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Printemps Haussmann

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Façade sur rue.

Le Printemps Haussmann est un grand magasin détenu par le Groupe Printemps situé dans le 9e arrondissement de Paris et où sont distribuées les principales marques de la mode, du luxe et de la beauté. Elles sont réparties par thèmes dans les trois bâtiments du magasin (27 étages et 43 500 m2 au total). Les façades et toitures (sauf la surélévation moderne) des anciens magasins sont inscrites monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975[1].

L'histoire du Printemps Haussmann[2]

De 1865 à la fin du XIXe siècle : naissance d'un Grand Magasin

Le 11 mai 1865, Jules Jaluzot et Jean-Alfred Duclos créent la société en nom collectif Au Printemps. Jaluzot décide de faire construire son premier magasin au carrefour du boulevard Haussmann et de la rue du Havre malgré son éloignement, à l'époque, du cœur vivant de Paris. Il pressent peut-être l'essor de ce quartier et l'opportunité que constitue la proximité de la gare Saint Lazare. Jaluzot et Duclos achètent donc 3 étages d'un immeuble cossu. Ce tout premier magasin Printemps est doté de vastes vitrines et semble former une sorte de grand marché couvert et soutenu par des colonnes. Jaluzot fait venir le curé de la Madeleine pour bénir le nouvel établissement à l'occasion de son inauguration le 3 novembre 1865.

Cette même année, le Printemps remporte son premier grand succès, avec la commercialisation en exclusivité d'une soie noire exclusive, le Marie-Blanche, qui gagne la large faveur de la clientèle jusqu'aux années 1900.

En 1866, le Printemps innove et lance le principe des soldes tels que nous les connaissons aujourd'hui : plutôt que de camoufler les produits passés de mode ou défraîchis, ils seront vendus à prix cassés tous les ans. Ce principe séduit les foules et, bien que s'étende la récession économique, et que Duclos décide de quitter l'aventure Printemps et de ne plus être l'associé de Jaluzot, emmenant son capital avec lui, l'activité du grand magasin du boulevard Haussmann est très prospère.

Mais en juillet 1870, la guerre est déclarée en France et une importante majorité des 250 employés du Printemps doit rejoindre la Garde Nationale, ralentissant considérablement l'activité du magasin jusqu'en septembre 1873. Les stocks conservés en réserve permettent au commerce de reprendre immédiatement son activité.

En avril 1874, le Printemps Haussmann s'agrandit : non seulement son développement s'accomplit en hauteur, avec la location de nouveaux étages, mais dorénavant sa surface s'étend également à deux maisons de la rue de Provence, voisine du boulevard Haussmann. Des ponts de fer relient les bâtiments entre eux, et Jaluzot innove en intégrant deux ascenseurs à ses bâtisses, instruments totalement nouveaux et inédits dans les magasins de l'époque. Ils feront la publicité du Printemps Haussmann et seront une grande attraction pour les enfants.

Le grand magasin absorbe peu à peu les immeubles voisins du bâtiment initial, et il poursuit son développement en 1881 : il dispose maintenant d'une quatrième façade rue de Caumartin.

Le 9 mars 1881, un incendie tragique se déclare, détruisant totalement les immeubles du Grand Magasin du Printemps. Seuls les immeubles récemment acquis de la rue Caumartin ont échappé à la catastrophe. L'épreuve est pourtant très rapidement surmontée : début 1882, l'architecte Paul Sédille monte les structures du nouveau bâtiment. La partie incendiée est reconstruite, et les anciens bâtiments ayant survécu sont eux aussi démolis, afin d'assurer l'harmonie et la modernité complète du nouvel édifice. Parmi les innovations architecturales et techniques du nouveau magasin : un aménagement assurant un espace fonctionnel et aujourd'hui encore reconnu par les historiens d'art et d'architecture comme le prototype du grand magasin et de l'édifice industriel moderne, l'apparition du fer comme élément visible de décoration et non plus comme seule armature de la bâtisse, et un tout nouvel éclairage sécurisant (foyers Jablochkoff, lampes à arc et lampes à incandescence) et permettant une véritable mise en valeur des produits en vente.

Le XXe siècle : essor économique du Printemps Haussmann et innovations architecturales

Coupole en vitrail.
Détail de la façade sur rue.

