicine », Journal of Ethnopharmacology, vol. 149, no 3,‎ , p. 790-796 (DOI 10.1016/j.jep.2013.08.004, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]