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Photographie de montagne

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La photographie de montagne est une catégorie particulière de photographie de paysage réalisée en extérieur. Elle a vu le jour au XIXe siècle et se développe avec les premières grandes ascensions dans les Alpes et l’âge d’or de l’alpinisme. Les premières photographies de montagne sont prises depuis les vallées, puis les photographes montent en altitude pour réaliser leurs œuvres.

Origines de la photographie de montagne

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Les premiers photographes de montagne sont confrontés :

  • au poids du matériel qu’ils doivent transporter ;
  • à la complexité des procédés photographiques qui s’adaptent difficilement à une pratique en extérieur ;
  • à la faible sensibilité des plaques photographiques qui exigent un temps prolongé d'exposition ;
  • à la luminosité extrême produite par la neige.

Dans les années 1850, le photographe Auguste Rosalie Bisson transporte ainsi avec lui près de 250 kg de matériel pour photographier les Alpes[1]. En 1866, Aimé Civiale met 5 heures à créer un panorama à 360° du haut du Bella Tola[2].

Les premiers photographes à immortaliser la montagne sont :

Usages de la photographie de montagne

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L'usage de la photographie de montagne évolue avec l'amélioration des techniques et l'exploration des sommets.

Apport scientifique

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La photographie de montagne se développe en premier lieu au sein de la communauté scientifique. Les géologues et les cartographes y ont notamment recours. Aimé Civiale prend ainsi dans les Alpes près de 600 photographies pour réaliser un relevé minutieux de leurs reliefs[7].

Rôle documentaire

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La photographie de montagne joue très tôt un rôle documentaire et permet au grand public de découvrir la haute montagne. Frédéric Martens expose ainsi, lors des expositions universelles de Londres et de Paris, les photographies du massif du mont Rose et du mont Blanc qu'il a réalisées dans les années 1850[8].

Quand elle documente les grandes ascensions, la photographie de montagne relève du photojournalisme. L'alpiniste Edward Whymper, conquérant de l’aiguille Verte et du Cervin, immortalise ainsi les temps forts de ses expéditions[9]. Dans Carnets du vertige, publiés en 1956, une photographie prise par Marcel Ichac lors de l'expédition au sommet de l’Annapurna en 1850 illustre la douleur de Louis Lachenal peu avant son amputation[10].

Portée artistique

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Avec les grandes familles d’alpinistes et de guides de montagne, la technique photographique fait place à l’art. Les fers de lance sont les frères Bisson et les Gay-Couttet, de même que la lignée des Tairraz. Joseph, Georges I, Georges II et Pierre Tairraz[11],[12]. Leurs photographies, qui témoignent de leur passion pour les Alpes, ont une vocation artistique[13].

Évolution de la photographie de montagne

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À la fin du XIXe siècle, les techniques photographiques évoluent et les équipements deviennent plus maniables. En 1888, George Eastman, fondateur de Kodak, invente l’appareil photographique instantané, qui peut être facilement emporté en montagne[14].

La photographie de montagne devient encore plus populaire après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les clichés passent du noir et blanc à la couleur. En 1950, à la Une de Paris Match, une photographie célèbre ainsi la victoire de Maurice Herzog au sommet de l’Annapurna[15].

Avec des appareils photos toujours plus compacts, puis l’invention de la photographie numérique, la photographie de montagne est aujourd'hui accessible à tous.

De nos jours, la photographie de montagne occupe toujours une place centrale dans le travail de nombreux photographes contemporains, dont Balthasar Burkhard, Matthieu Gafsou, Jacques Pugin, Iris Hutegger, Thomas Crauwels et Pierre Vallet.

Expositions

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Bibliographie

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  • Giuseppe Garimoldi, Véronique Ginouvès, « La photographie et la découverte de la montagne par l'alpinisme », Le Monde alpin et rhodanien, Revue régionale d'ethnologie, no 2-4, 1995, p. 175-190.
  • Milan Chlumsky, Ute Eskildsen, Bernard Marbot, Les frères Bisson, photographes. De flèche en cime, 1840-1870, catalogue d'exposition, BNF, 1999 (ISBN 9782717720747)
  • Quentin Bajac, La Photographie : du daguerréotype au numérique, Gallimard, 2010 (ISBN 9782070130665)
  • Catalogue Couleur sépia. L'Isère et ses premiers photographes (1840-1880), Editions Libel, 2009 (ISBN 9782917659052)
  • Rémi Fontaine, Chamonix et ses glaciers, les premières images sous l’œil des photographes, 1849-1869, éd. Esope, Chamonix, 2015.
  • Catalogue Sans limite, Photographies de montagne, Editions Noir sur Blanc et Musée de l'Elysée, 2017 (ISBN 9782882504470)

Notes et références

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  1. cda, « Une traversée de l’histoire de la photographie au Centre Pompidou-Metz », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
  2. « Immersive photography - Panoramic photography: stitching the photos », sur www.studioargento.com (consulté le )
  3. « La première image du Cervin », sur notrehistoire.ch, (consulté le )
  4. Isabelle Musée de l'ancien évêché et Jean-Louis Roux, Couleur sépia: l'Isère et ses premiers photographes, 1840-1880 [exposition, Grenoble], Musée de l'ancien évêché, [23 octobre 2009-22 mars 2010], Libel, (ISBN 978-2-917659-05-2)
  5. « Revue photographique : paraissant le 5 de chaque mois », sur Gallica, (consulté le )
  6. Rémi Fontaine, Chamonix et ses glaciers, les premières images sous l’œil des photographes, 1849-1869, Chamonix, Esope,
  7. (en) Jan von Brevern, « Counting on the Unexpected: Aimé Civiale's Mountain Photography », Science in Context, vol. 22, no 3,‎ , p. 409–437 (ISSN 1474-0664 et 0269-8897, DOI 10.1017/S026988970999007X, lire en ligne, consulté le )
  8. Christophe Savale, « Les campagnes photographiques de Martens en Suisse et en Savoie », Histoire de l'art, vol. 25, no 1,‎ , p. 67–77 (DOI 10.3406/hista.1994.2600, lire en ligne, consulté le )
  9. Peter Berg et Éric Vola, Whymper photographe: conférence à la lanterne magique, les Éditions du Mont-Blanc, (ISBN 978-2-36545-005-8)
  10. Louis Lachenal et Gérard Herzog, Carnets du vertige, Guérin, (ISBN 978-2-911755-01-9)
  11. « Les Tairraz, une dynastie de photographes alpinistes | Agate », sur agate.inrae.fr (consulté le )
  12. « Tairraz. Quatre générations de guides photographes », sur Portail des Musées (consulté le )
  13. Pierre-Henry Frangne, « Aux origines de la photographie d’alpinisme », Focales, no 2,‎ (ISSN 2556-5125, DOI 10.4000/focales.1171, lire en ligne, consulté le )
  14. « Kodak - Une marque historique », sur KODAK (consulté le )
  15. « Maurice Herzog. Revivez sa victoire sur l’Annapurna », sur parismatch.com, (consulté le )