En 1905, Jaluzot est poussé à la démission par ses actionnaires à cause d'une grave crise économique. Gustave Laguionie lui succède à la direction du Printemps, bien décidé à moderniser le magasin. Pour améliorer la mise en valeur des articles en vente, Laguionie est persuadé que le magasin a besoin de plus d'espace pour qu'un maximum de marchandises soit visible par la clientèle. Les agrandissements ont lieu sous la direction de René Binet qui fait installer, dans le grand hall, un grand escalier central à quatre révolutions, qui symbolise une ascension : c'est non seulement plus fonctionnel, mais également tout à fait décoratif. En parallèle, Laguionie procède également à l'ouverture d'une nouvelle salle au sous-sol, à la location de nouveaux bâtiments pour des ateliers rue Joubert, rue de Mogador et rue de Rochechouart, et à l'acquisition de nouveaux emplacements rue de Caumartin et rue de Provence.

En 1907, Laguionie se lance à la construction d'un nouveau bâtiment qui, en 1908, ouvre déjà plusieurs de ses nouvelles galeries à l'angle des rues Caumartin et de Provence. Il est relié au magasin plus ancien par un sous-sol. C'est en avril 1910 qu'a lieu l'inauguration de ce qui est appelé les Nouveaux Magasins. À l'époque ils occupent environ la moitié de la surface des magasins actuels du Printemps Haussmann. Le style du nouveau bâtiment, coiffé d'une coupole et d'une terrasse, est assez proche de celui du magasin de Sédille pour conserver une certaine homogénéité. Mais une fois de plus, les innovations architecturales ne passent pas inaperçues : le nouveau hall octogonal est perçu comme audacieux, la ferronnerie des balcons et des rampes d'escalier est une réalisation de style art nouveau, l'éclairage du nouveau bâtiment étonne, et les trois nouveaux ascenseurs rapides émerveillent les visiteurs.

Les premiers mannequins arrivent dans les vitrines du Printemps durant la Première Guerre mondiale. Des mannequins sont spécialement créés pour le Printemps, leur style original les différencie des mannequins de série. Pendant le conflit, les étalages du Printemps deviennent un but de promenade pour les Parisiens n'ayant plus beaucoup de distraction. Les vitrines, pas encore animées comme aujourd'hui en période de fêtes, mettent tout de même en scène des soldats de plomb en pleine bataille.

L'incendie du 28 septembre 1921.

Un nouvel incendie aux conséquences désastreuses a lieu le 28 septembre 1921 dans le Nouveau Magasin, dans lequel très peu de pans de façades et de charpentes sont épargnées. L'architecte Georges Wybo dirige les travaux de reconstruction, basés sur les mêmes plans qu'avant le sinistre. Mais cette fois Wybo utilise de nouvelles techniques d'édification plus sûres (notamment le réseau d'extinction automatique de Grinnell) pour éviter définitivement au magasin les incendies ravageurs.

En 1923, une seconde ligne de métro dessert la station Havre-Caumartin qui donne directement sur le Printemps. La même année le grand maître verrier Brière installe une coupole en vitrail dans le magasin du boulevard Haussmann.

À partir de 1924, le Printemps Haussmann commence à organiser des expositions et à créer l'événement au sein de ses bâtiments. Par exemple, une exposition est organisée chaque année au mois de janvier pour marquer la saison du blanc. Depuis sa reconstruction, le Printemps du boulevard Haussmann donne également la priorité aux étalages et ses vitrines représentatives de la mode sont de vraies œuvres d'art qui font venir tout Paris. C'est également à cette époque qu'est créé le concept des vitrines animées de Noël, qui déplacent des foules d'autant plus importantes que la télévision n'existe pas encore dans les foyers.

Les magasins du Printemps ne vont pas arrêter là le progrès : c'est ainsi qu'en 1930, les premiers escaliers mécaniques prennent l'assaut des étages supérieurs des bâtiments, permettant ainsi d'améliorer l'accès et la fréquentation des rayons.

En 1939, pour éviter la destruction par les bombardements de la coupole en vitrail du Printemps Haussmann, elle est entièrement démontée et entreposée à Clichy.

En 1951, le Printemps Haussmann occupe quatre immeubles, dont trois consacrés à la vente. Il compte deux escaliers mécaniques et vingt-deux ascenseurs. Il dispose également d'un salon de coiffure, d'un salon de thé-restaurant, d'un bureau de théâtre et de voyages, d'un studio de photographie et d'un service de location de livres.

