Portrait du pape Jules II

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Portrait du pape Jules II
Version de la National Gallery
Artiste
Date
Type
Technique
Huile sur bois
Dimensions (H × L)
108,25 × 80,7 cm
Mouvement
Localisation
Copie du Palais Pitti, Florence

Le Portrait du pape Jules II est une peinture à l'huile sur panneau de bois datant de la période 1511-1512[1], du peintre Raphaël. Il existe trois copies du tableau :

Pendant de nombreuses années, la version de la peinture qui se trouve maintenant au musée des Offices a été considérée comme l'originale, mais en 1970 l'opinion a changé en faveur de la version conservée à la National Gallery de Londres.

Histoire[modifier | modifier le code]

« Il [Raphaël] a fait un portrait du pape Jules si travaillé et si réaliste, que le portrait a causé à tous ceux qui l'ont vu des tremblements comme si cela avait été l'homme vivant lui-même. »

— Giorgio Vasari - Le Vite

Selon le témoignage de Vasari, le portrait était exposé lors de certaines fêtes solennelles dans l'église romaine Santa Maria del Popolo.

Jules II appartenait à la famille Della Rovere. Il a probablement commandité son portrait à Raphaël pour l'église romaine de Santa Maria del Popolo qui avait été redécorée par la famille della Rovere. La barbe de Jules II constitue un indice pour la datation de l'œuvre. En effet le pape qui s'était laissé pousser la barbe comme une marque de mortification pour avoir perdu la ville de Bologne en 1511, se l'était rasée en .

La peinture a été « volée » de l'église par le cardinal Francesco Sfondrati, neveu du pape. Quelques années plus tard il a mis sa collection en vente et l'a vendue presque en totalité au cardinal Scipione Borghese. Cette peinture a été dans la Collection Borghèse en 1693, comme indiqué par une petite marque d'inventaire au bas gauche.

Sans doute, le tableau a quitté la collection dans les années 1790, puis était dans la Collection Angerstein en 1823 et a été acquise par le National Gallery en 1824[3].

Jusqu'en 1970, les critiques d'art estimaient que la version de Londres de la peinture était une copie par un élève de Raphaël de l'original qui se trouvait au musée des Offices[4]. Cette année-là, Cecil Gould directeur du National Gallery et Konrad Oberhuber, avec d'autres, ont modifié avec succès une opinion commune aux données scientifiques et des documents historiques[4],[5]. Toutefois, l'attribution n'est pas universellement acceptée et a été contestée en 1996 par James Beck dans Artibus et Historiae[4].

Description[modifier | modifier le code]

La peinture est un portrait à mi-corps[6] du Pape Jules II assis sur une chaise, tenant un mouchoir de poche, le camauro sur sa tête, habillé d'un surplis blanc et d'un manteau pourpre (la mozzetta). Le pape, bien que vieux, semble toujours très vigoureux et son énergie est bien visible dans la main qui saisit avec force le bras gauche de la chaise. Le fond du tableau est constitué par un rideau vert avec en évidence les clefs papales et des diadèmes.

Le sujet était populaire et selon le catalogue 1901 de la National Gallery, « Ce portrait a été répété plusieurs fois par Raphaël[7], ou ses élèves, Passavant en énumère neuf copies... outre les trois de la tête seulement »[8]. Il est possible que le carton de Palazzo Corsini de Florence soit la préparation de la version de Londres[3],ainsi qu'un dessin à la craie rouge de Chatsworth House[9].

La présentation du sujet n'était pas habituelle pour son époque. Des portraits précédents du pape le montraient frontalement, ou de profil. Il était également exceptionnel à cette époque de voir une œuvre reproduire une ambiance particulière, celle de la vie intérieure du pape, perdu dans ses pensées[10]. L'intimité de cette image était sans précédent dans le portrait du pape et est devenu le modèle, « ce qui est devenu presque une formule », suivie par la suite par la plupart des peintres, y compris Sebastiano del Piombo et Diego Vélasquez[3] The Oxford Dictionary of Art (2004)[11].

Analyse[modifier | modifier le code]

Assis sur son siège papal, Jules II surnommé par ses contemporains « Le Terrible » mais montre son côté plus humain avec le regard de vieillard résigné.

Le portrait témoigne de l'évolution du style de Raphaël qui passe des portraits figés des notables florentins à une représentation psychologie des personnages ainsi que la suppression de la sensation de distance entre la figure et le spectateur.

Le tableau se concentre sur le rendu de la vie intérieure du pape, donnant de lui une image plus intime, moins officielle, qui, selon Vasari était «... si vraie qu'il inspirait le respect comme s'il était vivant ».

Jules II est représenté tel un vieil homme, usé par ses luttes incessantes, non pas le pontife fier et énergique qui figure sur les fresques des Chambres de Raphaël[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le pape Jules II a seulement porté sa barbe du à , comme signe du deuil à la perte de la ville de Bologne par les États pontificaux, ce qui fait déduire que Raphaël a réalisé la peinture durant cette période
  2. Certains experts attribuent l'exemplaire du palais Pitti au Titien
  3. a b et c Gould (1975):210
  4. a b et c Beck:69
  5. Gould (2004)
  6. sans les pieds mais avec les mains
  7. Jules II a été représenté par Raphaël plusieurs fois dans les fresques des Chambres du Vatican
  8. National Gallery:522.
  9. Jones & Penny:p. 157-158
  10. Jones & Penny:158
  11. Chilvers:576.
  12. Murray, p. 58.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierluigi De Vecchi, Raffaello, Rizzoli, Milan, 1975.
  • Paolo Franzese, Raffaello, Mondadori Arte, Milan 2008 (ISBN 978-88-370-6437-2)
  • James Beck, Portrait of Julius II in London's National Gallery. The Goose That Turned into a Gander, James Beck (Historien d'art), Artibus et Historiae, vol. 17, no 33, p. 69-95, 1996.
  • Ian Chilvers, The Oxford Dictionary of Art, date d'accès 29 juin 2010, Oxford University Press US, 2004 (ISBN 978-0-19-860476-1).
  • Cecil Gould, A Raphael Goose Turns into a Swan, journal Apollo magazine, date, , date d'accès 29 juin 2010.
  • Cecil Gould, The Sixteenth Century Italian Schools, édit. National Gallery Catalogues, Londres, 1975 (ISBN 0-947645-22-5).
  • Jones Roger, Nicholas Penny, Raphael, édit. Yale, 1983 (ISBN 0-300-03061-4).
  • National Gallery, Descriptive and historical catalogue... : with biographical notices of the... painters... date d'accès 29 juin 2010, 1901.
  • Linda Murray, La Haute Renaissance et le maniérisme, Paris, Editions Thames & Hudson, , 287 p. (ISBN 2-87811-098-6).

Sources[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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