En 1973, la coupole est restaurée par le petit-fils du maître verrier Brière, selon les plans conservés dans l'atelier de la famille.

C'est en 1975 que la façade et la coupole du bâtiment d'Haussmann sont classés monuments historiques.

En 1980, Jean-Jacques Delort est à la tête du Printemps. Il souhaite relancer une vague de modernisation des magasins du Printemps, et permettre à la chaîne un développement prudent : pour cela, Delort souhaite concevoir dans chaque métropole régionale, un magasin Printemps de 10 000 m2 qui soit une réplique exacte du Printemps Haussmann tant sur le plan des méthodes de gestion et du marketing que sur celui des assortiments en rayon. Le Printemps Haussmann est donc le magasin de référence de la chaîne.

Le Printemps Haussmann aujourd'hui

Le magasin du Printemps du boulevard Haussmann à Paris est organisé en 3 bâtiments : le Printemps de la Mode, qui comprend 9 étages, le Printemps de la Beauté et de la Maison (11 étages) et le Printemps de l'Homme (7 étages).

Les vitrines de Noël au Printemps Haussmann

Chaque fin d'année, pendant six semaines, les « vitrines animées » de Noël du Printemps Haussmann font se déplacer les foules parisiennes, provinciales et étrangères qui viennent observer un spectacle surprenant autour d'un thème qui change au fil des ans. En tout, plus de dix millions de personnes viennent assister à cet événement chaque année.

Le principe est de tout mettre en place pour animer le boulevard Haussmann et créer un monde envoûtant qui ravira les visiteurs en ces périodes de fêtes : tandis que les façades du grand magasin offrent un spectacle de son et de lumière, le décor de ses vitrines est entièrement revisité par des décorateurs de renom et les personnages animés sont réalisés par les grands noms de la mode et du design.

Cette tradition remonte à la création du Printemps, en 1865, mais c'est le Bon Marché qui « popularise le concept » à partir de 1909[3]. À partir des années 1920, les vitrines de Noël se généralisent : par exemple, en 1926, « un héros de bande dessinée enfantine était mis en scène »[3].

Le Printemps Haussmann au XXIe siècle

En 2001, le Printemps consacre un étage entier au luxe : le Printemps du Luxe.

En 2003, il inaugure le plus grand « espace beauté » du monde.

En 2006, un étage de 3 000 m² est entièrement dédié aux chaussures pour femmes. Un « food hall », entièrement dédié à l'épicerie et la gastronomie de luxe, est également créé.

De 2007 à 2012, un chantier de rénovation de grande ampleur est réalisé pour les façades des deux immeubles du Printemps Haussmann. L'objectif est de renforcer l'image de « chef d'œuvre de l'art décoratif » portée par le magasin, et de faire de ses bâtiments des modèles d'avant-garde architecturale, comme au temps des premières années du magasin.

Le 16 décembre 2008, le grand magasin parisien Printemps Haussmann est évacué à la suite d'une alerte à la bombe émanant d'un groupe terroriste appelé FRA (Front révolutionnaire afghan). Les services de déminage découvrent cinq bâtons de dynamite dans les toilettes du magasin. Le FRA revendique cette tentative d'attentat et demande le retrait des 3 000 soldats français alors présents en Afghanistan.[réf. nécessaire]

Transports en commun

Le Printemps est desservi par les stations Chaussée d'Antin - La Fayette et Havre - Caumartin du métro de Paris. La station Auber du RER A et la station Haussmann - Saint-Lazare du RER E desservent également les bâtiments du Printemps Haussmann.

Les chiffres clés du Printemps Haussmann

  • une surface de 43 500 m2, répartie en 3 bâtiments et 27 étages
  • plus d'un million d'articles différents en vente
  • 40 000 visiteurs par jour (et jusqu'à 100 000 durant la période de Noël)
  • 7,5 millions de visiteurs par an dont 20 % de visiteurs étrangers

Notes et références

  1. Notice no PA00088988, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Jean-Paul Caracalla, Le Roman du Printemps - Histoire d'un Grand Magasin, Denoël, , 167 p. (ISBN 2-207-23624-2)
  3. a et b Anne-Sophie Cathala, « Grands magasins : dans les vitrines de Noël, les rockers éclipsent les jouets », in Le Figaro, lundi 21 novembre 2011, page 17.

Voir aussi

Articles connexes

Printemps (grands magasins)

Liens externes

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